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« Groupe
TAHOERAA HUIRAATIRA »
ASSEMBLEE
DE LA
POLYNESIE FRANCAISE
Papeete, le 30 mai 2013
Le Représentant
Allocution de René TEMEHARO
Proposition de résolution demandant à ce que le scrutin d’autodétermination prévu à l’article 53 de la
Constitution soit mis en œuvre
Monsieur le président de l’Assemblée,
Monsieur le Président de la Polynésie française,
Madame et Messieurs les ministres,
Chers collègues,
L’acharnement d’Oscar Temaru à vouloir à tout prix inscrire la Polynésie française sur la liste des
territoires à décoloniser a semé une atmosphère d’incertitude fiant la confiance des investisseurs
locaux et internationaux.
Ne faire aucun effort, aucune attention pour attirer les investisseurs et les créateurs d’emplois nous
laisse un sentiment d’anti-patriotisme contraire aux intérêts des Polynésiens.
Nous avons le sentiment que le malheur et la détresse d’une bonne partie de notre population,
notamment des 72000 personnes inscrites au RSPF, sont insignifiants au regard de cette quête
indépendantiste. Renier la réalité difficile de milliers de familles polynésienne est un acte de mépris
envers nos propres compatriotes.
Une telle désinvolture ne peut que nous convaincre que l’UPLD et son leader ne sont absolument pas
proches des petits gens, qu’au fond ils n’aiment pas ce peuple, qu’ils ne sont pas rassembleurs des feia
riirii, du nunaa riirii qu’ils ne cessent pourtant d’évoquer.
Alors, mesdames et messieurs de l’UPLD, nous ne pouvons constater que vous vous satisfaites du sort
miséreux des Polynésiens, comme si vous désiriez qu’ils s’enfoncent dans leur détresse sociale,
comme si vous vouliez les punir de quelque chose qui ressemble à un péché que vous seul en avez la
définition et qui vous permet de séparer les bons des mauvais maohi, de séparer, selon votre propre
définition, des vrais maohi des hoo aia.
Il apparaît que l’UPLD est prêt à casser ce pays pour arriver à cet idéal d’indépendance qui n’a de
sens que pour 25 % des électeurs.
Quel est cet donc idéal que vous n’arrivez même pas à partager ou tout simplement à expliquer à la
majorité des Polynésiens ?
Un idéal qui vous fait oublier que vous avez des compatriotes qui veulent tout simplement vivre en
toute dignité, fonder un foyer et pouvoir éduquer leurs enfants avec l’envie que ces enfants feront
mieux et réussiront mieux que leur parents. Et vous, vous avez tout simplement oublié, volontairement
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ou involontairement, ces évidences. En fait, vous voulez leur imposer ce qui est selon vous digne de la
maohitude ou non.
Et pour cette quête de la maohitude taviniste, vous voulez reconstruire un monde que vous êtes
incapables de définir, si ce n’est de rejeter ce que vous appelez le colonialisme et son colonialiste,
comme si la disparition du mal allait automatiquement et comme par miracle créer le bien.
En 2013, à l’heure où la globalisation et la mondialisation se sont largement installées, votre combat en
faveur d’un retour vers une originalité maohi mal définie est un combat d’arrière garde. C’est un
combat démagogique qui ne vend que du rêve. Vous voulez être des maohi d’un autre temps, d’un
temps révolu que vous tentez d’idéaliser.
Oui, votre combat est schizophrène. Il est basé sur un déni de nos propres évolutions historiques et
donc de nos propres réalités.
Les Polynésiens savent qu’ils ont une culture qui leur est propre. Les Polynésiens savent qu’ils sont
différents des popaa. Cette différence n’a pas besoin d’être exacerbée par votre démagogie politique
qui tente de montrer que nous sommes culturellement différents comme si les autres ne le savaient pas
ou ne l’avaient pas encore vu.
Au Tahoeraa Huiraatira, nous savons que nous sommes différents et perçus en tant que tels par le
monde externe. Nous n’avons pas besoin de faire du cinéma politique ou de la gesticulation culturelle
pour prendre conscience que les Polynésiens ont une langue, des traditions, des modes d’expression
culturelle originale.
Nous avons mis en place des moyens pour conforter ces expressions culturelles, notamment au travers
des académies, des journées du reo maohi, de l’enseignement universitaire du reo, des journées du
patrimoine, etc, parce que nous sommes dans la conviction que l’identité se forge par la connaissance
de son histoire. Mais vous, qu’avez-vous proposé de concret depuis 2004 ? Rien !
Et pourtant, après tant d’années de déclarations en faveur de l’indépendance, je constate que vous êtes
toujours au stade des seules déclarations.
Cela fait trente ans que vous êtes dans l’incantation indépendantiste, sans avoir jamais su bâtir ou du
moins proposer un véritable projet de société qui nous montrerait d’une manière rationnelle et
construite les moyens dont vous comptez mettre en œuvre pour conquérir une véritable émancipation
économique, sociale et humaine de notre pays et ainsi rassembler les ingrédients nécessaires à
l’indépendance politique.
Cela fait en effet trente ans que vous clamez l’indépendance, et cela fait trente ans que vous restez
muets et totalement secs sur une véritable stratégie et une véritable de démarche de conquête raisonnée
de cette indépendance.
Aujourd’hui, vous êtes toujours aussi sec. Pire même. Alors que vous avez largement contribué à
mettre une bonne partie de notre population en détresse sociale, vous continuez à tenter de convaincre
notre population que l’indépendance sera la solution miracle à tous nos malheurs.
Le problème, c’est que vous croyez que les Polynésiens sont stupides pour croire à de telles salades.
Faire croire que l’indépendance sera le remède miracle au malheur que vous avez causé relève, je le
répète, de la schizophrénie.
Cette pathologie prend sa source dans le déni de la réalité. Vous agissez en pyromanes de la misère
sociale. Et ensuite vous vous prenez pour des pompiers en aspergeant nos concitoyens d’un laïus sur
l’indépendance, la décolonisation et le sauveur onusien. Vous avez montré vos limites et vos
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incompétences à gérer ce pays, et vous rejetez vos propres faiblesses sur la France, sur les
gouvernements précédents. Et vous avez trouvé un nouveau sauveur, l’ONU. Exit, vos amis
socialistes !
Alors, non seulement vous avez une démarche schizophrène, mais vous êtes aussi paranoïaque.
Où se situe votre paranoïa ?
Elle se situe dans le fait que vous êtes systématiquement méfiants voire dans le rejet systématique de
tout ce qui vient de l’Etat. Vous êtes anti-français et vous êtes persuadés que la France n’aidera jamais
la Polynésie française à se développer. Votre logique mentale consiste à croire que la France
colonisatrice oppressera toujours la Polynésie colonisée.
Or, autant que je sache, Oscar Temaru était agent fonctionnaire de l’Etat jusqu’à sa retraite. Faudrait-il
remettre la médaille du mérite à Oscar Temaru pour avoir tenu bon toute sa carrière face à l’oppression
des colons de la Douane française ? On ne vous a jamais entendu vous plaindre de votre parcours au
sein de la douane française. On se demande donc quelle expérience colonialiste avez-vous subi et dont
vous pouvez témoigner ?
En outre, vous étiez, il n’y a pas si longtemps au pouvoir en Polynésie française et c’est votre ami
François Hollande qui est à la tête de la République.
Une situation que vous avez rêvée en pensant qu’un miracle apparaîtrait comme au temps du tandem
Flosse-Chirac.
Vous pensiez que l’amitié entre deux hommes politiques suffisait pour ouvrir les robinets.
Vous vous êtes rendu compte que l’amitié politique peut ouvrir des portes mais pas les robinets, car
s’agissant d’argent public, il n’y a pas d’amitié de gauche ou de droite.
Décrocher de l’argent public suppose de travailler et de disposer de dossiers solides. Et ça,
malheureusement vous ne savez pas le faire, vous n’avez jamais su le faire.
Face à vos incompétences, vous imaginez que l’Etat est colonial, que l’Etat ferme les robinets pour
punir ou opprimer les colonisés. C’est tellement plus simple pour vous de rechercher des boucs
émissaires afin de mieux masquer vos propres faiblesses et vos propres paresses.
Votre marche à pas forcé pour la décolonisation et l’indépendance vous a amené à noircir la situation
de notre pays et à critiquer la France devant la représentation onusienne.
Lorsque nous lisons les propos que vous écrivez dans votre mémoire pour tenter de décrire et de
justifier la soi-disant oppression coloniale de la France en Polynésie, nous sommes surpris de
découvrir une réalité tellement singulière que parfois, nous nous disons s’il s’agit bien de la Polynésie
française.
Vous avez une approche de la réalité historique de notre pays tellement extraordinaire que nous nous
demandons quelle souffrance avez-vous pu endurer durant toutes ces années ?
C’est pourquoi, nous estimons que vos arguments en faveur d’une démarche vers l’indépendance sont
une escroquerie intellectuelle. Le groupe Tahoeraa Huiraatira n’a aucun état d’âme, aucune réserve et
ne trouve aucune circonstance atténuante à vos motivations indépendantistes.
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Si encore vous nous aviez montré tout au long de ces années durant les quelles vous étiez au pouvoir
un visage laborieux, besogneux, voulant sincèrement développer ce pays, nous aurions certainement
été plus attentifs à vos arguments. Nous aurions certainement pris le temps d’analyser vos propos et les
freins au développement de notre pays.
Malheureusement, vous nous avez montré le visage d’un groupe cacophonique, dans la quasi
improvisation, sans cap et dans la recherche permanente d’excuses pour tenter de justifier vos erreurs.
Et que dire de votre président quasi absent de ses responsabilités, mais en recherche perpétuelle du bon
swing et du bon tournoi international.
Tout cela pour vous dire que vous n’êtes pas crédible dans votre quête indépendantiste tant que vous
ne saurez pas comment donner à manger, à loger, à soigner et à éduquer 270.000 Polynésiens. La seule
quête à laquelle les Polynésiens sont sensibles, c’est celle de leur apporter le progrès.
Alors, chers amis, l’idéal d’indépendance que l’UPLD nous propose est aujourd’hui totalement
illusoire et utopique. La Polynésie française possède tous les outils nécessaires pour se développer.
Cependant, il faut écarter définitivement toute cette incertitude et toute cette surenchère institutionnelle
qui déstabilise les investisseurs et écorne la confiance des acteurs économiques.
C’est pourquoi, nous devons, une fois pour toute, demander l’avis de la population sur son avenir
institutionnel au travers d’un férendum sur l’autodétermination de notre pays. Ce sera la seule
manière de dépasser le débat autonomie-indépendance.
Je vous remercie de votre attention.
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