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Copenhague – Namur
Climat – Energie ; Copenhague – Namur
jeudi 17 décembre 2009, par Julien Vandeburie
Les questions climatiques et énergétiques sont les deux faces d’une même médaille.
Copenhague signifiera – à l’heure d’écrire cette n-iew-s nous ne pouvons que l’espérer – des
efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ambitieux. Pour y parvenir, il n’y a pas
mille chemins : développement des énergies renouvelables et diminution de notre
consommation d’énergie fossile [1]. Nos autorités y consacrent-elles suffisamment de moyens ?
Dans le secteur résidentiel, on a beaucoup parlé ces derniers mois des primes photovoltaïques. Et le
Gouvernement wallon d’annoncer un nouveau régime de primes ‘énergie’ centré sur l’isolation pour le 1er
mai 2010 – jour d’entrée en vigueur – enfin – de la directive PEB [2] [3]. Des budgets conséquents seraient
prévus – de l’ordre d’une centaine de millions d’euros annuellement. Par ailleurs, en 2008, l’Etat fédéral
aura reversé près de 375 millions d’euros sous formes de réduction d’impôts pour les investissements
économiseurs d’énergie. Des investissements qui auront un effet sur la facture énergétique annuelle de
quelques centaines d’euros et ce, pendant de nombreuses années ! Cette dernière s’élevait en moyenne en
2007 à plus de 1 800 ¤ par ménage. Ce qui représente pour l’ensemble des ménages belges un montant de
près de 8 milliards. Hélas, un euro investit une année (par exemple en 2009) ne veut pas dire un euro
économisé cette même année mais bien un euro économisé sur plusieurs années, parfois sur plus de dix
ans. Et si près de 50 000 ménages ont fait des travaux pour économiser l’énergie en Région wallonne l’an
dernier, il n’en reste pas moins que leur logement peut encore être mieux isolé et mieux chauffé et qu’à ce
rythme là, il faudra encore un demi-siècle pour parvenir à rénover et améliorer notablement l’état
énergétique du logement wallon. Copenhague sera-t-il l’accélérateur et l’amplificateur des politiques
décidées à Namur ?
Allons plus loin et comparons ce budget avec celui des routes et de l’aérien en Région wallonne. Nous
savons que les nouveaux projets routiers provoquent un effet d’appel : au lieu de désengorger le réseau,
les nouvelles routes arrivent rapidement à saturation. Mais elles ont entre-temps participé à
l’augmentation de la charge de trafic. Des situations à éviter sous peine de ne pas atteindre les objectifs
de réduction d’émissions dans le secteur du transport.
La précédente majorité régionale prévoyait de construire une autoroute à l’est de Liège. CHB : 12,5 km et
un coût évalué entre 400 et 500 millions d’euros. Cette même majorité a inauguré la nouvelle aérogare de
Charleroi (Gosselies). Coût : 200 millions d’euros. Enfin, toujours dans les cartons, le projet d’une gare
ferroviaire souterraine liée à ce même aéroport et donc entièrement décentrée, estimée à 400 millions
d’euros. Faut-il encore envisager de tels investissements ? Lueur d’espoir, nos dirigeants régionaux ont
pris le train pour se rendre à Copenhague. Pas notre Ministre fédéral, mais, il est carolo ironisent certains.
Enfin, posons-nous la question des entreprises. Le mécanisme des quotas d’émissions est appelé à
s’étendre et à se renforcer dans les années à venir. Sera-t-il un incitant suffisant pour améliorer
l’efficacité énergétique des entreprises ? Nous pouvons en douter : le prix du carbone est aujourd’hui peu
élevé [4], tout comme le prix de l’énergie. Dès lors, dans un contexte de crise économique, les entreprises
ne rencontrent pas les conditions suffisantes pour procéder à des investissements économiseurs d’énergie.
Ce qui signifie que suite au redémarrage de l’économie – auquel tous les décideurs politiques aspirent -, la
demande en énergie repartira à la hausse. D’un autre côté, nous entrons dans un plateau de production
des énergies fossiles [5] dont notre société reste malheureusement dépendante Dès lors, si la demande
augmente, à production constante, les prix de l’énergie sont condamnés à nouveau à grimper et provoquer
une nouvelle crise économique – les investissements économiseurs d’énergie n’ayant pas eu lieu. Une
seule leçon : on ne peut compter sur les mécanismes actuels de marché pour faire évoluer durablement
notre système de production. Le coût de l’énergie doit être maintenu haut pour favoriser le basculement
de notre économie. Que cela passe par une taxe carbone ou un autre mécanisme, peu importe. Mais
l’énergie ne peut – ne doit – plus être si bon marché. Des biens et services risquent de disparaître. Et des
entreprises seront affectées. Mais est-il un représentant politique prêt à prononcer l’oraison funèbre ?
Bref, espérons que nos décideurs mettront à profit leur voyage à Copenhague pour nous revenir à la fois
plus ambitieux, responsables et surtout plus soucieux des véritables enjeux auxquels nos sociétés vont
devoir faire face.
Notes
[1] N’oublions pas la lutte contre la déforestation, enjeu extrêmement important au niveau mondial,
mais moindre en Région wallonne.
[2] PEB : Performance Energétique des Bâtiments, entre autres le fameux K. Lire aussi « Directive
Performance énergétique des bâtiments. Où en est-on dans le processus décisionnel ? » et « Avis d’IEW
sur l’Avant-projet de décret modifiant le Code wallon de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme et
du patrimoine en vue de promouvoir la performance énergétique des bâtiments »
[3] Lire aussi sur le sujets « Quel avenir pour les primes énergie ? »
[4] 14¤ la tonne en moyenne en décembre 2009, alors qu’on estime que pour opérer de véritables
changements, le prix de la tonne de carbone devrait avoisiner les 100¤.
[5] Lire à ce sujet le dossier paru dans la revue Imagine : « Energie, le nombril du monde »
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