Si elles ne sont pas dotées de passages (tunnels ou ponts), les voies de communication (routes, voies ferrées, etc.) peuvent constituer des obstacles infranchissables pour certaines espèces : • les reptiles et les petits mammifères (hérissons) se font écraser, • l es oiseaux et les grands mammifères (cervidés et sangliers) entrent en collision avec les véhicules, • les amphibiens ne peuvent pas rejoindre leur site de reproduction (mortalité lors des déplacements pré et post-nuptiaux), • etc. Les lignes Haute Tension et Très Haute Tension, au-delà de l’occupation de l’espace et des coupes de bois qu’elles occasionnent, peuvent également être responsables de la mort d’oiseaux migrateurs et de mammifères par collision et électrocution. Au niveau des cours d’eau, les aménagements de type barrage ou seuil, s’ils ne sont pas équipés de passes, ascenseurs ou rampes, entravent les migrations des poissons (saumon atlantique - Salmo salar, anguille - Anguilla anguilla , etc.) et les déplacements des mammifères aquatiques (loutre d’Europe - Lutra lutra, castor d’Eurasie - Castor fiber, etc.). Globalement, les divers aménagements hydrauliques modifient de façon durable les cours d’eau (pente, profondeur, vitesse du courant, forme des berges), et ont des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes. Bien souvent cela engendre une tendance Hérisson d’Europe PRESSIONS PRESSIONS à l’uniformisation des milieux naturels, provoquant une baisse de la biodiversité. Le même phénomène est observé dans les zones de cultures intensives. En effet, la constitution de grandes parcelles agricoles a pour premier impact, autant visuel qu’écologique, l’uniformisation des paysages. Parfois, les aménagements effectués par l’Homme peuvent conduire à l’amplification des phénomènes naturels, au point de les rendre catastrophiques, aussi bien pour l’Homme que pour les milieux et les espèces : • dans les zones artificialisées, le ruissellement est accru par l’imperméabilisation des sols, multipliant de ce fait les risques et l’envergure des inondations, Photo : Jean Meloche et Maryvonne Lorgère (DSNE - 2004) Ainsi de nombreux animaux doivent pouvoir se déplacer via ce que l’on appelle des corridors biologiques et des couloirs de migrations, dont la rupture peut être catastrophique. PRESSIONS PRESSIONS Maïs dans un ancien marais en Deux-Sèvres L’aménagement foncier et la généralisation de la mécanisation n’ont pas toujours épargné le milieu : destruction des haies, arasement des talus, tassement des sols, rectification des cours d’eau, etc. Le maillage bocager régional a ainsi connu d’importantes réductions. Lorsque les habitats bocagers disparaissent, leurs fonctions écologiques (tampon climatique, régulation des eaux, corridors biologiques, etc.) ne sont plus assurées : le ruissellement augmente, l’érosion des sols s’accélère, et tout un ensemble de niches écologiques est détruit. D’autres milieux ont été transformés pour être mis en culture : une partie des zones humides picto-charentaises a été drainée, et des marais et prairies ont laissé place à des zones de monoculture. Photo : Jean Meloche et Maryvonne Lorgère (DSNE - 2004) Chapitre 2 : EFFETS 2. La dégradation des sols Le sol est un milieu complexe et dynamique. Il est le produit d’altération du remaniement et de l’organisation des couches supérieures de la croûte terrestre sous l’action de la vie, de l’atmosphère et des échanges d’énergie qui s’y manifestent (il faut environ 600 ans sous nos latitudes pour constituer un sol à partir de la roche mère). Le sol acquiert ses propriétés progressivement, sous l’action combinée de l’atmosphère, de l’hydrosphère, de la lithosphère et de la biosphère. 2.1 Les fonctions du sol Les fonctions d’un sol sont multiples et variées qu’elles soient agricoles ou environnementale, vis-à-vis de l’eau, de l’atmosphère ou bien de la biodiversité. 2.1.a Fonction de production agricole Le sol est capable, selon certaines conditions, d’assurer une fonction de production agricole. Celle-ci dépend de la fertilité physique (capacité du sol à fournir l’eau aux plantes en quantité raisonnable), de la fertilité chimique (capacité du sol à fournir les éléments nutritifs) et de la fertilité biologique (nature de la matière organique du sol). Chaque sol sera différent et remplira plus ou moins bien, voire même pas du tout, cette fonction de production agricole, selon sa nature, donc selon sa localisation géographique. Cette fonction est vitale pour l’Homme puisqu’elle permet de fournir une quantité de nourriture importante. Le sol est donc une ressource indispensable qu’il convient de protéger. 2.1.b Fonctions environnementales Le sol, étant à l’interface de l’atmosphère, de l’hydrosphère, de la lithosphère et de la biosphère, constitue un rôle clé de notre écosystème. 142 142 Chapitre 2 : EFFETS • les effets d’une sécheresse sont plus importants en fonction de la nature du sol ; si celui-ci est érodé, les risques de dessiccation d’horizons et d’incendie augmentent, • la tempête que la région a connue en 1950 a causé des dégâts moindres que celles de 1999, principalement parce qu’il y avait moins d’infrastructures. Le sol et l’eau Le sol détermine la répartition des flux entre ruissellement et infiltration, il a donc un rôle important dans la genèse des crues et des inondations. Il a également un rôle épurateur par processus de filtration et de fixation voir de dégradation des éléments potentiellement polluants (éléments traces, pesticides...). D’autre part, il détermine la dynamique et la qualité des eaux y compris vis-à-vis de la santé humaine. Le sol et l’atmosphère Le sol exerce un rôle tampon vis-à-vis des polluants provenant de l’atmosphère (exemple des pluies acides), il permet en effet de réguler le pH des eaux. Il intervient de plus dans le cycle des éléments à composante gazeuse comme l’azote, le carbone ou le mercure. Le stockage du carbone dans l’humus aura, par exemple, des répercussions importantes sur les changements climatiques globaux, et inversement. Le sol peut également avoir un impact à plus ou moins grande échelle sur les gaz à effets de serre tels que le méthane ou le protoxyde d'azote. Le sol et la biodiversité Le sol, véritable milieu vivant, présente tout d’abord une importante réserve de gènes. Pour un gramme de sol, on trouvera par exemple 1 million de champignons et 10 millions de bactéries. Les organismes sont majoritairement présents dans les trente premiers centimètres du sol. La diversité des organismes et l’activité de ceux-ci sont des témoins essentiels de la bonne qualité ou non d’un sol. Les organismes et micro-organismes ont un rôle primordial dans la formation des sols et leur évolution (décomposition des résidus, minéralisation, recyclage des éléments comme le carbone par exemple...). Les espèces restent cependant peu étudiées, on estime en effet que seulement 10 % des organismes contenus dans un sol ne nous seraient pas connus. La flore joue elle aussi un rôle primordial. Elle est notamment le témoin de l’évolution de la qualité phytosanitaire d’un sol. l’ENVIRONNEMENT en Poitou-Charentes :: Thème, Thème,le le Patrimoine Patrimoine Naturel Naturel 143 143