142 - Observatoire Régional de l`Environnement Poitou

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Si elles ne sont pas dotées de passages (tunnels ou
ponts), les voies de communication (routes, voies ferrées,
etc.) peuvent constituer des obstacles infranchissables
pour certaines espèces :
• les reptiles et les petits mammifères (hérissons) se font
écraser,
• l es oiseaux et les grands mammifères (cervidés et
sangliers) entrent en collision avec les véhicules,
• les amphibiens ne peuvent pas rejoindre leur site de
reproduction (mortalité lors des déplacements pré et
post-nuptiaux),
• etc.
Les lignes Haute Tension et Très Haute Tension, au-delà
de l’occupation de l’espace et des coupes de bois qu’elles
occasionnent, peuvent également être responsables de la
mort d’oiseaux migrateurs et de mammifères par collision
et électrocution.
Au niveau des cours d’eau, les aménagements
de type barrage ou seuil, s’ils ne sont pas équipés de
passes, ascenseurs ou rampes, entravent les migrations
des poissons (saumon atlantique - Salmo salar, anguille
- Anguilla anguilla , etc.) et les déplacements des
mammifères aquatiques (loutre d’Europe - Lutra lutra,
castor d’Eurasie - Castor fiber, etc.).
Globalement, les divers aménagements hydrauliques
modifient de façon durable les cours d’eau (pente,
profondeur, vitesse du courant, forme des berges),
et ont des répercussions sur le fonctionnement des
écosystèmes. Bien souvent cela engendre une tendance
Hérisson d’Europe
PRESSIONS
PRESSIONS
à l’uniformisation des milieux naturels, provoquant
une baisse de la biodiversité. Le même phénomène est
observé dans les zones de cultures intensives. En effet, la
constitution de grandes parcelles agricoles a pour premier
impact, autant visuel qu’écologique, l’uniformisation des
paysages.
Parfois, les aménagements effectués par l’Homme
peuvent conduire à l’amplification des phénomènes
naturels, au point de les rendre catastrophiques, aussi
bien pour l’Homme que pour les milieux et les espèces :
• dans les zones artificialisées, le ruissellement est accru
par l’imperméabilisation des sols, multipliant de ce fait
les risques et l’envergure des inondations,
Photo : Jean Meloche et Maryvonne Lorgère (DSNE - 2004)
Ainsi de nombreux animaux doivent pouvoir se
déplacer via ce que l’on appelle des corridors biologiques
et des couloirs de migrations, dont la rupture peut être
catastrophique.
PRESSIONS
PRESSIONS
Maïs dans un ancien marais en Deux-Sèvres
L’aménagement foncier et la généralisation de
la mécanisation n’ont pas toujours épargné le milieu :
destruction des haies, arasement des talus, tassement
des sols, rectification des cours d’eau, etc. Le maillage
bocager régional a ainsi connu d’importantes réductions.
Lorsque les habitats bocagers disparaissent, leurs
fonctions écologiques (tampon climatique, régulation des
eaux, corridors biologiques, etc.) ne sont plus assurées :
le ruissellement augmente, l’érosion des sols s’accélère, et
tout un ensemble de niches écologiques est détruit.
D’autres milieux ont été transformés pour être mis en
culture : une partie des zones humides picto-charentaises
a été drainée, et des marais et prairies ont laissé place à
des zones de monoculture.
Photo : Jean Meloche et Maryvonne Lorgère (DSNE - 2004)
Chapitre 2 : EFFETS
2. La dégradation des sols
Le sol est un milieu complexe et dynamique. Il est le
produit d’altération du remaniement et de l’organisation
des couches supérieures de la croûte terrestre sous
l’action de la vie, de l’atmosphère et des échanges
d’énergie qui s’y manifestent (il faut environ 600 ans sous
nos latitudes pour constituer un sol à partir de la roche
mère). Le sol acquiert ses propriétés progressivement,
sous l’action combinée de l’atmosphère, de l’hydrosphère,
de la lithosphère et de la biosphère.
2.1 Les fonctions du sol
Les fonctions d’un sol sont multiples et variées
qu’elles soient agricoles ou environnementale, vis-à-vis de
l’eau, de l’atmosphère ou bien de la biodiversité.
2.1.a Fonction de production
agricole
Le sol est capable, selon certaines conditions, d’assurer
une fonction de production agricole. Celle-ci dépend de la
fertilité physique (capacité du sol à fournir l’eau aux plantes
en quantité raisonnable), de la fertilité chimique (capacité
du sol à fournir les éléments nutritifs) et de la fertilité
biologique (nature de la matière organique du sol).
Chaque sol sera différent et remplira plus ou moins
bien, voire même pas du tout, cette fonction de production
agricole, selon sa nature, donc selon sa localisation
géographique.
Cette fonction est vitale pour l’Homme puisqu’elle
permet de fournir une quantité de nourriture importante.
Le sol est donc une ressource indispensable qu’il convient
de protéger.
2.1.b Fonctions environnementales
Le sol, étant à l’interface de l’atmosphère, de
l’hydrosphère, de la lithosphère et de la biosphère,
constitue un rôle clé de notre écosystème.
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Chapitre 2 : EFFETS
• les effets d’une sécheresse sont plus importants en
fonction de la nature du sol ; si celui-ci est érodé,
les risques de dessiccation d’horizons et d’incendie
augmentent,
• la tempête que la région a connue en 1950 a causé des
dégâts moindres que celles de 1999, principalement
parce qu’il y avait moins d’infrastructures.
Le sol et l’eau
Le sol détermine la répartition des flux entre
ruissellement et infiltration, il a donc un rôle important
dans la genèse des crues et des inondations. Il a également
un rôle épurateur par processus de filtration et de fixation
voir de dégradation des éléments potentiellement
polluants (éléments traces, pesticides...). D’autre part, il
détermine la dynamique et la qualité des eaux y compris
vis-à-vis de la santé humaine.
Le sol et l’atmosphère
Le sol exerce un rôle tampon vis-à-vis des polluants
provenant de l’atmosphère (exemple des pluies acides),
il permet en effet de réguler le pH des eaux. Il intervient
de plus dans le cycle des éléments à composante gazeuse
comme l’azote, le carbone ou le mercure. Le stockage du
carbone dans l’humus aura, par exemple, des répercussions
importantes sur les changements climatiques globaux, et
inversement. Le sol peut également avoir un impact à plus
ou moins grande échelle sur les gaz à effets de serre tels
que le méthane ou le protoxyde d'azote.
Le sol et la biodiversité
Le sol, véritable milieu vivant, présente tout d’abord
une importante réserve de gènes. Pour un gramme de sol,
on trouvera par exemple 1 million de champignons et 10
millions de bactéries. Les organismes sont majoritairement
présents dans les trente premiers centimètres du sol.
La diversité des organismes et l’activité de ceux-ci sont
des témoins essentiels de la bonne qualité ou non d’un
sol. Les organismes et micro-organismes ont un rôle
primordial dans la formation des sols et leur évolution
(décomposition des résidus, minéralisation, recyclage
des éléments comme le carbone par exemple...). Les
espèces restent cependant peu étudiées, on estime en
effet que seulement 10 % des organismes contenus
dans un sol ne nous seraient pas connus.
La flore joue elle aussi un rôle primordial. Elle est
notamment le témoin de l’évolution de la qualité
phytosanitaire d’un sol.
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