L’Histoire de Karbala s’est
développée et a pris des
formes diverses, dépassant
les frontières et unifiant tous les
peuples : mises en scène, céré-
monies de lamentation, remé-
moration des scènes de
l’événement dans le but d’atten-
drir les cœurs, à raviver la nature
profonde, à développer l’amour
pour l’Imam Hussein (as), à
exalter les grandes valeurs hu-
maines telles que la justice,
l’amour, la dignité, la piété, la
crainte et l’amour de Dieu, à pu-
rifier les cœurs, à y faire exploser
les trésors cachés, tout en édu-
quant les âmes, en élevant les
consciences, en raffermissant les
raisons, en développant les prin-
cipes fondamentaux de l’Islam.
Comme en témoigne l’histoire,
l’Imam Hussein (as) ne s’adres-
sait pas uniquement à ses parti-
sans, croyants fidèles
indéfectibles, mais à toute per-
sonne monothéisme imbue de
vérité et de piété quels que soient
l’âge, le sexe la nationalité, la
race ou encore la couleur de la
peau.
Le soulèvement de l’Imam Hus-
sein (as), faisant écho à l’amour
profond, inné pour les gens pour
la liberté, la vérité et la dignité, a
laissé des traces indélébiles dans
l’histoire de l’humanité entière
jusqu’en Inde où Gandhi déclara
un jour : «J’ai appris de Hussein
comment être opprimé et rem-
porter la victoire ».
L’événement tragique du martyr
de l’Imam Hussein (as) à Kar-
bala a profondément influencé,
de plusieurs manières, le cours
du temps dans les domaines de
la philosophie, de la philologie,
de la pensée politique, de la ré-
forme sociale et de la résurgence
culturelle dans le monde en gé-
néral.
Aujourd’hui, l’on peut trouver
l’influence du mouvement de «
Achoura » dans notre contrée
ouest-africaine, aussi bien dans
la littérature non musulmane
(tajabone) que musulmane.
L’impact du mouvement de «
Achoura ou Tamkharit» sur la
politique et la culture musul-
manes et son rôle à changer et
modeler l’histoire de l’Islam et
du monde peuvent être discutés
sous différents angles : impact
sur la théologie musulmane, sur
le mysticisme, la philosophie ;
son impact sur les réformes
socio-économiques du monde
musulman, son impact sur les
révoltes dans le monde musul-
man ainsi que sur la culture, la
littérature, les arts et les autres
expressions créatives.
Tamkharit ou Achoura est le
mois où la justice se souleva
contre l’injustice, et le vrai
contre le faux. C’est le mois où,
par la ferveur, des millions de
musulmans commémorent le
martyre du petit-fils du Prophète
de l’islam et de la quasi totalité
de sa famille à Karbala. C’est le
sang du prince des martyrs qui
réchauffe davantage le sang de
toutes les nations musulmanes
éprises de paix et de justice. Le
Tamkharit ou Achoura doit être
toujours maintenu vivant.
L’Imam Hussein, cet homme qui
a brandi, dans les ténèbres de
l’injustice et de l’iniquité, le
rayonnant flambeau du martyre,
a soulevé la bannière de la ré-
volte et enseigné à nouveau aux
déshérités et aux ‘’mostadghafs’’
les mots d’ordre de la victoire du
sang sur le glaive au moment où
régnaient le fer et l’acier. Ce qui
a abouti finalement au renverse-
ment de la dynastie inique des
Omeyyades.
Grâce aux gens qui ont le cœur
fendu et brisé et qui continuent
toujours de porter, pendant des
siècles durant, le deuil à cause de
l’amour qu’ils vouent à la fa-
mille du Prophète Mohammad
(PSLF) et de l’achoura ou
(Tamxarit), cet événement san-
glant sera toujours perpétué de
génération en génération. Sans
le soulèvement de Achoura ou
Tamxarit, il serait difficile, et
même impossible, de faire le dis-
tinguo entre Islam Originel de
Mohammad (PSLF) et celui de la
dynastie Omeyyade qui a dirigé
le monde musulman pendant
mille mois (83 ans et quelques
mois) et a eu toute la latitude de
modifier et de changer tout ce
qui était à la portée de leurs
mains tachetées du sang des
membres de la sainte famille du
Prophète (PSLF).
Les Omeyyades ont voulu dé-
truire les bases soutenant les
principes de l’Islam en créant un
Etat basé sur l’ethnie, la race et
la langue pour mieux souiller la
religion islamique au nom du
Khalifat de ce même Islam. On
tenta aussi de ternir son image
en pratiquant de l’injustice et en
menant de mauvaises actions.
L’Imam Hussein (as) s’aperçut
que l’on ne pouvait pas rester les
bras croisés devant de tels faits.
En effet, comme nous l’apprend
l’Islam si ses enseignements sont
menacés, il est du devoir des res-
ponsables musulmans de pren-
dre toute leur responsabilité
pour les défendre. Ils doivent dé-
noncer et faire comprendre aux
gens que cela est contraire au
vrai Islam tel qu’enseigné par le
noble Prophète Mohammad
(PSLF).Sinon, aucune excuse ne
saurait être acceptée de leur
part. «Accepter l’injustice et la
commettre, sont un. Tous les
deux ont une même et seule
source, qui est l’impiété », selon
le Prophète Mohammad (PSLF).
Le combat de l’Imam Hussein
(as) avait pour but d’établir la
justice divine, ainsi que la pré-
servation et la sauvegarde des
principes sacro-saints divins. Ce
qui a abouti à son assassinat.
L’Imam a sacrifié tout : son hon-
neur, toute sa vie, celle de ses en-
fants et tout ce qu’il possédait
pour la survie des principes isla-
miques. Il s’est soulevé contre
Yazid ibn Moawiya pour que le
pouvoir ne se repose pas dans
des mains de quelqu’un d’inique
comme lui, ou dans des mains de
gens suivant son exemple.
L’Imam Hussein (as) ne pensait
qu’à l’avenir de l’Islam et des
Musulmans, car l’Islam se pro-
pageait grâce à sa souplesse et
l’ordre politique et social qu’il
créa dans les sociétés humaines.
L’Imam Hussein (as) se sentait
dans l’obligation de résister à ce
pouvoir despotique, quitte à se
faire tuer afin de modifier, par
son martyre, la situation catas-
trophique que vivait le monde is-
lamique.
Ils (ndlr : les ennemis irréforma-
bles et incurables) ont commis
un génocide envers la quasi-to-
talité des membres de l’illustre
famille du Prophète (pslf) dont le
seul tort est d’avoir agi pour Dieu
et son Prophète Mohammad
(plsf) et pour l’Islam.
S’il n’y avait pas eu de « Achoura
ou Tamkharit » et le dévoue-
ment de la famille du noble Pro-
phète (pslf) pour préserver la
Révélation de la Mission pro-
phétique et les grandes peines
qu’a supportées le saint Pro-
phète (pslf) afin d’anéantir les
partisans du « Taghoût », l’Islam
serait à la portée des
Omeyyades. En effet, lui Yazid
répétait toujours: « Point de
nouvelle Révélation, plus de
Message».
Cependant, il convient de préci-
ser que de nombreux événe-
ments ont eu lieu durant ce mois
béni (Moharram), contrairement
à ce qui est rapporté par Abu
Hurayra des propos du noble
Prophète (PSLF), propos falla-
cieux et trompeurs dont il faut
laisser l’entière responsabilité à
ce ‘’sahaba’’ (compagnon) qui ne
vécut point trois années pleines
avec notre noble Prophète. En
effet, Abu Hurayra (il convient
de bien connaître sa personna-
lité) a affirmé sans sourciller : «
Allah, le Très Haut, a prescrit
aux enfants d’Israël (Juifs) le
jeûne d’un jour dans l’année : le
Jour de l’Achoura (10éme jour
de Moharram). Jeûnez-le et
montrez-vous généreux envers
votre famille ; quiconque se
montrera généreux à l’endroit de
sa progéniture, Allah se mon-
trera généreux à son endroit
toute l’année. C’est en effet le
jour où Allah a accordé le pardon
à Adam, élevé Idriss à une haute
dignité, sauvé Noé en le sortant
de sa pirogue, sauvé Abraham du
feu, révélé la Thora à Moïse, fait
sortir Joseph de la prison, re-
donné à Jacob la vue, sauvé Job,
fait sortir Jonas des entrailles du
poisson, fait traverser la mer aux
enfants d’Israël, pardonné à
David ses péchés, donné la
royauté à Salomon, pardonné à
Mouhammad ses péchés passés
et à venir. C’est également le pre-
mier jour de la création ; la pre-
mière fois où la pluie est tombée
était un jour d’Achoura, de
même la première fois où la mi-
séricorde divine est descendue
sur terre. … C’est le Jour où Allah
a créé le Trône, la Tablette et le
Calame. C’est le Jour où l’Ar-
change Gabriel a été créé, le Jour
de l’Ascension de Jésus et ce sera
le Jour de la fin du monde ». On
trouvera difficilement imagina-
tion plus fertile et plus perfide.
Au contraire du très fertile Abu
Hurayra, il est rapporté des
Imams de la demeure du noble
Prophète Mohammad (PSLF),
Gardiens de la tradition prophé-
tique, que le premier jour de Mo-
harram correspond à la
libération du Prophète Yousouf
de la prison où il était détenu
par Pharaon; le cinquième jour
est celui où Moussa traversa la
Mer Rouge d’après le livre inti-
tulé « Tawdhihul Maghâsside »
(L’éclaircissement des objectifs).
Toujours par rapport aux événe-
ments qui ont eu lieu durant le
mois de Moharram, il est dit que
le septième jour correspond au
jour où Dieu s’adressa au Pro-
phète Moussa au sommet du
Mont Sinaï ; Le neuvième jour
est celui où Le Prophète Yu-
nous(Jonas) est rejeté par la ba-
leine, c’est aussi le jour de la
naissance du Prophète Yahiya
(Jean Baptiste) et de Mariam (la
Vierge Marie). Tous ces évène-
ments sont contraires à la tradi-
tion répandue qui veut qu’ils
soient tous intervenus le même
jour d’Achoura ou Tamkharit. Il
faut bien noter que dans un ha-
dith des plus célèbres, le Pro-
phète avait ordonné, dès la 3
ème année de l’Hégire, l’expul-
sion de tous les Juifs, sans ex-
ception, de la presqu’île
arabique. La bataille de Khaybar
en l’An 7 de l’Hégire, à l’issue de
laquelle l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib
vainquit les Juifs, finit de nous
convaincre que le noble Pro-
phète n’a pas trouvé les Juifs en
train de jeûner le Jour d’Achoura
en l’An 9 et qu’il promit de jeû-
ner, si l’année suivante le trou-
vait en vie, le 9ème jour
d’Achoura en plus du 10ème qui
signifie exactement ‘’Âchourâ’’.
D’ailleurs, aujourd’hui pas plus
qu’hier, Achoura ne figure pas
dans le calendrier juif : les Juifs
ne connaissent point ce jour.
Trêve donc de mensonges, de
manipulation des faits histo-
riques, de tromperie qui condui-
sent à des propos mécréants.
Place maintenant à la vérité et à
la crainte révérencielle d’Allah.
Ainsi, le jeûne du 10ème jour de
Moharram (Achoura) laisse tom-
ber le voile : il est, ni plus ni
moins, le fruit de l’imagination
démoniaque et de l’indigne récit,
fort controversé d’ailleurs. En
effet, pour revenir à ce qui vient
d’être élucidé, il est dit que le
Prophète Mohammad (pslf),
d’après Abdallah Ibn Abbas
(qu’Allah l’agrée !), est venu à
Médine et a trouvé les Juifs en
train de jeûner Achoura et il leur
dit : « C’est quoi donc ce jour de
jeûne ? ». Ils lui dirent : « C’est
un grand jour : Allah y a sauvé
Moïse et son peuple. Moïse l’a
jeûné en reconnaissance au Sei-
gneur et voilà pourquoi nous le
jeûnons ». Et le Prophète (PSL)
de leur dire : « Nous méritons
Moïse plus que vous ». Et il
jeûna et ordonna que le jeûne
soit observé le 9ème jour ‘’Ta-
chou’a ». (Boukhari et Mouslim).
S’il vous plaît ! Encore s’il vous
plaît !
(suite à la page 6 )
Pourquoi doit-on pleurer le jour de l’Achoura’’Tamkharit’’ ?
Que s’est-il donc passé à Karbala, il y a un peu moins de 14 siècles, pour que cet évènement soit encore vécu à l’heure actuelle avec tant de passion ?
Pourquoi L’Imam Hussein (as) s’était-il soulevé contre Yazîd fils de Mo’awiyya malgré le petit nombre des gens qui étaient avec lui? Quels étaient ses
objectifs ? L’issue fatale étant prévisible, pourquoi avoir emmené avec lui les femmes et les enfants ? En quoi cet évènement est-il fondamental dans
l’Histoire de l’Islam, cet évènement qu’on tient a célébrer avec tant de désir, d’amour et de douleur pour l’Imam Hussein (as) qui se trouve vivant
dans les cœurs ?
Contribution
La Sakina n°34 du mardi 24 décembre 2013 5
Par Abou Jafar Chérif MBallo
(Directeur de recherches islamiques
à Dakar, République du Sénégal)