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Villejuif, le 11 février 2015
Cancer de la thyroïde – Thérapie ciblée
Publication dans la revue NEJM
Le lenvatinib, une nouvelle thérapie ciblée efficace dans le traitement du
cancer de la thyroïde réfractaire a l’iode radioactif.
Le Pr Martin Schlumberger, Chef du service Médecine nucléaire et oncologie
endocrinienne à Gustave Roussy, est le premier auteur d’une étude internationale
multicentrique publiée dans le prestigieux New England Journal of Medicine daté du
12 février.
Cet essai clinique a montré qu’une nouvelle thérapie ciblée, le lenvatinib, induit des
bénéfices importants chez les patients atteints d’un cancer de la thyroïde différencié,
avancé et réfractaire à l’iode 131 (CTD-RR). Le lenvatinib améliore la survie sans
progression et induit une diminution significative des masses tumorales chez les
deux tiers des patients. Sa toxicité est contrôlée par la diminution des doses et les
traitements symptomatiques.
Jusqu’en 2010, il n’y avait aucune solution pour traiter les patients atteints de cette forme de cancer
de la thyroïde qui représente entre 5 et 15% des malades et dont l’espérance de vie n’était au
mieux que de quelques années. Aujourd’hui, selon le Pr Martin Schlumberger, « compte tenu des
résultats de cet essai, le lenvatinib, pourrait devenir le traitement standard pour les patients
résistants à l’iode 131. »
L’objectif de cet essai de phase III randomisé en double aveugle contre placebo (essai SELECT)
était de comparer la survie sans progression de personnes atteintes d’un CTD-RR et présentant
des signes radiographiques de progression de la maladie dans les 13 mois précédents l’inclusion.
Les résultats de cette étude avaient été présentés lors du 50e congrès ASCO en Juin 2014. Le
lenvatinib est un inhibiteur de tyrosine kinases (VEGFR-3, FGFR 1-4, PDGFRβ, KIT, et RET).
// Une nette amélioration de la survie sans progression de la maladie
Cette étude a été menée dans plus de 100 centres en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et
en Asie. L’étude a inclus 392 patients dont 261 ont reçu lenvatinib (24mg/j) et 136 un placebo.
Les résultats montrent que la médiane de survie sans progression est de 18,3 mois sous lenvatinib
contre 3,8 mois sous placebo. Cette amélioration est considérable et nettement supérieure à ce qui
avait été noté avec d’autres médicaments. De plus, 65% des patients traités ont vu leur tumeur
régresser de manière significative et la tumeur a disparu chez plusieurs patients. Les mêmes
bénéfices ont été observés chez les patients qui avaient déjà été traités par un autre inhibiteur de
kinases, ce qui démontre l’absence de résistance croisée à ces médicaments. La majorité des
réponses tumorales a été observée rapidement dans les 2 mois suivant le début du traitement.
Des effets indésirables ont été observés, les 5 plus courants étaient l’hypertension (68%), la
diarrhée (59%), une baisse de l’appétit (50%), une perte de poids (46%), des nausées (41%). De
plus, 20 patients sont décédés pendant le traitement par lenvatinib, mais la majorité de ces décès
était liée à la progression de la maladie. La dose de lenvatinib a dû être diminuée pour 78% des
patients sans pour autant atténuer les bénéfices du traitement, et 15% des patients ont arrêté leur
traitement.