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Résumé
Plusieurs études ont récemment fait l’hypothèse qu’un déficit de l’apprentissage procédural
commun aux troubles neurodéveloppementaux pouvait permettre d’expliquer leur fréquente
association (Nicolson et Fawcett, 2007). Tout spécialement, les circuits neuronaux impliqués
dans cet apprentissage (les boucles cortico-striatale, CS et cortico-cérébelleuse, CC)
pouvaient rendre compte avec pertinence de la comorbidité fréquente entre Dyslexie
Développementale (DD) et Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC) : 40 à 60% des
enfants présentent en effet la double association. Les circuits neuronaux qui soutiennent
l’apprentissage d’une séquence motrice et en particulier d’une tâche de tapping de doigts
(FTT, Finger Tapping Task) sont bien connus et modélisés (Doyon, Bellec, Amsel, Penhune,
Monchi, Carrier et al., 2009) et concernent tout particulièrement ces deux boucles CS et CC.
Nous avons donc choisi dans cette thèse d’observer les modifications cérébrales lors de
l’apprentissage d’une FTT, chez des enfants âgés de 8 à 12 ans présentant une DD, un TAC
ou l’association des deux troubles. Dans un premier temps, nous avons effectué une analyse
des données issues des tests neurospychologiques de l’ensemble des enfants de l’étude
(20 DD, 22 TAC et 23 DysTAC). Nos résultats ne montrent pas de différences entre les trois
groupes aux tests attentionnels, comportementaux et psychosociaux. Nous trouvons des
différences aux subtests du WISC-IV en rapport avec les capacités visuospatiales et motrices
(Cubes, Symboles, Indice de Vitesse de Traitement) où le groupe DD se montre plus
performant que le groupe TAC. Aucune différence n’est retrouvée entre le groupe comorbide
et les deux autres groupes, suggérant d’une part un profil cognitif partagé et commun aux
troubles neurodéveloppementaux et d’autre part le caractère non cumulatif de l’association
des deux troubles. Dans un second temps, nous avons analysé les données issues de l’imagerie
fonctionnelle par résonnance magnétique (IRMf) des 48 enfants ayant effectué la partie IRM
(16 DD, 16 TAC et 16 DysTAC) afin d’explorer les activités cérébrales lors de la réalisation
d’une FTT à deux stades de l’apprentissage (début d’apprentissage et stade automatique après
quinze jours d’entraînement). Nos résultats indiquent que les trois groupes d’enfants ont été
capable d’accéder à l’automatisation de la FTT après un entraînement approprié, mais en
utilisant des processus cérébraux compensatoires différents entre les groupes. Nos résultats ne
confirment pas les hypothèses et le modèle théorique de Nicolson et Fawcett, postulant des
déficits spécialisés des boucles CS ou CC en fonction des troubles. Par contre, nos résultats