l`exclusion sociale

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L’EXCLUSION SOCIALE
L’exclusion, phénomène marginal, a d’abord désigné ceux qui n’avaient pas accès
à la société de consommation. Avec la crise des années 1970, apparaissent les
« nouveaux pauvres », les chômeurs de longue durée, les travailleurs précaires.
Exclusion est alors synonyme d’inadaptation sociale plus que de pauvreté.
L’EXCLUSION RÉSULTE D’UN AFFAIBLISSEMENT
DE LA COHÉSION SOCIALE
L’exclusion est le résultat d’un cercle vicieux
au début duquel l’individu perd son emploi ou
travaille de façon précaire, alternative et mal
rémunérée.
q Le travail est moins intégrateur
qu’autrefois
Quelques dates clés
Hiver 1954 : l’abbé Pierre lance
son appel en faveur des sans-logis.
1er décembre 1988 : loi créant le
revenu minimum d’insertion (RMI).
29 juillet 1998 : loi d’orientation
relative à la lutte contre l’exclusion.
Dès le début des années 1980, la condition
27 juillet 1999 : loi créant la cousalariale se dégrade : le chômage et sa durée
verture maladie universelle (CMU).
augmentent en même temps que le travail se
18 janvier 2005 : loi de programprécarise et que la croissance des revenus se
mation pour la cohésion sociale
dite « loi Borloo ».
ralentit considérablement. Parallèlement, la crise
du syndicalisme contribue à affaiblir une source
essentielle de cohésion sociale sur le marché du travail. Malgré les prestations sociales dont il
est bénéficiaire, un chômeur ou un travailleur précaire s’enfonce dans le surendettement pouvant conduire à l’expulsion de son logement. Une telle situation fragilise le noyau familial et le
fait éclater. Si le réseau relationnel n’est pas suffisamment solide, l’individu est alors victime
d’une « désaffiliation » (Robert Castel, né en 1933) ou d’une « disqualification » (Serge
Paugam, directeur de recherches du CNRS).
q L’exclusion résulte d’une remise en cause du rôle de l’État
Dans des sociétés à « solidarité organique » où la division du travail est poussée, le lien
social passe par la complémentarité des individus et l’État devient le garant des normes,
donc de la régulation sociale. En assurant collectivement les individus contre des risques
(vieillesse, santé, perte de revenus induite par le chômage et l’accroissement de la taille
de la famille), l’État instaure une solidarité institutionnelle qui remplace les solidarités
communautaires dans les sociétés traditionnelles. Cependant, la crise économique et le
renouveau de la pensée libérale ont remis en cause le rôle de cet État-providence.
L’EXCLUSION EST LIÉE À UNE MOINDRE INTÉGRATION SOCIALE
L’émiettement de la famille, associé à une diminution des solidarités de voisinage,
elle-même née d’une urbanisation trop rapide et incontrôlée, contribue à l’isolement des
individus donc à l’affaiblissement du lien social, ce qui est source d’exclusion.
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q L’exclusion est aussi un échec du processus de socialisation
L’intégration est le résultat de l’action socialisatrice de la famille : celle-ci en transmettant les valeurs et les normes permet aux individus de vivre en société. Or cette institution
a plus de difficultés à assumer cette fonction essentielle de socialisation (voir fiche 5). En
même temps, la relégation dans des banlieues de toute une frange de population « à problèmes », prend l’allure d’une « ghettoïsation », entraînant une mise à l’écart durable du
reste de la société ainsi que l’a montré la crise des banlieues en octobre 2005.
q L’exclusion, résultat d’un processus de stigmatisation
Les sociétés modernes formées de groupes sociaux hiérarchisés fabriquent ellesmêmes leurs exclus, au sens où des individus ou des groupes sont considérés comme
moins méritants et se voient privés de reconnaissance et de dignité.
L’exclusion est donc le résultat de la stigmatisation d’individus, du discrédit que certains jettent sur d’autres – les bénéficiaires des mesures d’aide sociale notamment –,
conduisant ces derniers à se retirer du jeu social.
LA LUTTE CONTRE L’EXCLUSION
En France, la lutte contre les exclusions s’organise selon deux axes : l’État et les
associations.
q Le rôle de l’État
Le premier outil mis en place pour remédier aux effets destructeurs de l’exclusion en
France est le revenu minimum d’insertion (voir la fiche 19). Plus récemment la loi Borloo de
janvier 2005 attribue la responsabilité
totale de l’exclusion au chômage et met
Les campements solidaires
l’accent sur des mesures permettant d’assurer le retour à l’emploi (voir la fiche 8
En un peu plus de trois semaines, une
dans l’ouvrage Les Grandes questions écoassociation constituée à la va-vite autour
nomiques contemporaines, éditions
d’une famille parisienne est parvenue à
l’Etudiant).
bousculer le Gouvernement et le chef de
q Le rôle des associations
l’État sur la cause des sans-abri. À Paris
puis en province, les « campements solidaires » de SDF ont abouti à des résultats inespérés. Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale et du
Logement, a annoncé hier une refonte
« radicale » du système d’hébergement
d’urgence dont le fonctionnement est
très décrié par les sans-abri.
La loi contre les exclusions, votée en
1998, se traduit notamment par une
reconnaissance, de la part de l’État, du
rôle important que peuvent jouer les
entreprises d’insertion, les associations
intermédiaires et les régies de quartier
Libération, mardi 9 janvier 2007.
dans la lutte contre les exclusions et dans
le développement de solidarités communautaires. Effectivement, tant par le rôle socialisateur et formateur qu’elles jouent, que
par le travail qu’elles fournissent, ces associations permettent d’envisager véritablement
la reconstitution d’un nouveau « contrat social » fondé sur une économie et une société
plus solidaires.
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