06/06/2014
1
ALIMENTATION DU PATIENT
DEPENDANT
Mme K. LASSON, IDE
Mme A. LEONARDO, IDE
Dr G. COSQUERIC, Gériatre
Patient « dépendant »?
Loi du 11 février 2005 (Art. 114): Constitue un handicap toute limitation d'activité ou
restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une
personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou
plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques,
d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant.
Définitions OMS :
Déficience : altération d'une fonction ou d'une structure psychologique, physiologique
ou anatomique.
Correspond à une anomalie d’un organe, d’un appareil ou d’un système qui peut être
sans conséquence pathologique mais peut aussi être symptomatique et équivaut à la
maladie
Incapacité : toute réduction (résultant d'une déficience) partielle ou totale de la
capacité d'accomplir une activité d'une façon normale
Handicap : désavantage résultant de l'incapacité. Il traduit l'écart entre l'incapacité
physique et intellectuelle de la personne et les normes habituelles de qualité de vie. Le
handicap est proportionnel aux ressources matérielles et sociales disponibles pour
pallier à l'incapacité.
2
Un exemple ?
3
Diminution de force de préhension d'une main (séquelle
de PR ou d’AVC) = Déficience
Impossibilité de couper les aliments = Incapacité
Si aide technique possible (orthèse, couverts adaptés)
ou si utilisation de l’autre main : pas de retentissement
sur son environnement.
Si nécessité d’une aide humaine Handicap
Patient « dépendant » ?
Patient dépendant = terme consacré
Personne hospitalisée présentant une perte
d’autonomie pour une ou plusieurs tâches
simples, résultant d’une ou plusieurs déficiences
Sensorielle
Physique
Cognitive
Psychique
4
Patient « âgé » dépendant ?
5
Oui, mais pas seulement les personnes âgées
Causes orthopédiques : attelle genou, Dujarrier, fixateurs
externes !
Causes neuro-psychiatriques : psychoses, Korsakoff
Oui, mais pourquoi plutôt les personnes âgées ?
de prévalence des pathologies responsables de perte
d’autonomie
Plusieurs pathologies = Polypathologie
! Perte d’autonomie aiguë en contexte hospitalier :
Eventuelle perte d’autonomie chronique
Perte d’autonomie aiguë liée à la pathologie
Perte d’autonomie en rapport avec l’hospitalisation
Charte de la personne âgée dépendante
(Fondation Nationale de Gérontologie – 1997)
6
Article 3 : Une vie sociale malgré le handicap
Toute personne âgée dépendante doit conserver la liberté
de communiquer, de se déplacer et de participer à la vie
de la société.
Article 8 : Préserver l’autonomie
La prévention de la dépendance est une nécessité pour
l'individu qui vieillit. La vieillesse est un état physiologique
qui n'appelle pas en soi de médicalisation. La dépendance
physique ou psychique résulte d'états pathologiques, dont
certains peuvent être prévenus ou traités.
06/06/2014
2
Quelles pathologies ?
7
Sensorielles : baisse d’acuité visuelle, cécité
Neurologiques
AVC : déficiences focales
Syndrome frontal
Hémiparésie / hémiplégie
Hémi-négligence (aire sylvienne gauche) :
Sensorielle : visuelle, auditive!
Sensitive (hémi-asomatognosie)
Motrice
Déficit visuel (aire occipitale)
Maladies neurodégénératives
Séquelles Orthopédiques / Rhumatologiques
Prothèses MI ou MS
Déformations rhumatismales
Décret n° 93-345 relatif au rôle IDE
Code de Santé Publique – Partie Réglementaire
8
Art. R4311-2 : « Les soins infirmiers […] ont pour objet […] :
de favoriser le maintien, l’insertion ou la réinsertion des personnes dans leur
cadre de vie familial et social
de concourir au recueil des informations utiles aux autres professionnels
pour poser leur diagnostic
de participer à l’évaluation du degré de dépendance des personnes »
Art. R4311-3 : « Relèvent du rôle propre de l’infirmier les soins liés aux
fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser
partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie d’une
personne. Il identifie les besoins du patient, pose un diagnostic infirmier,
formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les
évalue. »
Art. R4311-5 : « L’infirmier accomplit les actes ou dispense les soins
infirmiers suivants […] : surveillance […] de l’équilibre alimentaire […] »
Choix du repas
9
Problème si troubles phasiques ou cognitifs
Présentation repas du jour : cela plait-il ou pas ?
Recueil des aversions (entourage)
Choix papier par entourage
Réponse orientée oui / non
Rester zen si on a fait choisir et que le patient ne s’en
souvient pas …
Attention aux textures : risque de fausses-routes
si ATCD AVC
Si pathologie neurodégénérative évoluée (Parkinson,
Alzheimer)
Installation du patient
10
Bien assis à 90°
Bien redressé si au lit, table non mobile
Si déficit visuel :
Préparer le plateau
Expliquer la position des aliments et couverts
Penser à ouvrir les emballages (fromage !!)
Si possible, présenter les aliments en plusieurs
fois : entrée / plat / desserts
Couverts ergonomiques ?
Idéalement, repas en groupes (convivialité)
Anorexie
11
Repérer les pathologies à l’origine de la non-alimentation
Buccodentaire
Digestive
Cardio-respiratoire (polypnée / dyspnée)
Neurologique (AVC, confusion)
Urologique (rétention)
Psychiatrique (angoisse, dépression, peur de la fausse-route)
Douleur
Repérer les déficiences potentiellement à l’origine de la non-
alimentation
Déficit visuel
Déficit physique
Déficit cognitif
Anorexie
12
Facteurs « physiologiques » chez la personne
âgée
Hyposialorrhée
Altérations sensorielles (perte du salé++)
Précocité de la satiété
Diminution de sécrétions des enzymes pancréatiques
Modifications intestinales (vascularisation, motricité)
Moindre activité physique ?
Pathologies responsables de l’anorexie
Causes « cachées »
06/06/2014
3
Pathologies anorexigènes
13
Souvent associées à un hypercatabolisme
Insuffisance rénale
Insuffisance cardiaque, SCA
Insuffisance respiratoire sévère
Pathologies neurodégénératives
Tout Syndrome inflammatoire
Tout stress physiologique (réanimatoire,
chirurgical…)
Toutes les causes d’hospitalisation !
Causes cachées : Enquêter ++
14
Le repas
Repas conforme à la commande ?
Quantité ?
Goût du repas ? Manque d’assaisonnement?
Dégoût pour certains aliments ou odeurs ?
Problématique du mixé
Pb digestif ? Pb dentaire ?
Dépression ?
Refus alimentaire dans le cadre de troubles
psycho-comportementaux ?
Que faire pour améliorer le repas ?
15
Choix du repas particulièrement crucial
Rediscuter la texture (mixé repas « mou »)
Proposer, reproposer, repasser, re-repasser
Proposer les aliments
En plusieurs fois
Les aliments référés d’abord
Fractionner l’alimentation : collations adaptées ++
(10h / 16h / 22 h)
Suivi des ingestas :
Calcul des apports caloriques et protidiques
Repérage des aliments favoris adaptation régime
Troubles psycho-comportementaux
16
Symptômes « négatifs » = Apathie
Troubles cognitifs évolués
Syndrome frontal
Symptômes « positifs » : Plusieurs cas
Refus alimentaire
Agitation dans un contexte de confusion
Patient déambulant « chronique »
Gloutonnerie sur syndrome frontal
Apathie
17
Initier le mouvement
Préparer le plateau
Placer les couverts dans la main
Initier le mouvement
Laisser faire
Revenir ++
Bénéfice du repas en groupe ++
Un soignant Plusieurs patients
Convivialité
Effet d’entraînement pour le frontal
Troubles psycho-comportementaux positifs
18
Refus alimentaire
Patient dément grabataire dans l’opposition
Au-delà de la prise en charge nutritionnelle
Enquête étiologique
Privilégier l’alimentation plaisir
Maintenir le lien humain
Soignant privilégié
Entourage : oui avec formation et soignant à proximité
Agitation dans un contexte de confusion
Prise en charge étiologique ++
Prise en charge psycho-comportementale (réassurance, réorientation,…)
Traitement sédatif léger
Alimentation au moment propice
Attention aux fausses-routes : Confusion = Trouble de la vigilance
06/06/2014
4
Troubles psycho-comportementaux positifs
19
Patient déambulant
Pathologie neurodégénérative type Alzheimer
Anxiété
Nécessiterait des locaux adaptés anti-fugue+ système de
géolocalisation pour permettre la déambulation
Essayer les repas en groupes
Repas au moment propice
Manger debout
Manger en marchant ?
Gloutonnerie sur syndrome frontal
Repas fractionné ++
Soignant à proximité
Répondre plus ou moins aux sollicitations
Aide totale à l’alimentation
20
En dernier recours
Risque de fausse-route accru
Positionnement du patient ++, Soins de bouche
On ne discute pas pendant le repas
Bien prendre le temps entre chaque bouchée
Gorgée de liquide si déglutition le permet
Arrêt si toux ou modification de la voix
Attention aux fausses-routes retardées (débris alimentaires en « arrière-
gorge »)
Eventuellement plutôt cuillère
Petites bouchées
Possibilité de manger en groupe
Bonne installation du soignant
Et l’hydratation ?
21
Apports recommandés 1,5l /jour + 500ml en fonction fièvre,
chaleur etc
Varier les apports :
Eau plate, gazeuse, + sirop
Jus, soda, lait
Café, thé, chocolat suppléments HP réchauffés
Soupe, gaspaccho
Cuillère, paille
Pas de canard, pas de seringue
Y revenir, y revenir
Si apports insuffisants
IDE + médecin ++
perfusion SC /IV
En conclusion
22
1 / 4 100%