PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS!
EN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e
ANNIVERSAIRE !
DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM!
ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE
ATHÉNAGORAS
24 - 26 MAI 2014!
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RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS JORDANIENNES
Amman - Samedi 24 mai 2014
Majestés, Excellences, !
chers frères Evêques, chers amis,
Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite
de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs Paul VI,
Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi
Abdullah II pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le
vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican.
J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au
Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche
d’histoire et de signification pour le Judaïsme, le
Christianisme et l’Islam.
Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de
réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions
en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par
un conflit qui dure depuis trop longtemps. Un tel accueil
mérite, Majesté, l’estime et le soutien de la communauté
internationale. L’Eglise Catholique, selon ses possibilités,
veut s’engager dans l’assistance aux réfugiés et à ceux qui
vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas
Jordanie.
Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes
tensions au Moyen Orient, je remercie les Autorités du
Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à
continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable,
souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution
pacifique à la crise syrienne est plus que jamais nécessaire et
urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-
palestinien.
Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond
respect et mon estime pour la communauté musulmane, et
manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par
Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste
compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la
sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions.
Vous êtes connu
!
comme un homme de paix, un artisan de paix : merci !
J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir
encouragé diverses initiatives importantes en faveur du
dialogue interreligieux pour la promotion de la
compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi
lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour
avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la
« Semaine d’Harmonie entre les Religions ».
Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection
aux communautés chrétiennes, accueillies par ce Royaume,
communautés présentes dans le pays depuis les temps
apostoliques : elles offrent leur contribution au bien
commun de la société dans laquelle elles sont pleinement
insérées. Bien quétant aujourdhui numériquement
minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et
appréciée dans les champs éducatif et sanitaire, par des
écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec
tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse
qui est un droit humain fondamental et que je souhaite
vivement être tenu en grande considération partout au
Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend
à la fois au niveau individuel et collectif, la liberté de suivre
sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la
liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie et de
manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI,
Exhort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens
se sentent et sont citoyens à part entière, et ils entendent
contribuer à la construction de la société avec leurs
concitoyens musulmans, en offrant leur contribution propre
et spécifique.
J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la
prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec le
vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir
les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et
musulmans. Et que le Seigneur Dieu nous préserve tous
contre cette peur du changement à laquelle Sa Majesté a fait
référence. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et
votre courtoisie.
Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux accorde à Vos
Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la
Jordanie de ses bénédictions. Salam !
!
MESSE AU STADE D’AMMAN EN JORDANIE
Amman - Samedi 24 mai 2014
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« La paix ne peut se vendre ni s’acheter : elle est un don à
recevoir avec patience et à construire "artisanalement"
par des petits et des grands gestes qui impliquent notre vie
quotidienne »
Dans l’Évangile, nous avons entendu la promesse de Jésus
aux disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera un
autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn
14,16). Le premier Paraclet est Jésus lui-même; l’« autre »
est l’Esprit Saint.
Nous nous trouvons ici non loin du lieu où l’Esprit Saint est
descendu avec puissance sur Jésus de Nazareth, après que
Jean l’ait baptisé dans le Jourdain (Cf. Mt 3,16). L’Évangile
de ce dimanche, ainsi que ce lieu, dans lequel par la grâce de
Dieu je suis en pèlerinage, nous invitent à méditer sur
l’Esprit Saint, sur ce qu’il accomplit dans le Christ et en
nous, et que nous pouvons résumer ainsi : l’Esprit accomplit
trois actions : il prépare, il oint, il envoie.
Au moment du baptême, l’Esprit se pose sur Jésus pour le
préparer à sa mission de salut ; mission caractérisée par le
style du Serviteur humble et doux, prêt au partage et au don
total de soi. Mais l’Esprit Saint, présent dès le début de
l’histoire du salut, avait déjà opéré en Jésus au moment de
sa conception dans le sein virginal de Marie de Nazareth,
réalisant l’événement admirable de l’Incarnation : “ l’Esprit
Saint viendra sur toi, il te couvrira de son ombre dit
l’ange à Marie et tu enfanteras un Fils auquel tu
donneras le nom de Jésus ” (Cf. Lc 1, 35).
Ensuite, l’Esprit Saint avait agi en Siméon et Anne le jour de
la présentation de Jésus au Temple (Cf. Lc 2,22). Tous deux
dans l’attente du Messie ; tous deux inspirés par l’Esprit
Saint, Siméon et Anne ont l’intuition, à la vue de l’enfant,
qu’il est vraiment Celui qui est attendu par tout le peuple.
Dans l’attitude prophétique des deux vieillards s’exprime la
joie de la rencontre avec le Rédempteur et, dans un certain
sens, une préparation de la rencontre entre le Messie et le
peuple a lieu.
Les diverses interventions de l’Esprit Saint font partie d’une
action harmonique, d’un unique projet divin d’amour. La
mission de l’Esprit Saint, en effet, est de générer l’harmonie
lui-même est harmonie et de faire la paix dans les
différents contextes et entre des sujets divers. La diversité de
personnes et de pensée ne doit pas provoquer refus et
obstacles, parce que la variété est toujours un
enrichissement. Par conséquent, aujourd’hui, invoquons
avec un cœur ardent l’Esprit Saint, en lui demandant de
préparer la route de la paix et de l’unité.
En deuxième lieu, l’Esprit Saint oint. Il a oint intérieurement
Jésus, et il oint les disciples, pour qu’ils aient les mêmes
sentiments que Jésus et puissent ainsi assumer dans leur vie
les attitudes qui favorisent la paix et la communion. Avec
l’onction de l’Esprit, notre humanité est marquée de la
sainteté de Jésus Christ et cette onction nous rend capables
d’aimer nos frères avec l’amour même dont Dieu nous aime.
Par conséquent, il est nécessaire de poser des gestes
d’humilité, de fraternité, de pardon, de réconciliation. Ces
gestes sont les prémices et la condition pour une paix vraie,
solide et durable. Demandons au Père de nous oindre afin
que nous devenions pleinement ses enfants, toujours plus
conformes au Christ, pour nous sentir tous frères et ainsi
éloigner de nous rancunes et divisions et nous aimer
fraternellement. C’est ce que Jésus nous a demandé dans
l’Évangile : « Si vous m’aimez, vous garderez mes
commandements ; et je prierai le Père, et il vous donnera
un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn
14,15-16).
Et enfin l’Esprit Saint envoie. Jésus est l’Envoyé, rempli de
l’Esprit du Père. Oints du même Esprit, nous sommes aussi
envoyés comme messagers et témoins de paix.
La paix ne peut s’acheter : elle est un don à recevoir avec
patience et à construire « artisanalement » par des petits et
des grands gestes qui impliquent notre vie quotidienne. Le
chemin de la paix se consolide si nous reconnaissons que
nous avons tous le même sang et faisons partie du genre
humain ; si nous n’oublions pas que nous avons un unique
Père céleste et que nous sommes tous ses enfants, faits à son
image et à sa ressemblance.
Dans cet esprit je vous embrasse tous : le Patriarche, mes
frères Evêques, les prêtres, les personnes consacrées, les
fidèles laïcs, les nombreux enfants qui, aujourd’hui,
reçoivent la première communion, ainsi que leurs parents.
Mon cœur s’adresse aussi aux nombreux réfugiés chrétiens
provenant de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak : portez à
vos familles et à vos communautés mon salut et ma
proximité.
Chers amis ! L’Esprit Saint est descendu sur Jésus près du
Jourdain et a commencé son œuvre de rédemption pour
libérer le monde du péché et de la mort. Demandons-lui de
préparer nos cœurs à la rencontre avec nos frères au-delà des
différences d’idées, de langues, de cultures, de religions ;
demandons-lui d’oindre tout notre être de l’huile de sa
miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des
incompréhensions, des controverses ; demandons-lui de
nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers
exigeants, mais féconds, de la recherche de la paix. Amen !
!
RENCONTRE AVEC LES RÉFUGIÉS ET LES JEUNES
HANDICAPÉS
Église latine, Béthanie au-delà du Jourdain!
Samedi 24 mai 2014
!
Autorités, Eminences, Excellences,!
Chers frères et sœurs,
J’ai beaucoup souhaité vous rencontrer au cours de mon
pèlerinage, vous qui, à cause de conflits sanglants, avez
laisser vos maisons et votre Patrie et avez trouvé refuge en
cette terre hospitalière de Jordanie; et en même temps, j’ai
voulu vous rencontrer, chers jeunes qui faites l’expérience
du poids de quelque limite physique.
Le lieu dans lequel nous nous trouvons nous rappelle le
baptême de Jésus. En venant ici au Jourdain se faire baptiser
par Jean, Jésus montre son humilité et partage notre
condition humaine : il s’abaisse jusqu’à nous et, par son
amour, il nous rend la dignité et nous donne le salut. Cette
humilité de Jésus, le fait qu’il se penche sur les blessures
humaines pour les guérir, nous touche toujours. Jésus se
penche sur toutes les blessures humaines pour les guérir. Et
à notre tour nous sommes profondément touchés par les
drames et les blessures de notre temps, spécialement par
celles provoquées par les conflits encore ouverts au Moyen
Orient. Je pense en premier lieu à la Syrie aimée, déchirée
par une lutte fratricide qui dure depuis désormais trois ans,
et qui a déjà fait d’innombrables victimes, obligeant des
millions de personnes à se faire réfugiées et exilées en
d’autres pays. Tous nous voulons la paix ! Mais en voyant ce
drame de la guerre, en voyant ces blessures, en voyant tant
de personnes qui ont quitté leur patrie, qui ont été obligées
de s’en aller, je me demande : qui vend les armes à ces gens
pour faire la guerre ? Voilà la racine du mal ! La haine et la
cupidité de l’argent dans la fabrication et dans la vente des
armes. Cela doit nous faire penser à qui est derrière, qui
donne à tous ceux qui sont en conflit les armes pour
continuer le conflit ! Pensons, et dans notre cœur disons
aussi une parole pour ces pauvres gens criminels, afin qu’ils
se convertissent.
Je remercie les Autorités et le peuple jordanien pour
l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés
provenant de la Syrie et de l’Irak, et j’étends mes
remerciements à tous ceux qui font œuvre d’assistance et de
solidarité envers les réfugiés. Je pense aussi aux œuvres de
charité réalisées par des institutions de l’Église comme
Caritas Jordanie, et d’autres, qui, en portant assistance à
ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi religieuse,
d’appartenance ethnique ou idéologique, manifestent la
splendeur du visage charitable de Jésus qui est
miséricordieux. Que Dieu Clément et Tout-Puissant vous
bénisse tous et chacun pour vos efforts, afin de soulager les
souffrances causées par la guerre !
Je m’adresse à la communauté internationale pour qu’elle ne
laisse pas seule la Jordanie, si accueillante et courageuse, à
faire face à l’urgence humanitaire venant de l’arrivée sur son
territoire d’un nombre si élevé de réfugiés ; mais qu’elle
continue et accroisse son action de soutien et d’aide. Je
renouvelle mon appel le plus pressant pour la paix en Syrie.
Que cessent les violences et que soit respecté le droit
humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la
population qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention
de laisser aux armes la solution des problèmes et que l’on
revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en
effet, ne peut venir que du dialogue et de la modération, de
la compassion pour celui qui souffre, de la recherche d’une
solution politique et du sens de la responsabilité envers les
frères.
A vous les jeunes, je demande de vous unir à ma prière pour
la paix. Vous pouvez le faire aussi en offrant à Dieu vos
peines quotidiennes, et ainsi votre prière deviendra précieuse
et efficace. Et je vous encourage à collaborer, par votre
engagement et votre sensibilité, à la construction d’une
société respectueuse des plus faibles, des malades, des
enfants, des personnes âgées. Même dans les difficultés de
la vie, soyez signe d’espérance. Vous êtes dans le cœur de
Dieu, vous êtes dans mes prières, et je vous remercie pour
votre chaleureuse, joyeuse et nombreuse présence. Merci !
Au terme de cette rencontre, je renouvelle le souhait que
prévalent la raison et la modération et, qu’avec l’aide de la
communauté internationale, la Syrie retrouve le chemin de
la paix.
Que Dieu convertisse les violents ! Que
Dieu convertisse ceux qui ont des projets de guerre !
Que Dieu convertisse ceux qui fabriquent et vendent les
armes, qu’il fortifie les cœurs et les esprits des artisans
de paix et qu’il les récompense de ses bénédictions.
Que le Seigneur vous bénisse tous.
BETHLEEM 25 MAI
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Tôt le matin, un hélicoptère a transporté le pape François
de Amman à Bethléem. Cette première démarche est déjà un
symbole : le Pape ne passe pas par Israël pour rentrer dans
les territoires. Plus forte encore a été sa volonté de se rendre
auprès du Mur de séparation érigé par Israël depuis les
années 2000. Descendant de sa papamobile, le pape a fait
quelques pas pour le longer, tout petit à côté des grandes
barres de béton. La construction de cette « barrière de
sécurité » au-delà des frontières fixées en 1967 est fortement
mise en cause par la communauté internationale, et aussi
parfois par la justice israélienne. La décision du Pape de s’y
rendre peut donc marquer les esprits, et –ce que beaucoup
espèrent – influer sur le projet du gouvernement israélien de
prolonger encore le Mur. !
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RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS PALESTINIENNES
Bethléem - Dimanche 25 mai 2014!
"
Monsieur le Président,!
Chers amis, Chers frères,
Je remercie le Président, Monsieur Mahmoud Abbas, pour
ses paroles de bienvenue et j’adresse ma cordiale salutation
aux représentants du Gouvernement et à tout le peuple
palestinien. Je suis reconnaissant à Dieu d’être aujourd’hui
ici avec vous en ce lieu est né Jésus, le Prince de la Paix,
et je vous remercie pour votre accueil chaleureux.
Le Moyen Orient, depuis des décennies, vit les
conséquences dramatiques du prolongement d’un conflit qui
a produit tant de blessures difficiles à cicatriser ; même
quand heureusement la violence ne se déchaîne pas,
l’incertitude de la situation et l’incompréhension entre les
parties produisent insécurité, droits niés, isolement et exode
de communautés entières, divisions, carences et souffrances
de tout genre.
En manifestant ma proximité à tous ceux qui souffrent le
plus des conséquences de ce conflit, je voudrais dire du plus
profond de mon cœur qu’il est temps de mettre fin à cette
situation, qui devient toujours plus inacceptable, et ce pour
le bien de tous. Que redoublent donc les efforts et les
initiatives destinés à créer les conditions d’une paix stable,
basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de
chacun et sur la sécurité réciproque. Le moment est arrivé
pour tous d’avoir le courage de la générosité et de la
créativité au service du bien, le courage de la paix, qui
s’appuie sur la reconnaissance, de la part de tous, du droit de
deux États à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans
des frontières internationalement reconnues.
Je souhaite vivement qu’à cette fin on évite de la part de
tous des initiatives et des actes qui contredisent la volonté
déclarée d’arriver à un vrai accord et qu’on ne se lasse pas
de poursuivre la paix avec détermination et cohérence. La
paix apportera avec elle d’innombrables bénéfices pour les
peuples de cette région et pour le monde entier. Il faut donc
marcher résolument vers elle, même en renonçant chacun à
quelque chose.
Je souhaite aux peuples palestinien et israélien et à leurs
respectives autorités d’entreprendre cet heureux exode vers
la paix avec ce courage et cette fermeté nécessaires à tout
exode. La paix dans la sécurité et la confiance mutuelle
deviendront le cadre de référence stable pour affronter et
résoudre les autres problèmes et offrir ainsi une occasion de
développement équilibré, tel qu’il devienne un modèle pour
d’autres zones de crise.
Je tiens à mentionner l’active communauté chrétienne, qui
offre sa contribution significative au bien de la société et qui
participe aux joies et aux souffrances de tout le peuple. Les
chrétiens entendent continuer à remplir ce rôle comme
citoyens de plein droit, ensemble avec leurs autres
concitoyens considérés comme des frères.
Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme
de paix et un artisan de paix. La récente rencontre au Vatican
avec vous, et ma présence aujourd’hui en Palestine attestent
des bonnes relations existantes entre le Saint-Siège et l’État
de Palestine, dont je souhaite quelles puissent
ultérieurement se renforcer pour le bien de tous. A ce sujet,
j’exprime mon appréciation pour l’engagement en vue
d’élaborer un Accord entre les Parties, concernant divers
aspects de la vie de la Communauté catholique du pays,
avec une attention spéciale à la liberté religieuse. Le respect
de ce droit humain fondamental est, en effet, une des
conditions inaliénables de la paix, de la fraternité et de
l’harmonie ; il dit au monde qu’il est nécessaire et possible
de trouver un bon accord entre cultures et religions
différentes ; il témoigne que les choses que nous avons en
commun sont si nombreuses et si importantes qu’il est
possible de trouver une voie de cohabitation sereine,
ordonnée et pacifique, dans l’accueil des différences et dans
la joie d’être frères parce que enfants d’un unique Dieu.
Monsieur le Président, chers frères réunis ici à Bethléem,
que Dieu tout-puissant vous bénisse, qu’il vous protège et
qu’il vous accorde la sagesse et la force nécessaires pour
poursuivre le courageux chemin de la paix, de manière
que les épées se transforment en charrue et que cette
Terre puisse à nouveau fleurir dans la prospérité et dans
la concorde. Salam !
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MESSE A BETHLEEM
Place de la Mangeoire - Dimanche 25 mai 2014
"
« Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un
enfant emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,
12).
Quelle grande grâce de célébrer l’Eucharistie en ce lieu
est Jésus ! Je remercie Dieu et je vous remercie vous qui
m’avez accueilli pendant mon pèlerinage : le Président
Mahmoud Abbas et les autres Autorités ; le Patriarche Fouad
Twal, les autres Évêques et les Ordinaires de Terre Sainte,
les prêtres, les bons franciscains, les personnes consacrées et
tous ceux qui œuvrent pour tenir vive la foi, l’espérance et la
charité en ces territoires ; les représentations de fidèles
provenant de Gaza, de la Galilée, les migrants de l’Asie et
de l’Afrique. Merci de votre accueil !
L’Enfant Jésus, né à Bethléem, est le signe donné par Dieu à
qui attendait le salut, et il reste pour toujours le signe de la
tendresse de Dieu et de sa présence dans le monde. L’ange
dit aux bergers : « Voici le signe qui vous est donné : vous
trouverez un enfant… ».
Aujourd’hui également les enfants sont un signe. Signe
d’espérance, signe de vie, mais aussi signe “diagnostic”
pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société,
du monde entier. Quand les enfants sont accueillis, aimés,
défendus, protégés dans leurs droits, la famille est saine, la
société est meilleure, le monde est plus humain. Pensons à
l’œuvre que réalise l’Institut Effetà Paolo VI en faveur des
enfants palestiniens sourds-muets : c’est un signe concret de
la bonté de Dieu. C’est un signe concret que la société
s’améliore.
Dieu, aujourd’hui, nous répète à nous aussi, hommes et
femmes du XXIème siècle : « Voici le signe qui vous est
donné », cherchez l’enfant…
L’enfant de Bethléem est fragile, comme tous les nouveau-
nés. Il ne sait pas parler, et pourtant il est la Parole qui s’est
faite chair, venue changer le cœur et la vie des hommes. Cet
enfant, comme tout enfant, est faible et a besoin d’être aidé
et protégé. Aujourd’hui également les enfants ont besoin
d’être accueillis et défendus, depuis le sein maternel.
Malheureusement, dans ce monde qui a développé les
technologies les plus sophistiquées, il y a encore de
nombreux enfants dans des conditions inhumaines, qui
vivent en marge de la société, dans les périphéries des
grandes villes ou dans les zones rurales. De nombreux
enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités, tenus
en esclavage, objets de violence et de trafics illicites. De
nombreux enfants sont aujourd’hui déracinés, réfugiés,
parfois noyés dans les mers, spécialement dans les eaux de
la Méditerranée. De tout cela nous avons honte aujourd’hui
devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant.
Et nous nous demandons : qui sommes-nous devant l’Enfant
Jésus ? Qui sommes-nous devant les enfants d’aujourd’hui ?
Sommes-nous comme Marie et Joseph, qui accueillent Jésus
et en prennent soin avec amour maternel et paternel ? Ou
bien sommes-nous comme Hérode, qui veut l’éliminer ?
Sommes-nous comme les bergers, qui vont en toute hâte,
s’agenouillent pour l’adorer et offrent leurs humbles
présents ? Ou sommes-nous indifférents ? Sommes-nous
peut-être des rhéteurs et des piétistes, des personnes qui
exploitent les images des enfants pauvres à des fins
lucratives ? Sommes-nous capables de nous tenir à côté
d’eux, de « perdre du temps » avec eux ? Savons-nous les
écouter, les défendre, prier pour eux et avec eux ? Ou bien
les négligeons-nous, pour nous occuper de nos intérêts ?
« Voici le signe qui nous est donné : vous trouverez un
enfant… ». Peut-être cet enfant pleure-t-il ! Il pleure parce
qu’il a faim, parce qu’il a froid, parce qu’il veut rester dans
les bras… Aujourd’hui également, les enfants pleurent, ils
pleurent beaucoup, et leurs pleurs nous interpellent. Dans un
monde qui met au rebut chaque jour des tonnes de nourriture
et de médicaments, il y a des enfants qui pleurent, en vain,
de faim et de maladies facilement curables. En un temps qui
proclame la sauvegarde des mineurs, se commercialisent les
armes qui finissent dans les mains d’enfants-soldats ; se
commercialisent des produits confectionnés par de petits
travailleurs-esclaves. Leurs pleurs sont étouffés : les pleurs
de ces enfants sont étouffés ! Ils doivent combattre, ils
doivent travailler, ils ne peuvent pas pleurer ! Mais leurs
mères, Rachel d’aujourd’hui, pleurent pour eux : elles
pleurent leurs enfants, et ne veulent pas être consolées (cf.
Mt 2, 18).
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