J.L. Barat, P. Lesgourgues, S. Zamaron, D. Ducassou, G. Boulard
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2006 - vol.30 - n°8 441
L’ANNEXE SPÉCIFIQUE
CONCERNANT LE RISQUE
RADIONUCLÉAIRE
!Elle prévoit l’accueil de deux caté-
gories de victimes :
1- les victimes de blessures conven-
tionnelles, associées ou non à une
contamination et/ou une irradiation
2- les personnes non blessées suspec-
tées de contamination et/ou irradia-
tion, présentes sur le site de l’acci-
dent ou de l’attentat, ou seulement
établies à proximité du lieu de l’acci-
dent ou de l’attentat et s’estimant
impliquées.
La notion de présence de radioélé-
ments est apportée par les premières
équipes de secours présentes sur le
lieu de l’accident (accident de cen-
trale nucléaire) ou de l’attentat (atten-
tat contre une centrale nucléaire,
bombe sale, dissimulation de sources
radioactives, dispersion contami-
nante).
Ces équipes de secours sont :
- la cellule mobile d’intervention ra-
diologique (CMIR) des sapeurs-pom-
piers qui dispose de matériel de dé-
tection capable d’évaluer la présence
de rayonnements β ou γ, voire α et
le débit de dose,
- les personnels du SAMU, tous por-
teurs de dosimètres électroniques,
- l’équipe du Commissariat à l’Éner-
gie Atomique des Zones d’Interven-
tions de Premier Échelon ZIPE (le
territoire national est divisé en 10
zones d’intervention, dont la zone
parisienne, possédant chacune un
centre CEA) venant en appui des
CMIR pour l’identification des radioé-
léments en cause (spectrométrie
gamma portable avec sonde NaI).
Pour l’accueil des victimes de bles-
sures conventionnelles, un principe
s’applique au risque radionucléaire :
l’urgence médico-chirurgicale prime
la notion d’irradiation et de contami-
nation. La décontamination ne peut
donc intervenir que pour des bles-
sés dont l’état est stabilisé.
Les victimes en urgence absolueLes victimes en urgence absolue
Les victimes en urgence absolueLes victimes en urgence absolue
Les victimes en urgence absolue
doivent donc être adressées dans un
secteur dédié, différent du classique
Service d’Accueil des Urgences
(SAU), incluant une unité de réanima-
tion, un tomodensitomètre et un bloc
opératoire, protégés de la contamina-
tion par des films de vinyle. Le per-
sonnel de Médecine Nucléaire est
requis dans ce secteur pour détecter
et localiser le mieux possible la con-
tamination externe, et assister en per-
manence radiologue et équipe
soignante afin d’éviter une dispersion
de la contamination dans les locaux
et une éventuelle internalisation de
la contamination chez le patient.
Une fois l’état clinique stabilisé, une
décontamination est effectuée sur
place, puis vérifiée par le personnel
de Médecine Nucléaire, et le patient
est transféré dans le SAU ou dans un
secteur d’hospitalisation (circuit 1.3)
(Figure 2Figure 2
Figure 2Figure 2
Figure 2).
Les blessés en urgence relativeLes blessés en urgence relative
Les blessés en urgence relativeLes blessés en urgence relative
Les blessés en urgence relative sont
adressés dans le Module de Déconta-
mination Pré Hospitalier ("MDPH"),
constitué d’une tente dressée en per-
manence sur le site de l’hôpital
Pellegrin et comprenant deux chaî-
nes de décontamination par douches,
l’une pour blessés valides et l’autre
pour invalides. Là encore l’équipe de
Médecine Nucléaire est requise pour
la détection d’une éventuelle conta-
mination et le contrôle de l’efficacité
de la décontamination. Ces blessés
intègrent ensuite la filière classique
du SAU (circuit 1.1) (FF
FF
Figurigur
igurigur
igure 2e 2
e 2e 2
e 2).
Les personnes non blessées suspec-Les personnes non blessées suspec-
Les personnes non blessées suspec-Les personnes non blessées suspec-
Les personnes non blessées suspec-
tées de contamination et/ou d’irtées de contamination et/ou d’ir
tées de contamination et/ou d’irtées de contamination et/ou d’ir
tées de contamination et/ou d’ir--
--
-
radiation radiation
radiation radiation
radiation sont rassemblées, puis
acheminées dans le module de dé-
contamination. En cas d’afflux mas-
sif de victimes (plus de 50) - situation
probable dans le cas d’un attentat ter-
roriste impliquant des matières ra-
dioactives, puisque l’effet de panique
est ici le premier effet recherché - une
deuxième structure de décontamina-
tion sur ce site hospitalier ("gym-
nase") est activée nécessitant la pré-
sence d’une troisième équipe de
Médecine Nucléaire pour la détection
et le contrôle de l’efficacité de la dé-
contamination (circuit 1.2)
(Figure 2Figure 2
Figure 2Figure 2
Figure 2).
Dans un deuxième temps de prise en
charge de toutes les victimes blessées
et non blessées, il peut être néces-
saire de rechercher une contamina-
tion interne par anthropo-
gammamétrie. Trop éloignés des cen-
trales nucléaires et de leurs disposi-
tifs fixes, les services de Médecine
Nucléaire des centres de référence
doivent faire appel à l’Institut de Ra-
dioprotection et Sûreté Nucléaire
(IRSN) pour une mise à disposition
de systèmes mobiles.
Toutes les procédures de la prise en
charge technique et médicale de l’en-
semble des victimes d’un accident ou
attentat radionucléaire sont décrites
dans un guide national très complet
disponible sur le web [2].
L’INFORMATION ET
LA FORMATION
!La prise en charge des victimes
d’un accident ou d’un attentat
radionucléaire est en fait beaucoup
plus simple que lors d’un événement
bactériologique ou chimique, car les
moyens de détection, de décontami-
nation et de traitement existent.
Mais la situation immédiate peut se
compliquer rapidement en cas d’af-
flux massif de blessés, ou non bles-
sés en raison d’un effet de panique.
Une large information publique sur
le risque radionucléaire doit donc mi-
nimiser cet effet de panique. De
même, la formation du personnel hos-
pitalier aux gestes élémentaires, la
mise en situation par des exercices
simulés d’accident ou d’attentat, doi-
vent permettre d’éviter la saturation
des services d’accueil et d’urgence.
Une situation où le risque
radionucléaire pourrait se révéler plus
dommageable que le risque bactério-
logique ou chimique est celle où les
professionnels de santé ne seraient
pas capables, par méconnaissance du
risque lui-même ou de la conduite à
tenir, de prendre en charge les victi-
mes, blessées ou non, qui ne man-
queront pas de se presser aux portes
de l’établissement de santé.