Projet de thèse de Romain LAVAUD, IUEM, UMR 6539, LEMAR. TITRE Variabilité environnementale et adaptabilité énergétique de la coquille Saint-Jacques, Pecten maximus, face au changement climatique. ENCADREMENT Frédéric JEAN Jonathan Flye-Sainte-Marie. COLLABORATIONS S.A.L.M. Kooijman (Vrije Universiteit of Amsterdam, The Netherlands) Ø. Strand & R. Rosland (Université de Bergen) dans le cadre du réseau MENTOR. RESUME A l’interface entre les domaines continental et marin, les zones côtières sont particulièrement productives et complexes. La coquille Saint-Jacques Pecten maximus est une espèce vivant dans cet écosystème au fonctionnement variable (temporellement et spatialement) dont l’aire biogéographique s’étend actuellement du large du Maroc jusqu’aux côtes de Norvège, des baies côtières de Bretagne et d’Irlande jusqu’au bord du plateau continental de l’ouest européen. La reproduction et la croissance de P. maximus ont été étudiées et sont maintenant connues en particulier dans les régions tempérées les plus côtières de son aire de répartition. Il est établi que ces deux traits d’histoire de vie de la coquille Saint-Jacques sont étroitement associés à la variabilité de la température et de la saisonnalité et à la variabilité quantitative et qualitative des ressources alimentaires. Comme d’autres bivalves suspensivores, P.maximus exploite des sources de nourriture d’origines variables, tant continentale que marine (bactéries, matière organique détritique, microalgues d’origine pélagique et benthique, protozoaires …) : la coquille Saint-Jacques est donc susceptible de développer une niche trophique plastique, variable dans l’espace et dans le temps en fonction des ressources trophiques disponibles et de son stade de développement. L’objectif de ce projet est de caractériser la variabilité de la croissance et de la reproduction chez Pecten maximus en fonction de la variabilité des paramètres de son environnement, en particulier des ressources trophiques, de la température et de la saisonnalité. Trois zones contrastées de son aire de répartition sont étudiées : la rade de Brest, un fjord norvégien et la mer d’Iroise. Les résultats de cette étude permettront de mieux prédire l’impact du changement global, et en particulier du réchauffement climatique, sur l’évolution des populations et de l’aire de répartition de P.maximus. Les sites ateliers côtiers (rade de Brest, fjord norvégien) font l’objet d’un suivi des populations et des descripteurs environnementaux. Les résultats obtenus sur ces deux sites permettront l’élaboration d’un modèle bioénergétique de croissance de la coquille Saint-Jacques qui sera ensuite appliqué sur des individus de la population de la mer d’Iroise et permettra une reconstruction de l’environnement trophique de ces individus vivant en profondeur. La théorie bioénergétique du Dynamic Energy Budget (DEB) et les modèles basés sur cette théorie permettent de calculer dynamiquement un bilan énergétique (croissance et reproduction) au niveau individuel et sub-individuel (organes) en intégrant, outre la variabilité environnementale abiotique, la variabilité qualitative et quantitative de la ressource alimentaire. Les données issues des deux sites ateliers côtiers et des études expérimentales du fractionnement seront utilisées pour modéliser la croissance et la reproduction de P. maximus dans ces deux écosystèmes. Les deux jeux de paramètres seront ensuite utilisés pour évaluer et reconstruire la variabilité de la ressource trophique de P. maximus en mer d’Iroise ; cette reconstruction sera contrainte par les données environnementales de ce site.