Intégration régionale et géographie économique européenne : quelques résultats empiriques Regional Integration and European Economic Geography : an Empirical Study Sébastien Dupuch & Hugues Jennequin& CEPN CNRS-UMR 71-15 Université Paris Nord Résumé : Les effets du processus d’intégration régionale sur la géographie économique européenne et les structures productives nationales ont suscité ces dernières années un grand nombre de travaux à la fois théoriques et empiriques. Cet article s’intéresse plus particulièrement à ce dernier aspect et se fixe un double objectif : (i) effectuer un tour d’horizon des études sur la spécialisation des Etats-membres et la concentration des activités industrielles afin de comparer les méthodes et les résultats obtenus qui peuvent sembler contradictoires. (ii) réaliser notre propre évaluation de la concentration et de la spécialisation des activités des quinze pays de l'Union Européenne sur la base de données d’emploi pour la période 1971-1994. Nos résultats vont dans le sens d’une spécialisation nationale faible mais croissante et d’un renforcement de la concentration industrielle. Ces évolutions traduisent un approfondissement des disparités entre les pays européens en particulier entre un centre où se concentrent des activités à rendements croissants et intensives en biens intermédiaires et une périphérie de plus en plus spécialisée dans des activités intensives en main d’œuvre. Abstract : The effects of regional integration process on European economic geography and national industrial structures was recently the subject of many theoretical and empirical studies. This paper deals mainly with the latter aspect and has two objectives : (i) surveying the evidence on State-members’ specialisation and industrial concentration in order to compare both methods and results that sometimes appear contradictory. (ii) presenting our own evaluation on specialisation and concentration in the EU with employment data covering the 1971-1994 period. Our results show a weak but increasing specialisation and a deepening concentration. The evidence also indicates larger disparities across European countries. Scale-intensive industries and sectors subject to inputoutput linkages tend to concentrate in the core countries while labour-intensive activities agglomerate in the periphery of Europe. & UFR Sciences Economiques CEPN CNRS FRE 21-48 99 av. JB Clément – 93430 Villetaneuse [email protected] [email protected] Nous tenons à remercier C. Couharde, E.M.Mouhoud et A.Rieber pour leurs critiques et remarques sur une version précédente de cet article 1 1. Introduction L'achèvement du marché unique a relancé les interrogations relatives aux effets de l'intégration régionale sur les structures productives nationales. On peut en attendre de profondes mutations des économies que tentent d’appréhender les théories du commerce international. Quels sont les effets de l’intégration sur les structures productives nationales ? Dans quelle mesure l’instauration de la libre circulation des biens et des facteurs de production affecte la compétitivité des nations et la localisation des industries ? La situation de forte concentration industrielle connue par les régions américaines suite à la phase d’intégration amorcée au siècle dernier fournit un exemple particulièrement inquiétant pour le cas européen. On pourrait s'attendre ainsi à un approfondissement des inégalités territoriales et à d’importants coûts d’ajustement. Pour étudier ces questions, il convient de distinguer et de définir précisément les notions de spécialisation et de concentration. Leur évolution au cours des dernières décennies fournit des éléments instructifs quant aux relations qui unissent intégration et localisation. L’intégration européenne en réduisant les coûts de transaction entre pays mais aussi en facilitant la mobilité des facteurs de production a provoqué un bouleversement des spécialisations nationales et de la concentration industrielle. Ainsi les différents champs théoriques du commerce international proposent diverses lectures des effets de l’intégration européenne que les études empiriques se doivent d’éclaircir. Cependant, leurs conclusions peuvent apparaître divergentes. Afin de clarifier les conclusions, nous présentons une revue de la littérature récente axée sur le cas européen ainsi que les résultats de notre propre analyse empirique. Si la concentration européenne a connu une constante progression au cours des trente dernières années, la spécialisation se différencie dans la mesure où son intensité a diminué dans les années 70 avant de repartir à la hausse par la suite. Cependant, la tendance générale reste croissante sur l’ensemble de la période. Les pays ont néanmoins observé des évolutions sectorielles différentes. Ainsi, nous montrons que l’Europe connaît une délocalisation des industries intensives en main d’œuvre vers la périphérie tandis que les pays du centre attirent les activités à rendements croissants et à forte proportion de biens intermédiaires. Afin de rendre compte des attentes théoriques en la matière, la seconde section présentera un rappel des trois champs théoriques que sont les théories traditionnelles, les nouvelles théories du commerce international (NTCI) et de la nouvelle économie géographique (NEG). La troisième section s’intéressera aux évolutions de la spécialisation européenne tandis que la concentration et ses déterminants seront abordées dans la quatrième section. Enfin, la dernière section conclura cette étude. 2. Aspects théoriques Les notions de spécialisation et de concentration n'ont pas toujours été étudiées conjointement dans les études d'économie internationale. La spécialisation des nations est une problématique née avec les premiers développements du commerce international tandis que la problématique de la concentration des industries ne s’est posée que récemment avec le renouveau de l’économie géographique. Savoir pourquoi une nation se spécialise dans telle activité ou pourquoi tel secteur industriel se trouve davantage localisé dans un territoire donné relève de mécanismes distincts. Qu'il s'agisse de l'impact de l'intégration sur la spécialisation ou sur la 2 concentration, les différentes théories du commerce international et de l’économie géographique présentent chacune des spécificités qui aboutissent à des enseignements différents. Ainsi, avant de décrire les résultats empiriques en la matière au niveau européen, il est essentiel de revenir préalablement sur l es conclusions établies par les théories traditionnelles, les NTCI et par la NEG1. Les théories traditionnelles : la problématique de la spécialisation Selon les théories traditionnelles, toutes les nations disposent d’un avantage relatif dans un produit ou groupe de produits donnés. Le libre échange conduit ainsi à une spécialisation complète chez Ricardo du fait du différentiel de productivité tandis que les écarts de dotations factorielles rendent cette spécialisation incomplète mais toujours présente chez Heckscher-Ohlin. De plus, puisque les échanges s'effectuent sur la base de commerce inter-branche, tout mouvement de spécialisation s'accompagne d'un mouvement symétrique et de même sens de la concentration. En effet, les pays étant spécialisés dans des biens distincts, il est naturel de voir spécialisation et concentration évoluer de manière conjointe. Cependant, ces affirmations ne sont vérifiées que sous l'hypothèse de libre échange. Considérer des coûts de transaction non nuls modifie les conclusions. En effet, l'existence de barrières commerciales introduit des distorsions et rend la spécialisation imparfaite, moins sensible aux attributs des nations. Les deux hypothèses de rendements d'échelle constants et de coûts de transaction incitent donc les e ntreprises à se localiser près de la demande. La production a alors un but purement local. L’intégration progressive des économies a deux effets contraires. D'une part, en diminuant les entraves aux échanges, elle permet d'approfondir la spécialisation des nations. D'autre part, l'intégration a pour propriété de provoquer la convergence des économies en termes de rémunérations factorielles. Cette convergence, associée aux rendements d'échelle constants, est un facteur propre à éliminer les degrés de spécialisation et de concentration. Néanmoins, le cadre de la concurrence pure et parfaite introduite dans les théories traditionnelles conditionne l’analyse de la spécialisation. La modification de ce cadre de base nous amène à raisonner désormais sur la base des NTCI et permet de considérer les problèmes de localisation. Spécialisation, concentration et concurrence imparfaite dans la NTCI Les hypothèses de rendements croissants et de différenciation des produits modifient singulièrement l'analyse. Ainsi, sur cette double base, la NTCI vont fournir des éléments, non seulement sur le degré de la spécialisation, mais également sur celui de la concentration. Les économies d'échelle sont sources d'agglomération. Qu'elles soient internes ou externes, elles permettent de réduire les coûts unitaires. Par conséquent, le passage à des rendements croissants favorise le regroupement géographique des industries. En outre, aux considérations d’offre s’ajoutent les considérations de demande qui conduisent les entreprises à se localiser dans les régions qui présentent les débouchés les plus importants (Krugman, 1980, Helpman & Krugman, 1985). Dès lors, l'intégration favorise la concentration et la spécialisation. En effet, la baisse des coûts de transaction permet de se localiser dans une seule région tout en bénéficiant d’économies d'échelle ce qui accroît à la fois la concentration et la spécialisation. De plus, cette dernière peut être de nature intra-branche du fait de la différenciation des produits. Lorsque les pays ont des 3 niveaux de développement relativement proches, ils se spécialisent dans des biens similaires. Par conséquent, la spécialisation ne sera plus seulement inter-branche comme dans les théories traditionnelles, mais aussi intrabranche (Brülhart, 1996). Concernant la question de la concentration, une divergence sectorielle peut apparaître. Les pays avec les niveaux de revenus les plus élevés auront ainsi tendance à attirer les industries à hauts niveaux technologiques. Par conséquent, plus les pays auront des niveaux de revenus similaires, plus la concentration sera faible. A l'inverse, des disparités importantes entraîneront une concentration marquée des industries (WIFO, 1999). Dès lors, comment l'intégration peut affecter la spécialisation et la concentration ? Une intégration croissante des économies nationales permet de profiter au mieux des économies d'échelle ce qui est un facteur de concentration croissante. Concernant la spécialisation, il faut distinguer les pays développés des pays périphériques (Krugman & Venables, 1990). En effet, les régions centrales aux tailles de marché supérieures s'échangeront des biens similaires et verront leur spécialisation intra-branche s'accroître. Elles attireront parallèlement des industries à haut contenu technologique et/ou nécessitant une main d’œuvre plus qualifiée. Pour leur part, les nations périphériques attireront principalement des industries à faible contenu technologique et/ou nécessitant une main d’œuvre moins qualifiée. Leurs échanges mutuels se feront également sur la base d'une spécialisation intra-branche. Cependant, pour l’ensemble de la zone européenne, la différence des niveaux de développement se répercute à la fois sur le côté demande (revenus plus importants, recherche de la variété) et sur le côté offre (possibilités et rentes technologiques). Ceci conduit à une spécialisation accrue des nations dans des industries au contenu différent en technologie et en croissance. La spécialisation sera donc intra-branche mais sur la base de qualité différente puisque les industries "technologiques" se regrouperont au centre, au détriment des pays du sud. Les NTCI soulignent donc l'influence des économies d'échelle et de la différenciation des produits. Cependant, la question de la localisation y reste implicite. Les modèles issus des nouvelles théories de la localisation endogénéisent la répartition spatiale des activités, ce qui a particulièrement enrichi l'analyse de la concentration sectorielle. Economie Géographique : la question de la localisation des industries L'économie géographique met en évidence les différents mécanismes d’agglomération et de dispersion. On distingue ainsi les forces centripètes, qui poussent à la concentration des activités, et les forces centrifuges qui incitent à la dispersion. Les raisonnements s’éloignent alors de la problématique de la spécialisation pour traiter de la concentration des industries. En effet, c'est l’agglomération des firmes et des consommateurs qui est ici expliquée. Alors que pour les deux autres grands champs théoriques, l’impact de l’intégration sur la spécialisation et la concentration s’assimile à des relations monotones, l’économie géographique offre des résultats plus complexes. Il est nécessaire à cet effet d'effectuer une distinction entre main d'œuvre mobile e t immobile puisque selon l'hypothèse choisie, l’effet de l'intégration n'est pas le même (Jennequin, 2001). En premier lieu, la mobilité parfaite de la main d’œuvre entre deux régions identiques permet d’égaliser les différentiels de salaires régionaux. Un double effet taille de marché apparaît alors. D'une part, tout 4 regroupement industriel permet d’augmenter le pouvoir d’achat réel des consommateurs localisés dans la région centrale, ce qui attire la main d’œuvre de la région périphérique. D’autre part, l’agglomération des travailleurs permet d’accroître les débouchés pour les entreprises, qui affluent en plus grand nombre. Le modèle centrepériphérie de Krugman part de ce double effet taille de marché pour analyser l’impact d’une plus ample intégration sur les économies régionales (Krugman, 1991). Une baisse des coûts de transaction enclenche ainsi la causalité cumulative. Une concentration totale des activités est attendue dès que l’intégration atteint un certain seuil. Cette relation est monotone dans la mesure où aucun renversement de tendance ne s’observe par la suite. La situation diffère lorsque la main d‘œuvre est supposée immobile, comme il est d’usage de le considérer en Europe ainsi qu’au niveau international. Un écart salarial subsiste alors entre les deux régions. Des relations amont aval à la Hirschman induisent une répartition asymétrique des activités pour un niveau suffisant d’intégration. Un nouveau schéma de type centre-périphérie s’observe alors, mais la relation n’est pas linéaire dans la mesure où la poursuite de l’intégration rend l’écart salarial régional de plus en plus attractif pour les industries. Celles-ci se délocalisent pour profiter d’un avantage coût. La répartition des activités redevient dès lors symétrique (Venables, 1996). Cette situation décrit ainsi une relation non monotone entre intégration et concentration2. En conséquence, deux traits majeurs différencient les champs théoriques. D’un côté, les origines des mécanismes sont distincts et font appel à des hypothèses spécifiques utilisées par chacun des corpus. D'un autre côté, des divergences apparaissent au niveau de la spécialisation et de la concentration. D’une spécialisation inter-branche attendue par les théories traditionnelles, la possibilité d’une spécialisation intra-branche émerge au regard des NTCI. En outre, la distinction entre les pays du nord et du sud laisse augurer d’un double retournement de tendance. Une convergence des degrés de concentration suite aux avantages coût liés aux différentiels salariaux d'une part ; une divergence sectorielle entre un nord technologique et un sud plus manufacturier d'autre part. Ces affirmations théoriques méritent toutefois d’être appuyées par des analyses empiriques. Les deux sections s’appuient sur une comparaison des travaux existants et sur notre propre évaluation de la spécialisation et de la concentration en Europe. Nous verrons ainsi que leurs niveaux respectifs se sont accrus au cours des trente dernières années. 3. L’évolution de la spécialisation européenne Comment a évolué la spécialisation des nations européennes ces trente dernières années ? Quel est au final l’impact de l’intégration européenne sur la spécialisation des Etats-membres? L’analyse empirique qui suit tente de répondre à ces questions tout en effectuant un tour d’horizon des autres travaux en la matière. L’approche de la spécialisation se fait ici en termes de structures productives et non de commerce international. Néanmoins, nous verrons par la suite que ces deux approches restent liées dans la mesure où l’évolution de la nature des échanges fournit des indications sur la spécialisation des pays. Une première esquisse a été donnée par Krugman en 1991 qui, à partir de données d’emploi et sur une classification industrielle assez générale (2-digit) a comparé les niveaux de spécialisation européens et 5 américains. Il en ressort le résultat fragile par construction mais néanmoins intuitif d’une plus grande spécialisation des quatre zones américaines considérées comparées aux quatre plus grands pays européens. Les structures productives de ces derniers sont ainsi relativement proches les unes des autres. Ce premier résultat est appuyé par d’autres études qui ajoutent que l’écart entre les Etats-Unis et l’Europe tend à se réduire de par un rapprochement mutuel des niveaux de spécialisation (Brülhart, 2000 ; Midelfart-Knarvik & al., 2000). L’étude de Krugman ne constitue cependant qu’une première approche. Depuis, plusieurs études ont été réalisées qui dégagent un certain nombre de résultats (tableau 1). Malgré les différences de méthodologie, une résultat général apparaît. Un résultat général : une spécialisation des nations faible mais croissante au cours des dernières décennies. La spécialisation européenne reste relativement faible mais s’est indéniablement accrue depuis les années 70 (tableau 2). Les grand pays (France, Royaume Uni, Italie et dans une moindre mesure l’Allemagne) apparaissent comme les moins spécialisés tandis que les pays périphériques comme le Portugal ou la Grèce montrent une forte spécialisation de leur industrie. Cependant, la tendance à la hausse n’est pas linéaire, que ce soit en moyenne globale ou pour chaque pays pris individuellement. Ainsi, la décennie 1970 est marquée par un déclin moyen de la spécialisation (Amiti, 1999 ; Midelfart-Knarvik & al., 2000). Ce déclin est plus particulièrement marqué pour des pays tels que l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, le Portugal, la Suède ou encore le Royaume-Uni, ce qui laisse à penser que la date d’entrée dans la zone européenne influe sur le nive au de la spécialisation. En effet, tous ces pays sont encore en dehors de la CEE ou en train d’y accéder comme la GrandeBretagne. A l'inverse, les pays les plus intégrés ont connu une déspécialisation moins forte dans les années 70. A partir de 1980, les indices soulignent au contraire un accroissement de la spécialisation moyenne. Cet accroissement se poursuit ainsi jusqu’en fin de période. Cependant, l’augmentation n’est pas suscitée par les mêmes pays. Les pays qui ont connu la hausse la plus marquée de leur spécialisation sont le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne et la Grèce. Ainsi, les entrants des années 1980 figurent parmi les pays qui se sont le plus spécialisés. Durant la décennie 90, la hausse moyenne se confirme à un taux relativement constant. Enfin, les trois pays qui ont intégré l’Union monétaire en 1995 (Autriche, Suède, Finlande) apparaissent de nouveau comme ceux qui ont connu la hausse la plus marquée (Midelfart-Knarvik & al., 2000). L’intégration de nouvelles nations joue donc un rôle moteur dans le processus de spécialisation. Pourtant, ce phénomène ne se retrouve pas forcément dans les années 70 : ni l’Irlande, ni la Grande-Bretagne n’ont connu un accroissement de leur spécialisation. Dans le cas de la Grande Bretagne, on peut attribuer cette caractéristique au fait que ce pays était déjà relativement proche des pays du noyau dur de l’UE, si bien que l’adhésion n’a pas modifié outre mesure l’évolution de sa spécialisation. 6 Tableau 1 : tableau synoptique de la spécialisation des nations européennes. Etude Krugman (1991) Sapir (1996). Base de données Nombre de pays 1985 2-digit, données d’emploi. 4 pays : France, RFA, Italie, RU. 1977 – 1992 Classification NACE de la communauté européenne à 100 secteurs : 3-digit. Données d’export. 4 pays : France, Italie, RoyaumeUni, Allemagne. Période 1968 - 1990 Amiti (1998) et Amiti (1999). 1976 - 1989 WIFO (1999) UNIDO avec 27 secteurs (ISIC3), Données de production et d’emploi 10 Pays Eurostat 89 avec 5 pays : Italie 65 secteurs RU, France, (NACE3), Données Belgique, de production. Allemagne. 1988 et 1998 L'ensemble des données cidessous. 1985 – 1998 pour les donnés de production, WIFO, Eurostat SBS data pour les données des VA aux facteurs de production, 22 secteurs à 2-digit. 1988 – 1998 pour les données de commerce. COMEXT pour les données d’exports. 22 secteurs à 2digit Indice Indice de Krugman : K=∑i si −s*i Indice de Herfindahl H= ∑ (s ) 2 i i Coefficients de Gini basé sur l’indice de Balassa : Bij = (q ij q j ) (q i Q) Résultats Ecart bilatéral entre la structure de l’emploi si d’une nation et celle de chacune de ses voisines (si* ) avec i, les différents secteurs. La structure des 4 pays européens semble relativement proche sauf entre la France et le Royaume-Uni. Une comparaison avec 4 régions américaines permet d’entrevoir une moindre spécialisation en Europe. Somme sectorielle du carré des parts si des secteurs i dans les exportations totales du pays en question. La spécialisation des 4 pays apparaît relativement constante sur la période mise à part une croissance de la spécialisation française à partir de 1985. Part de la production (l’emploi) d'un secteur i dans le pays j par rapport à la part de ce secteur dans la production (l’emploi) européenne. Somme des parts des 5 secteurs les plus importants dans l'économie nationale. CR 5. 14 pays : la Belgique et le Luxembourg sont ici réunis. Signification Utilisation conjointe des indices de Herfindahl, des CR5, des écarts-type, des K-spec, des indices de dissimilitude et des coefficients de Gini. 7 Moyenne non pondérée des indices ci-contre après transformation sous forme comparable. Distinction entre données de commerce et de production. Stabilité du ratio de 1968 à 1980 avant une augmentation moyenne jusqu'en 1990. L'augmentation est générale à tous les pays sur l'ensemble de la période sauf pour la France, le Royaume–Uni et l'Espagne qui restent constants. Accroissement de l'indicateur pour les 5 pays sur l'ensemble de la période. Augmentation de la spécialisation dans l'ensemble des pays, l'Irlande étant le plus spécialisé et l'Italie le moins spécialisé. Pour les données de production, on observe une stabilité de la spécialisation de 1985 au début des années 90 et une augmentation par la suite. Pour les données de commerce, baisse générale sur l'ensemble de la période sauf pour l'Irlande et l'Espagne. Hallet (2000) 1980 - 1995 1970 - 1997 MidelfartKnarvik, Overman, Redding et Venables (2000) 1970 - 1996 Eurostat Regio NACE avec 17 secteurs dont 5 branches apparentées aux services. Données de VA de la Production OECD Stan sur la production totale : 36 secteurs pour l'UE sauf Irlande et Luxembourg. UNIDO sur la production totale : 27 secteurs pour l'Irlande. Pour les données d'export et d'import : UN-com Trade Database à 104 industries. 119 régions européennes Indice de dissimilitude (K-spec modifié) 1 S i = ∑ y ik − y k 2 k Indice K-spec (indice de spécialisation de Krugman) : K i (t ) = abs v ik (t ) − v ki (t ) ∑k ( avec : vki (t ) ≡ x ki (t ) v ki (t ) ≡ 14 pays : UE sauf le Luxembourg. ∑ j≠ i et x ik (t ) ∑ ) k x ki (t ) ∑∑ k j≠ i rik(t)≡v ki(t) vki(t) Indice K-spec (indice de spécialisation de Krugman) : K i (t ) = abs v ik (t ) − v ki (t ) avec : v ki (t ) ≡ vki ∑ (t ) ≡ j≠ i x ki et x ik (t ) ) (t ) ∑ xk k i ∑∑ k 8 j≠ i Ecart entre la structure de production v du pays i et la moyenne des structures de l'ensemble des pays, avec k les différentes branches de l'économie. x ik (t ) ainsi qu'un coefficient de Gini défini sur les mesures des parts relatives : ∑k ( Ecart entre la structure de production de la région i et la moyenne régionale européenne avec k, les différentes branches de l'économie. (t ) x ik (t ) Rapport entre la structure nationale et la structure moyenne Ecart entre la structure de production v du pays i et la moyenne des structures de l'ensemble des pays, avec k les différentes branches de l'économie. Baisse constante et significative dans 85 régions des 119 régions du panel. Baisse générale des 2 indices entre 1970 et 1980 puis augmentation jusqu'en 1997. La Grèce, la Belgique et l'Italie connaissent une hausse constante sur la période, tandis que la Finlande et La Grande-Bretagne voient leur spécialisation diminuer durant la dernière décennie. Les Pays-Bas connaissent par contre une évolution exactement inverse à la moyenne européenne. Pour l'export, les évolutions sont les mêmes que pour les données de production hormis pour la période 1990 – 1996 où les données d'export affichent une constante de la spécialisation européenne. Pour l'import, la spécialisation décline jusqu'en 1990 avant une légère hausse. Le tableau 2 ci-dessous reflète les tendances que nous venons de décrire. Nous calculons un indice de spécialisation de Krugman à partir de données d’emploi UNIDO sur la base de 23 secteurs. Nous considérons l’ensemble des pays européens à l’exception de la Belgique que nous avons retiré de l’échantillon par insuffisance de données. Globalement, nos résultats recoupent ceux d’Amiti (1999) ou de Midelfart-Knarvik & al. (2000). Pays Autriche Danemark Finlande France Allemagne Grèce Irlande Italie Pays Bas Portugal Espagne Suède Royaume Uni UE 71-74 0,256 0,336 0,463 0,146 0,313 0,503 0,574 0,217 0,330 0,640 0,375 0,356 0,178 0,361 80-83 0,246 0,398 0,428 0,136 0,303 0,582 0,475 0,234 0,381 0,587 0,268 0,341 0,155 0,349 88-91 0,237 0,448 0,383 0,154 0,389 0,630 0,408 0,259 0,394 0,703 0,288 0,376 0,152 0,371 92-94 0,262 0,458 0,388 0,185 0,391 0,623 0,393 0,246 0,367 0,720 0,304 0,377 0,179 0,376 Données d’emploi UNIDO, moyennes mobiles Source : calculs des auteurs. Tableau 2 : Indice de spécialisation de Krugman. Après une baisse de la spécialisation des nations durant les années 70, l’Europe a ensuite connu une hausse constante. A l’aide de régressions sur un trend temporel effectuées en données de panel, nous estimons les taux de croissance moyens pour l’ensemble des pays. Le retournement intervenu au cours des années 80 se retrouve également dans nos résultats (tableau 3). Période 71-94 71-85 85-94 Taux de croissance moyen 0.002 (2.61) -0.003 (-2.25) 0.008 (3.75) Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White. Source : calculs des auteurs. Tableau 3 : Régression de l’indice de spécialisation sur un trend temporel. L’accroissement de la spécialisation des pays avec la mise en place du marché unique traduit un accroissement des disparités dans les structures industrielles des pays. Néanmoins, les pays sont affectés différemment selon qu’ils se situent au centre ou à la périphérie. Le tableau suivant montre que les pays centraux ont connu un accroissement de leur indice de spécialisation plutôt en fin de période et plus important que les pays périphériques, ceux-ci connaissant un net processus de déspécialisation en début de période, ce qui traduit un rapprochement des structures industrielles des Etats-membres au cours des années 70 (tableau 4). Ces résultats sont conformes aux attentes théoriques en la matière. 9 Période Taux de croissance moyen Pays centraux Taux de croissance moyen Pays périphériques 71-94 71-85 85-94 0.006 (5.43) 7.27 E-05 (0.04) 0.014 (3.45) 7.87 E-04 (-0.58) -0.006 (-2.78) 0.004 (1.93) Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White. Source : calcul des auteurs. Tableau 4 : Régression de l’indice de spécialisation sur un trend temporel. L’évolution de la spécialisation des pays européens en termes de structures d’emploi ou de production peut toutefois se révéler différente de l’évolution de la spécialisation analysée sur la base des flux commerciaux. Les différentes études qui construisent l’indice de spécialisation sur les données de commerces concluent globalement à une stagnation de la spécialisation dans les années 80 (Sapir, 1996) qui succède à la période de baisse observée dans la décennie 70 (Midelfart-Knarvik & al., 2000). L’approche de la spécialisation par l’étude des échanges commerciaux reflète la prédominance du commerce intra-branche au sein de l’UE et plaide en faveur d’une diversification des économies nationales. Néanmoins, la décomposition du commerce intra-branche justifiée par la nouvelle théorie du commerce international en échanges croisés de produits similaires (différenciation horizontale) et en échanges croisés de produits différenciés (différenciation verticale) met en évidence la prépondérance du commerce de qualité en Europe ainsi qu’une assez forte hétérogénéité entre les pays (Fontagné & al., 1998). D’un côté, la part du commerce intra-branche en différenciation horizontale reste assez stable au cours des dernières décennies tandis que la part du commerce intra-branche en différenciation verticale s’est accrue assez nettement, en particulier dans les économies les plus avancées de l’UE. A l’inverse, le commerce inter-branche reste majoritaire pour les pays les moins avancés comme la Grèce ou le Portugal. Ceci reflète globalement un schéma centre-périphérie avec d’une part une spécialisation des pays du sud de t ype inter-branche et d’autre part, un schéma de spécialisation pour les pays du centre en termes d’échelle de qualité (CGP, 1999 ; Fontagné, 2000). …mais des différences perceptibles L’évolution de la spécialisation européenne se déroule donc en deux phases distinctes. Néanmoins, les résultats des études ne coï ncident pas toujours même si elles s’accordent pour relever un accroissement de la spécialisation à partir des années 80. L’explication de ces écarts tient en quatre éléments susceptibles d’altérer les résultats des différentes études. En effet, l’hétérogénéité des données, l’indice utilisé, le choix de nomenclature et l’unité territoriale constituent autant de spécificités qu’il convient d’appréhender et qui sont autant de pistes supplémentaires quant à l’étude de l’impact de l’intégration régionale sur la spécialisation. De la classification choisie L’étude de la spécialisation nécessite une nomenclature sectorielle relativement fine. Ainsi, prendre en considération un grand nombre de secteurs permet une analyse plus précise mais conduit en pratique à restreindre l’échantillon des pays. Ainsi, Amiti (1998, 1999) considère deux bases de données. D’une part, des données de production et d’emploi UNIDO qui portent sur 11 pays et couvrent la période 1968-1990 avec 27 secteurs, d’autre part, des données Eurostat portant sur 65 secteurs qui couvrent la période 1976-1990 mais qui n’intègrent que cinq pays (Belgique, France, Allemagne, Italie, RU). Il s’avère sans surprise que l’utilisation 10 d’une nomenclature plus fine sur les vingt dernières années accentue l’intensité et la croissance de la spécialisation. Néanmoins, un autre aspect de la classification sectorielle intervient. En effet, la quasi-totalité des études ne considèrent que les activités manufacturières. Or, celles-ci ne représentent aujourd’hui que 25% à 30% de l’activité totale européenne et tendent à décroître dans tous les pays industrialisés. Calculer des indices de spécialisation à partir de l’emploi ou de la production dans l’ensemble des branc hes de l’économie, y compris les services, permettrait donc une analyse plus complète. Ceci pose cependant un problème de disponibilité des données puisque la nomenclature des services n’est pas suffisamment fine eu égard à celle des secteurs industriels3. De plus, la croissance affichée ces dernières décennies par les services dans l’ensemble des pays conduit à une diversification plus grande des économies (Midelfart -Knarvik & al., 2000). D’autre part, les pays les moins avancés de la zone (Portugal, Espagne, Grèce) opèrent un rattrapage sensible en termes de tertiarisation de leur économie. Le caractère non-échangeable des biens issus des activités de services constitue un facteur de diversification des économies, ce qui implique d’obtenir un niveau de spécialisation inférieur. Des données utilisées Quelles données utiliser pour rendre compte de la spécialisation ? Trois choix coexistent. L’utilisation des données de commerce constitue le premier d’entre eux. Elles ont l’avantage de couvrir l’ensemble des pays sur un horizon temporel suffisamment vaste. De plus, elles permettent de descendre à un niveau assez fin de nomenclature4. Néanmoins, l’utilisation de données de commerce ne reflète que partiellement les schémas de spécialisation. Seul le rôle de la demande externe est alors pris en compte, or un choc sur cette demande affectera l’indice de spécialisation indépendamment de la production domestique. Le choix des différentes études se divise ensuite en données d’emploi d’une part, et données de production d’autre part. Les différences résident dans les écarts de productivité et par la croissance du phénomène d’externalisation. On peut également s’attendre à ce que les données d’emploi donnent davantage de poids aux secteurs intensifs en main d’œuvre et rév èlent des mutations plus marquées des structures de production. Néanmoins, les résultats sont relativement convergents selon que l’on utilise l’une ou l’autre de ces possibilités (Amiti, 1998, 1999). Des indices utilisés Le choix des indices constitue naturellement la première source de spécificité des études empiriques sur le sujet. La question principale est alors d’utiliser l’indice qui puisse rendre compte au mieux de la spécialisation. Plusieurs solutions existent alors qui ne représentent pas toutes l es mêmes avantages ou inconvénients (Encadré 1). Il convient par conséquent de garder des réserves sur les études qui utilisent les indicateurs de type Herfindahl (Sapir, 1996) ou CR, voire même une moyenne non pondérée de plusieurs indicateurs qui plutôt que de gommer les défauts contribue davantage à les cumuler (WIFO, 1999). 11 Encadré 1 : Les indices de spécialisation et de concentration. Indices absolus et relatifs. Qu’il s’agisse d’indices de spécialisation ou de concentration, une distinction essentie lle est à effectuer. Certains indices se définissent en terme absolu. Il en va ainsi des indices d’Herfindahl, des taux de spécialisation ou de concentration5. Ces indicateurs ont pour fonction de renseigner sur l’évolution temporelle du degré de spécialisation ou de concentration intrinsèque à un pays et à un secteur respectivement. Il est alors possible de comparer par exemple la spécialisation allemande de 1970 et de 1990 d’une part, mais également de la comparer avec la spécialisation espagnole. Cependant, on ne peut rien conclure sur la proximité de la spécialisation des deux pays. Pour savoir si Allemagne et Espagne sont spécialisés dans les mêmes secteurs ou dans des secteurs différents, il est indispensable d’avoir recours à des indices relatifs. Parmi les indices relatifs, il faut citer notamment l’indice de Hoover-Balassa sur lequel est calculé un coefficient de Gini ou un écart-type, l’indice de dissimilitude et l’indice de Krugman. Ces indicateurs renseignent ainsi sur la nature de la spécialisation ou concentration. Il est ainsi possible, pour reprendre l’exemple précédent, d’affirmer que l’Allemagne possède une spécialisation proche de ses voisins européens (spécialisation intra-branche) ou plutôt différente (spécialisation interbranche). La même distinction peut être effectuée en ce qui concerne la concentration dans la mesure où un secteur peut être localisé dans les mêmes pays que la majorité des autres secteurs (concentration « intra-nationale ») ou dans des localités distinctes (concentration « inter-nationale »). En outre, une concentration intra-nationale élevée peut très bien se conjuguer avec une forte concentration absolue. Cela signifie seulement qu’un secteur qui occupe une part importante de l’industrie européenne a une répartition géographique semblable à la moyenne des autres secteurs industriels. Des indices parfois fragiles Les indices de type CRx sont les plus fragiles. En effet, ils ne se préoccupent que de la seule évolution des plus grandes parts respectivement nationales et sectorielles et ne se soucient pas de la composition de ces parts. L’évolution de la spécialisation (concentration) absolue ne se calcule que sur la base des données de la seule nation (du seul secteur) considérée. La robustesse du résultat obtenu est donc totalement indépendante du nombre de nations (secteurs) prises en compte dans l’échantillon. Ainsi, comparer la spécialisation et la concentration relatives nécessite d’avoir respectivement un nombre adéquat de nations et de secteurs. D’autre part, l’utilisation d’une moyenne comme élément de comparaison entraîne un biais lié à la taille des différents points qui composent le panel. Comparer la spécialisation du Danemark puis de l’Allemagne dans la zone européenne ne fournira pas par définition le même résultat puisque l’économie allemande représente un poids plus important dans l’économie européenne. Les indices indiquent en fait si la structure du pays en question est proche ou non des deux voir trois plus grands pays européens. La situation est analogue avec les indicateurs de concentration où un biais lié à la taille des plus grands secteurs peut apparaître. En outre, il est difficile de savoir dans quelle mesure l’utilisation d’un indice plutôt qu’un autre altère les résultats obtenus puisque aucune étude ne cumule des indices foncièrement différents avec les mêmes données. Seul le WIFO travaille sur l’indice CR 5 et sur une moyenne de 7 indices différents (WIFO, 1999). Cependant, ces deux indicateurs sont sujets à caution et les auteurs ne fournissent auc un élément sur les évolutions des indices utilisés dans cette moyenne. On en est dès lors réduit à supposer qu’il existe une marge d’erreur plus ou moins grande suivant les indices utilisés, marge qui contribue à différencier les conclusions des études. L’indice de Krugman utilisé dans la majorité des études apparaît cependant comme celui qui permet de réduire cet écart et d’appréhender la spécialisation le plus précisément. 12 De l’entité géographique considérée En dernier lieu, le choix de l’unité territoriale est déterminant. Le plus souvent, les indices de spécialisation ont été calculés au niveau national en raison d’une meilleure disponibilité des données. Or, considérer la région comme unité territoriale peut modifier radicalement les conclusions. Les nations étant composées de régions hétérogènes, la spécialisation est ainsi beaucoup plus marquée au niveau régional qu’au niveau national comme le soulignent De Nardis & al. (1996) ou le rapport du Plan (CGP, 1999)6. Le maintien de barrières juridiques, culturelles, historiques constitue un frein à la spécialisation nationale et ce malgré la disparition de facto des frontières. Autrement dit, des effets frontière continuent d’influer sur les comportements économiques et en particulier sur les échanges internationaux de la même manière qu’un coût de transaction (Head & Mayer, 2000). On s’attend ainsi à ce que le processus d’intégration provoque un mouvement de spécialisation accrue au sein des régions européennes plutôt qu’entre les nations elles-mêmes (Maurel & Mouhoud, 2001). Nous avons décrit le tableau d'une Europe avec une spécialisation croissante des nations. Qu'en est-il de la concentration sectorielle ? Suit-elle la même évolution ? La prochaine section présente l'état des travaux empiriques en la matière. 4. Evolution de la concentration industrielle Dans sa brève étude empirique, Krugman (1991) compare la concentration de quatre secteurs en Europe et dans quatre régions américaines et conclut que les activités industrielles aux Etats-Unis sont nettement plus concentrées qu’en Europe. Les processus d’agglomération/dispersion suivent cependant des évolutions contraires ; tandis que les Etats-Unis montrent une tendance à la dispersion depuis l’immédiat après -guerre, les pays de l’Union Européenne voient leurs activités se concentrer. Par la suite, plusieurs études se sont appliquées à mesurer de manière plus rigoureuse la concentration géographique des industries européennes. La majorité des travaux s’accordent pour mettre en avant une concentration industrielle accrue au cours des dernières décennies. Ainsi Brülhart & Torstensson (1996) considérant 18 secteurs industriels dans 11 pays européens notent un accroissement de la concentration dans 14 secteurs au cours des années 80. Amiti (1998, 1999) avec une nomenclature un peu plus fine obtient des résultats similaires : 17 industries sur un total de 27 présentent une concentration accrue ; seulement 6 connaissent une dispersion plus prononcée. 13 Tableau 5 : tableau synoptique des études sur la concentration des industries en Europe. Etude Brülhart & Tortensson (1996), Brülhart (1996 et 1998). Amiti (1998) ; Amiti (1999). Amiti (1999) Haaland, Kind, MidelfartKnarvik et Torstensson (1999) Période Base de données 1980 et 1990 Eurostat NACE à 18 secteurs, Données d’emploi 1968 et 1990 1976 et 1989 1985 et 1992 UNIDO avec 27 secteurs (ISIC3), Données de production Eurostat 89 à 65 secteurs NACE3, Données de production. OECD Stan, à 35 secteurs (ISIC rev.2, 4-digit), Données de Valeurs Ajoutées dans la production. Nombre de pays Indice Coefficients de Gini basés sur l’indice de Balassa "modifié" : 11 pays (E (∑ E i 10 Pays 5 pays : Italie RU, France, Belgique, Allemagne. ij ij ∑ jE ij ) i j ∑∑ E ij ) Coefficients de Gini basés sur l’indice de Balassa "modifié" : q ij q i B ij = qj Q ( ( ) ) Indice de dissimilitude ("concentration relative") : 13 pays : UE sauf le Luxembourg et l’Irlande SiR = ( 1 ∑ s −sj c j ij )2 Indice de Herfindahl modifié ("concentration absolue") : SAi = 1 (sij )2 c∑ j CR 3 et CR 5. WIFO (1999) 1985 – 1998 pour les donnés de production, 1988 – 1998 pour les données de commerce. WIFO, Eurostat SBS data pour les données des VA aux facteurs de production, COMEXT pour celles d’exports. 22 secteurs à 2digit Indice de Herfindahl. Ecart-type des parts nationales. 14 pays Ecart-type du taux de spécialisation symétrique suivant SRA = (SR − 1) (SR + 1) SR : indice de Balassa "modifié". Indice de dissimilitude. 14 Signification Résultats Part de la main d’œuvre européenne du secteur i dans le seul pays j sur la part en emploi de ce pays en Europe. Augmentation significative de la concentration sur la période. Part de la production européenne du secteur i produite dans le pays j sur la part de ce pays en Europe. Augmentation pour 17 secteurs, constance pour 4 secteurs, baisse pour 6 secteurs. Hausse moyenne. Une désagrégation plus fine et un nombre moins important de pays se compensent pour donner les mêmes tendances que l’étude précédente. Somme internationale des différences entre la part du secteur i produite dans le pays j et la part de ce pays en Europe. Augmentation de la "concentration relative" entre 1985 et 1992 pour la grande majorité des secteurs. Somme internationale des parts du secteur i dans chaque pays. Augmentation de la "concentration absolue" entre 1985 et 1992 pour la grande majorité des secteurs. Somme des 3 (5) plus grandes parts nationales Somme des carrés des parts d’un pays j dans le secteur i Mesure de la dispersion sectorielle. Baisse de la concentration après 1990 (export et production). Baisse continue pour les données d’export, augmentation jusqu’en 1993 puis baisse pour la production. Normalisation de l'indice de Balassa entre 0 et 1 puis calcul de l'écart-type de la distribution ainsi obtenue. Somme internationale des différences entre la part du secteur i produite dans le pays j et la part du pays en Europe. Relative constance de l’indice sur données d’export, constance sur données de VA jusqu’en 1991, avant une augmentation continue. Storper, Chen et De Paolis (2000) 1970 - 1994 OECD Stan avec 26 secteurs, Données de production. 13 pays sauf le Luxembourg et l’Irlande Indice inversé de Herfindahl : 1 HE i , R = Yij Y i,R ∑ j Inverse de la somme des carrés des parts d’un pays j dans le secteur i 2 Augmentation de la concentration moyenne. y ik : VA de la P° de la branche k dans Hallet (2000) Brülhart (2000) MidelfartKnarvik, Overman, Redding et Venables (2000) 1980 - 1995 1972 - 1996 1970 - 1997 1990 - 1997 Eurostat Regio NACE avec 17 secteurs dont 5 branches apparentées aux services. Données de VA de la Production OECD Stan database à 32 secteurs (ISIC 24), données d’emploi OECD Stan database à 32 secteurs (ISIC 24), données d’export OECD Stan : 36 secteurs pour l'UE sauf Irlande et Luxembourg. UNIDO : 27 secteurs pour l'Irlande. Données de production totale Base de données de production issue de DAISIE d'Eurostat à 100 secteurs Indice de "Hallet" : 119 régions européennes V k = ∑ (y 1 y ik 14 pays : UE sauf le Luxembourg. ) 2 N ∑ (y 1 yi 13 pays : UE sauf le Luxembourg, la Belgique et l’Irlande mais avec la Norvège − y ik k i i − y i )2 i i N Coefficients de Gini basés sur l'indice de Balassa "modifié" : (E ij i ij (∑ E ∑ j Eij ∑∑ i j ) E ij ) Diminution légère durant la décennie 80, puis augmentation à partir de 1990. Augmentation de la concentration : +0,03 Part d’un secteur i dans un pays j par rapport à l’ensemble de la zone sur la part de ce pays dans la zone. Diminution de la concentration : -0,009 Coefficients de Gini basés sur l'indice suivant : sik(t) ≡ xik( t) la région i relativement aux VA des N régions du panel dans cette branche. yi : VA totales dans la région i relativement aux VA totales en Europe. Cet indice mesure pour chaque secteur l’écart de la part de la production régionale à la part de la moyenne régionale européenne, rapporté à l’écart rela tif régional de la production totale. ∑x (t) k i i 15 Niveau d'activité du secteur k dans le pays i rapporté au niveau d'activité de ce secteur en Europe. Une évolution de la concentration en 3 sous-périodes : baisse de 1970 à 1980 et de 1990 jusqu'en 1997, hausse durant la décennie 80. L'utilisation d'une base de données plus fine sur une période réduite indique une augmentation sensible de la concentration moyenne jusqu'en 1992 avant un retour en 1997au niveau de 1990. Nos propres calculs d'indices de Gini géographiques menés sur des données d'emploi UNIDO couvrent 19 secteurs industriels dans l'ensemble des pays européens à l'exception de la Belgique retirée de l’échantillon par insuffisance de données (tableau 6). Globalement, nous relevons un accroissement de la concentration sur la période 1971-1994 toutefois plus prononcé dans les dernières années, ce qui rejoint les études antérieures. Période 71-94 71-85 85-94 Taux de croissance moyen 0.010 (7.94) 0.006 (3.08) 0.012 (4.02) Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White. Source : calculs des auteurs. Tableau 6 : Régression de l’indice de concentration sur un trend temporel. En outre, le tableau A.2 (voir annexe) montre que 10 secteurs sur 19 ont connu une concentration accrue tandis que 4 se sont dispersés. Ai nsi, des écarts sectoriels importants subsistent. On se réfère ici à la classification et aux faits stylisés retenus par Brülhart (2000). En premier lieu, les industries traditionnelles intensives en travail peu qualifié apparaissent beaucoup plus concentrées et connaissent la plus forte hausse. Initialement dispersés, ces secteurs ont eu tendance à se concentrer vers les pays périphériques à bas salaires. Cette augmentation est conforme aux conclusions des modèles d’économie géographique avec immobilité du travail dans lesquels le processus d’intégration provoque un retour des secteurs intensifs en main d’œuvre vers les pays périphériques. Deuxièmement, les secteurs intensifs en technologie apparaissent comme les moins concentrés même si l’agglomération s’accroît depuis 1980. Troisièmement, les secteurs initialement soumis à des barrières non tarifaires élevées présentent des niveaux élevés de concentration à toutes les périodes avec une progression notable au début des années 90. En d’autres termes, ces secteurs sont beaucoup plus sensibles aux changements induits par la dernière phase de l’intégration régionale conformément aux effets théoriques d’une réduction des coûts de transaction sur l’agglomération. Enfin, les secteurs intensifs en économies d’échelle ne sont ni concentrés ni dispersés. Or, d’après le message théorique, on pourrait s’attendre à une forte concentration géographique des industries à rendements croissants. La dernière colonne du tableau A.2 reprend la classification retenue par Brülhart & Trionfetti (1999) et indique si un secteur a des rendements constants (CRS) ou croissants (IRS). Parmi les industries plus concentrées, 6 sont IRS et 4 sont CRS. Aucun schéma de concentration tangible n'émerge donc selon ce critère. Dans le même temps, certains secteurs à faibles économies d’échelle ont vu croître leur concentration au cours de la période, en particulier dans les pays périphériques. Ces secteurs sont caractérisés par une forte intensité en main d’œuvre peu qualifiée, il est donc naturel q u'ils réagissent particulièrement bien aux écarts de coûts salariaux puisque les avantages à s’agglomérer suite à la baisse des coûts de transaction sont bien moindres lorsque les économies d’échelle sont faibles. Ce résultat d’une concentration plus forte peut toutefois être nuancé. Premièrement, elle n’apparaît pas comme un résultat tangible dans l’étude de Storper & al. (2000). L’indice d’Herfindhal calculé sur des données de production montre que globalement une industrie sur deux connaît une dispersion. Le rapport du WIFO (1999) s’appuyant sur un indice CR3 (part des trois plus grands pays producteurs pour une industrie donnée) conclut pour sa part à une déconcentration globale des activités industrielles, 15 des 22 secteurs révèlent une concentration plus faible en 1998 qu’en 1988. A l’opposé des résultats évoqués plus haut, les industries à haute 16 technologie apparaissent comme les plus concentrées, parmi elles, la production d’appareils audio, vidéo ou telecom s’est dispersée de même que les industries pharmaceutiques tandis que des secteurs comme les composants électroniques ou la chimie se sont concentrés. Parmi les industries intensives en travail, le textile s’est concentré tandis que les secteurs liés au bâtiment et au transport se sont plutôt dispersés. Cependant, on prendra ces résultats avec prudence du fait de l’indice utilisé qui ne rend compte que partiellement de la concentration industrielle. L’étude de Hallet (2000) menée sur des données régionales et une nomenclature sectorielle qui inclut les activités de services révèle une grande stabilité de la concentration des activités sur la période étudiée (19801995). Trois groupes de branches sont distingués selon leur degré de concentration. Les biens échangeables (biens manufacturés et services bancaires et assurances) sont ceux pour lesquels la production est la plus concentrée, les biens non-échangeables (bâtiment, tourisme, services de transport et de communication) restent modérément concentrés, enfin les activités liées à l’agriculture, au bois et à la pêche apparaissent comme très peu concentrées. Ici, l’utilisation de données régionales conditionne dans une large mesure l’obtention de tels résultats qui les rend peu comparables à ceux des autres travaux. Comme dans le cas de l’analyse des spécialisations, l’hétérogénéité des études dans le choix des indicateurs, des bases de données et des unités territoriales peut expliquer que l’accroissement de l’agglomération n’apparaisse pas distinctement. Si toutes les études conduites sur des indices de Gini concluent à un renforcement des concentrations, l’utilisation de données régionales et d’une nomenclature sectorielle incluant les services modifie les conclusions de manière significative. Midelfart-Knarvik & al. (2000) montrent par exemple que les activités de service, dont la nomenclature reste hélas très agrégée, sont nettement moins concentrées que les secteurs industriels. En complément de ces analyses descriptives, les études économétriques des déterminants de la concentration permettent d’identifier les principales forces d’agglomération et leur importance relative. Cette identification renvoie directement aux attentes des différentes théories. Ainsi, pour l’ensemble des travaux économétriques, les forces d’agglomération divergent selon que les secteurs sont intensifs en main d’œuvre, en technologie, sensibles aux relations input – output ou aux économies d’échelle. Premièrement, l’intégration régionale a eu pour effet de localiser les secteurs intensifs en main d’œuvre en fonction des avantages comparatifs, comme le prévoit la théorie traditionnelle (Haaland & al., 1999). Associé à la spécialisation plus marquée des pays périphériques dans les secteurs traditionnels, ce résultat justifie les thèses de l’économie géographique, à savoir une rel ocalisation de ces industries vers les pays à bas salaires. Amiti explique la concentration industrielle par les écarts d’intensité factorielle, qui n’apparaissent pas de manière significative à l’inverse, des économies d’échelle et de la proportion de bie ns intermédiaires (Amiti, 1999). Ceci semble accréditer les conclusions des NTCI et de la NEG mais infirmer la théorie traditionnelle. Cependant, il n’y a là aucune contradiction puisque ce résultat tient au fait qu’elle n’incorpore que cinq pays européens situés au centre. Par conséquent, contrairement à la périphérie, les économies d’échelle et les relations input-output constituent les principaux déterminants de l’agglomération dans les pays du centre. Ainsi, des secteurs à rendements croissants sont davantage concentrés au centre (chimie, informatique, télécommunications,…) Néanmoins, les économies d’échelle comme force d’agglomération ne ressortent pas 17 clairement dans certaines études économétriques (Haaland & al., 1999 ; Brülhart, 2000). D’une part, l’indicateur d’économie d’échelle est fragile et obsolète (classification de Pratten). D’autre part, cette tendance semble déclinante ce qui montrerait implicitement que les rendements croissants perdent de leur importance en tant que déterminant de la concentration. A l’inverse, la variable représentée par les débouchés ressort comme la plus significative chez Haaland & al. (1999). L’effet taille de marché constitue en conséquence une force prépondérante comme choix de localisation des entreprises. Ce résultat appuie non seulement les NTCI ( home market effect), mais également les relations d’entraînement amont issues de la NEG ( backward linkages). Parallèlement, l’existence et l’impact des relations d’entraînement aval ont été démontrés. Ainsi, plus une industrie utilise des biens intermédiaires, plus elle s’agglomère. Avec l’intégration régionale, ces mécanismes ont vu leur intensité se renforcer. La causalité cumulative formée par ces deux forces centripètes a donc représenté un facteur de concentration, comme le prédisent les modèles d’économie géographique. 5. Conclusion L'intégration européenne et ses conséquences sur la localisation des activités ont donné lieu à de nombreux travaux à la fois théoriques et empiriques. Malgré des approches et des méthodes de mesure hétéroclites, la concentration géographique s'est accentuée au cours des vingt dernières années en même temps que la spécialisation des nations évaluée en termes de structure de production et d'emploi. Ce résultat doit être mis en relation avec l'évolution des structures de commerce qui révèlent une part toujours importante des échanges intra-branche. La prédominance d'un commerce intra-branche suivant des échelles de qualité dans les pays les plus avancés souligne l'hétérogénéité des nations européennes. D'un côté, les secteurs traditionnels se sont délocalisés vers la périphérie, dans la logique néoclassique des avantages comparatifs ainsi que des modèles d'économie géographique à immobilité de main d'œuvre. D'un autre côté, le centre attire quant à lui des secteurs à rendements croissants et à forte proportion de biens intermédiaires, répondant ainsi aux enseignements de la NTCI et là encore de la NEG. Jusqu'à présent, les études empiriques se sont focalisées sur une approche nationale et industrie lle de la spécialisation et de la concentration. Essentiellement par manque de données statistiques, les aspects régionaux ont été largement éludés. De même, il paraît nécessaire de prendre en compte l'ensemble des secteurs de l'économie, i.e. comprenant les activités de services dont la part en termes de production et d'emploi est désormais dominante. Seules ces avancées permettront de fournir un tableau plus complet de l'évolution de la géographie économique européenne. 18 Annexes Tableau A.1 : Classification sectorielle (source :UNIDO) Secteur 300 311 313 314 321 322A 324 331 332 341 342 351C 355 356 361B 371 372 381 382 383 384 385 390 Total manufacturing Food products Beverages Tobacco Textiles Wearing apparel, except footwear + Leather products Footwear, except rubber or plastic Wood products, except furniture Furniture, except metal Paper and products Printing and publishing Industrial chemicals + Petroleum refineries Rubber products Plastic products Pottery, china, earthenware Iron and steel Non-ferrous metals Fabricated metal products Machinery, except electrical Machinery, electric Transport equipment Professional and scientific equipment Other manufactured products Tableau A.2. Indices de Gini géographique (source : calculs des auteurs) Secteur 71-74 78-81 85-88 91-94 311 0,201 0,183 0,202 0,185 313 0,153 0,191 0,173 0,168 314 0,261 0,278 0,339 0,362 321 0,174 0,206 0,243 0,253 322 0,086 0,138 0,216 0,350 324 0,248 0,269 0,334 0,470 331 0,216 0,248 0,245 0,239 tx croissance 71-94 0,000 (0,34) 0,008 (4,86) 0,019 (17,26) 0,021 (19,27) 0,068 (36,41) 0,029 (10,84) 0,009 (6,74) -0,017 332 0,183 0,121 0,119 0,174 (-2,65) 341 0,137 0,156 0,156 0,157 (8,17) 342 0,161 0,184 0,213 0,236 0,008 0,019 (22,35) 0,004 351 0,083 0,082 0,086 0,088 (1,53) 355 0,082 0,116 0,133 0,160 (20,87) 356 361 0,103 0,195 0,093 0,192 0,088 0,124 0,189 0,164 0,034 -0,001 (-0,15) -0,004 (-4,45) -0,007 371 0,154 0,145 0,141 0,127 (-5,41) 381 0,088 0,064 0,083 0,067 (-1,28) 382 0,164 0,154 0,150 0,156 384 0,108 0,089 0,109 0,129 385 0,165 0,201 0,220 0,205 * classification issue de Brülhart & Trionfetti (1999), t-stat entre parenthèses. 19 -0,004 -0,005 (-4,13) 0,006 (1,76) 0,013 (3,25) Rendements* CRS CRS IRS IRS IRS CRS CRS ? IRS IRS IRS CRS IRS CRS IRS CRS CRS IRS IRS Bibliographie Amiti, M., 1998, “New Trade Theories and Industrial Location in the EU: A Survey of Evidence”, Oxford Review of Economic Policy, Vol. 14 (2), pp. 45-53 Amiti, M., 1999, “Specialization Patterns in Europe”, Weltwirtschaftliches Archiv, vol. 135(4), pp. 573-593 Brülhart M. & Torstensson J., 1996, Regional Integration, Scale Economies and Industry Location in the European Union, CEPR Discussion Paper n°1435 Brülhart M. & Trionfetti F., 1999, Home-Biased Demand and International Specialisation: A Test of Trade Theories, présenté à l’atelier du CEPN “Economie Géographique, Concurrence et Politiques Economiques dans l’Union Européenne », Université Paris Nord, juin 2000 Brülhart M., 1996, "Commerce et Spécialisation Géographique dans l'Union Européenne", Economie Internationale n°65, 1er trimestre, pp.169-202 Brülhart M., 1998, “Economic Geography, Industry Location and Trade: the Evidence”, The World Economy vol.21 (6) August, pp. 775-800 Brülhart M., 2000, Evolving Geographical Specialisation of European Manufacturing Industries, DEEP Working Paper, No. 00.08, University of Lausanne (forthcoming in Weltwirtschaftliches Archiv, 2001) Commissariat Général du Plan (CGP), 1999, Scénario pour une Nouvelle Géographie Economique de l’Europe, Economica De Nardis S., Goglio A. & Malgarini M., 1996, « Regional Specialization and Shocks in Europe, Some Evidence from Regional Data”, Weltwirtschaftliches Archiv vol.132, n°2, pp.197-214 Fontagné L., 2000, « Géographie économique et intégration européenne » in Politiques Industrielles pour l’Europe, Rapport CAE n°26, La Documentation Française Fontagné L., Freudenberg M. & Péridy N., 1998, Intra-Industry Trade and the Single Market: Quality Matters, CEPR Discussion Paper n°1953 Fujita M., Krugman P. & Venables A.J., 1999, The Spatial Economy, The MIT Press Haaland, J.I., Kind, H.J., Knarvik, K.H. & Torstensson, J., 1999, What Determines the Economic Geography of Europe, CEPR Discussion Paper, No 2072 Hallet M., 2000, Regional Specialisation and Concentration in the EU, Economic Paper n°141, DG for Economic and Financial Affairs, European Commission Head K. & Mayer T., 2000, Non-Europe, The Magnitude and Causes of Market Fragmentation in the EU, Weltwirtschatliches Archiv vol.136, n°2, pp.285-314 Helpman E. & Krugman P, 1985, Market Structure and Foreign Trade, Cambridge, MIT Press Jennequin H, 2001, Le Rôle de la Mobilité du Travail dans la Localisation des Activités: une Revue Critique de la Littérature d’Economie Géographique, CEPN Université Paris Nord, working paper Krugman P, 1980, “Scale Economies, Product Differenciation and the Pattern of Trade”, American Economic Review, vol.70, pp.950-959 Krugman P. & Venables A.J., 1990, “Integration and the Competitiveness of Peripheral Industry“ in C.Bliss & J.Braga de Macedo (eds), Unity with Diversity in the European Community, Cambridge University Press Krugman P., 1991, Geography and Trade, The MIT Press Maurel F. & Mouhoud E.M., 2001, "La Géographie Economique de la France dans l’Europe" in L'Aménagement du Territoire, Rapport CAE n°31, La Documentation Française Midelfart-Knarvik K.H., Overman H.G., Redding S.J. & Venables A.J., 2000, The Location of European Industry, Economic Papers n°142, European Commission Ottaviano G. & Puga D., 1997, “L’Agglomération dans l’Economie Mondiale”, Economie Internationale n°71, 3ème trimestre Puga D., 1999, “The Rise and Fall of Regional Inequalities”, European Economic Review, Vol.43, n°2, pp.303334 Puga D. & Venables A.J., 1997, Agglomeration and Economic Development : Import Substitution versus Trade Liberalization, Centre for Economic Performance, London School of Economics, miméo 20 Sapir A., 1996, “The Effects of Europe’s Internal Market Program on Production and Trade: A First Assessment”, Weltwirtschatliches Archiv vol.132 (3), pp. 457-475 Storper M., Chen Y; & De Paolis F., 2000, The Effects of Globalization on the Location of Industries in the OECD and European Union, mimeo Venables A.J., 1996, Equilibrium Locations of Vertically Linked Industries, International Economic Review, Vol.37, pp.341-359 WIFO, 1999, Specialisation and (Geographic) Concentration of European Manufacturing, background paper for “The Competitiveness of European Industry: 1999 report, Enterprise DG working paper n°1, European Commission Notes 1 Pour un survey théorique détaillé, se reporter à Ottaviano & Puga (1997) 2 Un exemple particulièrement instructif du renversement du schéma centre–périphérie peut se trouver dans le modèle de Puga & Venables (1997). L’existence d’écarts salariaux entre différentes nations peut ainsi induire une industrialisation des nations par vague lorsqu’un progrès technique exogène intervient. En outre, le modèle de Puga (1999) englobe les deux causalités distinguées précédemment. 3 Les données OCDE ne distinguent ainsi que cinq secteurs de services. 4 Par exemple, Sapir (1996) considère une base de données de commerce qui regroupe 100 secteurs industriels. 5 Ces taux sont appelés Cx ou CRx et comparent le poids des x plus grands secteurs nationaux dans le cas de la spécialisation, des x nations où le secteur est le plus localisé dans le cas de la concentration. Ces indices ne sont néanmoins que des indices semi-absolus dans la mesure où ils ne prennent pas en compte l’ensemble de l’échantillon. 6 Cependant, Hallet (2000) travaillant sur 119 régions européennes et 17 secteurs incluant les activités de service montre une baisse significative du degré de spécialisation entre 1980 et 1995 avec une nette accélération après 1989 en particulier pour les plus riches d’entre elles. Ce résultat est néanmoins biaisé par la nomenclature retenue incluant à la fois les activités industrielles et les activités de service, les premières étant nettement moins agrégées que les secondes. Sébastien Dupuch et Hugues Jennequin sont allocataires de recherche et moniteurs à l’Université Paris XIII, membres du C.E.P.N. (Centre d’Economie de l’université Paris Nord) 21