intégration régionale et géographie économique

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Intégration régionale et géographie
économique européenne : quelques
résultats empiriques
Regional Integration and European Economic Geography : an Empirical Study
Sébastien Dupuch & Hugues Jennequin&
CEPN CNRS-UMR 71-15
Université Paris Nord
Résumé :
Les effets du processus d’intégration régionale sur la géographie économique européenne et les
structures productives nationales ont suscité ces dernières années un grand nombre de travaux à la fois
théoriques et empiriques. Cet article s’intéresse plus particulièrement à ce dernier aspect et se fixe un double
objectif : (i) effectuer un tour d’horizon des études sur la spécialisation des Etats-membres et la concentration des
activités industrielles afin de comparer les méthodes et les résultats obtenus qui peuvent sembler contradictoires.
(ii) réaliser notre propre évaluation de la concentration et de la spécialisation des activités des quinze pays de
l'Union Européenne sur la base de données d’emploi pour la période 1971-1994. Nos résultats vont dans le sens
d’une spécialisation nationale faible mais croissante et d’un renforcement de la concentration industrielle. Ces
évolutions traduisent un approfondissement des disparités entre les pays européens en particulier entre un centre
où se concentrent des activités à rendements croissants et intensives en biens intermédiaires et une périphérie
de plus en plus spécialisée dans des activités intensives en main d’œuvre.
Abstract :
The effects of regional integration process on European economic geography and national industrial
structures was recently the subject of many theoretical and empirical studies. This paper deals mainly with the
latter aspect and has two objectives : (i) surveying the evidence on State-members’ specialisation and industrial
concentration in order to compare both methods and results that sometimes appear contradictory. (ii) presenting
our own evaluation on specialisation and concentration in the EU with employment data covering the 1971-1994
period. Our results show a weak but increasing specialisation and a deepening concentration. The evidence also
indicates larger disparities across European countries. Scale-intensive industries and sectors subject to inputoutput linkages tend to concentrate in the core countries while labour-intensive activities agglomerate in the
periphery of Europe.
&
UFR Sciences Economiques
CEPN CNRS FRE 21-48
99 av. JB Clément – 93430 Villetaneuse
[email protected]
[email protected]
Nous tenons à remercier C. Couharde, E.M.Mouhoud et A.Rieber pour leurs critiques et remarques sur une version précédente de cet article
1
1. Introduction
L'achèvement du marché unique a relancé les interrogations relatives aux effets de l'intégration
régionale sur les structures productives nationales. On peut en attendre de profondes mutations des économies
que tentent d’appréhender les théories du commerce international. Quels sont les effets de l’intégration sur les
structures productives nationales ? Dans quelle mesure l’instauration de la libre circulation des biens et des
facteurs de production affecte la compétitivité des nations et la localisation des industries ? La situation de forte
concentration industrielle connue par les régions américaines suite à la phase d’intégration amorcée au siècle
dernier fournit un exemple particulièrement inquiétant pour le cas européen. On pourrait s'attendre ainsi à un
approfondissement des inégalités territoriales et à d’importants coûts d’ajustement.
Pour étudier ces questions, il convient de distinguer et de définir précisément les notions de
spécialisation et de concentration. Leur évolution au cours des dernières décennies fournit des éléments
instructifs quant aux relations qui unissent intégration et localisation. L’intégration européenne en réduisant les
coûts de transaction entre pays mais aussi en facilitant la mobilité des facteurs de production a provoqué un
bouleversement des spécialisations nationales et de la concentration industrielle. Ainsi les différents champs
théoriques du commerce international proposent diverses lectures des effets de l’intégration européenne que les
études empiriques se doivent d’éclaircir. Cependant, leurs conclusions peuvent apparaître divergentes. Afin de
clarifier les conclusions, nous présentons une revue de la littérature récente axée sur le cas européen ainsi que les
résultats de notre propre analyse empirique.
Si la concentration européenne a connu une constante progression au cours des trente dernières années,
la spécialisation se différencie dans la mesure où son intensité a diminué dans les années 70 avant de repartir à la
hausse par la suite. Cependant, la tendance générale reste croissante sur l’ensemble de la période. Les pays ont
néanmoins observé des évolutions sectorielles différentes. Ainsi, nous montrons que l’Europe connaît une
délocalisation des industries intensives en main d’œuvre vers la périphérie tandis que les pays du centre attirent
les activités à rendements croissants et à forte proportion de biens intermédiaires.
Afin de rendre compte des attentes théoriques en la matière, la seconde section présentera un rappel des
trois champs théoriques que sont les théories traditionnelles, les nouvelles théories du commerce international
(NTCI) et de la nouvelle économie géographique (NEG). La troisième section s’intéressera aux évolutions de la
spécialisation européenne tandis que la concentration et ses déterminants seront abordées dans la quatrième
section. Enfin, la dernière section conclura cette étude.
2. Aspects théoriques
Les notions de spécialisation et de concentration n'ont pas toujours été étudiées conjointement dans les
études d'économie internationale. La spécialisation des nations est une problématique née avec les premiers
développements du commerce international tandis que la problématique de la concentration des industries ne
s’est posée que récemment avec le renouveau de l’économie géographique. Savoir pourquoi une nation se
spécialise dans telle activité ou pourquoi tel secteur industriel se trouve davantage localisé dans un territoire
donné relève de mécanismes distincts. Qu'il s'agisse de l'impact de l'intégration sur la spécialisation ou sur la
2
concentration, les différentes théories du commerce international et de l’économie géographique présentent
chacune des spécificités qui aboutissent à des enseignements différents. Ainsi, avant de décrire les résultats
empiriques en la matière au niveau européen, il est essentiel de revenir préalablement sur l es conclusions établies
par les théories traditionnelles, les NTCI et par la NEG1.
Les théories traditionnelles : la problématique de la spécialisation
Selon les théories traditionnelles, toutes les nations disposent d’un avantage relatif dans un produit ou
groupe de produits donnés. Le libre échange conduit ainsi à une spécialisation complète chez Ricardo du fait du
différentiel de productivité tandis que les écarts de dotations factorielles rendent cette spécialisation incomplète
mais toujours présente chez Heckscher-Ohlin. De plus, puisque les échanges s'effectuent sur la base de
commerce inter-branche, tout mouvement de spécialisation s'accompagne d'un mouvement symétrique et de
même sens de la concentration. En effet, les pays étant spécialisés dans des biens distincts, il est naturel de voir
spécialisation et concentration évoluer de manière conjointe.
Cependant, ces affirmations ne sont vérifiées que sous l'hypothèse de libre échange. Considérer des
coûts de transaction non nuls modifie les conclusions. En effet, l'existence de barrières commerciales introduit
des distorsions et rend la spécialisation imparfaite, moins sensible aux attributs des nations. Les deux hypothèses
de rendements d'échelle constants et de coûts de transaction incitent donc les e ntreprises à se localiser près de la
demande. La production a alors un but purement local. L’intégration progressive des économies a deux effets
contraires. D'une part, en diminuant les entraves aux échanges, elle permet d'approfondir la spécialisation des
nations. D'autre part, l'intégration a pour propriété de provoquer la convergence des économies en termes de
rémunérations factorielles. Cette convergence, associée aux rendements d'échelle constants, est un facteur propre
à éliminer les degrés de spécialisation et de concentration.
Néanmoins, le cadre de la concurrence pure et parfaite introduite dans les théories traditionnelles
conditionne l’analyse de la spécialisation. La modification de ce cadre de base nous amène à raisonner désormais
sur la base des NTCI et permet de considérer les problèmes de localisation.
Spécialisation, concentration et concurrence imparfaite dans la NTCI
Les hypothèses de rendements croissants et de différenciation des produits modifient singulièrement
l'analyse. Ainsi, sur cette double base, la NTCI vont fournir des éléments, non seulement sur le degré de la
spécialisation, mais également sur celui de la concentration.
Les économies d'échelle sont sources d'agglomération. Qu'elles soient internes ou externes, elles
permettent de réduire les coûts unitaires. Par conséquent, le passage à des rendements croissants favorise le
regroupement géographique des industries. En outre, aux considérations d’offre s’ajoutent les considérations de
demande qui conduisent les entreprises à se localiser dans les régions qui présentent les débouchés les plus
importants (Krugman, 1980, Helpman & Krugman, 1985). Dès lors, l'intégration favorise la concentration et la
spécialisation. En effet, la baisse des coûts de transaction permet de se localiser dans une seule région tout en
bénéficiant d’économies d'échelle ce qui accroît à la fois la concentration et la spécialisation. De plus, cette
dernière peut être de nature intra-branche du fait de la différenciation des produits. Lorsque les pays ont des
3
niveaux de développement relativement proches, ils se spécialisent dans des biens similaires. Par conséquent, la
spécialisation ne sera plus seulement inter-branche comme dans les théories traditionnelles, mais aussi intrabranche (Brülhart, 1996).
Concernant la question de la concentration, une divergence sectorielle peut apparaître. Les pays avec les
niveaux de revenus les plus élevés auront ainsi tendance à attirer les industries à hauts niveaux technologiques.
Par conséquent, plus les pays auront des niveaux de revenus similaires, plus la concentration sera faible. A
l'inverse, des disparités importantes entraîneront une concentration marquée des industries (WIFO, 1999).
Dès lors, comment l'intégration peut affecter la spécialisation et la concentration ? Une intégration
croissante des économies nationales permet de profiter au mieux des économies d'échelle ce qui est un facteur de
concentration croissante. Concernant la spécialisation, il faut distinguer les pays développés des pays
périphériques (Krugman & Venables, 1990). En effet, les régions centrales aux tailles de marché supérieures
s'échangeront des biens similaires et verront leur spécialisation intra-branche s'accroître. Elles attireront
parallèlement des industries à haut contenu technologique et/ou nécessitant une main d’œuvre plus qualifiée.
Pour leur part, les nations périphériques attireront principalement des industries à faible contenu technologique
et/ou nécessitant une main d’œuvre moins qualifiée. Leurs échanges mutuels se feront également sur la base
d'une spécialisation intra-branche. Cependant, pour l’ensemble de la zone européenne, la différence des niveaux
de développement se répercute à la fois sur le côté demande (revenus plus importants, recherche de la variété) et
sur le côté offre (possibilités et rentes technologiques). Ceci conduit à une spécialisation accrue des nations dans
des industries au contenu différent en technologie et en croissance. La spécialisation sera donc intra-branche
mais sur la base de qualité différente puisque les industries "technologiques" se regrouperont au centre, au
détriment des pays du sud.
Les NTCI soulignent donc l'influence des économies d'échelle et de la différenciation des produits.
Cependant, la question de la localisation y reste implicite. Les modèles issus des nouvelles théories de la
localisation endogénéisent la répartition spatiale des activités, ce qui a particulièrement enrichi l'analyse de la
concentration sectorielle.
Economie Géographique : la question de la localisation des industries
L'économie géographique met en évidence les différents mécanismes d’agglomération et de dispersion.
On distingue ainsi les forces centripètes, qui poussent à la concentration des activités, et les forces centrifuges
qui incitent à la dispersion. Les raisonnements s’éloignent alors de la problématique de la spécialisation pour
traiter de la concentration des industries. En effet, c'est l’agglomération des firmes et des consommateurs qui est
ici expliquée.
Alors que pour les deux autres grands champs théoriques, l’impact de l’intégration sur la spécialisation
et la concentration s’assimile à des relations monotones, l’économie géographique offre des résultats plus
complexes. Il est nécessaire à cet effet d'effectuer une distinction entre main d'œuvre mobile e t immobile puisque
selon l'hypothèse choisie, l’effet de l'intégration n'est pas le même (Jennequin, 2001).
En premier lieu, la mobilité parfaite de la main d’œuvre entre deux régions identiques permet d’égaliser
les différentiels de salaires régionaux. Un double effet taille de marché apparaît alors. D'une part, tout
4
regroupement industriel permet d’augmenter le pouvoir d’achat réel des consommateurs localisés dans la région
centrale, ce qui attire la main d’œuvre de la région périphérique. D’autre part, l’agglomération des travailleurs
permet d’accroître les débouchés pour les entreprises, qui affluent en plus grand nombre. Le modèle centrepériphérie de Krugman part de ce double effet taille de marché pour analyser l’impact d’une plus ample
intégration sur les économies régionales (Krugman, 1991). Une baisse des coûts de transaction enclenche ainsi la
causalité cumulative. Une concentration totale des activités est attendue dès que l’intégration atteint un certain
seuil. Cette relation est monotone dans la mesure où aucun renversement de tendance ne s’observe par la suite.
La situation diffère lorsque la main d‘œuvre est supposée immobile, comme il est d’usage de le
considérer en Europe ainsi qu’au niveau international. Un écart salarial subsiste alors entre les deux régions. Des
relations amont aval à la Hirschman induisent une répartition asymétrique des activités pour un niveau suffisant
d’intégration. Un nouveau schéma de type centre-périphérie s’observe alors, mais la relation n’est pas linéaire
dans la mesure où la poursuite de l’intégration rend l’écart salarial régional de plus en plus attractif pour les
industries. Celles-ci se délocalisent pour profiter d’un avantage coût. La répartition des activités redevient dès
lors symétrique (Venables, 1996). Cette situation décrit ainsi une relation non monotone entre intégration et
concentration2.
En conséquence, deux traits majeurs différencient les champs théoriques. D’un côté, les origines des
mécanismes sont distincts et font appel à des hypothèses spécifiques utilisées par chacun des corpus. D'un autre
côté, des divergences apparaissent au niveau de la spécialisation et de la concentration. D’une spécialisation
inter-branche attendue par les théories traditionnelles, la possibilité d’une spécialisation intra-branche émerge au
regard des NTCI. En outre, la distinction entre les pays du nord et du sud laisse augurer d’un double
retournement de tendance. Une convergence des degrés de concentration suite aux avantages coût liés aux
différentiels salariaux d'une part ; une divergence sectorielle entre un nord technologique et un sud plus
manufacturier d'autre part.
Ces affirmations théoriques méritent toutefois d’être appuyées par des analyses empiriques. Les deux
sections s’appuient sur une comparaison des travaux existants et sur notre propre évaluation de la spécialisation
et de la concentration en Europe. Nous verrons ainsi que leurs niveaux respectifs se sont accrus au cours des
trente dernières années.
3. L’évolution de la spécialisation européenne
Comment a évolué la spécialisation des nations européennes ces trente dernières années ? Quel est au
final l’impact de l’intégration européenne sur la spécialisation des Etats-membres? L’analyse empirique qui suit
tente de répondre à ces questions tout en effectuant un tour d’horizon des autres travaux en la matière.
L’approche de la spécialisation se fait ici en termes de structures productives et non de commerce international.
Néanmoins, nous verrons par la suite que ces deux approches restent liées dans la mesure où l’évolution de la
nature des échanges fournit des indications sur la spécialisation des pays.
Une première esquisse a été donnée par Krugman en 1991 qui, à partir de données d’emploi et sur une
classification industrielle assez générale (2-digit) a comparé les niveaux de spécialisation européens et
5
américains. Il en ressort le résultat fragile par construction mais néanmoins intuitif d’une plus grande
spécialisation des quatre zones américaines considérées comparées aux quatre plus grands pays européens. Les
structures productives de ces derniers sont ainsi relativement proches les unes des autres. Ce premier résultat est
appuyé par d’autres études qui ajoutent que l’écart entre les Etats-Unis et l’Europe tend à se réduire de par un
rapprochement mutuel des niveaux de spécialisation (Brülhart, 2000 ; Midelfart-Knarvik & al., 2000).
L’étude de Krugman ne constitue cependant qu’une première approche. Depuis, plusieurs études ont été
réalisées qui dégagent un certain nombre de résultats (tableau 1). Malgré les différences de méthodologie, une
résultat général apparaît.
Un résultat général : une spécialisation des nations faible mais croissante au cours des dernières
décennies.
La spécialisation européenne reste relativement faible mais s’est indéniablement accrue depuis les
années 70 (tableau 2). Les grand pays (France, Royaume Uni, Italie et dans une moindre mesure l’Allemagne)
apparaissent comme les moins spécialisés tandis que les pays périphériques comme le Portugal ou la Grèce
montrent une forte spécialisation de leur industrie. Cependant, la tendance à la hausse n’est pas linéaire, que ce
soit en moyenne globale ou pour chaque pays pris individuellement. Ainsi, la décennie 1970 est marquée par un
déclin moyen de la spécialisation (Amiti, 1999 ; Midelfart-Knarvik & al., 2000). Ce déclin est plus
particulièrement marqué pour des pays tels que l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, le Portugal, la Suède ou encore
le Royaume-Uni, ce qui laisse à penser que la date d’entrée dans la zone européenne influe sur le nive au de la
spécialisation. En effet, tous ces pays sont encore en dehors de la CEE ou en train d’y accéder comme la GrandeBretagne. A l'inverse, les pays les plus intégrés ont connu une déspécialisation moins forte dans les années 70.
A partir de 1980, les indices soulignent au contraire un accroissement de la spécialisation moyenne. Cet
accroissement se poursuit ainsi jusqu’en fin de période. Cependant, l’augmentation n’est pas suscitée par les
mêmes pays. Les pays qui ont connu la hausse la plus marquée de leur spécialisation sont le Portugal, l’Espagne,
l’Allemagne et la Grèce. Ainsi, les entrants des années 1980 figurent parmi les pays qui se sont le plus
spécialisés. Durant la décennie 90, la hausse moyenne se confirme à un taux relativement constant. Enfin, les
trois pays qui ont intégré l’Union monétaire en 1995 (Autriche, Suède, Finlande) apparaissent de nouveau
comme ceux qui ont connu la hausse la plus marquée (Midelfart-Knarvik & al., 2000). L’intégration de
nouvelles nations joue donc un rôle moteur dans le processus de spécialisation. Pourtant, ce phénomène ne se
retrouve pas forcément dans les années 70 : ni l’Irlande, ni la Grande-Bretagne n’ont connu un accroissement de
leur spécialisation. Dans le cas de la Grande Bretagne, on peut attribuer cette caractéristique au fait que ce pays
était déjà relativement proche des pays du noyau dur de l’UE, si bien que l’adhésion n’a pas modifié outre
mesure l’évolution de sa spécialisation.
6
Tableau 1 : tableau synoptique de la spécialisation des nations européennes.
Etude
Krugman
(1991)
Sapir (1996).
Base de
données
Nombre
de pays
1985
2-digit, données
d’emploi.
4 pays :
France, RFA,
Italie, RU.
1977 – 1992
Classification
NACE de la
communauté
européenne à 100
secteurs : 3-digit.
Données d’export.
4 pays :
France,
Italie,
RoyaumeUni,
Allemagne.
Période
1968 - 1990
Amiti (1998)
et Amiti
(1999).
1976 - 1989
WIFO (1999)
UNIDO avec 27
secteurs (ISIC3),
Données de
production et
d’emploi
10 Pays
Eurostat 89 avec
5 pays : Italie
65 secteurs
RU, France,
(NACE3), Données
Belgique,
de production.
Allemagne.
1988 et 1998
L'ensemble des
données cidessous.
1985 – 1998
pour les
donnés de
production,
WIFO, Eurostat
SBS data pour les
données des VA
aux facteurs de
production, 22
secteurs à 2-digit.
1988 – 1998
pour les
données de
commerce.
COMEXT pour les
données d’exports.
22 secteurs à 2digit
Indice
Indice de Krugman :
K=∑i si −s*i
Indice de Herfindahl
H=
∑ (s )
2
i
i
Coefficients de Gini basé sur l’indice
de Balassa :
Bij =
(q ij q j )
(q i Q)
Résultats
Ecart bilatéral entre la
structure de l’emploi si d’une
nation et celle de chacune de
ses voisines (si* ) avec i, les
différents secteurs.
La structure des 4 pays européens semble
relativement proche sauf entre la France et
le Royaume-Uni. Une comparaison avec 4
régions américaines permet d’entrevoir
une moindre spécialisation en Europe.
Somme sectorielle du carré
des parts si des secteurs i
dans les exportations totales
du pays en question.
La spécialisation des 4 pays apparaît
relativement constante sur la période mise
à part une croissance de la spécialisation
française à partir de 1985.
Part de la production
(l’emploi) d'un secteur i dans
le pays j par rapport à la part
de ce secteur dans la
production (l’emploi)
européenne.
Somme des parts des 5
secteurs les plus importants
dans l'économie nationale.
CR 5.
14 pays : la
Belgique et
le
Luxembourg
sont ici
réunis.
Signification
Utilisation conjointe des indices de
Herfindahl, des CR5, des écarts-type,
des K-spec, des indices de
dissimilitude et des coefficients de
Gini.
7
Moyenne non pondérée des
indices ci-contre après
transformation sous forme
comparable. Distinction
entre données de commerce
et de production.
Stabilité du ratio de 1968 à 1980 avant une
augmentation moyenne jusqu'en 1990.
L'augmentation est générale à tous les pays
sur l'ensemble de la période sauf pour la
France, le Royaume–Uni et l'Espagne qui
restent constants.
Accroissement de l'indicateur pour les 5
pays sur l'ensemble de la période.
Augmentation de la spécialisation dans
l'ensemble des pays, l'Irlande étant le plus
spécialisé et l'Italie le moins spécialisé.
Pour les données de production, on
observe une stabilité de la spécialisation de
1985 au début des années 90 et une
augmentation par la suite.
Pour les données de commerce, baisse
générale sur l'ensemble de la période sauf
pour l'Irlande et l'Espagne.
Hallet (2000)
1980 - 1995
1970 - 1997
MidelfartKnarvik,
Overman,
Redding et
Venables
(2000)
1970 - 1996
Eurostat Regio
NACE avec 17
secteurs dont 5
branches
apparentées aux
services. Données
de VA de la
Production
OECD Stan sur la
production totale :
36 secteurs pour
l'UE sauf Irlande et
Luxembourg.
UNIDO sur la
production totale :
27 secteurs pour
l'Irlande.
Pour les données
d'export et d'import
: UN-com Trade
Database à 104
industries.
119 régions
européennes
Indice de dissimilitude (K-spec
modifié)
1
S i = ∑ y ik − y k
2 k
Indice K-spec (indice de
spécialisation de Krugman) :
K i (t ) =
abs v ik (t ) − v ki (t )
∑k (
avec : vki (t ) ≡ x ki (t )
v ki (t ) ≡
14 pays : UE
sauf le
Luxembourg.
∑
j≠ i
et
x ik (t )
∑
)
k
x ki (t )
∑∑
k
j≠ i
rik(t)≡v ki(t) vki(t)
Indice K-spec (indice de
spécialisation de Krugman) :
K i (t ) =
abs v ik (t ) − v ki (t )
avec :
v ki (t ) ≡
vki
∑
(t ) ≡
j≠ i
x ki
et
x ik (t )
)
(t )
∑
xk
k i
∑∑
k
8
j≠ i
Ecart entre la structure de
production v du pays i et la
moyenne des structures de
l'ensemble des pays, avec k
les différentes branches de
l'économie.
x ik (t )
ainsi qu'un coefficient de Gini défini
sur les mesures des parts relatives :
∑k (
Ecart entre la structure de
production de la région i et la
moyenne régionale
européenne avec k, les
différentes branches de
l'économie.
(t )
x ik (t )
Rapport entre la structure
nationale et la structure
moyenne
Ecart entre la structure de
production v du pays i et la
moyenne des structures de
l'ensemble des pays, avec k
les différentes branches de
l'économie.
Baisse constante et significative dans 85
régions des 119 régions du panel.
Baisse générale des 2 indices entre 1970 et
1980 puis augmentation jusqu'en 1997. La
Grèce, la Belgique et l'Italie connaissent
une hausse constante sur la période, tandis
que la Finlande et La Grande-Bretagne
voient leur spécialisation diminuer durant
la dernière décennie. Les Pays-Bas
connaissent par contre une évolution
exactement inverse à la moyenne
européenne.
Pour l'export, les évolutions sont les
mêmes que pour les données de production
hormis pour la période 1990 – 1996 où les
données d'export affichent une constante
de la spécialisation européenne. Pour
l'import, la spécialisation décline jusqu'en
1990 avant une légère hausse.
Le tableau 2 ci-dessous reflète les tendances que nous venons de décrire. Nous calculons un indice de
spécialisation de Krugman à partir de données d’emploi UNIDO sur la base de 23 secteurs. Nous considérons
l’ensemble des pays européens à l’exception de la Belgique que nous avons retiré de l’échantillon par
insuffisance de données. Globalement, nos résultats recoupent ceux d’Amiti (1999) ou de Midelfart-Knarvik &
al. (2000).
Pays
Autriche
Danemark
Finlande
France
Allemagne
Grèce
Irlande
Italie
Pays Bas
Portugal
Espagne
Suède
Royaume Uni
UE
71-74
0,256
0,336
0,463
0,146
0,313
0,503
0,574
0,217
0,330
0,640
0,375
0,356
0,178
0,361
80-83
0,246
0,398
0,428
0,136
0,303
0,582
0,475
0,234
0,381
0,587
0,268
0,341
0,155
0,349
88-91
0,237
0,448
0,383
0,154
0,389
0,630
0,408
0,259
0,394
0,703
0,288
0,376
0,152
0,371
92-94
0,262
0,458
0,388
0,185
0,391
0,623
0,393
0,246
0,367
0,720
0,304
0,377
0,179
0,376
Données d’emploi UNIDO, moyennes mobiles
Source : calculs des auteurs.
Tableau 2 : Indice de spécialisation de Krugman.
Après une baisse de la spécialisation des nations durant les années 70, l’Europe a ensuite connu une
hausse constante. A l’aide de régressions sur un trend temporel effectuées en données de panel, nous estimons
les taux de croissance moyens pour l’ensemble des pays. Le retournement intervenu au cours des années 80 se
retrouve également dans nos résultats (tableau 3).
Période
71-94
71-85
85-94
Taux de
croissance
moyen
0.002
(2.61)
-0.003
(-2.25)
0.008
(3.75)
Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White.
Source : calculs des auteurs.
Tableau 3 : Régression de l’indice de spécialisation sur un trend temporel.
L’accroissement de la spécialisation des pays avec la mise en place du marché unique traduit un
accroissement des disparités dans les structures industrielles des pays. Néanmoins, les pays sont affectés
différemment selon qu’ils se situent au centre ou à la périphérie. Le tableau suivant montre que les pays centraux
ont connu un accroissement de leur indice de spécialisation plutôt en fin de période et plus important que les
pays périphériques, ceux-ci connaissant un net processus de déspécialisation en début de période, ce qui traduit
un rapprochement des structures industrielles des Etats-membres au cours des années 70 (tableau 4). Ces
résultats sont conformes aux attentes théoriques en la matière.
9
Période
Taux de croissance
moyen
Pays centraux
Taux de croissance
moyen
Pays périphériques
71-94
71-85
85-94
0.006
(5.43)
7.27 E-05
(0.04)
0.014
(3.45)
7.87 E-04
(-0.58)
-0.006
(-2.78)
0.004
(1.93)
Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White.
Source : calcul des auteurs.
Tableau 4 : Régression de l’indice de spécialisation sur un trend temporel.
L’évolution de la spécialisation des pays européens en termes de structures d’emploi ou de production
peut toutefois se révéler différente de l’évolution de la spécialisation analysée sur la base des flux commerciaux.
Les différentes études qui construisent l’indice de spécialisation sur les données de commerces concluent
globalement à une stagnation de la spécialisation dans les années 80 (Sapir, 1996) qui succède à la période de
baisse observée dans la décennie 70 (Midelfart-Knarvik & al., 2000). L’approche de la spécialisation par l’étude
des échanges commerciaux reflète la prédominance du commerce intra-branche au sein de l’UE et plaide en
faveur d’une diversification des économies nationales. Néanmoins, la décomposition du commerce intra-branche
justifiée par la nouvelle théorie du commerce international en échanges croisés de produits similaires
(différenciation horizontale) et en échanges croisés de produits différenciés (différenciation verticale) met en
évidence la prépondérance du commerce de qualité en Europe ainsi qu’une assez forte hétérogénéité entre les
pays (Fontagné & al., 1998). D’un côté, la part du commerce intra-branche en différenciation horizontale reste
assez stable au cours des dernières décennies tandis que la part du commerce intra-branche en différenciation
verticale s’est accrue assez nettement, en particulier dans les économies les plus avancées de l’UE. A l’inverse,
le commerce inter-branche reste majoritaire pour les pays les moins avancés comme la Grèce ou le Portugal.
Ceci reflète globalement un schéma centre-périphérie avec d’une part une spécialisation des pays du sud de t ype
inter-branche et d’autre part, un schéma de spécialisation pour les pays du centre en termes d’échelle de qualité
(CGP, 1999 ; Fontagné, 2000).
…mais des différences perceptibles
L’évolution de la spécialisation européenne se déroule donc en deux phases distinctes. Néanmoins, les
résultats des études ne coï ncident pas toujours même si elles s’accordent pour relever un accroissement de la
spécialisation à partir des années 80. L’explication de ces écarts tient en quatre éléments susceptibles d’altérer
les résultats des différentes études. En effet, l’hétérogénéité des données, l’indice utilisé, le choix de
nomenclature et l’unité territoriale constituent autant de spécificités qu’il convient d’appréhender et qui sont
autant de pistes supplémentaires quant à l’étude de l’impact de l’intégration régionale sur la spécialisation.
De la classification choisie
L’étude de la spécialisation nécessite une nomenclature sectorielle relativement fine. Ainsi, prendre en
considération un grand nombre de secteurs permet une analyse plus précise mais conduit en pratique à
restreindre l’échantillon des pays. Ainsi, Amiti (1998, 1999) considère deux bases de données. D’une part, des
données de production et d’emploi UNIDO qui portent sur 11 pays et couvrent la période 1968-1990 avec 27
secteurs, d’autre part, des données Eurostat portant sur 65 secteurs qui couvrent la période 1976-1990 mais qui
n’intègrent que cinq pays (Belgique, France, Allemagne, Italie, RU). Il s’avère sans surprise que l’utilisation
10
d’une nomenclature plus fine sur les vingt dernières années accentue l’intensité et la croissance de la
spécialisation.
Néanmoins, un autre aspect de la classification sectorielle intervient. En effet, la quasi-totalité des
études ne considèrent que les activités manufacturières. Or, celles-ci ne représentent aujourd’hui que 25% à 30%
de l’activité totale européenne et tendent à décroître dans tous les pays industrialisés. Calculer des indices de
spécialisation à partir de l’emploi ou de la production dans l’ensemble des branc hes de l’économie, y compris les
services, permettrait donc une analyse plus complète. Ceci pose cependant un problème de disponibilité des
données puisque la nomenclature des services n’est pas suffisamment fine eu égard à celle des secteurs
industriels3.
De plus, la croissance affichée ces dernières décennies par les services dans l’ensemble des pays
conduit à une diversification plus grande des économies (Midelfart -Knarvik & al., 2000). D’autre part, les pays
les moins avancés de la zone (Portugal, Espagne, Grèce) opèrent un rattrapage sensible en termes de
tertiarisation de leur économie. Le caractère non-échangeable des biens issus des activités de services constitue
un facteur de diversification des économies, ce qui implique d’obtenir un niveau de spécialisation inférieur.
Des données utilisées
Quelles données utiliser pour rendre compte de la spécialisation ? Trois choix coexistent. L’utilisation
des données de commerce constitue le premier d’entre eux. Elles ont l’avantage de couvrir l’ensemble des pays
sur un horizon temporel suffisamment vaste. De plus, elles permettent de descendre à un niveau assez fin de
nomenclature4. Néanmoins, l’utilisation de données de commerce ne reflète que partiellement les schémas de
spécialisation. Seul le rôle de la demande externe est alors pris en compte, or un choc sur cette demande affectera
l’indice de spécialisation indépendamment de la production domestique. Le choix des différentes études se divise
ensuite en données d’emploi d’une part, et données de production d’autre part. Les différences résident dans les
écarts de productivité et par la croissance du phénomène d’externalisation. On peut également s’attendre à ce que
les données d’emploi donnent davantage de poids aux secteurs intensifs en main d’œuvre et rév èlent des
mutations plus marquées des structures de production. Néanmoins, les résultats sont relativement convergents
selon que l’on utilise l’une ou l’autre de ces possibilités (Amiti, 1998, 1999).
Des indices utilisés
Le choix des indices constitue naturellement la première source de spécificité des études empiriques sur
le sujet. La question principale est alors d’utiliser l’indice qui puisse rendre compte au mieux de la spécialisation.
Plusieurs solutions existent alors qui ne représentent pas toutes l es mêmes avantages ou inconvénients (Encadré
1). Il convient par conséquent de garder des réserves sur les études qui utilisent les indicateurs de type
Herfindahl (Sapir, 1996) ou CR, voire même une moyenne non pondérée de plusieurs indicateurs qui plutôt que
de gommer les défauts contribue davantage à les cumuler (WIFO, 1999).
11
Encadré 1 : Les indices de spécialisation et de concentration.
Indices absolus et relatifs.
Qu’il s’agisse d’indices de spécialisation ou de concentration, une distinction essentie lle est à effectuer. Certains
indices se définissent en terme absolu. Il en va ainsi des indices d’Herfindahl, des taux de spécialisation ou de
concentration5. Ces indicateurs ont pour fonction de renseigner sur l’évolution temporelle du degré de spécialisation ou de
concentration intrinsèque à un pays et à un secteur respectivement. Il est alors possible de comparer par exemple la
spécialisation allemande de 1970 et de 1990 d’une part, mais également de la comparer avec la spécialisation espagnole.
Cependant, on ne peut rien conclure sur la proximité de la spécialisation des deux pays. Pour savoir si Allemagne et Espagne
sont spécialisés dans les mêmes secteurs ou dans des secteurs différents, il est indispensable d’avoir recours à des indices
relatifs.
Parmi les indices relatifs, il faut citer notamment l’indice de Hoover-Balassa sur lequel est calculé un coefficient de
Gini ou un écart-type, l’indice de dissimilitude et l’indice de Krugman. Ces indicateurs renseignent ainsi sur la nature de la
spécialisation ou concentration. Il est ainsi possible, pour reprendre l’exemple précédent, d’affirmer que l’Allemagne possède
une spécialisation proche de ses voisins européens (spécialisation intra-branche) ou plutôt différente (spécialisation interbranche). La même distinction peut être effectuée en ce qui concerne la concentration dans la mesure où un secteur peut être
localisé dans les mêmes pays que la majorité des autres secteurs (concentration « intra-nationale ») ou dans des localités
distinctes (concentration « inter-nationale »). En outre, une concentration intra-nationale élevée peut très bien se conjuguer
avec une forte concentration absolue. Cela signifie seulement qu’un secteur qui occupe une part importante de l’industrie
européenne a une répartition géographique semblable à la moyenne des autres secteurs industriels.
Des indices parfois fragiles
Les indices de type CRx sont les plus fragiles. En effet, ils ne se préoccupent que de la seule évolution des plus
grandes parts respectivement nationales et sectorielles et ne se soucient pas de la composition de ces parts. L’évolution de la
spécialisation (concentration) absolue ne se calcule que sur la base des données de la seule nation (du seul secteur)
considérée. La robustesse du résultat obtenu est donc totalement indépendante du nombre de nations (secteurs) prises en
compte dans l’échantillon.
Ainsi, comparer la spécialisation et la concentration relatives nécessite d’avoir respectivement un nombre adéquat
de nations et de secteurs. D’autre part, l’utilisation d’une moyenne comme élément de comparaison entraîne un biais lié à la
taille des différents points qui composent le panel. Comparer la spécialisation du Danemark puis de l’Allemagne dans la zone
européenne ne fournira pas par définition le même résultat puisque l’économie allemande représente un poids plus important
dans l’économie européenne. Les indices indiquent en fait si la structure du pays en question est proche ou non des deux voir
trois plus grands pays européens. La situation est analogue avec les indicateurs de concentration où un biais lié à la taille des
plus grands secteurs peut apparaître.
En outre, il est difficile de savoir dans quelle mesure l’utilisation d’un indice plutôt qu’un autre altère
les résultats obtenus puisque aucune étude ne cumule des indices foncièrement différents avec les mêmes
données. Seul le WIFO travaille sur l’indice CR 5 et sur une moyenne de 7 indices différents (WIFO, 1999).
Cependant, ces deux indicateurs sont sujets à caution et les auteurs ne fournissent auc un élément sur les
évolutions des indices utilisés dans cette moyenne. On en est dès lors réduit à supposer qu’il existe une marge
d’erreur plus ou moins grande suivant les indices utilisés, marge qui contribue à différencier les conclusions des
études. L’indice de Krugman utilisé dans la majorité des études apparaît cependant comme celui qui permet de
réduire cet écart et d’appréhender la spécialisation le plus précisément.
12
De l’entité géographique considérée
En dernier lieu, le choix de l’unité territoriale est déterminant. Le plus souvent, les indices de
spécialisation ont été calculés au niveau national en raison d’une meilleure disponibilité des données. Or,
considérer la région comme unité territoriale peut modifier radicalement les conclusions. Les nations étant
composées de régions hétérogènes, la spécialisation est ainsi beaucoup plus marquée au niveau régional qu’au
niveau national comme le soulignent De Nardis & al. (1996) ou le rapport du Plan (CGP, 1999)6. Le maintien de
barrières juridiques, culturelles, historiques constitue un frein à la spécialisation nationale et ce malgré la
disparition de facto des frontières. Autrement dit, des effets frontière continuent d’influer sur les comportements
économiques et en particulier sur les échanges internationaux de la même manière qu’un coût de transaction
(Head & Mayer, 2000). On s’attend ainsi à ce que le processus d’intégration provoque un mouvement de
spécialisation accrue au sein des régions européennes plutôt qu’entre les nations elles-mêmes (Maurel &
Mouhoud, 2001).
Nous avons décrit le tableau d'une Europe avec une spécialisation croissante des nations. Qu'en est-il de
la concentration sectorielle ? Suit-elle la même évolution ? La prochaine section présente l'état des travaux
empiriques en la matière.
4. Evolution de la concentration industrielle
Dans sa brève étude empirique, Krugman (1991) compare la concentration de quatre secteurs en Europe
et dans quatre régions américaines et conclut que les activités industrielles aux Etats-Unis sont nettement plus
concentrées qu’en Europe. Les processus d’agglomération/dispersion suivent cependant des évolutions
contraires ; tandis que les Etats-Unis montrent une tendance à la dispersion depuis l’immédiat après -guerre, les
pays de l’Union Européenne voient leurs activités se concentrer. Par la suite, plusieurs études se sont appliquées
à mesurer de manière plus rigoureuse la concentration géographique des industries européennes.
La majorité des travaux s’accordent pour mettre en avant une concentration industrielle accrue au cours
des dernières décennies. Ainsi Brülhart & Torstensson (1996) considérant 18 secteurs industriels dans 11 pays
européens notent un accroissement de la concentration dans 14 secteurs au cours des années 80. Amiti (1998,
1999) avec une nomenclature un peu plus fine obtient des résultats similaires : 17 industries sur un total de 27
présentent une concentration accrue ; seulement 6 connaissent une dispersion plus prononcée.
13
Tableau 5 : tableau synoptique des études sur la concentration des industries en Europe.
Etude
Brülhart &
Tortensson
(1996),
Brülhart
(1996 et
1998).
Amiti (1998) ;
Amiti (1999).
Amiti (1999)
Haaland,
Kind,
MidelfartKnarvik et
Torstensson
(1999)
Période
Base de
données
1980 et 1990
Eurostat NACE à
18 secteurs,
Données
d’emploi
1968 et 1990
1976 et 1989
1985 et 1992
UNIDO avec 27
secteurs (ISIC3),
Données de
production
Eurostat 89 à 65
secteurs NACE3,
Données de
production.
OECD Stan, à 35
secteurs (ISIC
rev.2, 4-digit),
Données de
Valeurs Ajoutées
dans la
production.
Nombre
de pays
Indice
Coefficients de Gini basés sur
l’indice de Balassa "modifié" :
11 pays
(E
(∑ E
i
10 Pays
5 pays : Italie
RU, France,
Belgique,
Allemagne.
ij
ij
∑ jE ij
)
i
j
∑∑ E
ij
)
Coefficients de Gini basés sur
l’indice de Balassa "modifié" :
q ij q i
B ij =
qj Q
(
(
)
)
Indice de dissimilitude
("concentration relative") :
13 pays : UE
sauf le
Luxembourg
et l’Irlande
SiR =
(
1
∑ s −sj
c j ij
)2
Indice de Herfindahl modifié
("concentration absolue") :
SAi =
1
(sij )2
c∑
j
CR 3 et CR 5.
WIFO (1999)
1985 – 1998
pour les
donnés de
production,
1988 – 1998
pour les
données de
commerce.
WIFO, Eurostat
SBS data pour
les données des
VA aux facteurs
de production,
COMEXT pour
celles d’exports.
22 secteurs à 2digit
Indice de Herfindahl.
Ecart-type des parts nationales.
14 pays
Ecart-type du taux de
spécialisation symétrique suivant
SRA = (SR − 1) (SR + 1)
SR : indice de Balassa "modifié".
Indice de dissimilitude.
14
Signification
Résultats
Part de la main d’œuvre européenne du
secteur i dans le seul pays j sur la part
en emploi de ce pays en Europe.
Augmentation significative de la
concentration sur la période.
Part de la production européenne du
secteur i produite dans le pays j sur la
part de ce pays en Europe.
Augmentation pour 17 secteurs,
constance pour 4 secteurs, baisse
pour 6 secteurs. Hausse moyenne.
Une désagrégation plus fine et un
nombre moins important de pays se
compensent pour donner les mêmes
tendances que l’étude précédente.
Somme internationale des différences
entre la part du secteur i produite dans
le pays j et la part de ce pays en
Europe.
Augmentation de la "concentration
relative" entre 1985 et 1992 pour la
grande majorité des secteurs.
Somme internationale des parts du
secteur i dans chaque pays.
Augmentation de la "concentration
absolue" entre 1985 et 1992 pour la
grande majorité des secteurs.
Somme des 3 (5) plus grandes parts
nationales
Somme des carrés des parts d’un pays j
dans le secteur i
Mesure de la dispersion sectorielle.
Baisse de la concentration après
1990 (export et production).
Baisse continue pour les données
d’export, augmentation jusqu’en
1993 puis baisse pour la production.
Normalisation de l'indice de Balassa
entre 0 et 1 puis calcul de l'écart-type
de la distribution ainsi obtenue.
Somme internationale des différences
entre la part du secteur i produite dans
le pays j et la part du pays en Europe.
Relative constance de l’indice sur
données d’export, constance sur
données de VA jusqu’en 1991, avant
une augmentation continue.
Storper, Chen
et De Paolis
(2000)
1970 - 1994
OECD Stan avec
26 secteurs,
Données de
production.
13 pays sauf
le
Luxembourg
et l’Irlande
Indice inversé de Herfindahl :
1
HE i , R =
 Yij

Y
 i,R
∑
j




Inverse de la somme des carrés des
parts d’un pays j dans le secteur i
2
Augmentation de la concentration
moyenne.
y ik : VA de la P° de la branche k dans
Hallet (2000)
Brülhart
(2000)
MidelfartKnarvik,
Overman,
Redding et
Venables
(2000)
1980 - 1995
1972 - 1996
1970 - 1997
1990 - 1997
Eurostat Regio
NACE avec 17
secteurs dont 5
branches
apparentées aux
services.
Données de VA
de la Production
OECD Stan
database à 32
secteurs (ISIC 24), données
d’emploi
OECD Stan
database à 32
secteurs (ISIC 24), données
d’export
OECD Stan : 36
secteurs pour
l'UE sauf Irlande
et Luxembourg.
UNIDO : 27
secteurs pour
l'Irlande.
Données de
production totale
Base de données
de production
issue de DAISIE
d'Eurostat à 100
secteurs
Indice de "Hallet" :
119 régions
européennes
V
k
=
∑ (y
1
y ik
14 pays : UE
sauf le
Luxembourg.
)
2
N
∑ (y
1
yi
13 pays : UE
sauf le
Luxembourg,
la Belgique
et l’Irlande
mais avec la
Norvège
− y ik
k
i
i
− y i )2
i
i
N
Coefficients de Gini basés sur
l'indice de Balassa "modifié" :
(E
ij
i
ij
(∑ E
∑ j Eij
∑∑
i
j
)
E ij
)
Diminution légère durant la décennie
80, puis augmentation à partir de
1990.
Augmentation de la concentration :
+0,03
Part d’un secteur i dans un pays j par
rapport à l’ensemble de la zone sur la
part de ce pays dans la zone.
Diminution de la concentration :
-0,009
Coefficients de Gini basés sur
l'indice suivant :
sik(t) ≡ xik( t)
la région i relativement aux VA des N
régions du panel dans cette branche.
yi : VA totales dans la région i
relativement aux VA totales en
Europe.
Cet indice mesure pour chaque secteur
l’écart de la part de la production
régionale à la part de la moyenne
régionale européenne, rapporté à
l’écart rela tif régional de la production
totale.
∑x (t)
k
i
i
15
Niveau d'activité du secteur k dans le
pays i rapporté au niveau d'activité de
ce secteur en Europe.
Une évolution de la concentration en
3 sous-périodes : baisse de 1970 à
1980 et de 1990 jusqu'en 1997,
hausse durant la décennie 80.
L'utilisation d'une base de données
plus fine sur une période réduite
indique une augmentation sensible
de la concentration moyenne
jusqu'en 1992 avant un retour en
1997au niveau de 1990.
Nos propres calculs d'indices de Gini géographiques menés sur des données d'emploi UNIDO couvrent
19 secteurs industriels dans l'ensemble des pays européens à l'exception de la Belgique retirée de l’échantillon
par insuffisance de données (tableau 6). Globalement, nous relevons un accroissement de la concentration sur la
période 1971-1994 toutefois plus prononcé dans les dernières années, ce qui rejoint les études antérieures.
Période
71-94
71-85
85-94
Taux de croissance
moyen
0.010
(7.94)
0.006
(3.08)
0.012
(4.02)
Entre parenthèses, le t de Student corrigé de l’hétéroscédasticité par la matrice de White.
Source : calculs des auteurs.
Tableau 6 : Régression de l’indice de concentration sur un trend temporel.
En outre, le tableau A.2 (voir annexe) montre que 10 secteurs sur 19 ont connu une concentration accrue
tandis que 4 se sont dispersés. Ai nsi, des écarts sectoriels importants subsistent. On se réfère ici à la
classification et aux faits stylisés retenus par Brülhart (2000). En premier lieu, les industries traditionnelles
intensives en travail peu qualifié apparaissent beaucoup plus concentrées et connaissent la plus forte hausse.
Initialement dispersés, ces secteurs ont eu tendance à se concentrer vers les pays périphériques à bas salaires.
Cette augmentation est conforme aux conclusions des modèles d’économie géographique avec immobilité du
travail dans lesquels le processus d’intégration provoque un retour des secteurs intensifs en main d’œuvre vers
les pays périphériques. Deuxièmement, les secteurs intensifs en technologie apparaissent comme les moins
concentrés même si l’agglomération s’accroît depuis 1980. Troisièmement, les secteurs initialement soumis à des
barrières non tarifaires élevées présentent des niveaux élevés de concentration à toutes les périodes avec une
progression notable au début des années 90. En d’autres termes, ces secteurs sont beaucoup plus sensibles aux
changements induits par la dernière phase de l’intégration régionale conformément aux effets théoriques d’une
réduction des coûts de transaction sur l’agglomération. Enfin, les secteurs intensifs en économies d’échelle ne
sont ni concentrés ni dispersés. Or, d’après le message théorique, on pourrait s’attendre à une forte concentration
géographique des industries à rendements croissants. La dernière colonne du tableau A.2 reprend la classification
retenue par Brülhart & Trionfetti (1999) et indique si un secteur a des rendements constants (CRS) ou croissants
(IRS). Parmi les industries plus concentrées, 6 sont IRS et 4 sont CRS. Aucun schéma de concentration tangible
n'émerge donc selon ce critère. Dans le même temps, certains secteurs à faibles économies d’échelle ont vu
croître leur concentration au cours de la période, en particulier dans les pays périphériques. Ces secteurs sont
caractérisés par une forte intensité en main d’œuvre peu qualifiée, il est donc naturel q u'ils réagissent
particulièrement bien aux écarts de coûts salariaux puisque les avantages à s’agglomérer suite à la baisse des
coûts de transaction sont bien moindres lorsque les économies d’échelle sont faibles.
Ce résultat d’une concentration plus forte peut toutefois être nuancé. Premièrement, elle n’apparaît pas
comme un résultat tangible dans l’étude de Storper & al. (2000). L’indice d’Herfindhal calculé sur des données
de production montre que globalement une industrie sur deux connaît une dispersion. Le rapport du WIFO
(1999) s’appuyant sur un indice CR3 (part des trois plus grands pays producteurs pour une industrie donnée)
conclut pour sa part à une déconcentration globale des activités industrielles, 15 des 22 secteurs révèlent une
concentration plus faible en 1998 qu’en 1988. A l’opposé des résultats évoqués plus haut, les industries à haute
16
technologie apparaissent comme les plus concentrées, parmi elles, la production d’appareils audio, vidéo ou
telecom s’est dispersée de même que les industries pharmaceutiques tandis que des secteurs comme les
composants électroniques ou la chimie se sont concentrés. Parmi les industries intensives en travail, le textile
s’est concentré tandis que les secteurs liés au bâtiment et au transport se sont plutôt dispersés. Cependant, on
prendra ces résultats avec prudence du fait de l’indice utilisé qui ne rend compte que partiellement de la
concentration industrielle.
L’étude de Hallet (2000) menée sur des données régionales et une nomenclature sectorielle qui inclut
les activités de services révèle une grande stabilité de la concentration des activités sur la période étudiée (19801995). Trois groupes de branches sont distingués selon leur degré de concentration. Les biens échangeables
(biens manufacturés et services bancaires et assurances) sont ceux pour lesquels la production est la plus
concentrée, les biens non-échangeables (bâtiment, tourisme, services de transport et de communication) restent
modérément concentrés, enfin les activités liées à l’agriculture, au bois et à la pêche apparaissent comme très peu
concentrées. Ici, l’utilisation de données régionales conditionne dans une large mesure l’obtention de tels
résultats qui les rend peu comparables à ceux des autres travaux.
Comme dans le cas de l’analyse des spécialisations, l’hétérogénéité des études dans le choix des
indicateurs, des bases de données et des unités territoriales peut expliquer que l’accroissement de
l’agglomération n’apparaisse pas distinctement. Si toutes les études conduites sur des indices de Gini concluent à
un renforcement des concentrations, l’utilisation de données régionales et d’une nomenclature sectorielle
incluant les services modifie les conclusions de manière significative. Midelfart-Knarvik & al. (2000) montrent
par exemple que les activités de service, dont la nomenclature reste hélas très agrégée, sont nettement moins
concentrées que les secteurs industriels.
En complément de ces analyses descriptives, les études économétriques des déterminants de la
concentration permettent d’identifier les principales forces d’agglomération et leur importance relative. Cette
identification renvoie directement aux attentes des différentes théories. Ainsi, pour l’ensemble des travaux
économétriques, les forces d’agglomération divergent selon que les secteurs sont intensifs en main d’œuvre, en
technologie, sensibles aux relations input – output ou aux économies d’échelle.
Premièrement, l’intégration régionale a eu pour effet de localiser les secteurs intensifs en main d’œuvre
en fonction des avantages comparatifs, comme le prévoit la théorie traditionnelle (Haaland & al., 1999). Associé
à la spécialisation plus marquée des pays périphériques dans les secteurs traditionnels, ce résultat justifie les
thèses de l’économie géographique, à savoir une rel ocalisation de ces industries vers les pays à bas salaires.
Amiti explique la concentration industrielle par les écarts d’intensité factorielle, qui n’apparaissent pas de
manière significative à l’inverse, des économies d’échelle et de la proportion de bie ns intermédiaires (Amiti,
1999). Ceci semble accréditer les conclusions des NTCI et de la NEG mais infirmer la théorie traditionnelle.
Cependant, il n’y a là aucune contradiction puisque ce résultat tient au fait qu’elle n’incorpore que cinq pays
européens situés au centre. Par conséquent, contrairement à la périphérie, les économies d’échelle et les relations
input-output constituent les principaux déterminants de l’agglomération dans les pays du centre.
Ainsi, des secteurs à rendements croissants sont davantage concentrés au centre (chimie, informatique,
télécommunications,…) Néanmoins, les économies d’échelle comme force d’agglomération ne ressortent pas
17
clairement dans certaines études économétriques (Haaland & al., 1999 ; Brülhart, 2000). D’une part, l’indicateur
d’économie d’échelle est fragile et obsolète (classification de Pratten). D’autre part, cette tendance semble
déclinante ce qui montrerait implicitement que les rendements croissants perdent de leur importance en tant que
déterminant de la concentration.
A l’inverse, la variable représentée par les débouchés ressort comme la plus significative chez Haaland
& al. (1999). L’effet taille de marché constitue en conséquence une force prépondérante comme choix de
localisation des entreprises. Ce résultat appuie non seulement les NTCI ( home market effect), mais également les
relations d’entraînement amont issues de la NEG ( backward linkages). Parallèlement, l’existence et l’impact des
relations d’entraînement aval ont été démontrés. Ainsi, plus une industrie utilise des biens intermédiaires, plus
elle s’agglomère. Avec l’intégration régionale, ces mécanismes ont vu leur intensité se renforcer. La causalité
cumulative formée par ces deux forces centripètes a donc représenté un facteur de concentration, comme le
prédisent les modèles d’économie géographique.
5. Conclusion
L'intégration européenne et ses conséquences sur la localisation des activités ont donné lieu à de
nombreux travaux à la fois théoriques et empiriques. Malgré des approches et des méthodes de mesure
hétéroclites, la concentration géographique s'est accentuée au cours des vingt dernières années en même temps
que la spécialisation des nations évaluée en termes de structure de production et d'emploi. Ce résultat doit être
mis en relation avec l'évolution des structures de commerce qui révèlent une part toujours importante des
échanges intra-branche. La prédominance d'un commerce intra-branche suivant des échelles de qualité dans les
pays les plus avancés souligne l'hétérogénéité des nations européennes. D'un côté, les secteurs traditionnels se
sont délocalisés vers la périphérie, dans la logique néoclassique des avantages comparatifs ainsi que des modèles
d'économie géographique à immobilité de main d'œuvre. D'un autre côté, le centre attire quant à lui des secteurs
à rendements croissants et à forte proportion de biens intermédiaires, répondant ainsi aux enseignements de la
NTCI et là encore de la NEG.
Jusqu'à présent, les études empiriques se sont focalisées sur une approche nationale et industrie lle de la
spécialisation et de la concentration. Essentiellement par manque de données statistiques, les aspects régionaux
ont été largement éludés. De même, il paraît nécessaire de prendre en compte l'ensemble des secteurs de
l'économie, i.e. comprenant les activités de services dont la part en termes de production et d'emploi est
désormais dominante. Seules ces avancées permettront de fournir un tableau plus complet de l'évolution de la
géographie économique européenne.
18
Annexes
Tableau A.1 : Classification sectorielle (source :UNIDO)
Secteur
300
311
313
314
321
322A
324
331
332
341
342
351C
355
356
361B
371
372
381
382
383
384
385
390
Total manufacturing
Food products
Beverages
Tobacco
Textiles
Wearing apparel, except footwear + Leather products
Footwear, except rubber or plastic
Wood products, except furniture
Furniture, except metal
Paper and products
Printing and publishing
Industrial chemicals + Petroleum refineries
Rubber products
Plastic products
Pottery, china, earthenware
Iron and steel
Non-ferrous metals
Fabricated metal products
Machinery, except electrical
Machinery, electric
Transport equipment
Professional and scientific equipment
Other manufactured products
Tableau A.2. Indices de Gini géographique (source : calculs des auteurs)
Secteur
71-74
78-81
85-88
91-94
311
0,201
0,183
0,202
0,185
313
0,153
0,191
0,173
0,168
314
0,261
0,278
0,339
0,362
321
0,174
0,206
0,243
0,253
322
0,086
0,138
0,216
0,350
324
0,248
0,269
0,334
0,470
331
0,216
0,248
0,245
0,239
tx croissance 71-94
0,000
(0,34)
0,008
(4,86)
0,019
(17,26)
0,021
(19,27)
0,068
(36,41)
0,029
(10,84)
0,009
(6,74)
-0,017
332
0,183
0,121
0,119
0,174
(-2,65)
341
0,137
0,156
0,156
0,157
(8,17)
342
0,161
0,184
0,213
0,236
0,008
0,019
(22,35)
0,004
351
0,083
0,082
0,086
0,088
(1,53)
355
0,082
0,116
0,133
0,160
(20,87)
356
361
0,103
0,195
0,093
0,192
0,088
0,124
0,189
0,164
0,034
-0,001
(-0,15)
-0,004
(-4,45)
-0,007
371
0,154
0,145
0,141
0,127
(-5,41)
381
0,088
0,064
0,083
0,067
(-1,28)
382
0,164
0,154
0,150
0,156
384
0,108
0,089
0,109
0,129
385
0,165
0,201
0,220
0,205
* classification issue de Brülhart & Trionfetti (1999), t-stat entre parenthèses.
19
-0,004
-0,005
(-4,13)
0,006
(1,76)
0,013
(3,25)
Rendements*
CRS
CRS
IRS
IRS
IRS
CRS
CRS
?
IRS
IRS
IRS
CRS
IRS
CRS
IRS
CRS
CRS
IRS
IRS
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Notes
1
Pour un survey théorique détaillé, se reporter à Ottaviano & Puga (1997)
2
Un exemple particulièrement instructif du renversement du schéma centre–périphérie peut se trouver dans le
modèle de Puga & Venables (1997). L’existence d’écarts salariaux entre différentes nations peut ainsi induire
une industrialisation des nations par vague lorsqu’un progrès technique exogène intervient. En outre, le modèle
de Puga (1999) englobe les deux causalités distinguées précédemment.
3
Les données OCDE ne distinguent ainsi que cinq secteurs de services.
4
Par exemple, Sapir (1996) considère une base de données de commerce qui regroupe 100 secteurs industriels.
5
Ces taux sont appelés Cx ou CRx et comparent le poids des x plus grands secteurs nationaux dans le cas de la
spécialisation, des x nations où le secteur est le plus localisé dans le cas de la concentration. Ces indices ne sont
néanmoins que des indices semi-absolus dans la mesure où ils ne prennent pas en compte l’ensemble de
l’échantillon.
6
Cependant, Hallet (2000) travaillant sur 119 régions européennes et 17 secteurs incluant les activités de service
montre une baisse significative du degré de spécialisation entre 1980 et 1995 avec une nette accélération après
1989 en particulier pour les plus riches d’entre elles. Ce résultat est néanmoins biaisé par la nomenclature
retenue incluant à la fois les activités industrielles et les activités de service, les premières étant nettement moins
agrégées que les secondes.
Sébastien Dupuch et Hugues Jennequin sont allocataires de recherche et moniteurs à l’Université Paris XIII,
membres du C.E.P.N. (Centre d’Economie de l’université Paris Nord)
21
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