concentration, les différentes théories du commerce international et de l’économie géographique présentent
chacune des spécificités qui aboutissent à des enseignements différents. Ainsi, avant de décrire les résultats
empiriques en la matière au niveau européen, il est essentiel de revenir préalablement sur les conclusions établies
par les théories traditionnelles, les NTCI et par la NEG1.
Les théories traditionnelles : la problématique de la spécialisation
Selon les théories traditionnelles, toutes les nations disposent d’un avantage relatif dans un produit ou
groupe de produits donnés. Le libre échange conduit ainsi à une spécialisation complète chez Ricardo du fait du
différentiel de productivité tandis que les écarts de dotations factorielles rendent cette spécialisation incomplète
mais toujours présente chez Heckscher-Ohlin. De plus, puisque les échanges s'effectuent sur la base de
commerce inter-branche, tout mouvement de spécialisation s'accompagne d'un mouvement symétrique et de
même sens de la concentration. En effet, les pays étant spécialisés dans des biens distincts, il est naturel de voir
spécialisation et concentration évoluer de manière conjointe.
Cependant, ces affirmations ne sont vérifiées que sous l'hypothèse de libre échange. Considérer des
coûts de transaction non nuls modifie les conclusions. En effet, l'existence de barrières commerciales introduit
des distorsions et rend la spécialisation imparfaite, moins sensible aux attributs des nations. Les deux hypothèses
de rendements d'échelle constants et de coûts de transaction incitent donc les entreprises à se localiser près de la
demande. La production a alors un but purement local. L’intégration progressive des économies a deux effets
contraires. D'une part, en diminuant les entraves aux échanges, elle permet d'approfondir la spécialisation des
nations. D'autre part, l'intégration a pour propriété de provoquer la convergence des économies en termes de
rémunérations factorielles. Cette convergence, associée aux rendements d'échelle constants, est un facteur propre
à éliminer les degrés de spécialisation et de concentration.
Néanmoins, le cadre de la concurrence pure et parfaite introduite dans les théories traditionnelles
conditionne l’analyse de la spécialisation. La modification de ce cadre de base nous amène à raisonner désormais
sur la base des NTCI et permet de considérer les problèmes de localisation.
Spécialisation, concentration et concurrence imparfaite dans la NTCI
Les hypothèses de rendements croissants et de différenciation des produits modifient singulièrement
l'analyse. Ainsi, sur cette double base, la NTCI vont fournir des éléments, non seulement sur le degré de la
spécialisation, mais également sur celui de la concentration.
Les économies d'échelle sont sources d'agglomération. Qu'elles soient internes ou externes, elles
permettent de réduire les coûts unitaires. Par conséquent, le passage à des rendements croissants favorise le
regroupement géographique des industries. En outre, aux considérations d’offre s’ajoutent les considérations de
demande qui conduisent les entreprises à se localiser dans les régions qui présentent les débouchés les plus
importants (Krugman, 1980, Helpman & Krugman, 1985). Dès lors, l'intégration favorise la concentration et la
spécialisation. En effet, la baisse des coûts de transaction permet de se localiser dans une seule région tout en
bénéficiant d’économies d'échelle ce qui accroît à la fois la concentration et la spécialisation. De plus, cette
dernière peut être de nature intra-branche du fait de la différenciation des produits. Lorsque les pays ont des