Libre échange et développement. I) L’insertion dans les échanges internationaux est une condition de la croissance pour les pays en développement. A) Les théories fondées sur la spécialisation ne suffisent pas à expliquer la structure actuelle des échanges. 1) Les théories de l’échange international fondent les gains du libre échange sur la spécialisation des économies. La théorie de l’égalisation des prix des biens et services (suppose l’identité des besoins des consommateurs, l’immobilité des facteurs entre pays, le plein emploi des facteurs de production) n’est pas vérifiée. Ricardo : explique les spécialisations par l’existence d’écarts entre les technologies, qui impliquent des différences de productivité. Heckschler et Ohlin : expliquent les spécialisations par les différences en dotation de ressources/facteurs. L’ouverture entraîne la spécialisation dans le secteur où le pays est le mieux doté en ressources. On observe deux tendances : la tendance à la meilleure rémunération du facteur le plus abondant dans une économie ; la tendance à l’égalisation absolue du coût des facteurs (d’où baisse du pouvoir d’achat ou chômage des travailleurs non qualifiés au Nord). Théorème de Stolper Samuelson : l’égalisation du coût des facteurs fait baisser la rémunération du facteur rare et monter la rémunération du facteur dominant. 2) D’autres mécanismes sont à l’œuvre au sein de l’économie mondiale En effet, l’essentiel des échanges se fait entre pays développés, entre des produits similaires. B) La croissance des pays en développement semble aller de paire avec leur insertion dans le commerce mondial. 1) L’ouverture est présentée comme un moyen de rattrapage L’ouverture permet l’entrée de capitaux et la diffusion du progrès technique (machines outils). 2) Les pays qui ont connu le plus fort développement ont fait le choix de l’ouverture aux échanges Les pays ouverts ont une croissance plus élevée : en PIB /tête dans les 1990’s, elle est de 1,4% pour les pays ouverts et de 0,7% pour les pays fermés. II) L’ouverture n’est que l’un des pans d’une stratégie de croissance réussie. A) L’ouverture n’est qu’une condition. 1) Un contexte favorable est nécessaire Afin d’assurer la venue des investissements, l’ouverture doit s’accompagner d’un « climat des affaires » favorable, et d’un marché financier structuré. Aujourd’hui, on observe plutôt le « paradoxe de Lucas » : les capitaux vont du Sud vers le Nord ! L’ouverture aux échanges signifie une exposition plus forte aux chocs, et nécessite une politique macro économique efficace et flexible. 2) Les pays en développement doivent se donner les moyens de lutter contre les processus de polarisation à l’œuvre dans l’économie mondiale. Aujourd’hui, la valeur ajoutée d’un produit est moins dans sa production que dans sa conception et dans sa prescription, ce qui modifie le jeu du commerce international. Marché du travail et coûts de transports poussent aussi à la polarisation. B) L’insertion dans les échanges doit obéir à une stratégie réfléchie. 1) L’ouverture doit s’accompagner de réformes structurelles L’ouverture doit s’accompagner de réformes structurelles sur trois volets : éducation formation (permettre une plus grande flexibilité de la main d’œuvre), recherche, amélioration de l’utilisation de l’épargne. 2) Le choix d’une stratégie La Chine a fait le choix d’une spécialisation verticale. En 1999, 85% de ses exportations sont issues d’opération d’assemblage (les produits qui entrent et ressortent du territoire chinois après assemblage ne sont pas taxés). La Chine attire les investisseurs asiatiques pour ses capacités d’assemblage et les investisseurs occidentaux pour son marché. Mais la Chine n’arrive pas à bénéficier de réels transferts technologiques. Les exportations hors assemblage restent « traditionnelles ». L’Inde a fait le choix d’une spécialisation sur certaines niches technologiques (services informatiques – l’Inde est le premier fournisseur mondial devant les USA et l’Irlande – pharmaceutique, biotechnologie). Elle évite de se confronter directement à la Chine.