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engrangées sur le continent américain - est une fête nationale depuis 1863 (dès la
fin du XVIIIe siècle, il était célébré dans toute la Nouvelle-Angleterre6).
- Dans un discours, le président John Fitzgerald Kennedy († 1963) a dit : " Sur
cette terre, l'oeuvre de Dieu passe vraiment par nos mains."
- Dans son discours le soir du 11 septembre 2001, le président George Walker
Bush parle de prier, cite la Bible (Psaume 23) et termine par l'acclamation " God
Bless America " (Dieu bénisse l'Amérique !). Tout ceci est typique de la
mentalité américaine, et nullement spécifique à la religiosité de ce président. En
France, où le régime est fondé sur le principe de laïcité de l'Etat, le président
aurait terminé simplement par " Vive la France ! ", sans aucune référence à la
divinité.7
2. Esprit démocratique.
Dès le XVIIe siècle se sont installées des habitudes
démocratiques
, par l'action de plusieurs
facteurs : d'abord l'importation sur le nouveau continent, par les Anglo-Saxons, majoritaires, de la très
ancienne tradition anglaise de limitation du pouvoir royal, de contrôle de l'exécutif et de participation au
pouvoir, ainsi que de règles constitutionnelles (1215, 1295, 1641-1649, 1688) ; ensuite l'abondance de la
terre, permettant au mouvement de colonisation de s'étendre d'est en ouest ; l'absence de noblesse héréditaire
; le recours au vote et à la représentation populaire (héritage du calvinisme genevois) ; enfin le mélange des
nationalités et des communautés religieuses, qui oblige les gens à s'entendre.
3. Identité originale face aux Indiens et aux colons français.
Les colons américains partagent un sentiment d'originalité, cultivent leur différence :
a) par rapport aux Français (Canada et Louisiane), méprisés en tant que
papistes
et sujets
d'un monarque absolu ;
b) par rapport aux Indiens, à la civilisation moins avancée, semi-nomades pour certains,
agriculteurs pour les autres et concurrents pour la possession et la mise en valeur des terres.
4. Solidarité face à la métropole.
Considérés par les métropolitains comme des citoyens de second ordre, voire des renégats, les
colons américains ont conscience d'intérêts communs aux treize colonies à l'encontre de la Grande-Bretagne :
ils n'ont pas de représentants au Parlement de Londres et sont soumis à un régime de dépendance
économique (pacte colonial*).
II. Origines du conflit avec la Grande-Bretagne.
A. Le point de départ : la guerre de Sept Ans (1756-1763).
C'est un conflit européen déclenché par la rivalité entre puissances impérialistes (Prusse, Autriche,
Russie) et par la rivalité coloniale franco-anglaise.
N.B. Ce conflit colonial entre une France avant tout continentale et une Grande-Bretagne grande
puissance maritime est marqué dès le départ par la position d'infériorité de la France :
- énorme infériorité de la flotte (notamment à cause de difficultés financières) ;
- indifférence d'une grande partie de l'opinion publique, qui attache plus d'importance à la
position française sur le continent - et, outre-mer, à la possession des Antilles (îles à
sucre) plutôt qu'au Canada (fourrures) ;
- infériorité du peuplement français en Amérique du Nord8 : s'il semble dessiner du nord au
sud un arc menaçant d'encerclement les colonies britanniques, ce peuplement est fort
inférieur, tant en chiffres absolus (environ 80 000 habitants, contre 1 500 000 colons
britanniques) qu'en densité (population éparpillée sur des territoires énormes).
La victoire du camp britannique (Grande-Bretagne, Hanovre, Prusse) sur le camp français (France,
Autriche, Saxe, Russie, Suède, Espagne) avait été consacrée par le traité de Paris (10 février 1763) :
6 Nom donné dès le XVIIe siècle à l'ensemble formé par les quatre colonies du groupe septentrional, à savoir New-
Hampshire, Massachusetts, Connecticut et Rhode Island.
7 Cette différence de conception est d'ailleurs si forte que, généralement, les Français s'obstinent à traduire erronément
un passage de la déclaration d'indépendance qui fait référence à Dieu.
8 On constate une situation analogue en Inde, où la France est évincée par la Grande-Bretagne dans la seconde moitié
du XVIIIe siècle.