Paul Burlet – www.tracesdhistoire.fr
prouvera tout au long du parcours, il domine. Et qu’au-delà ces petites querelles d’égo, ces
deux hommes sauront montrer que dans la répression, ils s’égalent : Wulf
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(ci-contre) sera
à Tulle et Diekmann à Oradour.
Derrière « Der Fürher » suit une unité de Panzergrenadiers, puis le bataillon de Wulf, le
bataillon d’artillerie du commandant Karl Kreusz, le bataillon d’artillerie d’appui direct,
le bataillon de canons d’assaut automoteurs, l’Etat-major de la division (avec son chef le
major Stuckler), les unités de D.C.A et, enfin, 2 bataillons de chars qui allaient être,
parfois, obligés de rechercher un parcours plus adapté au poids sur chenilles, obligeant
« Der Fürher » à diviser son effectif pour assurer la protection des blindés.
JEUDI 8 JUIN – ROUTE DE MONTAUBAN À TULLE
Premier accrochage avec le maquis à Grolejac. « Der Fürher » riposte. Bilan : des maisons brulent et 10 maquisards ou
civils sont tués. A Carsac, nouvel affrontement (4 maquisards tués, 13 civils froidement abattus, plusieurs maisons
incendiées). A Ruffilac, une barricade est dressée (un maquisard tué, 14 civils abattus). Deux kilomètres plus loin, près
de Carlus, 2 femmes tuées. A Gabaudet, à quelques kilomètres au sud de Gramat, au cœur du Lot, une unité allemande,
patrouillant sur le flanc droit de « Das Reich » par des chemins vicinaux, tombe sur un rassemblement de jeunes (parmi
eux, quelques gendarmes) voulant rejoindre la Résistance
9
. Résultat : 10 hommes et une jeune fille abattus, 80
personnes arrêtées pour être déportées
10
.
A Cressensac, « Der Führer » sévèrement accroché a besoin d’être aidé par les half-tracks de Wulf qui à coup de canons,
détruisent plusieurs maisons. 4 maquisards tués. Wulf poursuit sa route vers Noailles, tuant 5 maquisards et brulant
plusieurs maisons. Le soir, il arrive à Brives et repart aussitôt pour Tulle, son half-track de tête exhibant, en trophée, la
dépouille du maquisard Maurice Vergne.
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Vers 21h, les FTP de Tulle ont la surprise de découvrir que des renforts
allemands stationnent à la gare (une centaine d’half-track et des camions transportant 500 hommes). Wulf annonce
« qu’il vient régler ses comptes avec la Résistance ». Ses hommes, en 20 minutes, dégagent la garnison de l’emprise du
maquis qui, face à ennemi ayant l’expérience des combats assurés par des hommes bien encadrés et mieux armés qu’eux,
ne leur laisse comme choix que le repli rapide hors de la ville
12
.
Wulf déjà furieux d’avoir pu constater l’inertie de la garnison de Brive l’est encore plus à l’égard de la garnison de Tulle
qui, avec ses effectifs, n’a pas été maître de la situation créée par les FTP et a essuyé beaucoup de pertes
12
. Vers minuit,
Wulf rend compte au major Stuckler, chef d’Etat-major de « Das Reich », venant d’arriver à Tulle. Ce dernier est
furieux qu’au cours du nettoyage de la ville, « Das Reich » ait perdu 3 hommes et compte 9 blessés. Aussi décide-t-il
que 2 compagnies SS, à l’aube du 9 juin, passent la ville entière au peigne fin, maison par maison afin « de saisir toutes
les armes cachées et rassembler tous les hommes dans la cour de la manufacture d’armes pour vérification d’identité. Tout
homme sans papiers étant considéré d’emblée comme étant un terroriste ».
VENDREDI 9 JUIN 1944 – TULLE
A Bretenoux, où il y a un pont sur le Dordogne, combat opiniâtre avec le maquis. 3 véhicules allemands flambent, 18
maquisards tués. Des maisons flambent. A Beaulieu un bref accrochage. 3 maquisards tués.
Tulle. A 10 heures 3.000 personnes de tous âges sont parquées, mitrailleuses pointées vers elles. Au cours de la rafle, le préfet
Pierre Trouille, et son secrétaire général parlant couramment allemand, Maurice Roche, s’activent, plaident, argumentent,
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8 Heinrich Wulf (1917/19..) Ayant quitté l’école à 16 ans, il essaye en vain, d’intégrer l’armée. En 1934, il rejoint la S.S. Il fait
la campagne de France en 1940 avant de devenir, jusqu’en 1943, instructeur à l’école SS de Bad Tolz. En octobre 1943, il est
promu Commandant d’un bataillon de reconnaissance de la 2è Panzer Division SS. Un mois plus tard il est sur le front de l’Est.
Février 1944, de retour en France, il prend le commandement du bataillon éclaireur de la 2è division « Das Reich », s’illustrant,
entre autre, par sa cruauté à Tulle. En juillet 1944, sévèrement blessé sur le front de Normandie, il est retiré des cadres de l’armée.
Traduit devant les tribunaux pour crimes de guerre, sa peine sera ridiculement légère (voir en fin de digest).
Commentaire : On ne peut qu’être surpris devant l’absence quasi-totale d’informations sur le Net relatives à ce personnage. Un peu
comme si, l’Histoire l’avait « balayé » de son souvenir. Surprenant qu’un assassin reconnu ait pu faire ainsi table rase de son passé, à
moins que la très
grande clémence de sa condamnation ait été la conséquence d’un « échange » d’informations contre un droit à l’oubli !
Si tel a été le cas, c’était avoir fort peu de considération pour la mémoire du sacrifice de ses victimes innocentes !
Source biographique : Enquête de Ian Dixon 1990 (http://www.redcap70.net/A_History_of_the_SS_Organisation_1924-
1945.html/W/WULF,_Heinrich.html) Source iconographique : Photo donnée par la veuve de Wulf à Mark C. Yerger et parue sur
« forum.axishistory.com ». Photo éditée aussi sur l’ouvrage « German Cross Vol 2 » de Marc C. Yerger Ed. James Bender Publishing.
9 N’oublions pas que le 5 juin le haut commandement allié a lancé un ordre de mobilisation de la résistance sur tout le territoire.
10 A leur grande surprise les 80 seront relâchés sur la route de Tulle.
11 Ce « trophée » est dans cette position depuis Cressensac où Wulf a dégagé et dépassé Diekmann.
12 Les FTP, en 2 jours, ont perdu 38 hommes dont 21 blessés très gravement. La garnison a perdu 139 hommes et a eu 40 blessés.