
147
Rapport Général de l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information & de la Communication 2012
Sous-section 1 : Une propagande au service du développement
Les discours du président Habib Bourguiba représentent une source de référence
très riche pour les chercheurs qui veulent étudier sa conception du rôle et des objectifs de
l’information.
Après la proclamation de la république en 1957, le président Bourguiba a coné aux
médias la mission d’éduquer et de conscientiser le peuple et de l’orienter 201. Le président
Bourguiba a qualié de « grand Djihad pour le développement» la période qui a succédé à
l’indépendance. Il a demandé à ce que tous les efforts soient réunis pour rejoindre le cortège
des pays développés, incitant les médias à adopter un discours politique conforme aux
orientations de l’Etat et ce malgré l’émergence, dès le milieu des années 70, des nouvelles
revendications sociales portant sur l’ouverture des espaces politiques et la protection des
libertés publiques.
Au début des années 80, le régime a continué, à travers le conseil supérieur de
l’information202, à appeler les médias à adopter un discours « intelligent et réaliste »203, en
vue d’exercer une inuence positive sur l’opinion publique, d’enraciner le citoyen tunisien
dans la réalité de son pays, de l’orienter et de lui permettre d’adhérer avec conviction à la
politique suivie. Le conseil supérieur de l’information a adopté une série de recommandations
visant à développer l’information, à sensibiliser les citoyens aux objectifs de développement
et à mobiliser l’opinion publique au service de la mise en œuvre de projets économiques et
sociaux. Le conseil supérieur de l’information a xé les taches des attachés de presse et des
journalistes qui consistent à couvrir les activités ofcielles, à organiser les contacts directs
avec les professionnels de l’information et à leur fournir les informations et les documents
nécessaires leur permettant d’analyser les évènements, d’éclairer l’opinion publique sur
les réalisations économiques, sociales et culturelles et de renforcer le contact entre les
responsables et les journalistes en vue d’éviter les rumeurs et les fausses informations
relatives aux activités du gouvernement204.
Au milieu des années 80, le régime est intervenu pour empêcher les journalistes
critiques d’assister aux réunions du conseil supérieur de l’information qui sont devenues
très rares et tenues désormais à huis-clos.
De manière générale, la communication gouvernementale était, jusqu’à la n du
règne de Habib Bourguiba, en novembre 1987, conforme en tous points aux politiques
du régime, qui considère que les médias sont exclusivement au service des objectifs du
développement.
201 Discours du président Habib Bourguiba, publication du ministère de l’information, imprimerie ocielle, 1979,
1981 et 1982
202 Le conseil supérieur de l’information a été crée en vertu du décret n° 636 de l’année 1973 daté du 11 décembre 1973.
Il est devenu, ensuite, le conseil supérieur de la communication
203 Circulaire du premier ministre n° 12 du 20 mai 1981
204 Ibid.