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Perspectives 2017
Le début d’année est propice aux perspectives pour l’année nouvelle.
En ligne avec 2016, 2017 sera à nouveau dominé par le changement climatique mais également la
gouvernance - qui reste très matérielle en particulier l’éthique des affaires. Enfin la génération
« millénial » continue à progresser et à dicter les comportements de consommation.
1. Changement climatique impact et financement
Le changement climatique restera indéniablement le sujet majeur pour 2017 et ses thèmes liés tels
que l’économie bas carbone ou les émissions vertes.
En effet, le climat était au cœur des évènements observés en 2016.
La crise des migrants à laquelle doit faire face la majorité des pays européens est au cœur des
débats politiques en Allemagne, en Turquie et autres, et est avant tout liée au climat. La Syrie a été
victime d’une sécheresse dévastatrice entre 2006 et 2011 menant à l’abandon de nombreux villages
par les familles syriennes du côté d’Alep et les villes du pays. Quelque 60% des terres agricoles de
Syrie ont été affectées par les sécheresses des dernières années. Plusieurs provinces de Turquie sont
également touchées tout comme l’Iraq qui compte également d’importants migrants
environnementaux.
L’environnement est une dimension de fragilité, terreau pour la montée en puissance de la violence,
de l’instabilité politique et sociale et des mouvements extrémistes.
Si le Brexit n’a pas impacté véritablement l’engagement de l’Europe envers l’Accord de Paris, les
discussions qui vont suivre sur la poursuite des relations UE et Grande Bretagne vont s’éloigner de
sujets plus alarmants et plus urgents comme le changement climatique. Grand absent de l’Accord de
Paris, le prix carbone où l’UE a un rôle pionnier à jouer afin de mener les négociations climatiques.
En se concentrant sur d’autres problématiques, le Brexit met en danger l’outil clé de l’UE que sont
les ETS (emissions trading scheme).
Enfin les élections américaines ont été une véritable surprise. Trump jette un froid sur l’accord de
Paris et pourtant la crainte de son arrivée au pouvoir aura sans doute eu pour effet l’accélération de
la ratification de l’Accord. Son discours pro-énergie fossile et ses récentes nominations à des postes
clés tel que le CEO Rex Tillerson d’Exxon Mobil comme Secrétaire d’Etat, l’ancien gouverneur texan
Rick Perry comme Secrétaire de l’Energie ou encore le Procureur Général d’Oklahoma Scott Pruitt à
la tête de l’agence de l’énergie (EPA) font froid dans le dos. Ce dernier s’est opposé fortement aux
programmes de l’EPA et en particulier le Clean Power Plan. Originaire du troisième état le plus
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important en gaz naturel des Etats-Unis, le secteur du gaz et pétrole peut être assuré d’une politique
accommodante pour les années à venir.
Cependant l’objectif premier du futur président est l’emploi aux Etats-Unis. Sachant que le nombre
d’emplois dans l’énergie solaire surpasse celui du charbon aux Etats-Unis, il est probable que le
secteur du renouvelable ne soit pas trop mis à mal. En effet, ce dernier connait une création
d’emploi à double chiffre ces dernières années, même supérieure à 20% clairement au-dessus de
l’industrie pétrolière et gazière. L’industrie des renouvelables a considérablement amélio son
ratio coût/efficacité de sorte que l’argument de non-rentabilité n’est plus valable aujourd’hui. De
plus, les politiques environnementales et l’implémentation des standards définis par l’EPA ressortent
régulièrement de l’autorité des entités fédérées. C’est-à-dire les Etats qui peuvent aller plus loin
dans leurs exigences comme par exemple la Californie ou le Nord qui ont adopté des programmes
d’échange carbone. La réglementation et les forces de marché ont donc conduit une large majori
des entreprises à adapter leurs investissements et désinvestissements vers une économie à bas
carbone et une marche arrière semblerait bien complexe.
Cependant comme pour l’ensemble du programme de Donald Trump, l’incertitude et l’ignorance
règnent.
La ratification plus rapide qu’attendue de l’Accord de Paris démontre l’engagement croissant des
nations et entreprises à l’échelon international. Le changement climatique est la priorité de la
majorité d’entre eux qu, si non convaincue de l’urgence de l’action et de l’obligation morale qui peut
en découler, voit l’opportunité de développement et le gain économique d’une production bas
carbone et plus efficace énergétiquement. La Chine, en premier, qui reprend le flambeau délaissé
par les Etats-Unis et l’UE cernés par d’autres préoccupations car bien consciente de l’enjeu
d’apaisement social autour de la question de la pollution. Le smog régnant ces derniers jours sur la
capitale et le nord du pays dicte sa dictature sur les transports et l’économie et conduit de plus en
plus les Chinois à s’interroger sur leur futur réel.
Même la prestigieuse Agence Internationale de l’Energie (AIE) reconnait dorénavant que l’Accord de
Paris est sans précédent et exige de véritables transformations dans le secteur énergétique avec un
changement radical du rythme de décarbonation et d’efficacité énergétique. Et ainsi, une
réaffectation majeure des capitaux s’impose.
Dans son dernier outlook mondial 2016 (World Energy Outlook), elle intègre son scénario 450
reposant sur 50% de chance d’atteindre l’objectif 2 dégrés de l’Accord de Paris ; perspective
dorénavant intégrée dans son champ des possibles.
Même s’il était opportun de considérer un scénario plus ambitieux reposant sur un taux de réussite
supérieur à 50%, ce nouveau scénario démontre la révolution opérée et ouvre la voie aux
renouvelables pour une extension aux secteurs industriels, du bâtiment et des transports.
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2. Financer l’économie bas carbone: les obligations
vertes ont un bel avenir
L’investissement nécessaire à une trajectoire de 2 degrés est estimé entre 650 et 860 milliards d’USD
par an.
Les obligations vertes ont dès lors poursuivi leur forte croissance en 2016, 4e année record
d’émissions nouvelles estimées à 93 milliards d’USD. Elles représentent l’instrument financier le plus
prolifique pour les années à venir. La taille du marché atteint aujourd’hui près de 170 milliards
d’USD. La diversification continue à progresser parmi les secteurs et les émetteurs.
Source : Bank of America Merril Lynch
La Pologne a ouvert la voie aux émissions souveraines d’obligations vertes et rejointe par la France
qui a annoncé sa première émission pour la fin du mois de janvier 2017. Après l’organisation de la
COP 21, elle veut rester un moteur principal du changement. En effet, l’article 173 de la loi française
pionnière sur le financement d’une économie bas carbone, va soutenir la prolifération des
obligations vertes. En demandant aux investisseurs de rapporter sur leur intégration des facteurs
ESG et en particulier leur approche d’investissement en soutien à l’économie bas carbone,
nombreux sont ceux qui suivront la voie d’un reporting en faveur de la part verte versus la partie
« brune » de leur portefeuille. Ainsi afin de montrer une part toujours croissante de leurs
engagements vers la transition énergétique, les investisseurs augmenteront leur exposition aux
obligations vertes afin de compter une part toujours plus importante de « vert » dans leur stratégie
d’investissement. Les obligations vertes garderont le vent en poupe pour les deux prochaines
années. La crédibilité du marché restera l’enjeu majeur pour 2017. Toute détérioration de cette
dernière découragera rapidement les investisseurs institutionnels engagés comme les grands fonds
de pension internationaux qui ne voudront pas être associés à un mouvement de greenwash
globalisé.
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3. Les investisseurs, toujours plus appelés à leur
responsabilité de financement
Face au mouvement enclenché vers une économie bas carbone et l’appel à la responsabilisation de
chacun, les investisseurs ne sont pas épargnés et appelés à rendre des comptes dans le cadre de la
décarbonisation de leur portefeuille.
La décarbonisation est la réduction des émissions de CO2 au sein des portefeuilles d’investissement.
Le changement climatique est en effet de plus en plus reconnu comme risque environnemental
majeur aux conséquences financières substantielles.
Aujourd’hui 4 scénarii sont proposés aux investisseurs pour décarboniser leur portefeuille :
1. Désinvestir des entreprises d’énergies fossiles ;
2. Rebalancer le portefeuille vers les entreprises à indice bas carbone ;
3. Neutraliser le carbone via la sélection des titres individuels et
4. Allouer davantage aux stratégies d’investissement dites vertes comme les renouvelables, les
thèmes verts ou les obligations vertes.
Si ces quatre scénarii peuvent paraître loin de la réalité des marchés et du monde de la finance, les
actuaires ont déjà commencé à modéliser les impacts potentiels sur la valeur des actifs pour des
investisseurs à long terme tels que les fonds de pension ou les sociétés d’assurance.
Les agences de notation telles que Moody’s ont également pris le sujet à bras le corps et analysent
également les implications directes pour le crédit du changement climatique. En effet, l’agence
considère 4 types de risques :
1. Incertitude liée au cadre réglementaire des politiques de réduction des émissions ;
2. Impacts financiers directs comme le déclin de rentabilité ou de cash flows suite aux coûts de
R&D supérieurs, capex et coûts opérationnels ;
3. La demande de substitution et les changements de préférences des consommateurs et
4. Les développements technologiques et impact pour des technologies à bas carbone.
13 industries sont les plus exposées au risque de transition carbone sur un horizon de temps
variable. A savoir : immédiat pour l’industrie du charbon, infrastructure du charbon et biens d’utilité
publique non régulés et moyen terme (3 à 5 ans) pour les autres industries.
L’efficacité énergétique est l’axe central de la politique de réduction des émissions globales. Sachant
que 40% de celles-ci sont générées par l’utilisation énergétique de trois secteurs clés, la large
majorité des politiques concernent l’efficacité énergétique dans ces secteurs.
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Source : UNEP 2016
Le risque n’est pas nécessairement d’être surexposé aux technologies haut carbone mais aussi sous-
investis en services et produits énergétiques de l’avenir. Cependant, les indices principaux ne sont
pas alignés avec l’Accord de Paris. Il est estimé que lindice MSCI Monde est sous-exposé aux
renouvelables pour un tiers de ce qui serait nécessaire pour une trajectoire 2 ° alors que le Stoxx 600
en Europe est surinvesti de 16% en énergie charbon.
Au-delà des calculs d’empreinte carbone des portefeuilles, des reportings en tout genre,
l’investisseur devra surtout adopter une approche pragmatique de gestion de risques et
opportunités. En challengeant les entreprises (et les Etats) face au risque réel des dits « stranded
assets »1 ou d’un prix carbone pertinemment fixé, il sera possible de distinguer celles aptes à rester
compétitives dans un horizon à plus court terme que certains peuvent l’imaginer.
4. De plus en plus éthique? Voulu ou forcé
Si l’environnement et, en particulier, le changement climatique domineront les débats, l’éthique des
affaires prend de plus en plus d’importance. D’une part, la réglementation va dans ce sens que ce
soit la réglementation proactive ou les jugements post-évènements. D’autre part, la société civile et
les investisseurs sont de plus en plus attentifs puisque l’éthique des affaires peut affecter les
actionnaires et l’inégalité globale.
En effet, l’éthique des affaires peut être mise à mal dans trois domaines principaux : la corruption,
l’optimisation fiscale agressive et le comportement anti-concurrentiel.
1 Actifs non brûlables des réserves d’énergies fossiles suite à la limitation des émissions de gaz à effet de serre
pour un scénario de limitation du réchauffement climatique à 2° max. de ses niveaux pré-industriels.
Immobilier
codes énergétiques
information et certification de performance énergétique
efficience énergétique
Industrie
gestion énergétique, standards ISO et suivi de la performance énergétique
standards de performance énerétique pour l'équipement industriel
sociétés de services énergétiques
Transport
standards d'économies de consommation
mobilité électrique pour le transport des passagers
transport et logistiques durables pour le frêt
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