Appel(s) à la mobilisation des investisseurs sur le climat

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Appel(s) à la mobilisation des investisseurs sur le climat
par Anne-Catherine Husson-Traore
La climate week de Paris rassemble, à 200 jours de la COP 21, plusieurs centaines d’acteurs
internationaux : dirigeants de multinationales et d’institutions financières, ONG, experts de
l’économie du climat…Ils débattent dans plus d’une trentaine d’évènements de haut niveau
organisés à l’Unesco, à l’OCDE, à la Caisse des dépôts… de la construction d’une économie bas
carbone. La pierre angulaire de cette transformation est, bien sûr, son financement. « Comment faire
basculer les milliers de milliards ? » telle est la question posée par le Climate Finance Day qui se tient
le 22 mai. Cette journée de débats, exclusivement dédiée à la finance, doit donner les clefs aux
investisseurs institutionnels pour qu’ils alignent leurs choix d’investissement avec un objectif de deux
degrés de réchauffement climatique à horizon 2050.
Si pour une poignée d’entre eux, une grande partie du chemin est déjà faite, le gros des troupes est
très loin de revoir ses allocations stratégiques à l’aune du risque climatique.
Prenons le cas de la France : quelques acteurs emblématiques ont pris des engagements. Le Fonds de
Réserve pour les Retraites (FRR), Mirova et Amundi sont membres de la Coalition de décarbonisation
des portefeuilles qui les conduit à mesurer leur empreinte carbone, à publier leurs méthodologies et
à orienter une partie de leurs portefeuilles vers des investissements bas carbone. L’ERAFP
(Etablissement du Régime Additionnel de la Fonction Publique) est le premier signataire du Montreal
Pledge. Porté par les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), il propose des obligations
similaires. La Caisse des dépôts, la BPI ou l’IRCANTEC ainsi que le groupe AXA, la Banque Postale et
des sociétés de gestion comme la Financière de l’Echiquier ou Federal Finance Gestion ont signé, à
l’automne 2014, la déclaration des investisseurs sur le changement climatique. Ils reconnaissent ainsi
la nécessité de mettre en oeuvre des stratégies d’investissement qui permettent de contribuer à la
lutte contre le changement climatique.
Mais ces quelques arbres sont loin de cacher une forêt. Sous le regard du reste de la planète, les
contribution au financement d’une économie verte relève de leur responsabilité fiduciaire ? Ils sont
réticents mais les initiatives se multiplient pour les pousser à « cette conversion ». Un projet de
déclaration circule et une nouvelle obligation se dessine pour les investisseurs institutionnels dans le
cadre de la loi sur la transition énergétique. Le texte comporte une disposition incitant les
institutions financières à « évaluer les risques liés au changement climatique auxquels elles sont
exposées pour l’ensemble de leurs actifs ».
Une autre disposition prévoit de flécher les financements verts dans les rapports annuels à
destination des bénéficiaires, cotisants ou souscripteurs. Les acteurs financiers devront préciser
quelle a été leur contribution au « financement de la transition énergétique et de l’économie verte
dans une perspective de limitation du réchauffement climatique à deux degrés ». Il est même prévu
de leur demander d’expliquer pourquoi ils n’atteignent pas un seuil minimum de 5% de leurs actifs
investis dans des financements verts en 2016 et de 10% en 2020.
Les associations représentatives de ces institutions financières s’élèvent contre le procédé mais la
logique française consiste en général à créer une loi pour obliger à agir ceux qui n’en voient pas la
nécessité. La France pourrait ainsi devenir le premier pays à se doter d’une législation sur le sujet.
Une exemplarité qu’elle pourra mettre en avant en fin d’année, si les investisseurs français n’ont pas
tout mis en oeuvre pour diminuer la portée du dispositif et se contenter de regarder passer le train
de la COP 21.
Retrouvé cet article dans le numéro 44 de l’Essentiel de l’ISR.
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