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La Cité n'est pas une forteresse isolée mais une ville fortifiée, en sentinelle sur le récif de la falaise qui domine
I'Aude. Ce fleuve sépare la Ville Haute de la Ville Basse, ville moderne d'environ 46.000 habitants, qui date
cependant de Saint Louis. Romains, Wisigoths, Sarrasins, Francs, Féodaux, Sénéchaux et Rois de France ont
apporté chacun une pierre à l'édifice pour constituer cette armure splendide, porte des Pyrénées, verrou du
couloir historique pendant des siècles a déferler, flux et reflux, la marée des invasions, de la Méditerranée
en Aquitaine, de I'Espagne aux rives de la Loire. La Cité est un livre de pierres dans lequel on peut lire
I'histoire de chaque époque et s'instruire sur tous les systèmes d'architecture militaire, depuis les Romains
jusqu'au XIV° siècle.
Les Romains se sont établis dans la région au cours du deuxième siècle précédant l'ère chrétienne et
commencèrent par installer un, ouvrage d'observation et de défense, un castellum de moyenne importance,
sur l’emplacement d'un ancien oppidum celtique de la tribu des Volces Tectosages. Puis, plus tard, une
colonie de vétérans romains s'aggloméra autour du poste fortifié et ce fut le commencement de la Bourgade
qui au cours des siècles, finit par entourer au Sud-Ouest au Nord-Est la fortification. En effet, on trouve dans
Ies tables de I'Empire romain, en I'an 20 av. J-C., la « Colonia lulia Carcaso » fut recensée et pendant quatre
siècles Carcassonne jouit de la grande paix romaine. Ce ne fut que lorsque les hordes barbares
commencèrent à attaquer les frontières de I'Empire sur les bords du Rhin, que les empereurs demandèrent
aux Cités de I'intérieur de relever leurs fortifications et à celles qui n'en avaient pas, d'en construire.
Après la chute de Rome, les Wisigoths s'emparèrent de Carcassonne. La Cité devint pour eux une base
d'opération, un grand quartier général qu'ils occupèrent d'environ-440 à 725. Ils restaurèrent les remparts.
Mais dès 725, ce fut I'invasion sarrasine, violente et brutale. Ces musulmans venaient d'Espagne et leur
emprise a laissé sur le monument plus de souvenirs et de légendes que de constructions; pas même la tour
pinte ne peut se réclamer de leur passage.
Charles Martel fit triompher Ia cause chrétienne et les Francs Carolingiens devinrent les maîtres puissants.
L'Empire de Charlemagne ayant reporté Ia frontière Sud en Catalogne, la Cité perdit un peu de son
importance militaire. Ce n'est qu'après la mort de I'Empereur et lorsque son Empire se désagrégea
rapidement que les envoyés du pouvoir central se rendirent, peu à peu, indépendants. Ce fut le début de
l'époque féodale pendant laquelle les Comtes et Vicomtes de Carcassonne font une chaîne continue pendant
trois siècles.
Les Comtes et en particulier Roger le Vieux ainsi que la dynastie des Trencavel, s'abritaient dans la Cité;
I'oeuvre capitale des Trencavel est le château et la nef romane de la Basilique Saint-Nazaire. Quoique I'on en
dise, on voyageait beaucoup au Moyen-Age et le commerce était florissant dans notre région, grâce aux
échanges commerciaux avec le Moyen-Orient par contre, ces échanges amenèrent, dès Ie XI°siècle,
I'introduction d'une doctrine appelée le Catharisme ou Albigisme. Cette doctrine est basée sur le dualisme
oriental. Voici les principales caractéristiques: le Dieu du Bien, créateur de tout ce qui touche I'esprit et le
principe du Mal créateur du monde visible, donc de I'homme, ainsi que de la matière et de tout ce qui a une
existence terrestre.
La morale de cette doctrine était d'une austérité telle que seuls les initiés, ayant déjà reçu le
« consolamentum », Ie Seul sacrement de cette doctrine, pouvaient la pratiquer. Cette élite formée par les
initiés, appelés les Purs et les Parfaits, constitue en grande partie le Clergé.
Lorsque les croisés du Nord déferlaient sur le Midi, afin d'exterminer ces Cathares ou Albigeois, la Cité résista
à l'assaut et Raymond-Roger Trencavel supporta, isolé, I'attaque des barons du Nord. Seul le manque d'eau,
mais aussi Ia trahison le livra le 15 Août 1209 à Simon de Montfort. L'héritage de la Croisade échoit en 1229 à
Saint Louis. La Cité féodale subit encore un siège en 1240.
Saint Louis compris qu’il fallait donner une armure plus forte à la Cité. L’enceinte extérieure fut relevée, les
portes d’accès à la cité furent protégées par des barbacanes en forme de demi-lune et la muraille fut flanquée
de nombreuses tours. La double enceinte obligeait ainsi les ennemis de l’extérieur à franchir deux obstacles.
Ce fut Philippe le Hardi, fils de Saint Louis, qui de 1270 à 1285, donna à la Cité tout son développement et
son armure royale de guerre. L'art militaire a évolué et a atteint Ie sommet du génie défensif.
Entre les deux enceintes, le terrain en pente a été nivelé pour créer les Lices; il a fallu pendant ce creusement
reprendre en sous-oeuvre les fondations romaines ou féodales de I'enceinte intérieure, ce qui explique que
ses tours reposent sur un support d'architecture royale du XIII° siècle. Avec le gouvernement royal la Cité
Brève histoire de la cité de Carcassonne….
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devient imprenable; les ouvrages de cette forteresse sont si redoutables que le Prince Noir, fils d'Edouard III
d'Angleterre, lors de sa chevauchée en 1355, pendant la Guerre de Cent Ans, ne pu prendre la Cité.
Mais au XVII siècle le Traité des Pyrénées, lui enlève son rôle stratégique, en repoussant la frontière entre la
France et I'Espagne jusqu'aux Pyrénées, et la déchéance commence. En 1791, la Cité est mise au rang de
place de guerre de troisième classe et finalement rayée comme place de guerre en 1806. En 1836, M. lean-
Pierre Cros-Mayrevieille, un Carcassonnais, qui aimait profondément sa ville natale et qui est le véritable
sauveur de la Cité, appela I'attention du gouvernement sur les monuments de la Cité, et pendant de longues
années il ne cessa d'en réclamer la restauration. En 1840 on commença les travaux de réparation de la
Basilique Saint-Nazaire. Mais en 1850 le Prince-Président Napoléon III, raya pour des raisons financières la
Cité du tableau des monuments historiques. Prosper Mérimée étant devenu inspecteur général des
monuments historiques, accomplissait un voyage d'études dans le midi et visita Carcassonne. Il lança un
appel énergique vers Paris et Viollet-le-Duc qui avait dirigé seul les travaux de l'église Notre-Dame depuis
1844, fut enfin chargé vers 1853 des travaux de restauration et de consolidations des tours et remparts de la
Cité.
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Exercice 1 :
LE SIÈGE D'UNE VILLE AU MOYEN AGE: CARCASSONNE
Doc1. Le siège de Carcassonne en 1209
Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et Carcassonne, apprenant que les nôtres se
dirigeaient vers Carcassonne pour l'assiéger, rassembla le plus grand nombre possible de
chevaliers, se réfugia avec eux dans la ville et se prépara à la défendre contre les croisés.
Arrivés devant la ville, les nôtres plantent leurs tentes tout autour et rendent le siège
effectif.
La cité de Carcassonne, bâtie sur une hauteur, était flanquée de deux faubourgs : chacun
était garni de murs et fossés. Le troisième jour, les nôtres, comptant s'emparer d'assaut et
sans recours aux machines de guerre du premier faubourg qui était un peu moins fortifié
que l'autre, s'y précipitent tous ensemble. Évêque, Abbés, le clergé, tous réunis, chantent
avec grande dévotion le " Veni Sancte Spiritus " suppliant Dieu de se hâter à leur secours.
Aussitôt les ennemis abandonnent la place et les nôtres s'emparent de ce premier
faubourg. Celui-ci, une fois pris, fut rasé jusqu'au sol et les fossés comblés.
Le lendemain, ils se dirigèrent vers le rempart du deuxième faubourg et donnèrent l'assaut:
le vicomte et les siens se défendirent avec un tel courage que les nôtres, sous des jets de
pierre fréquents et drus, durent évacuer le fossé ils avaient pénétré. Ceci fait, les croisés
mirent bientôt en batterie des machines appelées pierrières (
voir photo en bas
) afin de démolir
le mur du faubourg. Quand les pierrières l'eurent quelque peu touché à son sommet, les
croisés amenèrent au pied du mur avec la plus grande difficulté un chariot à quatre roues,
couvert de peaux de boeuf, à l'abri duquel des spécialistes devaient saper le rempart : ce
chariot fut bientôt détruit par les ennemis qui lançaient sans arrêt du feu, du bois, des
pierres, mais les sapeurs se réfugièrent dans la niche déjà creusée si bien que leur travail
ne souffrit aucun retard. Au point du jour, le mur sapé s'écroule et les nôtres à grand
fracas pénètrent par la brèche : les ennemis battent en retraite vers les parties hautes de la
cité.
Pierre des Vaux de Cernay, Histoire albigeoise, vers 1213.
Questions :
1) Après avoir lu le texte, explique qui sont les
assiégeants ?..............................................................................................................................................................
2) Qui sont les assiégés? ………………………………..........................................
3) Quelle est la date de rédaction de ce texte? …………………………….
4) L'auteur de ce texte peut-il avoir connu ce siège? Oui Non
5) Est-il favorable aux assiégés ou aux assiégeants? (Justifie ta réponse)
……………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………….
6) Selon l'auteur du texte, pourquoi les assiégés abandonnent le premier faubourg?
…………………………………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………………
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7)
Recherche dans le texte les 3 moyens utilisés par les assaillants pour prendre la ville.
8) Retrouve d’après le DOC 1 les actions illustrées par cette gravure.
1. ………………………………………………… 4 …………………………………………………..
2. ………………………………………………… 5 …………………………………………………..
3. ………………………………………………… 6 …………………………………………………..
9) Le DOC 2 est-il contemporain du siège? Oui Non
10) Dessine ci-contre le blason présentant les
armoiries de la cité de Carcassonne.
11) Retrouve ce que signifie
- les fleurs de lys et la couleur bleue
- le château représenté :
- le blason au-dessus du pont-levis :
Doc 2
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Exercice 2 :
1) Je localise par une phrase la cité de Carcassonne en France
(en utilisant différentes échelles pays, région, département….).
2) Compléter le texte à trous (au crayon gris)
Occupée dès le……………….siècle avant Jésus-Christ Carcassonne a été une ville r……………..
fortifiée au……………siècle, avant d’être une cité médiévale. Au………… siècle, le pouvoir royal
dote la ville d’une seconde ligne de………………..agrandit le château et l’entoure
d’une………………………..
La beauté fonctionnelle des ouvrages militaires avec ……………………..kilomètres de
remparts,………….enceintes fortifiées (I........ ......... et... ... siècle), quatre portes, ……………….tours
et barbacanes.
Le Moyen Âge retrouvé. Le château comtal, la basilique et les rues de la cité sont autant de
témoignages du Carcassonne médiéval. Une ville clé dans la formation du territoire national. Centre
du pouvoir des comtes de…………………………………. puis de la célèbre famille ………………........,
la ville accueille par la suite le …………………………….. du roi après le rattachement de la vicom
au domaine français. La place forte imprenable garantit une paix durable entre la France et
I'A……………………..........
Au XIXe siècle, la ville est au bord de la démolition et sert de ............ .........de pierres. Pendant plus
de .................ans, V…………………….le-D………………… et ses continuateurs lui redonnent son
aspect m……………………….. : destruction des constructions parasites entre les deux enceintes,
couverture en ………………….. grise des tours et restauration des décors sont entreprises. Dans les
années 1960, les tours gallo-romaines sont coiffées de t…………………………..
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