INFOTRAITEMENTS-N°140-SEPTEMBRE-2005
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CO-INFECTIONS
traitement peut entraîner une
séroconversion efficace de
l'hépatite B, mais aussi un
rebond de l'inflammation au
démarrage du traitement,
pouvant aggraver les lésions
hépatiques, ce qui représente un
risque significatif si le foie est
déjà sévèrement atteint. L'aspect
positif des choses est la
suppression de la réplication du
VHB, liée à l'amélioration du
statut immunitaire ainsi qu'à
l'action directe des médicaments
(lamivudine, emtricitabine,
ténofovir). Il persiste souvent
cependant une réplication
résiduelle. On peut ainsi ralentir
la progression de la maladie, et
même espérer une certaine
régression du degré de fibrose.
La manipulation de ces
traitements est cependant un peu
délicate, avec en particulier un
risque de réactivation sévère du
VHB s'ils sont arrêtés, ainsi que,
dans une moindre mesure, si le
virus leur devient résistant.
Charge virale
Contrairement à ce qui est établi
dans l'infection à VIH - ou le
rôle péjoratif d'une charge virale
élevée dans l'évolution de la
maladie est connu, le rôle de la
charge virale du VHC et du VHB
est plus nuancé en ce qui
concerne les hépatites. Dans
l'hépatite C, une charge virale
plus élevée n'est pas un facteur
évident de mauvais pronostic
(elle rend cependant l'efficacité
du traitement plus aléatoire).
Dans l'hépatite B, on pensait
qu'il en était plus ou moins de
même. On sait maintenant que
tel n'est pas le cas : une charge
virale élevée (ADN du VHB)
constitue bien un facteur de
mauvais pronostic. Le risque de
cancer du foie est majoré, tout
autre facteur évolutif étant égal
par ailleurs (c'est-à-dire le sexe,
l'âge, le tabagisme, la
consommation alcoolique,
l'existence d'une co-infection par
le VHC, le statut pour l'antigène
Hbe -virus sauvage ou muté- et
les transaminases hépatiques):
ainsi le risque est-il multiplié par
six pour un patient ayant une
charge virale supérieure à 105 log
par rapport à quelqu'un dont la
valeur est inférieure à 104log
copies par ml. La majoration du
risque est encore plus
importante pour les patients
ayant des transaminases
normales. Le point positif de
cette constatation est qu'un
traitement efficace, entraînant la
réduction prolongée de la charge
virale VHB, a un rôle protecteur
sur le développement de la
cirrhose et du cancer du foie.
Traitement
Le but idéal du traitement de
l'hépatite B chronique serait
d'obtenir la disparition de
l'antigène HBs(4), avec une
séroconversion et l'obtention
d'anticorps anti-HBs(5). Cela est
malheureusement rare, et ne se
produit quasiment jamais avec
les médicaments de la famille
des inhibiteurs de la
transcriptase inverse, les trois
cités plus haut.
Plusieurs études importantes ont
été menées récemment
comparant le peginterféron-alfa-
2a (Pégasys®), à son association
avec la lamivudine, et la
lamivudine seule, chez les
mono-infectés par le VHB, ayant
un antigène Hbe positif ou
négatif (ceux qui sont négatifs
pour cet antigène sont porteurs
d'un variant du VHB, avec une
charge virale en général moins
élevée, ce qui ne signifie pas
pour autant qu'ils ont un
pronostic meilleur d'évolution
de l'atteinte hépatique).
Dans une grande étude
coordonnée par Hadziyannis,
avec ces trois bras de traitement,
réalisée chez 814 patients
positifs pour Hbe et 537 négatifs,
seuls les groupes recevant du
peginterféron, pendant un an,
ont eu un faible pourcentage
(10%) de séroconversion HBs,
qui reste durable 24 semaines
après l'arrêt du traitement. Cette
durabilité est confirmée à un an
dans une autre étude, et ces
patients peuvent être considérés
comme “guéris” de leur hépatite
chronique. L'importance de
l'effet antiviral ne semble pas
être le facteur principal de cette
efficacité, et l'effet immuno-
modulateur propre de
l'interféron joue sûrement un
rôle.
Chez les personnes séropositives
pour l'antigène Hbe, le
peginterféron permet d'obtenir
une séroconversion Hbe plus
souvent que la lamivudine. Les
chances de succès avec le
peginterféron sont plus
importantes chez les patients qui
ont au départ des transaminases
élevées (ce qui témoigne d'une
Le but idéal du traitement de l'hépatite B
chronique serait d'obtenir la disparition
de l'antigène HBs, avec une séroconver-
sion et l'obtention d'anticorps anti-HBs.
Des progrès sont également
faits dans l'utilisation des
tests non invasifs pour
évaluer le degré de fibrose
hépatique en alternative à
la biopsie* hépatique. Ces
tests sont actuellement de
deux sortes : des marqueurs
sérologiques (dont le score
peut être facilement évalué
en utilisant un logiciel, à
partir de certains
paramètres obtenus grâce à
une simple prise de sang, le
plus connu en France étant
le Fibrotest®, mais il en
existe plusieurs autres) et
une évaluation de «
l'élasticité » du foie, ou de
son degré de fibrose, grâce
à une technique très simple
proche de l'échographie,
qui utilise une sonde posée
sur la peau (Fibroscan®).
Les marqueurs sérologiques
ont été davantage validés
dans l'évaluation de la
fibrose liée à l'hépatite
chronique C.
Devant l'impossibilité
matérielle de réaliser une
biopsie chez toutes les
personnes qui en auraient
besoin, ainsi que devant la
réticence de nombreux
patients à la subir (les
risques de complications
sont minimes, mais réels),
on se tourne de plus en plus
vers l'évaluation de l'état du
foie grâce à ces techniques
non invasives, en utilisant
deux marqueurs plutôt
qu'un seul : soit deux scores
d'origine sérologique, soit,
encore mieux
probablement, un score
sérologique et un
Fibroscan®, dans les centres,
encore peu nombreux, où
cette technique
prometteuse est disponible.
On pourrait ainsi obtenir,
sans aucun risque pour le
patient, une évaluation du
degré de fibrose hépatique
(conditionnant l'indication
du traitement) avec une
fiabilité comparable à celle
de la biopsie du foie.
O.V.
Quid des tests
non invasifs
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