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1-1 Deux manières de penser l’évangélisation
Début 2006, au cours d’une réunion du Club de l’Actualité, Paul Valadier, jésuite, a évoqué
deux théologies de l’évangélisation. Une première qui se fonde sur la conviction que l’Esprit
travaille partout, y compris en dehors des limites visibles de l’Église, et que l’évangélisation
doit tenir le plus grand compte de cette imprégnation. Et une seconde plus soucieuse de la
visibilité de l’Église, qui attirerait de nouveaux fidèles, dont ceux qui sont spécialement
sensibles à la sécurité apportée par les cohérences dogmatiques qu’elle proclame.
Selon la première, l’évangélisation s’adresse en priorité à l’intériorité de la personne. Selon
la seconde elle part du haut (de la structure Église) pour viser le bas.
Se dessine un clivage, entre certains chrétiens qui sont des adeptes de la première théologie
plutôt que de la seconde, et d’autres qui comptent beaucoup sur la restauration de pratiques
anciennes, de processions, de manifestations publiques, avec la meilleure médiatisation
possible.
1-2 Un groupe de travail
S’est alors constitué un groupe de travail d’une dizaine de personnes, qui s’est réuni 8 fois
du 15 mars 2006 au 29 mai 2007 pour approfondir la question de la transmission du
message évangélique, éclairée par la différentiation entre évangéliser à partir de l’intériorité
de chacun, ou à partir de la transmission de savoirs religieux, et de manifestations publiques.
Ce groupe a été accompagné par Paul Valadier
Chacun a produit un papier par lequel il s’est situé face à la panne actuelle de la
transmission. Cela a produit des amorces de débats. On ne nie pas l’importance de la
visibilité, de la transmission de ce que nous avons reçu depuis 2000 ans, Mais quand
chacun s’est trouvé devant son papier, il a raconté quelque chose qui venait de son
intériorité.
Un de ces documents fait l’objet de l’annexe 1 : il s’agit de celui rédigé par Blaise Ollivier, qui
a participé à ce groupe de travail.
Blaise y évoque la menace de désespérance à annoncer l’Évangile aujourd’hui, dans un
monde institutionnel qui ne fait pas place suffisante au travail de subjectivation de chacun.
Après un plaidoyer en faveur de ce travail de subjectivation, Blaise centre sa réflexion sur la
manière d’être de Jésus au sein du petit groupe de ses amis. Et il développe ensuite ses
raisons d’espérer.
Au travers de citations du poète Rilke, ce texte nous centre sur l’essence même de la foi
chrétienne, l’agonie mortelle du Christ, « abaissement par rapport à ceux qui existent et
dominent aujourd’hui », prélude à sa résurrection. Blaise termine par un paragraphe (5-2), où
le lecteur pourra reconnaître certaines caractéristiques du fonctionnement de notre Atelier.
Il conclut en affirmant que « faire vivre de tels débats permet d’espérer des conséquences
institutionnelles favorables à l’évangélisation d’une société plurielle et laïcisée ».