ETUDES
et
REFLEXIONS
Rapports entre
chrétiens et musulmans
au Moyen-Orient
Ces considérations s'appliquent aussi à la civilisation égyp-
tienne, syrienne, grecque et arménienne en Asie Mineure après la
conquête de Byzance par les Turcs en 1453.
A ce propos, le philosophe Farabi (872-950), originaire de
Transoxiane en Asie centrale, disciple du philosophe chaldéen
Yuhanna Haylan, disait que
«
la sagesse avait commencé par exister
chez les Chaldéens en Mésopotamie ; de là s'était transférée en
Egypte, puis en Grèce, où elle avait été mise à temps par écrit
»,
et
que lui incombait, à lui, la tâche de ramener cette sagesse dans le
pays qui avait été son foyer.
D'ailleurs, d'après la tradition chaldéenne, Mahomet aurait
dicté les versets du Coran à un moine venu d'Edesse (Ruha), appelé
Rabban Bhira, ce qui veut dire en chaldéen le « moine savant ».
Devenu nestorien, ce dernier aurait été excommunié et chassé
d'Edesse dans la première moitié du VIF siècle de l'ère chrétienne.
Il aurait ainsi rencontré Mahomet quand celui-ci a commencé à
prêcher sa doctrine. Comme il était savant et connaissait les
langues, la Bible et l'Evangile, il serait devenu son secrétaire.
Avec l'expansion de l'islam dans la première moitié du
VIIe
siècle de l'ère chrétienne, les données politiques, écono-
miques, sociales, culturelles, linguistiques et religieuses de l'Orient
chrétien commencent à changer fondamentalement.
En effet, de 633 à 646, les armées arabes, composées de tri-
bus du Yémen, du Najd, du Hijaz et d'autres régions de la péninsule
Arabique, conquièrent très rapidement, sous la bannière de l'islam,
la Mésopotamie, la Perse occidentale et centrale, la Syrie, le Liban,
la Palestine et l'Egypte. Les pays envahis sont soumis aux pillages,
aux exactions et aux destructions, selon des traditions bien
connues dans le milieu tribal. Comment expliquer la facilité avec
laquelle ces armées ont battu les armées perses et byzantines ?
Trois séries de facteurs permettent de comprendre ces conquêtes,
donc l'expansion de l'islam dans les pays du Moyen-Orient.
Les deux empires byzantin et perse se caractérisaient alors
par une domination politique abusive et oppressive
;
une taxation
excessive
;
une intervention exagérée du pouvoir politique et reli-
gieux byzantin dans les affaires religieuses des Eglises jugées héré-
tiques ou schismatiques, principalement monophysites et
nestoriennes ; une grande faiblesse de ces deux empires qui se dis-
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