faut-il s`inquieter quand la memoire nous fait defaut

« FAUT-IL S'INQUIETER QUAND LA MEMOIRE NOUS FAIT DEFAUT ?
Les troubles de la mémoire peuvent
apparaître sans raison et même plusieurs
années avant que les maladies de la
mémoire ne se déclenchent réellement.
Aujourd'hui la prévention joue un rôle
majeur dans ces maladies. Aucun
traitement miracle n'a encore été
trouvé, cependant grâce à l'avancée de
la recherche, il existe des solutions
proposées aux patients et à leur famille.
Le Professeur Hélène AMIEVA - membre de l'Observatoire B2V des Mémoires et le
Professeur Francis EUSTACHE - Président du Conseil Scientifique de l'Observatoire B2V des
Mémoires, tous 2 spécialistes en neurosciences, font le point sur cette question.
QUAND FAUT-IL S'INQUIETER QUAND LA MEMOIRE NOUS FAIT DEFAUT ?
En cas d'apparition de symptômes liés à la mémoire, le médecin traitant oriente le patient
vers une consultation mémoire souvent pluridisciplinaire, avec des médecins et des
neuropsychologues. « Lors de cette consultation mémoire, la plainte du patient et de sa
famille est analysée et un examen neuropsychologique complet avec des tests standardisés
est réalisé » déclare le Pr. Francis Eustache - Président du Conseil Scientifique de
l'Observatoire B2V des Mémoires.
Objectif : Détecter un éventuel dysfonctionnement de la mémoire.
C'est par exemple le cas lorsque de manière répétée, la personne ne se souvient pas
toujours d'événements récents, même si on l'aide à travers d'indices. Ce peut être aussi le
fait de ne pas reconnaître des lieux et des visages pourtant familiers. « Les tests standardisés
permettent également de repérer l'une des caractéristiques de la maladie d'Alzheimer : des
perturbations au niveau de « l'encodage », autrement dit des difficultés à inscrire les
événements dans le cerveau. Dans cette pathologie, il peut aussi y avoir d'autres troubles
associés : trouble du langage, du raisonnement, etc. » ajoute le Pr. Francis Eustache.
QUELS SONT LES SIGNES PRECURSEURS ?
Lorsque le patient et sa famille consultent, il ressort souvent que les premiers signes étaient
survenus plusieurs années auparavant... Ces derniers étaient passés inaperçus ou n'avaient
pas inquiété plus que ça. Ainsi le stade d'évolution de la maladie est parfois déjà avancé
alors que le diagnostic n'a pas encore été posé.
« Dans le cadre de nos études, nous suivons des milliers de personnes âgées représentatives
de la population générale : certains développent ensuite la maladie d'Alzheimer, d'autres
non. On s'est ainsi rendu compte que de petits dysfonctionnements apparaissent avant que
la maladie se déclare, jusqu'à vingt ans avant ! » déclare le Pr. Hélène Amiéva - Membre de
l'Observatoire B2V des Mémoires.
Le Pr. Francis Eustache explique que « l'étude de ces grandes cohortes suggère donc que la
maladie est très précoce dans le cerveau, et qu'elle chemine longtemps sans faire de bruit ».
Les travaux du Pr. Amiéva consistent justement à repérer ces petits troubles cognitifs qui
apparaissent très en amont de la survenue de la maladie. Ils peuvent durer des années, voire
des décennies... jusqu'au jour où les symptômes s'exacerbent et poussent à consulter. »
QU'EN EST-IL DES MEDICAMENTS ... ?
Il y a eu de grands progrès dans les années 1990, notamment avec la "tacrine" qui agit sur
l'acétylcholine, un neurotransmetteur déficient dans la maladie d'Alzheimer. Ce type de
médicaments n'agit que sur les symptômes et ont un effet modeste, mais ils ont le mérite
d'exister. Et les études ont montré que si les patients arrêtent de les prendre, ils déclinent
davantage.
« On a vécu longtemps avec l'idée d'un traitement miracle... mais on revient aujourd'hui à
une position plus humble : c'est une recherche qui va être très longue, complexe et
extrêmement coûteuse. En revanche, il y a un mot que personne n'aurait osé prononcer il y
a dix ans : c'est le mot "prévention". Sur ce point précis, les choses avancent avec des études
épidémiologiques qui montrent clairement que certains facteurs modifient le cours de la
maladie » affirme le Pr. Eustache.
... ET DES THERAPIES NON MEDICAMENTEUSES ?
« En ce qui concerne la prise en charge non médicamenteuses, on sait aujourd'hui qu'un
accompagnement de qualité sur les plans psychologique et social contribue à ralentir la
perte d'autonomie. Et certes, on ne sait pas guérir la maladie, mais on peut contribuer à la
prévenir. Toutes les études épidémiologiques dans le monde montrent d'ailleurs que le
nombre de nouveaux cas annuels de maladie d'Alzheimer diminue, ce que les experts
nomment l'incidence. Autrement dit, à âge égal, on a moins de risque de développer une
maladie d'Alzheimer qu'il y a vingt ans » souligne le Pr. Amiéva.
LES CONSEILS DE PREVENTION
Un mode de vie sain
Une alimentation équilibrée
La pratique d'activité physique régulière
Une vie intellectuelle plus riche et plus saine
Avoir des loisirs
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