Ministère de l’agriculture et de la pêche
en collaboration avec ARVALIS et l’INRA
Lutte contre la chrysomèle des racines du maïs,
une priorité pour le maïs en France
Le principal ravageur du maïs aux Etats-Unis fait l’objet d’un contrôle officiel
visant à l’éradication depuis 2002, année de sa découverte dans notre pays.
Diabrotica virgifera
est un petit Coléoptère de la famille des Chrysomélidés. C’est un organisme de
quarantaine pour l’Union Européenne (introduction et dissémination interdites dans toute l’Union
Européenne).
Originaire d’Amérique
Centrale sur cucurbitacée,
il a progressivement envahi
l’Amérique du Nord il
est devenu le principal
ravageur du maïs. Il s’est
rapidement répandu dans
les années 55-70 et a
envahi toute la "Corn Belt"
(centre des Etats-Unis, à
vocation céréalière) dans
les années 80. Profitant de
liaisons aériennes entre les
USA et l’Europe lors du
conflit des Balkans, il est
signalé pour la première
fois sur notre continent en
1992 en République
fédérale de Yougoslavie
(Serbie), près de l’aéroport international de Belgrade.
A partir de ce premier foyer, il a rapidement atteint les pays voisins. Un nouveau foyer indépendant du
foyer principal est apparu en Italie en 1998 (Venise). Plusieurs autres foyers ont été détectés dans
différents pays, notamment à proximité d’aéroports. La situation en Europe en 2004 est précisée sur la
carte 1.
Le
Service de la Protection des Végétaux
français
(DGAL/SDQPV), alerté par ces introductions
multiples a mis en œuvre une surveillance du territoire dès 1999 par piégeage sexuel (pièges à
phéromone).
En 2002, un double foyer est découvert en région Ile-de-France. En 2003, quelques coléoptères sont
identifiés en Alsace et l’année suivante, une population est mise en évidence, à nouveau près de Paris.
Le réseau de surveillance a donc parfaitement joué son rôle, permettant de découvrir précocement des
populations isolées de la Chrysomèle des racines du maïs avant qu’elles ne génèrent des foyers
importants non maîtrisables.
En 2005, les agents des DRAF/SRPV en collaboration avec ARVALIS, l’INRA et le CTIFL suivent, entre
début juillet et fin septembre 2005, 960 sites de piégeage répartis sur tout le territoire.
Grandes Cultures
Carte 1
– La chrysomèle des racines du maïs en Europe en 2004.
(Source : IWGO par C.R. Edwards et al., modifié)
Mise en œuvre des mesures d’éradication des foyers français
Conformément aux dispositions prévues dans l’arrêté de lutte obligatoire pris immédiatement le 22 août 2002 (JO
n°196 du 23 août 2002), 3 zones d’intervention ont été délimitées pour chacun des foyers identifiés en France. A
titre d’exemple, la carte 2 illustre la localisation des zones focus et de sécurité autour de chaque foyer.
Ce dispositif de lutte s'articule autour d’actions immédiates et d’actions pour les années suivantes.
Mesures appliquées immédiatement :
renforcement du piégeage dans les zones focus (zone d’un rayon de 5 000 mètres autour du foyer et qui
correspond à la zone la plus rapprochée du piège ayant capturé les premiers individus.) et de sécurité (zone
comprise entre 5 000 et 10 000 mètres autour du foyer : 100 sites supplémentaires pour chaque foyer afin
d’évaluer de façon plus précise l’ampleur de l’infestation ;
mise en œuvre de traitements insecticides d’urgence, visant l’élimination des adultes l’année de découverte,
dans les zones focus et de sécurité à l'aide de produits phytosanitaires à base de deltaméthrine.
Parallèlement, des mesures phytosanitaires sont mises en œuvre dont notamment : l'interdiction de transport de
plantes de maïs, l'interdiction de déplacement de terre, l'obligation de nettoyage du matériel agricole,
l'interdiction de récolte du maïs avant le 1er octobre.
Principales esures appliquées les années suivantes
Zone focus : les mesures d'urgence prises l’année de découverte du
foyer sont complétées par des mesures visant à briser le cycle
biologique de
D. virgifera
:
obligation de rotation culturale de façon à ce que le maïs ne
soit pas cultivé plus d'un an pendant 3 années consécutives sur une
parcelle donnée : les larves meurent en l’absence de racines de
maïs ;
traitements de sol ou de semences efficaces dans les parcelles
à risque et traitement adulticide selon les préconisations de la
DRAF/SRPV en vue de la destruction des larves et des adultes ;
dans le cœur du foyer (zone avec piégeage effectif d'adultes),
des recommandations sont données pour éviter l'implantation de
maïs sur les parcelles ayant portées du maïs deux ans auparavant.
La rotation culturale constitue le pivot du dispositif de lutte.
En effet, les œufs sont pondus dans les champs de maïs. Après l'éclosion, les larves ne peuvent pratiquement
survivre que sur les racines du maïs. La rotation avec une culture autre que le maïs dans laquelle les femelles ne
pondent pas et les larves ne s’alimentent pas élimine donc presque complètement les risques de maintien de
l’insecte sur la parcelle.
Zone de sécurité :
obligation de lutte insecticide contre les larves et les adultes ainsi qu'une obligation de rotation
culturale (pas plus d’un maïs sur 2 années consécutives).
Zone tampon :
cette zone couvre une surface comprise entre 10 km et 40 km du foyer. Des sites de piégeage sont
installés, de façon plus dispersée, en visant les zones à maïs. Aucune mesure phytosanitaire n'est obligatoire mais il
est recommandé d’effectuer une rotation culturale excluant le maïs pendant une année sur deux.
En résumé, la mesure la plus efficace repose sur l’obligation de rotation durant une ou plusieurs années selon les
zones, mesure combinée à des traitements insecticides ciblés et à la destruction des graminées estivales dans les
cultures entrant dans la rotation.
Malgré ces mesures, le risque de découvrir de nouveaux foyer est réel, compte tenu de l’avancée régulière des
populations originaires des Pays de l’Est et d’Italie …
La vigilance est donc plus que jamais d’actualité !
Carte 2
– Zones d’intervention en Ile-de-
France en 2004
(Source : DRIAF/SRPV IDF)
Biologie
Le stade adulte est celui qui peut être détecté le plus tôt et le plus facilement lors des visites en parcelles. Dans
les champs de maïs, on observera particulièrement les inflorescences mâles et femelles ainsi que les feuilles et on
comparera à la description ci-dessous. Les femelles peuvent également se trouver sur d’autres cultures telles que
soja, tournesol ou cucurbitacées ainsi que sur les fleurs de plantes adventices.
Les adultes sont des coléoptères d'environ 7 mm. Ils sont jaunes avec des bandes noires longitudinales sur les ailes
(figure 1 et figure 2). Il existe des variations de coloration entre les sexes et parfois entre les individus. Le mâle
est généralement plus foncé. Remarquer la tête noire, les antennes presque aussi longues que la longueur du
corps (figure 2 : A=B) et les fémurs postérieurs bordés de noir. Attention, des confusions sont possibles avec
d’autres insectes (cf. figure 3). S’adresser à la DRAF/SRPV de votre région au moindre doute.
Les larves sont des vers minces et cylindriques au corps blanc muni de trois paires de pattes. Leur tête est de
couleur brune et une plaque de même couleur est présente à l’extrémité opposée du corps. Au troisième et dernier
stade, elles mesurent 10 à 18 mm (contre 20 à 25 mm pour les larves de taupins). On les trouvera exclusivement
dans le sol, sur les racines de maïs. L’identification spécifique de ce ravageur au stade larvaire n’est pas possible au
champ. En cas d’incertitude, s’adresser à votre DRAF/SRPV.
Vous pouvez nous aider en nous signalant les cas suspects. Pour envoyer un échantillon à analyser (analyse gratuite)
ou si vous souhaitez participer au réseau de surveillance, contactez votre DRAF/SRPV.
Evitez les confusions
!
La
Galéruque de l’orme
(
Xanthogaleruca
luteola
) est
très commune en France, y compris dans les champs de
ms. Elle ressemble superficiellement à la chrysomèle
du maïs. Comment la différencier
?
Figure 3
-
Xanthogaleruca
luteola
Les antennes sont
nettement plus courtes que
la longueur du corps
La tête n’est pas
entièrement noire
Les fémurs postérieurs
sont totalement jaunes
Figure 1 - individu femelle Figure 2 - individu mâle
le
réelle
A
B
Une seule génération par an
Le cycle biologique de
D. virgifera
est présenté figure 6. Les
adultes pondent dans le sol de petits œufs blancs et ovales de moins
de 0,1 mm de longueur. Les œufs hivernent dans le sol et
commencent à se développer au printemps. Après leur émergence,
les larves migrent vers les racines des jeunes plants de maïs. Elles
se nourrissent de ces racines jusqu'à ce que leur développement
soit complet (elles passent par trois stades larvaires avant de
devenir adultes). Elles s'éloignent ensuite des racines et se
construisent une petite cellule de terre dans le sol dans laquelle
elles se transforment en nymphes molles de couleur blanche. La
sortie des adultes se réalise de fin mai à début juillet selon les
régions et les conditions climatiques. Le développement complet de
l’œuf à l’adulte prend 10 semaines à 15,5°C, 5,5 semaines à 22°C et
4 semaines à 29°C (en laboratoire à température constante). Il n’y a
qu’une seule génération par an. A l’automne, les adultes meurent
tous
Les principaux dégâts sont réalisés par les larves
L’hôte unique est le maïs (un développement est possible en laboratoire sur quelques graminées adventices). La
nuisibilité directe est due aux larves qui consomment le parenchyme cortical des racines, provoquant un déficit
nutritionnel de la plante (figure 4) et la verse dans les cas de fortes attaques. Dix larves par plante peuvent
provoquer jusqu’à 80% de perte. La chrysomèle des racines du maïs est la première cause d’utilisation d’insecticide
sur maïs aux Etats-Unis. Les adultes consomment le pollen des plantes et les soies chez le maïs à partir d’août,
pouvant ainsi perturber, dans quelques rares cas, la fécondation de la fleur femelle par le pollen (figure 5). Ils se
nourrissent également de feuillage lorsqu’il n’y a plus de pollen.
Crédits photos :
Figures 1, 2, 3 et 6 : P. Reynaud (LNPV entomologie)
Figure 4 : T. Tuska et J. Kiss (Szent István University, Hongrie)
Figure 5 : J. Kiss (Szent István University, Hongrie)
Figure 4
-
pivot racinaire
consommé par les larves
Figure 5 -
dégâts sur maïs de consommation après
coupure des soies par les adultes
Coordonnées de la DRAF / SRPV de votre région :
1 / 4 100%
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