Bertrand/ Une perspective éthique de la gestion des équipes de projet : une analyse relationnelle et
exploratoire des facteurs humains.
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parler d’universalité d’un but commun en proclamant l’amélioration continue de la
condition humaine par la prise en charge de sa responsabilité ? L’humain représente donc
un sujet qui mérite d’être étudié puisqu’à ce jour « une chose existe, mais dont le caractère
infini échappe à tout savoir, c’est l’humain : la foi en l’humain peut se définir comme un
espoir dans les progrès de la civilisation, dans l’élévation du niveau de vie et la vocation
pacifique des humains » (Larousse, 1995, P. 95).
Racine (1991) nous résume qu’une valeur économique existe en gestion des affaires et elle
doit être gérée de façon à produire le plus grand bien pour le plus grand nombre de
personnes. Il faut accentuer et miser sur l’impact positif du bien au détriment du mal, les
conséquences sont évaluées en fonction du plus grand bien plutôt que du plus grand mal.
Pourtant, la finalité des théories utilitaires est de maximiser les effets positifs tout en
cherchant à diminuer les effets négatifs pour la majorité. Que fait-on pour les minorités
avec un tel raisonnement ? Est-ce juste pour les minorités et est-ce responsable de la part
de la majorité ? Où se situent vraiment nos valeurs dans un tel contexte ? Est il possible
pour un système de favoriser tout le monde ? L’individu n’est-il pas lui-même responsable
de son propre bonheur ? L’éthique se définit comme étant la discipline qui comprend
« l’ensemble des principes purement humains qui devraient permettre au plus grand
nombre d’accéder à une existence pleinement satisfaisante et pleinement significative,
c’est-à-dire à une réalisation heureuse de la personnalité » (Encyclopédie Encarta
électronique, 2000). Voilà, pour l’essentiel, à quoi s’intéresse les théories utilitaires en
éthique. On a tendance à y recourir en gestion malgré le fait qu’elles sont limitées dans
l’application car dans ce domaine, « l’utile ou ce qui peut apporter le plus grand bonheur
doit être le principe suprême de notre action » (Larousse, 1995, P. 288).
Je le redis, ces dernières années, l’éthique fut abordée en sciences de la gestion sous l’angle
utilitaire. Ainsi, il existe deux catégories d’éthique : l’éthique « pure » dite philosophique
et l’éthique des affaires dite utilitaire. D’une part, Maas (2000) croit que l’éthique
demeure un sujet très problématique en affaires puisqu’elle ne s’inscrit pas dans
l’accomplissement des buts de l’organisation, c’est-à-dire que les affaires sont les affaires
et de ce fait, on se soucie que des résultats et non des moyens utilisés pour réaliser les dits
buts organisationnels. C’est le cas également pour Combe et Deschamps (1996), ces
derniers prétendent que l’éthique gêne continuellement le management (P. 14) Ces points
de vue illustrent parfaitement l’aberration que constitue une expression telle que
« l’éthique des affaires » D’autre part, je partage avec Williams (1992) l’idée que l’éthique
des affaires n’existe pas car les principes éthiques s’appliquent aux circonstances, aux
conditions et à l’évolution humaines. De plus, Boisvert (1997) prétend que « l’éthique du
milieu des affaires ressemble davantage à une stratégie de marketing ou de réglementation
du personnel qu’à une réelle volonté éthique » (P. 33). Les travaux parallèles et les
publications en gestion sont pour l’essentiel prescrits, par exemple Jacobs (1999) propose
une série de commandements portant sur des règles de conduite, plus précisément elle nous
dicte un code déontologique en gestion, par exemple, contribuer au bien-être de la société
et des personnes, ne pas nuire à autrui, faire preuve d’honnêteté et de responsabilité, être
juste et équitable, honorer la propriété d’autrui, etc. À mes yeux, l’éthique n’est pas que
prescrite, elle est pensée, discursive et axiologique et ne peut s’allier à l’utilitarisme qui
n’est nulle autre qu’une « doctrine philosophique qui fait de l'utilité le seul critère de la