Conférence du Prof. Tim Gruffydd-Jones : «Que faire après la PIF ? » The feline Centre & Dept. Clinical Veterinary Science, University of Bristol Notes prises lors de la Convention Internationale Féline Royal Canin des 13, 14 & 15 avril 2010 La PIF (Péritonite Infectieuse Féline) est la maladie que craignent le plus les éleveurs. Comment s’en sortir avec cette maladie ? Il y a différents types de coronavirus. Certaines formes ne sont pas virulentes, à l’opposé, celui de la FIP est fatal. Dans ce cas, le virus logé dans l’intestin s’échappe et mute. Plusieurs facteurs influencent la mutation du virus et donc le déclenchement de la maladie: • Le nombre de chats dans le foyer : plus on a de chats, plus on a de probabilités d’infection. • L’âge : Le problème s’aggrave chez les jeunes chats de moins de 9 mois et chez les chats les plus âgés. Leur système immunitaire est plus faible. Ils sont donc prédisposés à la PIF et au virus de la leucémie, de la leucose féline. • La génétique peut également expliquer la prédisposition puisque certaines races sont plus particulièrement exposées. • L’immunité : les anticorps développés par l’organisme à l’occasion d’autres maladies comme le coryza ou l’entérite (ECVF) ne protègent malheureusement pas de la PIF. Sous sa forme entérique le virus peut subir une mutation plus ou moins lente et se transformer en PIF. • Le stress Au sein de la population féline, la prévalence de la PIF est de 1%. Il est donc probable qu’un vétérinaire qui examine la plupart du temps des chats de maison n’ait que rarement rencontré un cas de PIF. Dans un foyer où vivent plusieurs chats, comme chez les éleveurs, la prévalence est de 5%, et, rarement, cela peut aller jusqu’à 10%. Ces informations posent questions et semblent peu fiables. Sur le web, on peut lire énormément de choses sur la PIF, mais avec 5% de chats atteints, beaucoup de chats seraient malades. Cette maladie dévastatrice est d’autant plus difficile à prévoir qu’elle peut atteindre un chat dont l’organisme va produire une réaction immunitaire qui lui permet d'éliminer le virus. Il pourra vivre alors le reste de sa vie sans problèmes. Le scénario le plus fréquent est que la maladie apparaît d’abord chez les chatons. On apprend alors, après la vente, par un coup de fil difficile à supporter qu’un chaton est malade de la PIF. En fait, sous l’effet du stress du sevrage, du départ de l’élevage, des vaccins, le virus a muté et a déclenché la PIF. Que faut-il faire ? Trois approches sont possibles 1 – Etablir une colonie de chats non atteints par le coronavirus 2 – Pratiquer le sevrage précoce 3 – Réduire les facteurs de risque 1 - Cette première approche, établir une colonie de chats non atteints, est très difficile car 90 à 95% des chats présentent des anticorps au coronavirus. Il faut donc regarder les titres d’anticorps. Plus ils sont élevés, plus le risque est important. Ce sont donc les chats présentant un faible niveau d’anticorps qu’il faudra isoler en tant que chats sains. Mais il est très difficile d’éviter les infections croisées. Même en respectant des règles d’hygiène strictes. Cette approche n’est donc pas réaliste. Par ailleurs, des titres élevés d’anticorps confèrent-ils un statut de porteur sain ? Les tests PCR permettent de mesurer l’excrétion de coronavirus dans les selles. Trois prélèvements sont quand même nécessaires. 2 – Le sevrage précoce : lorsqu’une femelle est infectée, les chatons sont protégés pendant les 4 à 6 premières semaines puis sont infectés à leur tour. En les enlevant à leur mère avant l’âge de 4 semaines, on produit ainsi une colonie de chats non atteints. De ce point de vue, cette solution est très bonne. Il suffit de faire tester les chatons avant la vente pour être sûr qu’ils sont sains. Le problème est plutôt du côté de leur développement comportemental. Quelques précautions sanitaires par ailleurs sont à prendre pour l’isolement des chatons : désinfection des mains, des vêtements, du sol, des litières, des pelles, des gamelles… 3 - La troisième option est la plus réaliste : pour réduire les facteurs de risques il faut qu’il n’y ait pas trop de chatons au même moment au même endroit et attendre 6 mois avant de recommencer la reproduction. Il faut donc séparer les chats sains des chats porteurs, éviter la surpopulation et le stress. Quel est le chiffre magique pour déterminer le bon nombre de chats ? Il semble que cela soit 6. Avec 10 chats, les risques s’accroissent de façon exponentielle. Alors, si vos chats sont trop nombreux, il faut les séparer, faire plusieurs groupes de 4 à 5 chats. En mettre à l’intérieur, dans des locaux prévus à l’extérieur, dans une aile de votre habitation, dans une autre aile… Plusieurs études sont en cours qui étudient notamment l’impact de la maladie selon la race, les facteurs génétiques, l’influence du père. On peut établir une cartographie génétique du chat et d’ici un an ou deux, on va pouvoir travailler sur le développement des marqueurs. Ce qui aidera dans la sélection. Si un chaton développe la PIF, peut-on continuer à faire reproduire sa mère ? Il est bien difficile de prédire jusqu’à quel point un bon niveau d’hygiène, notamment au niveau de la litière, peut empêcher une infection croisée. Il faudrait pouvoir nettoyer la litière après chaque souillure, ce qui est mission quasiment impossible. La meilleure réponse à la PIF dans une chatterie contaminée est d’arrêter l’élevage pendant 6 à 9 mois, mettre en œuvre les différents moyens pour réduire les risques et envisager, en tout cas considérer, le sevrage précoce.