LA RÉVOLUTION FRANÇAISE III - L’ORGANISATION DE LA NOUVELLE FRANCE - N°5
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE ET L’ÉMANCIPATION DES JUIFS
CONFÉRENCE D’ERIC LOWEN DU 16/05/2013 A L’UTL
«Tout accorder aux Juifs en tant qu’individus, ne rien accorder aux Juifs, en tant que Nation».
Stanislas de Clermont Tonnerre, 1789
I LA SITUATION DE CET ÉPISODE DANS LE CADRE DE LA RÉVOLUTION
1 - Un des derniers épisodes de l’assemblée nationale constituante
2 - Un sous-épisode de la question de la religion lors de la révolution française
3 - Un épisode sur fond de violences religieuses croissantes, à l’encontre des protestants
4 - Mais paradoxalement ce n’était pas un problème dans la France de l’ancien régime
II LA QUESTION JUIVE SOUS L’ANCIEN RÉGIME
1 - La “question juive”, un double problème : antisémitisme et communautarisme
2 - Une problématique chrétienne remontant à la fin de l’empire romain, mais qui évolua enfin au
18ème siècle vers plus de tolérance
3 - Un processus complexe d’émancipation, au niveau légal et des mentalités : 1784-1808
III PETIT RETOUR SUR LES JUIFS EN FRANCE AVANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
1 - L’édit d’expulsion des juifs de 1394, par Charles VI
2 - Les exceptions à cet édit, l’existence de communautés isolées dans des régions d’exception
A - En Lorraine (communautés askhénazes), intégrée en 1766
B - En Alsace (communautés askhénazes), partiellement reconnues en 1784
C - En Avignon et dans le comtat venaissin, les juifs du pape (sépharades)
D - Les juifs du Sud-Ouest, Bayonne et Bordeaux (sépharades portugais)
E - Les communautés de Paris (sépharades et askhénazes)
3 - Non pas une communauté juive, mais des communautés ou “nations”
4 - Un état d’exception, une tolérance sous contrainte de mesure vexatoires et discriminatoires
5 - Sous le règne de Louis XV et Louis XVI, une période de clémence à leur égard
IV LE DÉROULEMENT DES ÉVÉNEMENTS, VERS L’ÉMANCIPATION DES JUIFS FRANÇAIS
1 - Le nouveau regard des Lumières sur les juifs, notamment les Lumières allemandes (
Lessing,
Mendelssohn, Dohms)
2 - L’émergence en Allemagne d’un mouvement des Lumières juive la
Haskala
, grâce à Mendelssohn
3 - Idées qui se propagent en France, notamment avec Mirabeau et l’abbé Grégoire, avant même la
révolution française
4 - En 1784, la première mesure d’émancipation en faveur des juifs ashkénazes de l’est
5 - En 1787, la signature de l'Édit de Versailles par Louis XVI, accorde l’égalité politique et civile
aux protestants
6 - En novembre 1787, Malesherbes est chargé d’un projet de réforme de leur statut
7 - En 1788, l’Académie Royale de Metz propose un concours sur l’émancipation des juifs
8 - En 1789, la participation des juifs du sud-ouest aux cahiers de doléance et aux états généraux
9 - Mais lors de la grande peur, des pillages de maisons juives éclatent en Alsace
10 - L’abbé Grégoire demande en vain l’émancipation des juifs le 3 août à l’assemblée
11 - L’émancipation ratée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Association Aldéran © - Conférence 1507 3013-05 : “La révolution française et lʼémancipation des juifs” - 16/05/2013 - page 1
12 - L’engagement des juifs pour leur reconnaissance, les nombreuses adresses des juifs à
l’assemblée (août-décembre 89)
13 - La nature complexe des revendications des juifs et de leurs motivations
14 - Les débat parlementaires commencent du 21 au 24 décembre 1789
15 - Le premier octroi partiel de citoyenneté, le 28 janvier 1790
16 - Face aux exactions contre les juifs d’Alsace, l’assemblée doit rappeler en avril 1790 que les
juifs sont
sous la protection des lois
17 - L’échec d’une nouvelle tentative en janvier 1791
18 - L’émancipation complète est obtenue par le décret du 28 septembre 1791 grâce au député
Adrien Duport
19 - Les amendements Broglie et Prugnon, la renonciation à leurs privilèges civils, politiques et
religieux
20 - Une loi ratifiée le 13 novembre par Louis XVI
21 - Un principe clair, mais des applications en demi-teintes
22 - Pendant la terreur, le judaïsme est persécuté comme religion, notamment en Alsace
23 - Napoléon et l’organisation du judaïsme français, une religion normalisée : 1806-1808
24 - Des mesures qui resteront lors de la restauration et formeront le socle des progrès futurs
VPARTICULARITÉS DE CET ÉPISODE DANS LA RÉVOLUTION FRANçAISE
1 - Action révolutionnaire ou action de la révolution ?
2 - Émancipation ou octroi de la citoyenneté ?
3 - Une double logique d’émancipation, déjà entamée sous l’Ancien régime
4 - Des stratégies et des attitudes différentes suivant les communautés juives
5 - Le choix de la révolution : des individus juifs et non une communauté
6 - La confessionalisation du judaïsme, de nation à confession
7 - Équivoques des perceptions de l’émancipation des deux cotés, juifs et non-juifs
VI SES CONSÉQUENCES ET SES RÉPERCUTIONS
1 - De l’idéal à la pratique, une pratique loin d’être idéale !
2 - Une première historique en Europe, qui fera de la France un pays pionnier de leur émancipation
3 - L’extension des droits de l’homme et du citoyen aux juifs
4 - Une intégration au corps de la nation, ils deviennent des citoyens comme les autres
5 - Une participation à la vie politique
6 - La reconnaissance du culte israélite comme religion normalisée
7 - La fin de la suprématie chrétienne, qui n’est plus qu’une religion parmi d’autres
8 - Évolutions qui entraînera en réaction une évolution de l’anti-sémitisme, qui se radicalisera
POUR RENSEIGNEMENTS ET CONTACT ÉRIC LOWEN
MAISON DE LA PHILOSOPHIE - UNIVERSITÉ POPULAIRE DE PHILOSOPHIE
29, RUE DE LA DIGUE, 31300 TOULOUSE - 05.61.42.14.40
Association ALDÉRAN pour la promotion de la philosophie
Ouvert de 14h à 21h du mardi au vendredi, de 14h à 18h le samedi - Email : [email protected]
Association Aldéran © - Conférence 1507 3013-05 : “La révolution française et lʼémancipation des juifs” - 16/05/2013 - page 2
Document 1 :
PETIT RAPPEL HISTORIQUE DES PERSÉCUTIONS DES JUIFS EN EUROPE
DEPUIS LE XIÈME SIÈCLE
1012 Expulsion des juifs de Mayence.
1073 Arrivée des premiers juifs en Angleterre.
1096 Les croisés massacrent les juifs en Rhénanie.
1190 Massacre des juifs de York.
1222 Le concile d'Oxford prend des mesures discriminatoires
1242 Le Talmud brûlé à Paris.
1244 Frédéric II, duc d'Autriche, accorde une charte aux juifs.
1263 Discussion de Barcelone.
1264 Charte de Boleslav le Pieux en Pologne.
1269 Saint Louis impose un signe distinctif, la rouelle.
1285 Destruction de la communauté de Munich.
1290 Expulsion des juifs d'Angleterre.
1306 Expulsion des juifs de France.
1315 Les juifs sont rappelés en France.
1320 La croisade des pastoureaux dans le Midi et en Espagne s’attaque aux juifs.
1334 Casimir III de Pologne étend la charte de 1264.
1348 Massacres de la Peste noire en Espagne et au Portugal. Les juifs d'Italie protégés par une
charte du pape Clément VI.
1391 Massacres et conversions des juifs espagnols.
1427 Un édit papal interdit le départ des juifs en Terre sainte.
1473 Massacre des marranes de Cordoue et de Valladolid.
1475 Expulsion des juifs de diverses villes italiennes.
1492 Le 31 mars, expulsion des juifs d'Espagne.
1496 Le 6 décembre, expulsion des juifs du Portugal.
1497 A l'automne, conversion forcée des juifs du Portugal.
1516 Création du ghetto de Venise.
1525 L’église d’Avignon prend des mesures appliquées contre les Juifs comtadins :
- Le port du chapeau jaune est obligatoire.
- Ils ne peuvent exercer aucune fonction publique.
- Ils sont contraint d’écouter un prédicateur chrétien qui vient les sermonner
pendant l’office pour les inciter à se convertir.
- Les relations avec les chrétiens sont contrôlées pour être limitées.
Association Aldéran © - Conférence 1507 3013-05 : “La révolution française et lʼémancipation des juifs” - 16/05/2013 - page 3
1533 Le Talmud est brûlé à Rome.
1536 L’instauration de l'Inquisition au Portugal fait fuir les juifs convertis ou “conversos”
1541 Expulsion des juifs de Naples.
1550 Le roi de France Henri II, octroie aux Juifs de Bordeaux et des environs, des marranes
portugais, des lettres de patente leur donnant droit de résidence et protection. Il n’y est
toutefois pas du tout fait mention de leur qualité de Juifs. C’est un accord tacite. Les Juifs du
sud-ouest participeront pleinement à l’économie de la région, feront avec le nouveau monde
le commerce des fèves de cacao et seront parmi les premier chocolatiers de France.
1569 Les Juifs d’Avignon sont contraints d’installer leur demeure dans les carrières, qui
formeront le ghetto. Les Juifs pourront avoir l’autorisation de résider en dehors du ghetto
trois nuits par semaine. Les Juifs seront soumis au régime du ghetto, appelé aussi carrière,
dans les quatre villes du Comtat : Avignon, L'Isle-sur-la-Sorgue, Carpentras et Cavaillon.
Mis à l’écart physiquement, les Juifs sont également l’objet de nombreuses brimades, tels
que le jeu du Cavo, pratiqué par les enfants, qui consistait à contraindre un Juif à
s’agenouiller et à enlever son chapeau.
1590 Des marranes s'installent aux Pays-Bas.
1593 Expulsion des juifs de l'Etat pontifical.
1602 Début d'une communauté juive à Amsterdam.
1619 A Saint Jean de Luz, le tribunal de l’inquisition condamne à mort et brûle vive une portugaise
pour avoir « craché le Saint Sacrement dans un mouchoir ». Extraits du procès verbal :
Par après plusieurs personnes du dict lieu nous auraint dict que la plus part de ces gens
estaint soupçonnés d'estres Juifs et de vivre suivant la loy mozayque aiant esté surprins es
années précédentes faisant cuire un jour de Rameaux une fournée de pains azymes et sans
levain pour solempniser leur Pasque. Qu'une autre fois aussy on les avait trouvé de nuict
avec des lampes et des torches allumés et fouettants le crucifix, saisis des livres contenants
ceremonies Judaïques, et que pour toutes ces meschancetés n'ayant pas esté punis, ceste
populasse irritée et mutinée par ceste dernière abomination aurait esté portée à une violence
si extresme que de les chasser avec telle fureur, leur commandant de se retirer hors du dict
lieu pendant trois jours sans que par considération quelconque l'on l'aye peu faire
relascher.”
1625 Les biens des Juifs du sud-ouest sont confisqués. Cette mesure ne les vise pas officiellement
en tant que Juifs, mais en tant que ressortissants de la péninsule ibérique, et est exercée en
représailles à la confiscation par Philippe IV d’Espagne des biens des français résidant en
Espagne. On peut toutefois se demander ce que Philippe IV pense de ses citoyens espagnols et
portugais vivant en France, qui descendent tous de marranes en fuite.
1648 L’Alsace devient française. Elle ajoute à la France des communautés ashkénazes, beaucoup
plus nombreuses que les communautés sépharades du sud-ouest.
1656 Autorisation de rentrer en Angleterre.
1670 Les Juifs sont accusés de faire disparaître des enfants à Paris. Le seul problème dans cette
accusation est qu’il n’y a pas de Juifs à Paris.
1685 Liberté de culte pour les juifs anglais.
1685 Promulgation du Code noir par Louis XIV. Le premier article de ce texte qui réglemente
l’esclavage aux Antilles, en Guyane et en Louisiane, exclut formellement les Juifs des
territoires concernés : « Enjoignons à tous nos officiers de chasser hors de nos îles tous les
Juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme ennemis déclarés du nom chrétien,
nous commandons d’en sortir dans trois mois, à compter du jour de la publication des
présentes, à peine de confiscation de corps et de biens. »
1715 Les Juifs portugais installés à Paris doivent faire tamponner leur passeport. Depuis qu’ils
sont revenus dans la capitale, les Juifs font l’objet d’une étroite surveillance.
Association Aldéran © - Conférence 1507 3013-05 : “La révolution française et lʼémancipation des juifs” - 16/05/2013 - page 4
1723 Concile général des juifs du Piémont.
1760 Création du Comité représentatif des juifs britanniques.
1775 Édit du pape Pie VI contre les juifs.
1794 Le 20 prairial de l'an II (8 juin 1794), Robespierre inaugure à Paris au Champ-de-Mars la
fête de l'Être Suprême. Cette nouvelle croyance déiste et patriotique tournée vers la Raison
annihile toutes les autres religions, donc aussi le judaïsme
Document 2 : Rousseau et les juifs, le constat de leur persécutions.
Nous avons trois principales religions en Europe. L'une admet une seule révélation, l'autre en
admet deux, l'autre en admet trois. Chacune déteste, maudit les autres, les accuse
d'aveuglement, d'endurcissement, d'opiniâtreté, de mensonge. Quel homme impartial osera
juger entre elles, s'il n'a premièrement bien pesé leurs preuves, bien écouté leurs raisons ?
Celle qui n'admet qu'une révélation est la plus ancienne, et paraît la plus sûre; celle qui en
admet trois est la plus moderne, et paraît la plus conséquente; celle qui en admet deux, et
rejette la troisième, peut bien être la meilleure, mais elle a certainement tous les préjugés
contre elle, l'inconséquence saute aux yeux... Connaissez-vous beaucoup de chrétiens qui aient
pris la peine d'examiner avec soin ce que le judaïsme allègue contre eux ? Si quelques-uns en
ont vu quelque chose, c'est dans les livres des chrétiens. Bonne manière de s'instruire des
raisons de leurs adversaires ! Mais comment faire ? Si quelqu'un osait publier parmi nous des
livres l'on favoriserait ouvertement le judaïsme, nous punirions l'auteur, l'éditeur, le
libraire. Cette police est commode et sûre, pour avoir toujours raison. Il y a plaisir à réfuter
des gens qui n'osent parler.
Ceux d'entre nous qui sont à portée de converser avec des Juifs ne sont guère plus avancés.
Les malheureux se sentent à notre discrétion ; la tyrannie qu'on exerce envers eux les rend
craintifs ; ils savent combien peu l'injustice et la cruauté coûtent à la charité chrétienne :
qu'oseront-ils dire sans s'exposer à nous faire crier au blasphème ? L'avidité nous donne du
zèle, et ils sont trop riches pour n'avoir pas tort. Les plus savants, les plus éclairés sont
toujours les plus circonspects. Vous convertirez quelque misérable, payé pour calomnier sa
secte ; vous ferez parler quelques vils fripiers, qui céderont pour vous flatter ; vous
triompherez de leur ignorance ou de leur lâcheté, tandis que leurs docteurs souriront en silence
de votre ineptie. Mais croyez-vous que dans des lieux ils se sentiraient en sûreté l'on eût
aussi bon marché d'eux ? En Sorbonne, il est clair comme le jour que les prédictions du Messie
se rapportent à Jésus-Christ. Chez les rabbins d'Amsterdam, il est tout aussi clair qu'elles n'y
ont pas le moindre rapport. Je ne croirai jamais avoir bien entendu les raisons des Juifs, qu'ils
n'aient un État libre, des écoles, des universités, ils puissent parier et disputer sans risque.
Alors seulement nous pourrons savoir ce qu'ils ont à dire.
Jean-Jacques Rousseau (1712 - 1778)
Emilie, livre IV
Association Aldéran © - Conférence 1507 3013-05 : “La révolution française et lʼémancipation des juifs” - 16/05/2013 - page 5
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !