LES SEPT PILIERS DE LA SAGESSE - TROISIÈME SUJET LE PILIER DE L’AMOUR La quête de l’Amour L'Amour est fils de la Connaissance. L'Amour est d'autant plus élevé que la connaissance est plus certaine. Léonard de Vinci (1452-1519) i PRÉSENTATION DU PILIER DE L’AMOUR 1 - Le deuxième Pilier : la quête de l’Amour 2 - Le contrepoids de «l’inhumanité» du pilier de la vérité 3 - Un pilier éclairant les autres, mais sans les autres l’amour devient aliénation 4 - Le second des piliers «communs» II DÉFINITION DE L’AMOUR 1 - Le principe de l’Amour 2 - Une notion qui provient de soi, de l’Être humain - il n’existe pas en dehors de soi 3 - L’Amour ne nous est pas donné, il est à conquérir III LA QUÊTE D’AMOUR, L’IDÉAL D’AMOUR 1 - Un idéal d’Amour (et non trouver «l’amour idéal») 2 - Partir en Quête d’Amour 3 - Les déclinaisons du pilier de l’Amour 4 - Une recherche d’Amour dans toutes les directions du monde et de l’existence 5 - Une recherche constante et perpétuelle 5 - Tendre constamment vers un principe d’Amour supérieur et universel IV VIVRE DANS LA VOIE DE L’AMOUR, L’AMOUR COMME VOIE 1 - Atteindre une recherche d’Amour désintéressée : l’Amour comme Action Juste 2 - Insuffler cette quête dans l’ensemble de notre vie quotidienne et de notre Être 3 - Lutter d’abord contre nos tendances intérieures contraires à l’Amour 4 - Ne plus accepter ce qui est contraire à l’Amour, en nous comme autour de nous 5 - Une quête qui nous amène au devoir d’Amour, à l’impérativité de l’Amour 6 - Toujours respecter, rechercher et protéger l’Amour, en toutes occasions V UN CHEMINEMENT INTÉRIEUR QUI NOUS FAIT DEVENIR ET PROGRESSER 1 - La recherche d’Amour pour Être, et non pour savoir ou pour pouvoir 2 - Le progrès en Amour nous ouvre de nouveaux champs de conscience et d’expériences 3 - Qui nous permet d’être plus en harmonie avec soi, l’Humanité et le monde autour de nous 4 - Progresser dans ce pilier nous fait progresser en humanité VI CONCLUSION 1 - Le Pilier de l’Amour est un élément constitutif de la prosophia et de la Philosophie 2 - Toute progression dans le Pilier de l’Amour est un progrès philosophique 3 - Un Pilier d’autant plus important au regard des innombrables problèmes suscités par la haine et le manque d’Amour 4 - Qu’avons-nous fait aujourd’hui pour progresser dans le Pilier de l’amour ? ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 21 Document 1 : L’amour est dépendant de la connaissance. Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons (comme étant), c’est une condition de l’amour. L’amour n’est pas une voie de connaissance en soi, aimer n’est pas connaître, mais il facilite la possibilité de connaître. Faut-il encore faire en sorte que l’amour ne vienne pas, par excès et déséquilibre, nous aveugler et devenir obstacle à la vérité. Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons, et nous ne pourrons jamais connaître complètement ce que nous n'aimons pas. L'amour est un mode de connaissance, et quand l'amour est suffisamment désintéressé et suffisamment intense, la connaissance devient connaissance unitive, et acquiert ainsi la qualité d'infaillibilité. Quand il n'y a pas d'amour désintéressé (ou, plus brièvement, pas de charité) il n'y a qu'un amour du moi, entaché de prévention, et, partant, qu'une connaissance partielle et défigurée, aussi bien du moi que du monde des choses, des vies, des intelligences et de l'esprit en dehors du moi. Aldous Huxley (1894-1963) La philosophie éternelle Document 2 : L’amour est une richesse, celui qui peut aimer sans attendre de retour en échange à une vie toujours plus riche et intense. QUAND ON N'A QUE L'AMOUR Quand on n'a que l'amour Pour meubler de merveilles Et couvrir de soleil La laideur des faubourgs, Quand on n'a que l'amour Pour unique raison Et unique chanson Et unique secours, Quand on n'a que l'amour Pour habiller matin Pauvres et malandrins De manteaux de velours, Quand on n'a que l'amour A offrir en prières Pour les maux de la terre En simple troubadour, Quand on n'a que l'amour A offrir à ceux-là Dont l'unique combat Est de chercher le jour... ...Alors sans avoir rien Que la force d'aimer Nous aurons dans nos mains Ami, le monde entier. Jacques Brel (1929-1978) Quand on n’a que l’amour (extraits) Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 22 Document 3 : L’existence humaine est rendue plus «dense» par le fait d’aimer. Sous cet angle, ne plus aimer c’est ne plus «vivre». Eh quoi, tu veux que je cesse d’aimer ? Tu veux que je dise que je me suis trompée toute ma vie, que l’humanité est méprisable, haïssable, qu’elle a toujours été, qu’elle sera toujours ainsi ? Et tu me reproches ma douleur comme une faiblesse, comme le puéril regret d’une illusion perdue ? Tu affirmes que le peuple a toujours été féroce, le prêtre toujours hypocrite, le bourgeois toujours lâche, le soldat toujours brigand, le paysan toujours stupide ? Tu dis que je savais tout cela dès ta jeunesse et tu te réjouis de n’en avoir jamais douté parce que l’âge mûr ne t’a apporté aucune déception : tu n’as donc pas été jeune ? Ah ! nous différons bien, car je n’ai pas cessé de l’être si c’est d’être jeune que d’aimer toujours ! (…) Me trouveras-tu un refuge dans la vieillesse qui rapproche de la mort ? Et que m’importe à présent la mort ou la vie pour moi-même ? Je suppose qu’on meure tout entier, ou que l’amour ne nous suive pas dans l’autre vie, estce que, jusqu’au dernier souffle, on n’est pas tourmenté du désir, du besoin impérieux d’assurer à ceux qu’on laisse toute la somme du bonheur possible ? Est-ce qu’on peut s’endormir paisiblement quand on sent la terre ébranlée prête à engloutir tous ceux pour qui on a vécu ? (…) Non, non, on ne s’isole pas, on ne rompt pas avec les liens du sang, on ne maudit pas, on ne méprise pas son espèce. L’humanité n’est pas un vain mot. Notre vie est faite d’amour, et ne plus aimer c’est ne plus vivre. George Sand (1804-1876) Correspondance, Lettre à Gustave Flaubert, 14 septembre 1871 Document 4 : Le pilier de l’amour concerne aussi le monde qui nous entoure. AIMER LE MONDE Tout ce qui te convient, ô monde, me convient aussi ! Rien n’est pour moi prématuré ou tardif de ce qui pour toi vient à point. Tout ce que m’apportent tes saisons est pour moi Un fruit savoureux, ô Nature ! Tout vient de tout, tout est en toi, tout rentre dans toi. La terre aime la pluie. Le ciel divin aime aussi la pluie. Le monde aime produire tout ce qui doit se produire. Je dis donc au Monde : “J’aime ce que tu Aimes !”. Marc Aurèle (121-180) Pensées pour moi-même Document 5 : Une déclinaison du pilier de l’Amour est l’amitié. Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres. L’amitié peut subsister entre des gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté. Une femme cependant regarde toujours un homme comme un homme ; et réciproquement un homme regarde une femme comme une femme. Cette liaison n’est ni passion ni amitié pure : elle fait une classe à part. L’amour naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine. L’amitié au contraire se forme peu à peu, avec le temps, par la pratique, par un long commerce. Combien d’esprit, de bonté de coeur, d’attachement, de services et de complaisance dans les amis, pour faire en plusieurs années bien moins que ne fait quelquefois en un moment un beau visage ou une belle main ! Le temps, qui fortifie les amitiés, affaiblit l’amour. Tant que l’amour dure, il subsiste de soi-même, et quelquefois par les choses qui semblent le devoir éteindre, par les caprices, par les rigueurs, par l’éloignement, par la jalousie. L’amitié au contraire a besoin de secours : elle périt faute de soins, de confiance et de complaisance. Il est plus ordinaire de voir un amour extrême qu’une parfaite amitié. Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 23 L’amour et l’amitié s’excluent l’un l’autre. Celui qui a eu l’expérience d’un grand amour néglige l’amitié ; et celui qui est épuisé sur l’amitié n’a encore rien fait pour l’amour. L’amour commence par l’amour ; et l’on ne saurait passer de la plus forte amitié qu’à un amour faible. Rien ne ressemble mieux à une vive amitié, que ces liaisons que l’intérêt de notre amour nous fait cultiver. Il n’y a pas si loin de la haine à l’amitié que de l’antipathie. Il semble qu’il est moins rare de passer de l’antipathie à l’amour qu’à l’amitié. L’on confie son secret dans l’amitié ; mais il échappe dans l’amour. L’on peut avoir la confiance de quelqu’un sans en avoir le coeur. Celui qui a le coeur n’a pas besoin de révélation ou de confiance ; tout lui est ouvert. L’on ne voit dans l’amitié que les défauts qui peuvent nuire à nos amis. L’on ne voit en amour de défauts dans ce qu’on aime que ceux dont on souffre soi-même. Il n’y a qu’un premier dépit en amour, comme la première faute dans l’amitié, dont on puisse faire bon usage. On a dit en latin qu’il coûte moins cher de haïr que d’aimer, ou si l’on veut, que l’amitié est plus à charge que la haine. Il est vrai qu’on est dispensé de donner à ses ennemis ; mais ne coûte-t-il rien de s’en venger ? Ou s’il est doux et naturel de faire du mal à ce que l’on hait, l’est-il moins de faire du bien à ce qu’on aime ? Ne serait-il pas dur et pénible de ne lui en point faire ? Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui l’on vient de donner. Je ne sais si un bienfait qui tombe sur un ingrat, et ainsi sur un indigne, ne change pas de nom, et s’il méritait plus de reconnaissance. La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu’à donner à propos... Vivre avec ses ennemis comme s’ils devaient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme s’ils pouvaient devenir nos ennemis, n’est ni selon la nature de la haine, ni selon les règles de l’amitié ; ce n’est point une maxime morale, mais politique. Jean de La Bruyère (1645-1696) Les caractères Document 6 : L’amour a sa force émotionnelle adverse, la haine. De ce fait, s’il y a des cultures de fraternité et d’humanisme, il y a aussi des cultures de haine et de violence. Autant la haine est un obstacle au pilier de l’amour, qui oblige à travailler sur elle pour s’en libérer, autant le Pilier de l’amour implique le devoir de lutter contre ses expressions sociales, politiques, culturelles ou idéologiques. Pourquoi ces pogromes ? Pourquoi les Turcs tuaient-ils les Arméniens ? Pourquoi le chat arrache-t-il les yeux du chien ? Parce que la race parle plus haut que l'humanité. Un Slave a toujours un Hébreu sur l'estomac. La longue vie en commun ne les a pas rapprochés. Un Polonais, un Russe chassent un Juif du trottoir comme si le Juif, en passant, leur volait une part d'air. Un Juif, pour un Européen oriental, est l'incarnation du parasite. Les malheurs ont des causes. Ailleurs, on recherche ces causes en toute indépendance d'esprit. Ici, quel que soit le malheur, la première cause qui se présente à l'esprit est le Juif. On ne pense pas sans saisissement que les Juifs sont les inventeurs du bouc émissaire. Leurs prêtres chargeaient l'animal de tous les péchés et le chassaient devant eux. Les peuples de l'Est ont retenu l'idée. Ils ont remplacé le bouc par le Juif ! La cause fondamentale des pogromes est l'horreur du Juif. Après viennent les prétextes. Ils sont multiples. Dans le cas des pogromes d'Ukraine, le prétexte était le bolchevisme. Les cosaques de Petlioura étant antibolcheviks, les Juifs, par le jeu même et de tous temps admis, devaient être bolcheviks. Voyez le ton différent. Prenons par exemple cet ordre du jour signé Semossenko, affiché à Prokourov la veille des massacres : «J'engage la population à cesser ses manifestations anarchiques. J'attire là-dessus l'attention des youpins. Sachez que vous êtes un peuple que toutes les nations détestent. Vous semez le trouble parmi le peuple chrétien. Est-ce que vous ne voulez pas vivre ? Et n'avez-vous pas pitié de votre nation ? Si on vous laisse tranquilles, eh bien ! restez tranquilles. Peuple malheureux, vous ne cessez de faire régner l'inquiétude dans les esprits du pauvre peuple ukrainien.» Et si la grêle hache les moissons, c'est aussi, sachez-le bien, la faute d'Israël ! Voilà ce que l'on est quand on est Juif, dans les pays où nous arrivons ! Albert Londres (1884-1931) Le juif errant est arrivé, 1930 Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 24 POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS - Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen - Conférences en relation avec ce sujet - Les Trois étoiles : Vérité, Amour, Justice, base d’une éthique humaniste universelle - L’Humanisme ou la mort ! - L’origine darwinienne du Bien et du Mal dans l’Être Humain - Philosophie et voie du non-attachement - Force du Bien, plus forte que la haine - Connaissance de soi et sagesse - La symphonie du monde - La magnificence du Cosmos - Respect de la vie, respect des vivants - La citoyenneté du monde - La Déclaration Universelle des droits humains de 1948 5600-002 5600-001 1600-005 1600-024 1600-056 1600-078 1600-122 1600-094 1600-129 1600-089 1000-249 Conférences sur les obstacles à ce pilier - Comment l’Autre devient l’ennemi ? - Violence et religion - Croyance, superstition et obscurantisme - L’obscurantisme, les idéologies de l’ignorance - La dignité de l’homosexualité (dénonciation de l’homophobie) 1600-169 1600-028 1600-165 1600-151 1600-121 Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 25