L’Encéphale, 2006 ;
32 :
638-40, cahier 5 Maladie d’Alzheimer et immunothérapie : espoir ou désillusion ?
S 639
et al.
(
Alzheimer Dis Assoc Disord
, 2004). Ces derniers
font une analyse secondaire très critiquée d’une trentaine
de patients, extraits de leur population. Dans cet échan-
tillon restreint, les auteurs observent un effet significatif de
la vaccination sur le
Mini-Mental State
(MMS).
Gilman
et al.
(
Neurology
, 2005) montrent une efficacité
significative de la vaccination par rapport au placebo, sur
un critère cognitif composite. Ce critère associe l’
Alzhei-
mer’s Disease Assessment Scale-cognitive subscale
(ADAS cog) et une batterie de tests de mémoire (Wechsler
mémoire, 15 mots de Rey), et d’attention (empans chiffrés
endroit et envers). Le résultat n’est pas significatif sur
l’ADAS cog.
Données post-mortem
Une patiente décédée en phase II précoce d’une étude
de tolérance a été prélevée en post-mortem. La mort ne
serait pas liée aux vaccinations reçues d’après Nicole
et al.
En neuropathologie, on observe l’absence de pla-
ques séniles (PS) dans plusieurs régions corticales. Ces
résultats sont étonnants et indiquent un effet possible de
l’injection.
ÉTUDES EXPÉRIMENTALES
La pharmacogénomique recherche des bio-marqueurs
prédictifs du risque de MEIA. L’expression de gènes impli-
qués dans l’apoptose et les processus pro-inflammatoi-
res, est associée au risque de développer une MEIA.
On pourrait ainsi identifier efficacement, les sujets à ris-
que de développer une MEIA ou une autre complication,
et ceux, répondeurs à la vaccination.
Certaines régions corticales sont dénuées de PS. Sur
des coupes de cerveau de patients atteints de MA ayant
reçu des anticorps, l’immun sérum se fixe sur les PS, mais
pas le sérum pré-vaccination. Le phénomène immunolo-
gique est donc bien spécifique, avec une reconnaissance
par les anticorps des PS amyloïdes. Ceci est confirmé par
le double marquage par un anticorps monoclonal, le 4 G 8,
marqueur des PS.
PERSPECTIVES THÉRAPEUTIQUES :
TROIS PISTES…
Transfert d’immunoglobulines anti-A
Les immunoglobulines anti-A sont directement injec-
tées au sujet, qui ne produit donc pas d’anticorps en
réponse à l’antigène. Certaines vont passer dans le
cerveau : elles détruisent les PS et désagrègent les pep-
tides A.
L’objectif est de mettre au point des molécules antigé-
niques moins puissantes en terme d’effets secondaires,
que le peptide A 42 très immunogène. Les recherches por-
tent sur un épitope réduit, qui aurait le même pouvoir favo-
rable, sans déclencher de réponse immunitaire à cellules
T.
Autres voies d’immunisation :
transfert passif d’anticorps
On obtient une réduction significative des PS amyloïdes
dans le cerveau de l’animal, après injection de l’anticorps :
83 à 91 % selon que l’anticorps est polyclonal ou spécifi-
que. Les complications sont dues à la formation de com-
plexes immuns.
Transfert passif d’épitopes
Un travail récent, publié dans Nature en 2002, montre
que l’épitope 4-10 (6 AA), a la même efficacité que le pep-
tide complet (42 AA), sans déclencher de réponse immu-
nologique. Il inhibe la formation spontanée de fibres, la
cristallisation des peptides A, en présence de sérum A 4-
10. D’une part, il peut donc inhiber la fibrillogénèse et
d’autre part, il peut désagréger les fibres préformées.
CONCLUSION
L’immunothérapie A est extrêmement efficace dans les
modèles animaux de maladie d’Alzheimer.
Les cas post-mortem démontrent des effets compara-
bles sur la pathologie amyloïde chez l’homme. Malheu-
reusement, une méningo-encéphalite immuno-allergique
survient dans 6 % des 300 cas rapportés, avec des
séquelles (2 %), sévères (1 %). L’immunothérapie doit
donc être adaptée afin d’éviter cette complication auto-
immune liée à l’activation des cellules T. Plusieurs pistes
de recherche sont possibles.
Question
(M. Haddou)
L’apprentissage explique-t-il certains résultats cognitifs
positifs après vaccination ?
Réponse
Oui, c’est l’un des biais de ces d’études d’une façon
générale. Mais ce biais est compensé par le fait l’effet
d’apprentissage est présent dans les deux groupes. C’est
la différence d’effet entre groupe traité et groupe placebo,
et non la différence par rapport à la ligne de base que l’on
recherche.
Question
(Professeur J.-P. Olié)
Que sait-on des corrélations entre évolution neuro-
pathologique et évolution comportementale, voire cogni-
tive ?