MALADIE D’ALZHEIMER, PERSPECTIVES
DOSSIER
Neurologies • Novembre 2011 • vol. 14 • numéro 142 497
du liquide céphalo-rachidien
(LCR) sur 52 semaines a été étu-
diée dans une petite sous-étude
(20 sujets sous bapineuzumab, 15
sous placebo).
Aucune diérence n’a été mise
en évidence en ce qui concerne la
protéine Aβ42 ou la protéine tau
totale. En revanche, il y avait une
tendance à l’élévation de la pro-
téine tau phosphorylée dans le
groupe traité (5).
• Dans une étude de phase I por-
tant sur le solanezumab, on a me-
suré les concentrations d’Aβ dans
le plasma et le LCR 21 jours après
une administration unique du
produit (7).
Une augmentation dose-dépen-
dante du taux d’Aβ totale a été
retrouvée dans le plasma et aussi
dans le LCR.
IMMUNOTHÉRAPIE :
PREUVES DU CONCEPT
RÉSULTATS DES ÉTUDES
PRÉCLINIQUES
Les études précliniques ont mon-
tré que l’immunisation contre
Aβ pouvait, dans les modèles ani-
maux, prévenir la formation des
lésions de la MA et même en inver-
ser le processus.
• Plusieurs équipes ont publié des
arguments qui étayent la validité
des stratégies d’immunisation ac-
tive.
Ainsi, on a montré une améliora-
tion des performances cognitives
après immunisation par Aβ42 en
corollaire d’une réduction des
lésions neuropathologiques (8).
Ces constatations ont apporté, en
outre, la première preuve directe
qu’une réduction de la charge cé-
rébrale en Aβ pouvait se traduire
par une amélioration cognitive (9).
Des rapports préliminaires ont
aussi montré qu’une immunisa-
tion avec un fragment d’Aβ couplé
à des polylysines pouvait aussi en-
traîner une réponse immunitaire
réduisant les lésions cérébrales
chez des souris transgéniques. Il
semblait ainsi qu’une immunisa-
tion avec le peptide Aβ entier ne
soit pas indispensable pour être
ecace.
Ces observations sont concor-
dantes avec le fait que les anti-
corps dirigés contre les régions
centrales et/ou amino-terminales
du peptide puissent avoir un eet
protecteur contre la pathologie
amyloïde.
• Plusieurs équipes ont égale-
ment porté leurs recherches sur
les stratégies d’immunisation
passive et les premières expéri-
mentations ont montré qu’une
réaction humorale isolée, sans
réponse cellulaire, était su-
sante pour réduire la charge
amyloïde en ayant un impact sur
le trouble mnésique (10).
DONNÉES AUTOPSIQUES
CHEZ L’HOMME
A la suite de l’essai d’immunisa-
tion AN-1792, Masliah et collabo-
rateurs ont rapporté les données
d’autopsie d’un patient traité qui
n’avait pas développé d’encépha-
lite (11).
Il n’y avait pas de plaques amy-
loïdes dans le cortex frontal et
l’on notait la présence abon-
dante de macrophages Aβ-
immunoréactifs ; en revanche, les
DNF et l’angiopathie amyloïde
étaient toujours présents. La subs-
tance blanche apparaissait nor-
male et l’on observait une légère
infiltration lymphocytaire des lep-
toméninges.
Ce cas illustre les eets d’une im-
munisation anti-Aβ sur les lésions
de la MA, en l’absence de méningo-
encéphalite déclarée.
IMMUNOTHÉRAPIE :
DONNÉES CLINIQUES
• Après finalisation de deux études
de phase I (12), une étude de phase
IIa avec l’AN-1792 a été mise en
route.
Dans cette étude, 375 patients
ont été randomisés avec un ratio
de 4 pour 1, respectivement AN-
1792 ou placebo. Les indicateurs
d’ecacité comprenaient le fonc-
tionnement cognitif, les activités
de la vie quotidienne, le volume
cérébral et la concentration des
biomarqueurs. Des signes et les
symptômes évocateurs d’une ME
ont apparu chez une faible propor-
tion de sujets ayant reçu l’AN-1792
et l’administration du produit à
l’étude a été complètement inter-
rompu en janvier 2002 (13). Sur les
300 patients traités par AN-1792,
59 (19,7 %) ont développé la ré-
ponse en anticorps attendue. Les
évaluations en double aveugle ont
été poursuivies pendant 12 mois.
On n’a retrouvé aucune diérence
significative entre les sujets ré-
pondeurs et le groupe placebo (4)
en ce qui concerne la partie co-
gnitive de l’échelle ADAS (Alzhei-
mer’s Disease Assessment Scale,
les échelles d’autonomie, le statut
global évalué par la CDR (Clinical
Dementia Rating), le Mini Men-
tal Status (MMS) ou l’impression
clinique de changement (CGIC).
Cependant, l’analyse des z-scores
de la Batterie de Tests Neuropsy-
chologiques (NTB) a montré une
diérence en faveur du groupe ré-
pondeur. Bien que l’immunisation
entraîne une clairance des plaques
amyloïdes chez les patients, cette
clairance n’empêchait pas la pro-
gression du processus neurodégé-
nératif (14).
• Dans l’étude de phase II du bapi-
neuzumab, 234 patients ont été in-
clus et randomisés entre 4 groupes
de dose (0,15, 0,5, 1 ou 2 mg/kg) et