malades, tels moelle osseuse, peau, pancréas… Elles ont la propriété d’être « totipotentes » c’est-
à-dire de pouvoir se différencier en n'importe quel tissu de l'organisme. Les chercheurs et
médecins, partisans de telles recherches, estiment que celles-ci peuvent se réaliser puisque les
embryons utilisés proviennent de l’abandon d’un projet parental et ne deviendrait donc jamais un
enfant. Il s’agit d’une médecine régénératrice
, pour laquelle les cellules souches embryonnaires
ont a priori deux avantages : elles sont totipotentes, c'est-à-dire capables de donner n'importe
quel type de cellules de l'organisme, et leur auto renouvellement est illimité. Comparativement,
les cellules souches adultes ont un potentiel de multiplication plus faible et leurs possibilités de
transformation sont moins nombreuses.
Certains chercheurs sont favorables au texte en discussion à l’Assemblée nationale car ils
estiment que, d’une part, la recherche sur l’embryon est loin d’être dépassée et que, d’autre part,
il reste encore à progresser et beaucoup à découvrir concernant la connaissance et l’efficacité des
iPS.
Le professeur Philippe Menasché (Chirurgien à l’Hôpital Georges Pompidou à Paris) estime lui
aussi que la recherche sur les cellules souches embryonnaires est encore nécessaire. Il reconnaît,
toutefois, qu’il n’a eu aucune difficulté à travailler sereinement dans le cadre de la loi actuelle,
obtenant pour cela les dérogations nécessaires
.
Ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, le professeur Claude Huriet qualifie la
proposition de loi du 28 mars 2013 autorisant la recherche sur l’embryon de « dépassée et
passéiste »
. Il ajoute « la reprogrammation de cellules sanguines ou cutanées en cellules
semblables à des cellules souches embryonnaires donne à ces dernières un ‘coup de vieux’ ».
C’est aussi ce que pense Alain Privat, professeur en neurobiologie à l’E.P.H.E. et ancien
directeur de recherche à l’Inserm. Rappelant les possibilités offertes par les travaux sur les iPS, il
précise « dans ces conditions il n’y a plus de justification scientifique et médicale à utiliser des
embryons humains ».
Le risque que fait peser la nouvelle loi est de voir se multiplier les autorisations de recherches
sur les cellules souches embryonnaires non plus seulement pour permettre des « progrès
médicaux majeurs » mais autant à des fins commerciales « pour tester des crèmes de beauté ».
En levant le principe d’interdiction de recherche, députés et sénateurs font de l’embryon humain,
jusqu’ici protégé par la loi au nom du respect de sa dignité, un simple matériau de laboratoire.
Devant ces avis contradictoires la question se pose à nouveau : le maintient des recherches sur
les cellules souches embryonnaires est-il justifié ? Ces recherches sont-elles encore utiles avec
les avancées des découvertes récentes de Yamanaka et Gurdone ? Je n’ai évidemment pas la
compétence pour avoir un avis scientifique autorisé. Ne faut-il pas alors se référer à la question
morale ? Dans ce cas, la réponse n’est-elle pas ceci : « Les abus dans les greffes d'organes et leur
trafic, qui touchent souvent des personnes innocentes comme les enfants, doivent trouver unie
dans son refus catégorique la communauté scientifique et médicale, en tant que pratiques
inacceptables. Aussi doivent-ils être fermement condamnés en tant qu'actes abominables. Le
même principe éthique doit être réaffirmé quand on veut arriver à la création et à la destruction
d'embryons humains destinés à des fins thérapeutiques. La simple idée de considérer l'embryon
comme "un matériel thérapeutique" contredit les bases culturelles, civiles et éthiques sur
lesquelles repose la dignité de la personne
» Henri Puig
La médecine régénératrice peut être définie comme le remplacement de cellules âgées (et/ou endommagées) par
des cellules génétiquement identiques mais jeunes et pleinement fonctionnelles. Un tel résultat pourrait être obtenu en
utilisant des cellules souches embryonnaires (CESh) ou bien des cellules souches adultes pluripotentes (iPS).
Quotidien La Croix du 28 mars 2013, p. 3
Cité par quotidien La Croix du 28 mars 2013, p. 3
Il existe actuellement en France 36 équipes qui travaillent sur les cellules souches embryonnaires.
Discours du pape Benoît XVI aux participants au Congrès International sur le thème du don d’organes organisé par l’Académie
pontificale pour la vie. Vendredi 7 novembre 2008.