LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET LA BIPOLARISATION
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avoir freiné la résistance communiste, Staline souffle sur le feu et ravitaille les maquis du
général Markos, en lutte contre les nationalistes grecs, soutenus par les Britanniques. En Iran,
il pousse les Kurdes à la révolte et cherche à se maintenir en Azerbaïdjan, tandis qu’il
revendique le partage du contrôle des Détroits avec la Turquie.
Pour ne rien arranger, aucun accord n’est trouvé concernant la situation des territoires
contrôlés par l’U.R.S.S., en particulier sur l’organisation d’élections libres à la conférence de
Potsdam.
Par ailleurs, la question allemande est au cœur du différend entre Soviétiques et Occidentaux.
Elle va alimenter les premiers désaccords. A Potsdam (juillet 1945), ont été fixées les
frontières orientales (ligne Oder/Neisse) et le sort de la nouvelle Allemagne. En attendant
d’être complètement dénazifiée et rendue à sa souveraineté, celle-ci est administrée par un
conseil interallié et divisée en quatre zones d’occupation (russe, américaine, britannique et
française), de même que Berlin, situé en zone soviétique. Le Reich ne sera pas démembré,
comme on avait envisagé de le faire à Yalta, mais entièrement désarmé et démilitarisé. Son
industrie lourde sera démantelée, conformément au plan élaboré pendant la guerre par le
secrétaire américain au trésor, Morgenthau, et il devra payer de lourdes réparations. Or, dès le
début de 1946, les anciens alliés adoptent des points de vue radicalement différents. Tandis
que l’U.R.S.S., dont le territoire a été ravagé par la guerre, entend transformer l’Allemagne en
un pays exclusivement agricole, incapable de prendre sa revanche, et se livre à un démontage
systématique des usines situées dans la zone qu’elle contrôle pour aider à la reconstruction de
sa propre économie, Américains et Britanniques mettent fin très rapidement à la politique de
démantèlement industriel et de dénazification. Ils redoutent en effet de voir l’ancien Reich
appauvri, privé de cadres
et mécontent de son sort, basculer dans le communisme. Pour
Staline, cette attitude indique un renversement de stratégie de la part des Occidentaux,
désormais désireux de reconstruire une Allemagne forte, alliée de l’ « impérialisme » et
bientôt réarmée en vue de l’affrontement avec l’U.R.S.S. Aussi commence-t-il à préparer dans
la zone orientale l’avènement d’un régime communiste, ce que lui reprochent ses partenaires.
Le dialogue de sourd débute.
Le 5 mars 1946, Churchill, qui a été écarté du pouvoir l’année précédente mais conserve un
immense prestige en Occident, tire la leçon de cette poussée de l’U.R.S.S. dans un discours
retentissant, prononcé à Fulton (Missouri) en présence du Président Truman et qui marque
officiellement le coup d’envoi de la guerre froide. L’ex Premier britannique déclare en
particulier : « […] De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est
tombé sur le continent. […] Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest
et Sophia, (…) se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont
soumises d’une manière ou d’une autre non seulement à l’influence soviétique, mais à un
contrôle très étroit et, dans certains cas, croissant de Moscou…Des gouvernements policiers
Voir la reconstitution de la vie politique en Allemagne de l’Ouest dès 1946 par les Alliés dans la partie sur le
blocus de Berlin p. 10