LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET LA BIPOLARISATION
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21 novembre 2013
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Chap. 5
LE REGLEMENT DU CONFLIT ET LES PROBLEMES D’APRES GUERRE
- Relater les différentes négociations qui ont contribué au règlement du conflit et à la
création de l’O.N.U. ;
- Analyser les problèmes d’après-guerre et leur influence sur l’évolution du monde :
Apparition des blocs, guerre froide (1947-1962), guerre fraîche (1975-1985).
INTRODUCTION
A partir de 1944, l’Europe est progressivement libérée du nazisme par les soviétiques et les
américains. Mais, les futurs vainqueurs n’ont pas attendu la fin de la guerre pour poser les
jalons de l’après-guerre. Pendant la guerre, des conférences rassemblant les dirigeants des
Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’URSS avaient précisé quelques dispositions pour
l’immédiat après-guerre, notamment l’essai de règlement du contentieux mondial et la
création de l’O.N.U. Mais sur beaucoup de points, l’accord n’avait pu se faire entre Anglo-
américains et Soviétiques que le fossé idéologique séparait. Il s’en suivit des problèmes
d’après-guerre : constitution des blocs et guerre froide.
I- LES CONFERENCES EN VUE DU REGLMENT DU CONFLIT ET L’APRES-GUERRE
A- La Charte de l’Atlantique : proclamation des principes démocratiques (du 9 au 12 août
1941)
Du 9 au 12 août 1941 se tient au large de Terre-Neuve la rencontre de l’Atlantique entre
Churchill et Roosevelt. Pour « orienter les politiques dans la même voie », des principes
démocratiques en matière de relations internationales sont proclamés. Aussi, la « Charte de
l’Atlantique » stipule-t-elle qu’aucun signataire ne cherchera à s’agrandir territorialement et
qu’aucune modification de frontière ne sera engagée sans l’accord des intéressés. Chaque
peuple choisira librement sa forme de gouvernement, pourra accéder aux matières premières
et devra collaborer au progrès économique et social mutuel. La liberté des mers sera garantie
tandis qu’on procédera à une réduction nérale des armements. Plus concrètement, il est
décidé qu’en cas d’entrée en guerre des Etats-Unis, priorité sera donnée à la lutte contre
l’Allemagne. Signée par toutes les nations alliées –avec quelques réserves pour l’URSS la
Charte se voulait un programme de reconstruction pacifique du monde. Elle se voulait une
affirmation d’une solidarité indéfectible.
Elle s’explique aussi par la crainte qu’avait Roosevelt de voir la Grande- Bretagne s’engager,
comme lors de la Première Guerre Mondiale, dans une politique d’accords secrets prévoyant
des partages territoriaux.
La solidarité, ici exprimée, sera du reste confirmée par la conférence « Arcadia », tenue à
Washington du 22 décembre 1941 au 14 janvier 1942. Dans une « déclaration des Nations
Unies », les deux pays s’engagent à mobiliser leurs ressources contre l’Axe et à ne pas signer
de paix séparée. L’idée d’un débarquement en Afrique du Nord pour 1942 y est adoptée.
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En mai 1942, Roosevelt suggère à Molotov, venu à Washington, un système de tutelle
internationale sur certains territoires coloniaux qu’il conviendrait de retirer à des nations trop
faibles, pour les orienter vers l’indépendance. Cette suggestion était destinée à montrer aux
Russes qu’ils ne seraient pas exclus des négociations de l’après-guerre.
Les rapports entre Anglo-Saxons et Russes ayant connu un regain de tension, Roosevelt lance
à la conférence de Casablanca, tenue en janvier 1943, l’idée de reddition inconditionnelle des
puissances de l’Axe, seule chance de « voir régner la paix dans le monde pendant des
générations » ; ceci afin de rassurer Staline, absent de la conférence du fait de l’importance
des opérations militaires en U.R.S.S.
La persistance des divergences entre Anglo-Saxons et Soviétiques
1
les pousse, à partir de l’été
1943, à multiplier les rencontres au cours desquelles sont débattus les problèmes de l’après-
guerre. A Québec, en août, est rédigé un projet de claration des quatre grandes puissances :
Grande-Bretagne, Etats-Unis, U.R.S.S. et Chine. Dès le mois d’octobre suivant, les ministres
des Affaires étrangères des Trois Grands (Anthony Eden, Cordell Hull et Molotov) se
rencontrent à Moscou et y cident la création d’une « commission consultative européenne
« destinée à se réunir après la chute du régime hitlérien.
On voit bien que se met en place un Directoire des Trois Grands ; mise en place que
confirmeront les conférences de Téhéran et Yalta.
B- Téhéran : ébauche des Nations Unies (28 novembre au 1ercembre 1943)
La première grande rencontre au sommet entre Anglo-Saxons et Soviétiques a lieu à Téhéran
du 28 novembre au 1er décembre 1943. Roosevelt, Churchill et Staline confirment les
débarquements en Normandie et en Provence. La rencontre débouche aussi sur d’importants
échanges de vues concernant l’après-guerre. Staline n’y cache pas ses visées sur l’Europe
balkanique et le désir des Russes d’accéder aux mers chaudes en Asie. Quant à la Pologne, il
entend repousser sa frontière vers l’Ouest au détriment d’une Allemagne démembrée en cinq
Etats autonomes (Churchill en préconise trois). On s’accorde enfin sur l’organisation future
des Nations Unies, dotées d’une assemblée et d’un Comité exécutif, sous la surveillance des
« quatre agents de police » (Roosevelt) : U.R.S.S., Etats-Unis, Royaume-Uni et Chine.
C- Yalta : le sort de l’Europe et l’avenir des Nations Unies (4 au 11 février 1945)
L’essai du règlement du contentieux mondial culmine à Yalta en février 1945. L’année 1944,
décisive au plan militaire, n’en est pas moins fertile en tensions politiques. Chaque partenaire
est désormais présent en Europe : les Russes dans la partie orientale, les Anglais et les
Américains en France, Italie, Grèce. On se soupçonne mutuellement de vouloir utiliser
l’occupation militaire à des fins politiques. Même le camp anglo-saxon se divise à propos de
l’avenir des pays occupés. Le nouveau secrétaire d’Etat américain, Stettinius, y soutient plutôt
les partis démocratiques, tandis que Churchill donne sa préférence aux formations
1
Staline déclare à Churchill dans une correspondance très vive que les Alliés ne lui inspirent plus confiance, ceci
après la conférence « Trident » (Washington, mai 1943)
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conservatrices. Autant d’éléments qui rendent nécessaire un nouveau sommet des Trois
Grands.
Il se tient à Yalta, en Crimée du 4 au 11 février 1945. Réunissant Churchill, Roosevelt et
Staline, la rencontre de Crimée doit amener des échanges de vues sur l’avenir du monde après
la guerre, surtout celui de l’Europe : les Alliés doivent s’accorder sur les modalités de la
« reconquête » de l’Europe. Par ailleurs, Roosevelt veut obtenir l’aide soviétique contre le
Japon. De fait, comme il ressort du protocole final, l’essentiel des discussions a porté sur le
sort de l’Europe et l’avenir des Nations Unies. Aussi des décisions sont-elles prises
concernant l’organisation future des Nations Unies : l’U.R.S.S. accepte de ne recevoir que
trois sièges (U.R.S.S., Ukraine et Russie blanche). Le droit de veto des membres permanents
du conseil de sécurité jouera pour tous les cas, sauf pour les questions de procédure. Enfin,
les Nations Unies auront un droit de regard sur l’organisation de l’Europe. C’est d’ailleurs ce
second thème qui semble mobiliser les énergies. Dans la lignée tracée par la Charte de
l’Atlantique, on rappelle le « droit des peuples à choisir la forme de gouvernement sous lequel
ils veulent vivre ». La reconstruction de l’Europe, tant au plan politique qu’au niveau
économique, doit se faire sous l’égide des Trois Grands. Une telle tâche ne peut être menée à
bin sans le règlement préalable des questions allemande et polonaise.
En ce qui concerne l’Allemagne, on sait Churchill entendait intégrer la France au règlement
final afin de limiter l’influence de l’U.R.S.S. en Europe. De fait, la France obtiendra une zone
d’occupation et un siège au conseil de contrôle interallié. Les cadres du démembrement sont
reportés à plus tard, malgré les pressions de Staline qui obtient toutefois gain de cause en
matière de réparations : l’Allemagne lui versera 20 milliards de dollars.
Quant à l’avenir de la Pologne, Staline semble y voir un enjeu important pour la sécurité de
l’U.R.S.S. Certes, le dirigeant soviétique s’est engagé à organiser des élections libres dans les
pays libérés. Mais en Pologne, l’U.R.S.S soutient le Comi de Lublin, d’obédience
communiste. Si Roosevelt accepte un élargissement de ce dernier, Staline obtient que la
frontière russo-polonaise soit repoussée sur la ligne Curzon.
E- Les conférences de San Francisco : mise sur pied de l’O.N.U. pour une paix durable (Voir
Histoire du 20e siècle, 1939-1953. Tome 2 :la guerre et la reconstruction, Hatier, Pp.277-
280.
C’est la conférence de San Francisco, tenue du 25 avril au 26 juin 1945, qui parachève
l’œuvre de création des Nations Unies. Au cours de cette conférence, les 112 articles de la
Charte de l’O.N.U. sont adoptés par les représentants des 51 nations ayant participé à sa
fondation.
Quant à la seconde conférence (4-8 septembre 1951), elle élabora le traité de paix (de San
Francisco) entre le Japon et la plupart des Alliés.
E- Potsdam : l’apparence d’un consensus (17 juillet-2 août 1945)
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Depuis 1944, Anglo-Américains et Soviétiques rivalisent en Iran pour la conquête de
concessions pétrolières. En Europe, au début de 1945, l’U.R.S.S. impose sa loi à la Roumanie
et refuse, malgré ses engagements d’élargir le gouvernement polonais de Lublin
(procommuniste) aux autres formations politiques. L’influence soviétique se fait sentir en
Tchécoslovaquie et en Autriche.
C’est dans ce contexte que se tient la conférence de Potsdam qui maintient l’apparence d’n
consensus. Elle réunit Staline, Churchill (puis son successeur Attlee) et le nouveau président
américain Truman. La délégation américaine y suggère la création d’un « conseil des
ministres des Affaires étrangères » chargé d’élaborer les traités de paix avec les satellites de
l’Allemagne (Italie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Finlande). On décide le désarmement
complet et la dénazification de l’Allemagne, qui serait décentralisée et mocratisée. Aucun
accord n’est trouvé concernant la situation des territoires contrôlés par l’U.R.S.S., en
particulier sur l’organisation d’élections libres. La conduite de la paix amène les anglo-saxons
et soviétiques à mesurer peu à peu le fossé qui les sépare. Ce fossé servira de tremplin
2
aux
problèmes d’après-guerre que connaitra le monde.
II- LES PROBLEMES D’APRES-GUERRE ET LEUR INFLUENCE DANS
L’EVOLUTION DU MONDE
A- Eclatement de la discorde (détérioration du climat) entre d’une part Anglo-Américains et
d’autre part Soviétiques (1944-1946)
Avant la rupture, des tensions existaient déjà entre Alliés. L’année 1944, décisive au plan
militaire, n’en est pas moins fertiles en tensions politiques. Chaque partenaire est désormais
présent en Europe : les Russes dans la partie orientale, les Anglais et les Américains en
France, Italie, Grèce. On se soupçonne mutuellement de vouloir utiliser l’occupation militaire
à des fins politiques. En effet, on assiste déjà à une poussée communiste en Europe Orientale
et en Asie. Dès l’automne 1944, les élections et l’ « épuration » en Roumanie et en Bulgarie
montrent que Staline n’a pas la même conception que les Occidentaux du libre arbitre des
peuples. Partout stationne l’Armée Rouge Roumanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie,
Hongrie les communistes prennent une place de plus en plus importante dans les
gouvernements de coalition. A Yalta, Staline avait accepté de signer une déclaration indiquant
que les peuples libérés pourraient choisir librement leurs institutions et leurs gouvernements.
Seulement, en Pologne, les quelques ministres issus du gouvernement en exil à Londres, qui
ont été intégrés après Yalta dans l’équipe dirigeante mise en place par les Russes, se trouvent
isolés face aux partisans de Moscou. En Albanie et en Yougoslavie, pays qui se sont libérés
sans l’aide de l’Armée Rouge, les chefs de la résistance communiste (Hodja et Tito) prennent
en main les leviers de commande, d’abord contre l’avis de Staline qui entend dans un
premier temps respecter la division de l’Europe en « zones d’influence », telles qu’elles ont
été délimitées en octobre 1944 dans un accord secret avec Churchill, non reconnu par les
Américains puis avec son soutien. En Grèce, l’attitude des Soviétiques est la même. Après
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Ce dont on se sert pour arriver à un résultat.
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avoir freiné la résistance communiste, Staline souffle sur le feu et ravitaille les maquis du
général Markos, en lutte contre les nationalistes grecs, soutenus par les Britanniques. En Iran,
il pousse les Kurdes à la révolte et cherche à se maintenir en Azerbaïdjan, tandis qu’il
revendique le partage du contrôle des Détroits avec la Turquie.
Pour ne rien arranger, aucun accord n’est trouvé concernant la situation des territoires
contrôlés par l’U.R.S.S., en particulier sur l’organisation d’élections libres à la conférence de
Potsdam.
Par ailleurs, la question allemande est au cœur du différend entre Soviétiques et Occidentaux.
Elle va alimenter les premiers désaccords. A Potsdam (juillet 1945), ont été fixées les
frontières orientales (ligne Oder/Neisse) et le sort de la nouvelle Allemagne. En attendant
d’être complètement dénazifiée et rendue à sa souveraineté, celle-ci est administrée par un
conseil interallié et divisée en quatre zones d’occupation (russe, américaine, britannique et
française), de même que Berlin, situé en zone soviétique. Le Reich ne sera pas démembré,
comme on avait envisagé de le faire à Yalta, mais entièrement désarmé et démilitarisé. Son
industrie lourde sera démantelée, conformément au plan élaboré pendant la guerre par le
secrétaire américain au trésor, Morgenthau, et il devra payer de lourdes réparations. Or, dès le
début de 1946, les anciens alliés adoptent des points de vue radicalement différents. Tandis
que l’U.R.S.S., dont le territoire a été ravagé par la guerre, entend transformer l’Allemagne en
un pays exclusivement agricole, incapable de prendre sa revanche, et se livre à un démontage
systématique des usines situées dans la zone qu’elle contrôle pour aider à la reconstruction de
sa propre économie, Américains et Britanniques mettent fin très rapidement à la politique de
démantèlement industriel et de dénazification. Ils redoutent en effet de voir l’ancien Reich
appauvri, privé de cadres
3
et mécontent de son sort, basculer dans le communisme. Pour
Staline, cette attitude indique un renversement de stratégie de la part des Occidentaux,
désormais désireux de reconstruire une Allemagne forte, alliée de l’ « impérialisme » et
bientôt réarmée en vue de l’affrontement avec l’U.R.S.S. Aussi commence-t-il à préparer dans
la zone orientale l’avènement d’un régime communiste, ce que lui reprochent ses partenaires.
Le dialogue de sourd débute.
Le 5 mars 1946, Churchill, qui a été écarté du pouvoir l’année précédente mais conserve un
immense prestige en Occident, tire la leçon de cette poussée de l’U.R.S.S. dans un discours
retentissant, prononcé à Fulton (Missouri) en présence du Président Truman et qui marque
officiellement le coup d’envoi de la guerre froide. L’ex Premier britannique déclare en
particulier : « […] De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est
tombé sur le continent. […] Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest
et Sophia, (…) se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont
soumises d’une manière ou d’une autre non seulement à l’influence soviétique, mais à un
contrôle très étroit et, dans certains cas, croissant de Moscou…Des gouvernements policiers
3
Voir la reconstitution de la vie politique en Allemagne de l’Ouest dès 1946 par les Alliés dans la partie sur le
blocus de Berlin p. 10
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