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Autour des probiotiques : l’immunité
Les probiotiques : intérêts
dans les défenses anti-infectieuses
Infections ORL
De nombreuses études attestent l’efficacité des probiotiques sur la préva-
lence des rhumes et de la grippe, même chez les enfants. L’ingestion de
bactéries probiotiques initie une réponse immunitaire dans l’intestin qui
conduit ensuite à relancer des réponses immunes dans les muqueuses
respiratoires et / ou à apaiser les phénomènes inflammatoires(1 à 5).
Une méta-analyse de 2013 regroupant 4 études cliniques (1805 parti-
cipants) conclut que "l’administration de Lactobacillus rhamnosus GG
(LGG) a la capacité de réduire l’incidence des otites aiguës, des
infections respiratoires hautes et l’utilisation d’antibiotiques chez les
enfants" (6). Ces résultats ont été confirmés en 2014, chez des enfants
prématurés : l’incidence des infections rhinovirales a été diminuée par
l’administration de LGG(7).
Diarrhées infectieuses et post-antibiothérapie
Les probiotiques, en diminuant l’adhésion des pathogènes, en res-
taurant la muqueuse intestinale et en activant le système immunitaire,
permettent de lutter contre les diarrhées infectieuses. Différentes
publications montrent que la souche LGG en particulier permet de
réduire les diarrhées à rotavirus chez les enfants(8, 9). Ce probiotique
a la capacité de prévenir ce type de diarrhées et d’en diminuer les
effets secondaires(10, 11). Une méta-analyse sur 10 études cliniques a
comparé l’efficacité de différentes souches (LGG, L. reuteri, boulardii
ou acidophilus) dans cette indication et a démontré que seul le LGG
a présenté des effets significatifs(12).
Ainsi, une étude de 2010 conclut que "l’administration de LGG peut être
recommandée comme une stratégie valide pour diminuer le risque
d’infections nosocomiales du tractus gastro-intestinal et respiratoire
en pédiatrie"(13). En 2014, une étude clinique a validé ces résultats et
a montré que l’administration de LGG fait diminuer la prévalence des
diarrhées (25 % contre 46 % dans le groupe contrôle) et de l’altération
de la fonction intestinale (48 % versus 72 %). Ce probiotique augmente
de façon significative les taux d’IgG, révélant une meilleure défense
anti-virale(14). Cette souche a également démontré des effets bénéfiques
sur la prévention de la diarrhée des voyageurs(15).
La diarrhée post-antibiothé-
rapie, principal effet secondaire
du traitement par antibiotiques,
est associée principalement à
une infection par Clostridium
difficile. Différentes études ont
montré un effet bénéfique du
LGG contre les infections
à C. difficile(16). De plus, les
souches L. acidophilus et
B. bifidum en prise simultanée,
ont aussi diminué l’apparition
des diarrhées à C. difficile chez
des personnes âgées (46 %
contre 78 %). Le mécanisme
d’action évoqué serait une in-
hibition des toxines produites
par l’agent pathogène(17).
Différences entre levures
et bactéries probiotiques
Saccharomyces boulardii est une levure
largement prescrite en cas de diarrhées.
Naturellement, les levures ne représen-
tent qu’une infi me partie des germes re-
trouvés dans le côlon (103 à 104 germes / g
de fèces), soit 50 à 70 fois moins que les
bactéries de type lactobacillus ou b i fi d o -
bacterium qui, elles, constituent ce que l’on
appelle la fl ore dominante…
Sa consommation n’est donc pas phy-
siologique, et ne permet que d’obtenir
des effets transitoires puisque Saccharo-
myces boulardii n’adhère pas aux cellules
intestinales, à la différence par exemple
du LGG qui présente un pili(21). Ainsi, une
méta-analyse de 2013 montre que les
lactobacilles réduisent les diarrhées
associées aux antibiotiques et les
infections à Clostridium difficile de
façon plus significative que le Sac-
charomyces boulardii(22).
Antibiothérapie : important de
restaurer la fl ore … pour restaurer
la barrière intestinale
Plusieurs études montrent que l’antibiothé-
rapie diminue la diversité de la microfl ore
intestinale : par exemple, chez des enfants,
il est décrit que 7 jours d’Amoxicilline,
divise par 2 le taux de Bifi dobacterium
b i fi d u m (18).
Ces effets favorisent l’apparition de
souches bactériennes résistantes, par-
fois pathogènes, ou bien de levures, et per-
turbent le métabolisme et l’absorption
de vitamines(19). La modifi cation profonde
de la fl ore engendrée par les antibiotiques,
entraine une perméabilité intestinale dont
le mécanisme vient d’être détaillé en 2013 :
diminution des jonctions membranaires
serrées entre les entérocytes, de l’expres-
sion du récepteur au buryrate (acide gras
à chaine courte essentiel à la barrière intes-
tinale et produit par les probiotiques), et mo-
difi cations des transports d’ions à travers la
muqueuse. Ces effets peuvent être diminués
par l’administration de LGG, permettant le
maintien, entre autres, de l’expression des
récepteurs au butyrate(20).