L’Aude et les Cathares
Conférence du vendredi 17 avril 2015 - Ventenac-Cabardès
Fabienne Olivères
L’Aude et les cathares
Sommaire
Introduction
Le contexte
o La civilisation occitane
o L'origine de la religion cathare
o L'essor de la religion cathare
La lutte contre les cathares
o La première croisade contre les albigeois (1209 - 1218)
o Simon de Montfort, vainqueur et vaincu
o La seconde croisade contre les albigeois (1226)
o La prise du château de Montségur
Entre le Xe et XIIe siècle, une mystérieuse « hérésie » fait son apparition dans le Midi de la
France. Bientôt son expansion et sa menace sont telles que l'Eglise catholique est contrainte
de mener une guerre pour l'éradication de cette religion. Deux croisades seront menées par le
royaume de France, il s'agit surtout pour le roi de France de dominer tout le Languedoc et
l'Aquitaine.
I/. Le contexte
La civilisation occitane
Au XIIe siècle, le Languedoc est une région bien différente de celle du nord de la Loire. On y
parle une langue distincte (langue d'oc et non d'oïl) et une civilisation brillante et raffinée s'y
épanouit. Se déplaçant de castrum en castrum, les troubadours, poètes et musiciens, chantent
l'amour, mais aussi l'honneur et la négation du droit du plus fort.
Ces idées et ces valeurs sont très présentes dans une région où les gens cultivés, surtout
dans les villes, ont gardé vivants les souvenirs de la civilisation romaine. Des règles, des lois
et des codes limitent le pouvoir des comtes et barons et régissent les rapports qui les unissent
à leurs vassaux et à leurs sujets.
Tandis qu'en Île de France, le roi se bat et tente de s'imposer à ses vassaux récalcitrants,
dans les villes du Midi languedocien, les habitants élisent des consuls ou des capitouls qui
gouvernent et parlent d'égal à égal avec les seigneurs dont ils dépendent.
Plus libres, les villes du Midi sont aussi plus accueillantes aux idées étrangères : leur
importante activité commerciale (Toulouse est la troisième ville d'Europe) les met en relation
avec de nombreux pays. Les commerçants qui y échangent des denrées et des biens, y
puisent des idées qu'ils propagent ensuite vers l'Occitanie.
Comtés d'Occitanie en 1209, avant le début de la croisade des barons.
L'origine de la religion cathare
C'est dans ce milieu que se répand une religion nouvelle dont le succès est si rapide qu'il
effraye l'Église catholique. Cette dernière est en partie responsable de cet extraordinaire
essor : critiquée de toutes parts et incapable de se réformer, elle prépare le terrain sur lequel
le catharisme peut s'enraciner.
Dès le XIe siècle, les premiers indices d’une agitation hétérodoxe sont repérables en Occident.
Cette contestation oppose les pratiques des prélats [richesse, goût du pouvoir, immoralité,
superstition] à l’exemple des Apôtres : pauvreté, chasteté, charité, justice et vérité.
On réclame le retour de l’Église du Christ.
Les « hérétiques » du XIe siècle rejettent les sacrements du baptême des nourrissons, la
pénitence (instituée par les Carolingiens) ou du mariage, que la papauté instaure à ce
moment-là. Ils rejettent aussi le culte de la Croix qu’ils assimilent à un instrument de supplice.
Le Christ est un personnage exclusivement divin (sans chair ni sang), donc l’eucharistie
(élément fondamental du rite chrétien) n’a pas de valeur.
Il faut lui préférer un simple partage du pain béni.
Le pape Grégoire VII (1073-1085) veut alors réformer l’Église (mettre fin au trafic des charges
ecclésiastiques, la simonie, et le mariage ou concubinage des prêtres en s’appuyant sur cette
contestation par la création d’ordres monastiques rigoureux comme les Cisterciens.
Grégoire VII (1015/1020- 1085) L’ordre cistercien (le chapitre)
Mais au XIIe siècle, des foyers d’hérésie ressurgissent, notamment dans le Languedoc.
L'essor de la religion cathare
La religion cathare tire son nom du terme grec catharos, qui signifie pur, car elle donne
comme but à l'homme d'atteindre la pureté parfaite de l'âme.
Pendant la durée de sa vie terrestre, considérée comme une épreuve, l'Homme doit s'efforcer,
par une conduite appropriée, de rompre avec la matière, le monde physique et les besoins
grossiers. Ainsi, il leur est interdit de manger de la viande, de consommer du lait ou du
fromage. Ils ne boivent que de l’eau. Ils observent rigoureusement la chasteté.
Pour les Cathares, qu'on appelle aussi Albigeois (de la région d'Albi), tout cela représente le
Mal auquel est opposé le Bien, c'est-à-dire l'âme purifiée, ignorant les désirs du corps.
Ils mènent une vie de prière et de travail manuel.
Ceux qui parviennent à purifier leur âme se reposent à jamais dans le Bien après la mort.
Les autres doivent se réincarner indéfiniment. Pour les Cathares, la mort n'était pas redoutée
car elle pouvait signifier la délivrance.
Croyants et Parfaits
Les Cathares et ceux qu'on appelait « Parfaits » ou « Bons Hommes », qui jouent en quelque
sorte le rôle de prêtres, doivent observer des règles très strictes.
Ils sont astreints à jeûner fréquemment, et une série d'aliments leur sont défendus en temps
ordinaire.
Ils ne construisent pas de temples, ils prient et prêchent n'importe où, chaque fois que la
possibilité s’offre.
Le consolament.
Ils rejettent tous les sacrements à l'exception du Consolamentum (consolament en occitan).
Il concerne les croyants désireux de devenir Parfaits (baptême spirituel par l’imposition des
mains).
Le croyant s'engage à respecter les règles propres aux Parfaits : ne plus mentir, ni jurer, ne
plus avoir de relations sexuelles, régime alimentaire très strict... Recevant l'accolade de ses
initiateurs, qui s'agenouillent ensuite devant lui, le nouveau Parfait est sensé sentir descendre
sur lui l'Esprit Saint.
Tant qu'ils peuvent afficher librement leurs opinions, les Cathares s'habillent de préférence en
noir. Après la répression, ils se contentent de dissimuler une ceinture noire sous leurs
vêtements ordinaires.
Les Bons Hommes et les Bonnes Femmes (religieux cathares) s’organisent en communautés
séparées d’hommes et de femmes.
Ils constituent des maisons de travail où ils se consacrent à des activités liées à l’artisanat
(tissage, filage, menuiserie), assurant leur propre existence et celle de leur Église.
Fresque murale, rue Trivalle, Carcassonne.
Ils sont sous l’autorité d’une hiérarchie (évêque, diacres, ancien ou prieure [responsable d’une
communauté] et chaque église est indépendante des autres, ne reconnaissant pas une
autorité supérieure à celle de l’évêque. Ils s’opposent donc au pape.
En entrant dans les ordres, le religieux ou la religieuse cathare ne se coupe pas de sa famille
(comme les moines catholiques). Il continue à la fréquenter et ne manque pas de la
catéchiser. Le reste de la famille entoure de respect ses Bons Hommes ou ses Bonnes
Femmes. On verra ainsi des faydits (dépossédés de leurs terres) vouloir venger un membre
de leur famille massacré ou brûlé.
Les fidèles, les croyants cathares, peuvent aussi recevoir le Saint-Esprit consolateur. Ils
s’assurent ainsi le salut de leur âme avant de mourir.
II/. La lutte contre les cathares
La société occitane
Les seigneurs de l’Aude (et de tout le Languedoc) ont souvent bien accueillis cette religion. En
lutte contre la puissance de l’Église, ils se montrent tolérants et laissent se développer des
communautés sur leurs terres.
Malgré les excommunications prononcées à l’encontre du vicomte Roger II de Trencavel,
vicomte de Carcassonne, de Béziers et d’Albi et autres territoires (seigneur du Razès), la
progression de l’hérésie ne s’est pas arrêtée.
Sceau et terres de Raymond-Roger Trencavel
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