Prédication du 12 mai 2013 Vrai homme, vrai Dieu ? Act. 7:55-60; Ap. 22: 12-14; 16-20; Jn. 17: 20-26 Des quatre Evangiles, Jean est le plus flamboyant. Il débute avec cette affirmation concernant Jésus: « Le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire qu’il tient de son Père comme fils unique. » Jn. 1:14 En un mot tout est dit... et c’est là que tout se complique ! Que veut nous dire Jean de ce Jésus de Nazareth qui a cheminé sur ces poussiéreux chemins palestiniens, ce Jésus qui a guéri, enseigné puis à été crucifié et dont il est écrit qu’en lui « Dieu s’est plu à habiter en toute plénitude. » ? (Col. 1:19). Quand Jésus dans sa prière dit que lui et le Père ne sont qu’un... que nous dit-il ? Les livres « grand public »qui font référence à Jésus hésitent souvent à le présenter comme Fils unique de Dieu. Voilà 30 ans que des départements de théologie entiers sont partis à la recherche du Jésus historique. Le Jésus fait de chair et de sang né en 6 ou 7 avant JC et dont on retrouve les traces en Palestine. On le présente comme un sage charismatique et talentueux comparable à Socrate, Moïse... Bouddha. Un sage qui appelle à plus de morale. Bien des livres conférencier choisissent cette 1 option. On pourrait leur donner le titre: « Trois principes tirés de la vie de Jésus qui vont nous aider à nous améliorer. » Les auditoires aiment bien cette approche, c’est pratique, clair et utile. La conclusion invariablement ressemble à ceci: « Encore un petit effort et je serai capable de réussir ma vie grâce à trois ou quatre bons principes évangéliques ... Bon nombre de personnes distancées de l’Eglise pensent ainsi. J’en rencontre toutes les semaines à l’hôpital ou à l’Etape. Jean nous présente un autre Jésus que ce sage oriental dont le but serait notre accomplissement personnel. Quand Jésus prie afin « que tous soient un, comme nous sommes un... parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde... » (Jn. 17:22) il pose l’énigme de son identité. Quand Jean nous rapporte les paroles de Jésus dans l’Apocalypse : « Je suis l’Alpha et l’Omega, le premier et le dernier. » (Apo. 22:13) il épaissit le mystère. Cela bouscule notre conception moderne et rationnelle selon laquelle Jésus serait un savant mélange de prophète et de Galilh Gibran. Un sage certes... mais un sage qui est homme avant tout. Aux premiers siècles c’était l’inverse. On avait du mal à croire que Jésus ait été un véritable être humain. Ses miracles et sa vie ayant fait si forte impression, on ne l’imaginait pas autrement que divin. Jésus est-il homme ou Dieu ? Voilà la question qui fut posée aux évêques autour de 451. Le concile de Chalcédoine tenta de répondre et fit apparaître trois opinions. 1. Certains pensaient que Jésus étant un homme avait été adopté par Dieu qui lui aurait révélé les mystères 2 divins. Une sorte de prophète comme Esaïe ou Moïse... mais en mieux. C’était la position adoptianiste. Jésus était pour eux avant tout homme. Nombre de contemporains le pensent aussi. 2. Un autre groupe estimait le contraire: Jésus étant Dieu n’aurait pris qu’une apparence humaine. Son corps n’était qu’une sorte d’enveloppe qu’il quitterait à la croix, car Dieu ne peut mourir, pensaient-ils. C’est la position dite du Docétisme (d’un verbe Grec traduit sembler, paraître). Pour eux Jésus était avant tout Dieu. 3. Un troisième groupe les Ariens se tenait au milieux: Jésus bien qu’humain détenait la position suprême sur tous les êtres créés. Un homme unique ayant un accès unique à un Dieu unique. Position dite Arianisme qui valut à Michel Servet d’être brûlé vif à Genève. Vous voulez certainement savoir à quelle position se sont ralliés les évêques... Aucune ! Les trois positions furent jugées bien trop simplistes et réductrices pour pouvoir prétendre expliquer qui était vraiment « Jésus de Nazareth ». Le Concile adopta la position paradoxale selon laquelle Jésus fut totalement homme et totalement Dieu. Vrai homme et vrai Dieu disons-nous encore aujourd’hui. C’est difficile de représenter Jésus sous ses deux natures. Les artistes ont essayé de le représenter comme ils le purent. Le musée d’art de Catalogne à Barcelone abrite cette fresque du XIII siècle peinte par un peintre inconnu. Le Christ est représenté en gloire, régnant sur l’univers tel que décrit dans l’Apocalypse. L’artiste inscrit sur le livre la réponse que Jésus donna à ses disciples concernant son identité: « Moi je suis la 3 lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans l’obscurité mais il aura la lumière de la vie » Jn 8:12 4 Une autre fresque du Vatican, peinte par Raphaël, nous montre un Jésus, très féminin certes, et montrant ses stigmates alors que Jean Le Baptiste indique « Voici l’agneau de Dieu » ce qu’il avait déclaré sur les bords du Jourdain. Notre vitrail du Cœur ne dit pas autre chose: Jésus y est représenté à la fois en gloire et sur les routes de Galilée. Pourquoi vous parler de tout ceci ? Parce qu’au fond le Jésus homme et le Jésus Dieu, qui ne font qu’un, nous sont nécessaires. Il est réducteur de voir l’un sans distinguer l’autre. Pour affronter les difficultés courantes 5 de la vie, l’encouragement, un bon conseil, la prise de distance ou une analyse subtile suffisent. Nous nous entourons pour cela d’enseignants, d’amis perspicaces et nous inspirons de la vie de Jésus. Car s’il est vrai que c’est en calquant notre comportement sur celui d’un sage que nous avançons. Certaines circonstances exigent plus. Quand à vues humaines nous sommes sans solutions, ni motivation, ni appuis, quand nous arrivons au bout de nos ressources et possibilités, c’est le Jésus Sauveur qu’il nous faut. Celui qui peut changer les circonstances sur lesquelles nous n’avons pas prise. Ce fut la découverte des Réformateurs que d’affirmer que le juste vivra par la foi et non de ses talents à s’améliorer... « Sola gratia » proclameront-ils. Le grand théologien Luthérien Robert Jensen avait une formule bien à lui pour décrire Dieu: « Dieu c’est celui, et quel qu’il soit, qui a ressuscité ce Jésus crucifié d’entre les morts.... c’est comme s’il avait, d’un grand coup de tampon, authentifié la vie et la mort de Jésus. C’est comme s’il avait dit: « Voici qui je suis vraiment. ». C’est ce Jésus, totalement homme et totalement Dieu qui chemine avec nous sur les sentiers de la vie. Richard Falo 6