Perfusion myocardique
L’analyse dynamique de la perfusion myocardique est
réalisée après l’étude anatomique et fonctionnelle. La
technique permet d’enregistrer6à8niveaux de coupes
tous les 2 battements cardiaques, de manière continue au
cours de la minute suivant l’injection de gadolinium (0,05
à 0,1 mmoL/kg IV, 4 mL/s). L’imagerie dynamique de la
perfusion myocardique est de bonne qualité avec une
couverture anatomique complète du ventricule gauche et
une bonne résolution spatiale (< 2 mm). La résolution
temporelle permet de visualiser et d’étudier la distribution
myocardique du gadolinium, directement liée à la perfu-
sion myocardique.
Cette méthode met en évidence les altérations de la
microcirculation et de la perfusion tissulaire après recana-
lisation pharmacologique ou mécanique lors d’un syn-
drome coronaire aigu, avec d’évidentes implications pro-
nostiques [3] (figure 4). Les IRM cardiaques réalisées dans
la phase hospitalière après un syndrome coronaire aigu
ont montré qu’au moins 50 % des patients ayant bénéficié
d’une recanalisation par angioplastie en phase aiguë d’in-
farctus ont une perfusion myocardique très altérée dans le
territoire ischémique, en dépit de la restauration d’un flux
TIMI 3 dans l’artère coupable. Ce phénomène de no-
reflow tissulaire myocardique est fréquent et favorisé par
différents facteurs, tels que la durée et la sévérité de
l’ischémie, les lésions de reperfusion, les emboles distaux
à point de départ de la plaque rompue, les altérations
préalables de la microcirculation (diabète...). Après un
syndrome coronaire aigu traité par angioplastie directe,
les études en IRM ont montré que les patients présentant
un défaut de perfusion myocardique ont un remodelage
ventriculaire et un pronostic péjoratifs par rapport aux
patients qui n’ont pas d’obstruction microvasculaire [3].
Les segments myocardiques qui présentent un défaut de
perfusion en IRM après revascularisation ne récupèrent
pas en terme de cinétique régionale lors du suivi [4].
L’étude de la perfusion myocardique au repos par IRM
a d’autres applications potentielles. Chez les patients pré-
sentant une douleur thoracique compatible avec le dia-
gnostic de syndrome coronaire aigu, la mise en évidence
d’un défaut de perfusion myocardique par IRM a une
valeur diagnostique ajoutée par rapport aux signes ECG et
au dosage de la troponine [5].
Rehaussement tardif et viabilité myocardique
Durant les 10 à 15 minutes suivant son injection, le
gadolinium s’accumule dans la zone de l’infarctus (espace
interstitiel augmenté, lavage myocardique ralenti de
l’agent de contraste) qui apparaît en hypersignal (blanc).
Cette imagerie directe en haute résolution de l’infarctus du
myocarde est très sensible et détecte les petits infarctus
non transmuraux [6], les extensions infracliniques fré-
quentes au ventricule droit, ainsi que les nécroses de
l’appareil sous-valvulaire (figure 5). La supériorité de
l’IRM par rapport aux méthodes scintigraphiques est dé-
montrée pour la mise en évidence des nécroses sous-
endocardiques notamment [7, 8]. En effet, l’IRM précise
l’extension de la nécrose au sein de la paroi myocardique,
du sous-endocarde vers le sous-épicarde, en 5 catégories :
0 %, 1-25 %, 26-50 %, 51-75 %, 76-100 %. Pour un sec-
teur myocardique donné, la probabilité de récupération
fonctionnelle au décours d’un syndrome coronaire aigu
HOP HENRI MONDOR
Figure 3.Images extraites de séquences dynamiques true-fisp ciné-IRM, montrant un thrombus apical (flèches).
mt cardio, vol. 1, n° 2, mars-avril 2005 151
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