Page 4/13 Résistance aux antibiotiques : un problème mondial
Mercredi 11 décembre 2013
Introduction : Gènes sans frontières
Patrice COURVALIN
Institut Pasteur, Paris, France.
Since the beginning of the antibiotic era, ca. sixty years ago, bacteria pathogenic for mammals have
evolved towards resistance and, in many instances, multi-resistance. In contrast with this continuous
evolution there has been during the last two decades diminished research to discover and develop new
antibacterial agents. This contrasting tendency has led to an important decrease in therapeutic options
and is particularly worrying if one considers that more than ten years are necessary to develop a new
antibiotic. There are three levels of resistance dissemination depending upon the vector: bacteria (clonal
spread), replicons (plasmid epidemics), or genes (transposon epidemics). These various levels of
dissemination, which co-exist in nature and thus account for the extraordinary rise in antibiotic resistance
among bacteria, are not only infectious but also exponential since each is associated with DNA duplication.
Clonal dissemination is associated with chromosome replication, plasmid conjugation with replicative
transfer, and gene migration with replicative transposition. Regardless of the mechanism of action of a
drug class, one must realize that resistance already occurs in nature or will inevitably emerge. This is,
perhaps, obvious for natural antibiotics, as the producing organisms must avoid self destruction, but it
also holds true for non-natural drugs. It is thus clear that bacteria are able to resist every antibiotic,
naturally or in an acquired fashion, and selection of resistant bacteria can be regarded as the ultimate
criterion for activity of an antibiotic. In addition, resistance, either by mutation or after acquisition of
foreign genetic information, will not disappear. As dissemination of resistance is closely linked to the
magnitude of the selective pressure, the only hope is to delay this dissemination. This stresses the
importance of the prudent use of these molecules.
Résistance aux antibiotiques : vers une
catastrophe écologique et sanitaire ?
VINCENT JARLIER
Bactériologiste, Université Paris 6, Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie
La menace que représente la résistance aux antibiotiques, et son stade ultime l’impasse
thérapeutique (très peu ou plus d’antibiotiques encore efficaces), est évidente lorsqu’elle
concerne de grandes maladies bactériennes contagieuses comme la tuberculose (tuberculose
MDR : résistante à l’isoniazide et à la rifampicine), la typhoïde (bacille de la typhoïde résistant
aux ß-lactamines et aux fluoroquinolones…) ou les infections génitales à gonocoques (résistant
aux ß-lactamines, aux fluoroquinolones, aux cyclines et à l’azithromycine…). En effet, les
conséquences médicales de la résistance sont alors immédiates en raison des grandes difficultés
thérapeutiques qui en découlent. La résistance est, en revanche, beaucoup moins visible
lorsqu’elle concerne les bactéries qui peuplent de manière permanente et normale (bactéries
« commensales ») notre tube digestif (environ 100 milliards par gramme de selles, dont les
colibacilles), notre rhinopharynx (environ 100 millions de par millilitre de sécrétion, dont les
staphylocoques dorés) et notre peau.
Les antibiotiques ont une caractéristique singulière : ils n’agissent pas sur l’homme (au contraire
des médicaments de l’hypertension, du diabète…) mais sur les bactéries. Ils agissent d’abord, ce
qui est le but, sur les bactéries du foyer infectieux bactérien diagnostiqué (ou suspecté) qui sont
en général peu nombreuses (quelques millions en tout). Mais ils agissent aussi sur nos
innombrables bactéries commensales, ce qui est un effet secondaire indésirable mais inévitable.
Sous l’effet de l’antibiotique, les rares bactéries commensales qui portent des mécanismes de
résistance (mutations, acquisition de gènes provenant d’autres bactéries) prolifèrent et
remplacent les bactéries sensibles.