Entre la mémoire et l’espérance
Lundi, 9 Juillet 2012 12:21
C’est malheureusement à cela que l’on reconnaît un salafiste : le moindre effort,
l’illusion de la solution de facilité.
La religion repose sur des hommes qui l’incarnent, qui la font vivre en essayant
d’imiter le Prophète (S), car la fonction première du Prophète (S) est de servir de
modèle (uswatun hasana). C’est de ses parents, de la pratique religieuse de ses
parents que l’enfant reçoit les premiers rudiments de sa religion. Mais quand il
voudra se forger des idéaux sans lesquels sa foi demeurera sèche et formelle,
comme celle des salafistes, le musulman devra chercher des modèles réels dans
sa vie, auprès desquels il pourra apprendre les vraies valeurs qui font l’homme,
courage, sacrifice, humilité, rajla, qu’il ne trouve pas toujours chez ses parents à
leur niveau optimal. Les hommes se font par les hommes, par l’imitation des
hommes. Pas par des discours, aussi longs fussent-ils. Il faudra alors aller à la
recherche des ahl al-dhikr que sont les awliyâs pour leur poser les questions qui
les travaillent, comme le recommande le Coran.
Or les salafistes nous parlent des « anciens » (salaf) sans jamais penser à nous en
donner une image, un moindre exemplaire vivant, quelqu’un qui leur ressemble,
même de loin. Ils ne gardent de la religion que la coquille, une forme sans
intériorité. Pour eux, l’héroïsme se limite au passé.
La mémoire nous sert à entretenir les racines de notre identité. Alors que la
patience expectative (en berbère, asaram, en arabe, al-intizâr)) est celle qui nous
maintient devant les yeux l’horizon de notre ambition. Imaginez un peu ce qu’il a
coûté à tous ces hommes et femmes qui ont vécu des longs siècles dans l’attente
de la venue du Prophète (S), chaque génération recommandant la patience et la
vigilance à la génération suivante. C’est pour cette raison que l’Attente patiente
fait partie de la foi. On remet à Dieu, on Lui confie notre présent, notre passé et
notre futur, sans que cela soit une démission, mais au contraire une motivation
pour l’action. Oui, espérer est un acte de foi !
L’espérance est le miroir qui reflète la profondeur et la puissance de notre
mémoire. Celui qui se renie n’a pas d’espoir. Celui qui sait d’où il vient sait où
aller, avec une énergie qui ne fait pas de place au doute.
Respecter les awliyâs est une marque de la grande vénération que nous devons
porter aux meilleurs d’entre nous, à ceux que leurs contemporains eux-mêmes ont
reconnu comme dignes de mériter le titre de saint, et qui nous en ont transmis
par les livres et la littérature orale, les hauts faits et le mérite. En islam, c’est la
vox populi qui désigne les saints, et pas un procès en sainteté décidé par un seul
homme comme le Pape dans le Christianisme. Le Coran nous interdit de détruire
les monuments hérités du passé, car Dieu nous les donne comme des sujets de
méditation : « Allez par la terre et voyez quelle fut la fin de ceux qui
démentaient… » (Sourate al-An‘âm, VI : verset 11).
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