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Résultats principaux
Les résultats principaux de cette étude s'articulent en quatre découvertes:
1. La plus frappante est que le niveau du PIB réel par habitant est le facteur le plus
important pour distinguer les taux de mortalité nationaux parmi les populations actives
des pays industrialisés. Cette découverte n'est pas uniquement importante du fait de son
pouvoir de prévision. Sa nouveauté est née du fait que, alors qu'il est généralement
admis que la santé publique par habitant est importante pour la santé des populations
des pays en voie de développement, il n'existe que de rares indications en littérature
épidémiologique qui mettent en avant le fait que le PIB par habitant pourrait améliorer la
santé dans les sociétés industrialisées. En effet, il est admis dans la littérature que, dès
qu'un certain seuil minimal de revenus par habitant (touchant l'alimentation, le système
sanitaire, le logement, les transports, les soins de santé primaires) est franchi, les effets
d'une croissance économique accrue n'ont pas de répercussions bénéfiques
supplémentaires sur les taux de survie dans les nations industrialisées. Cette étude
prouve que ces hypothèses dominantes sont foncièrement erronées.
2. Alors que I' autonomie des travailleurs a été I' un des thèmes principaux dans la littérature
épidémiologique sur le stress occupationnel, cette étude note pour la première fois que
lorsque le travail indépendant (ou le travail dans une petite entreprise) est pris comme
indicateur national, il a un effet important sur la réduction de la mortalité.
3. Alors qu'en général, les économistes ont I' impression que le travail dans I' économie
souterraine prive le gouvernement de revenus fiscaux, il semble être un plus pour les
revenus des travailleurs et la prospérité nationale. II est toutefois clair, sur la base de
cette étude, que I' ampleur de I' économie souterraine a un impact préjudiciable
substantiel sur la santé des populations en âge de travailler.
4. Au cours des deux dernières décennies, le débat sur I' impact potentiel des inégalités de
revenus sur les niveaux de santé publique a été très intense. La preuve épidémiologique
la plus récente tend à montrer que l'influence de I' indice de Gini peut être minime voire
inexistante. Par contraste, I' étude actuelle montre que les inégalités de revenus sont
effectivement nuisibles a la santé de la population en âge de travailler, mais qu'elles le
sont tout particulièrement pour les hommes de moins de 45 ans et les femmes de tous
âges.
Résultats particuliers
1. Le modèle principal a quatre variables: le PIB réel par habitant, le travail indépendant,
I' économie souterraine et les inégalités de revenus sont responsables de près de 80%
des variations de la mortalité ajustées par âge dans les 31 pays de l'Europe de I' Est et de
I' Ouest ainsi que dans d'autres pays de I'OCDE. Quant aux trois autres principaux
facteurs de risques épidémiologiques, tels que la consommation d'alcool et de glucides
par habitant, ils peuvent augmenter les variations expliquées de près de 90%.
2. Le PIB par habitant dans la parité de pouvoir d'achat constitue clairement le facteur le
plus important pour expliquer les variations de taux de mortalité. On peut le constater sur
une base transversale dans tous les échantillons de I' étude (24, 31, 38 et 46 pays), la