En rénovation, la correction thermique est peut-être en passe de devenir une alternative d’importance au
regard de l’isolation par l’intérieur et de l’isolation par l’extérieur. D’un point de vue trajectoires
technologiques cette tendance risque de se traduire par un moindre investissement sur l’obstacle de
l’épaisseur d’isolants de paroi pour davantage investir en toiture, vitrages, chauffage… Nous aurons
l’occasion de vérifier que cette tendance est vivement encouragée par les modalités actuelles d’attribution
du crédit d’impôt au développement durable.
Mais n’est-ce pas déplacer le problème pour aboutir à la même impasse ? Car les épaisseurs en toiture, les
vitrages, les systèmes de chauffage ont aussi leurs limites. Et le concept de bâtiment à énergie positive est
fortement dépendant des conditions de rachat de l’électricité à défaut d’avancées substantielles dans les
solutions de stockage électrique : quelque soit le prix des énergies, ce concept est inopérant s’il n’est pas
possible d’utiliser l’énergie produite (transfert au réseau, consommation propre ou stockage).
En d’autres termes, si l’assouplissement réglementaire thermique donne plus de marges de manœuvre il
augmente aussi les risques de dérapages par rapport à l’objectif facteur 4. Or dans le même temps, le
scénario d’une incapacité à freiner les consommations liées à la diffusion de l’électroménager, en particulier
audiovisuel-informatique-téléphonie, est devenu moins improbable.
En effet, l’INSEE a récemment publié une étude sur les consommations énergétiques des français sur 20
ans, montrant qu’en dépit des efforts d’amélioration de l’efficacité énergétique, l’effort énergétique des
ménages a peu varié, notamment en raison de l’augmentation de la surface des logements et de leur niveau
d’équipement électrique qui génèrent une augmentation de la consommation d’énergie. L’équipement
électrique des ménages s’est substantiellement étoffé au regard de ce qu’il était en 1985 et ça ne semble
pas près de s’arrêter.
En France, 8,5 millions de téléviseurs ont été vendus en 2010, sachant que près de 7,5 millions se sont
vendus en 2009, et que le SIMAVELEC s’attendait à encore mieux en 2011. Certes il y a un effet « coupe
du monde » et « passage au tout numérique », mais ce faisant la taille moyenne des écrans augmente et
donc les consommations aussi, en dépit des efforts effectués pour améliorer l’efficacité énergétique des
téléviseurs. Qui plus est, de plus en plus de téléviseurs sont utilisés en association avec un abonnement
« triple play ». Si on remplace un téléviseur « ancien » à écran CRT de 51 cm par le téléviseur à la
meilleure notation environnementale du catalogue FNAC 2010, soit un écran LED de 102 cm, associé à
une Freebox, la consommation annuelle fait plus que doubler, passant de 141 kWh à 296 kWh par an
!
Faut-il alors choisir entre se chauffer et regarder la télévision ? Revenons d’environ un million d’années en
arrière, date estimée de l’apparition des premières habitations du genre humain : il n’y a pas de chauffage,
Téléviseur CRT Saba 51 T831 et TFT Sharp LC40LE600 pour moyenne de fonctionnement de 5h39 par foyer et par jour (18h21 de
veille). Sur cette base, nos mesures révèlent qu’un téléviseur Philips Z1PT5507/01 d’environ 70 cm + adaptateur TNT consomme environ
140 kWh/an, et un téléviseur Thomson (10 ans d’âge) 80 cm + adaptateur TNT + veille magnétoscope 236 kWh/an.