KATELINE TSIHLIS
1.2 Les mémoires de traduction « corpus-based »
Parallèlement aux mémoires de traduction « segment-based », on assiste depuis une dizaine d’années à l’émergence
d’un nouveau type de systèmes fondés sur la création de mémoires sous forme de corpus parallèle. Les textes importés
sont automatiquement segmentés et alignés par le système qui propose ensuite une mémoire de traduction plein texte,
reposant sur le « document » et non plus uniquement sur le « segment ».
S’il conserve le principe de segmentation au niveau de la phrase, ce type d’outil offre toutefois une vision radicalement
différente du contexte, dans la mesure où le traducteur a désormais accès à l’intégralité du document dont provient sa
correspondance. Il peut ainsi valider son choix en pleine connaissance de cause.
2 Typologie et problématiques
2.1 La traduction technique
La traduction technique est sans conteste le type de traduction le plus adapté aux outils de TAO. De la traduction de
brevets aux manuels d’utilisateurs, les textes techniques réunissent deux caractéristiques propres : ils sont répétitifs et ce,
tant entre textes qu’au sein d’un même texte, et regorgent de terminologie. Ces deux caractéristiques suffisent à prouver
l’efficacité des outils au regard de la récupération des segments d’une part, mais aussi de la terminologie provenant
d’une base de données intégrée.
2.2 La traduction juridique
De par sa nature, la traduction juridique recèle de nombreuses complexités. Il est tout d’abord primodial de pouvoir
récupérer le paragraphe dans son ensemble, dans la mesure où la réutilisation de phrases provenant de textes différents
pour recomposer ce même paragraphe pourrait s’avérer risquée. De plus, outre la terminologie, les documents
juridiques recourent à une phraséologie bien précise – un problème difficile à pallier avec les mémoires de traduction
classiques qui se limitent à la récupération de correspondances parfaites ou partielles, ou de la terminologie, mais qui
tiennent peu compte des expressions.
Enfin, la traduction d’un terme source peut grandement varier en fonction du contexte. Là encore, la majorité des
logiciels ne se prêtent pas à ce type de traduction, le contexte proposé n’étant pas assez précis pour donner une idée
satisfaisante de l’utilisation du terme.
2.3 La traduction marketing
La traduction marketing vise un public cible différent : le grand public. Les textes doivent dès lors être accrocheurs et
bien écrits, sans pour autant faire l’impasse sur la technicité du contenu. La terminologie revêt également une
importance capitale : le texte doit demeurer juste et cohérent. S’il contient des termes incompréhensibles voire des
expressions erronées, c’est l’intégralité du message qui en pâtit, et par extension l’image de l’entreprise.
Si la traduction marketing ne propose pas un taux de répétitions aussi élevé que la traduction technique, elle ne peut
cependant pas être placée sur un pied d’égalité avec la traduction littéraire.
En effet, le contenu de la documentation commerciale est rarement réécrit dans son intégralité. Au contraire, avec
l’essor des systèmes de gestion de contenu, les auteurs et rédacteurs ont davantage tendance à reprendre des
« passages » – pouvant aller du paragraphe entier au simple morceau de phrase – d’anciens textes, créant ainsi une
nouvelle mouture sur la base d’un contenu existant.
À l’analyse, ces textes apparaissent comme nouveaux, alors que leur contenu existe déjà d’une façon ou d’une autre. En
effet, les répétitions n’apparaissent ainsi pas au niveau du segment, mais du sous-segment.
2.4 La traduction rédactionnelle ou littéraire
La traduction rédactionnelle ou littéraire ne représente a priori pas un type de traduction adapté à la TAO. Elle ne
présente en effet quasiment jamais de répétitions et attribue une moindre importance à la terminologie.
De plus, le traducteur se retrouve rapidement limité par la contrainte de la segmentation au niveau de la phrase,
proposée par la majorité des systèmes du marché. Il perd son recul sur le paragraphe ou le texte et c’est, selon lui, la
liberté et la fluidité rédactionnelles qui en pâtissent.