Qui a peur de la Soka Gakkaï

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La cruete de respectabilité ? La Soka Gakkaï a
profité duiBicentenaire de la Révolution pour
organiserim concert en présence de Danielle
Mitterrand el de quelques ministres. Les bénéfices ont été versés à la fondation France-Libertés,
et le grand maître Ikeda a pu se faire photographier au côté du président de la République. C'est
une manie Ikeda collectionne les photos de chefs
d'Etat. La secte a encore manifesté son intérêt
pour la France en achetant, à Bièvres, le château
des Roches, demeure de Juliette Drouet, pour en
faire une maison littéraire Victor-Hugo. Décidément, des gens trop polis pour être honnêtes,
pensent les policiers. Ils doivent bien avoir une
idée derrière la tête...
C'est ici que surgit l'accusation d'espionnage :
les propriétés de la Soka Gakkaï, expliquent les
RG, cernent le plateau de Bièvres, où se trouve le
CEA; et elle a voulu acheter le domaine d'Arny,
qui jouxte le Département des Applications
militaires du CEA... Si devant un policier vous
émettez quelques doutes, il vous glisse des tuyaux
de « première bourre » la Soka Gakkaï a cherché
Espionnage, lavage de cerveau, les accusations pleuvent à acquérir des terrains à Pierrelatte, Dunkerque,
Cherbourg... Plus fort, le rapporteur à l'Assemsur la secte japonaise. Et si le danger était ailleurs ?
blée nationale sur la TV haute définition, député
de la vallée de la Bièvre ( !) aéré invité à faire le
umeurs ? Manipulations ? Dans l'afvoyage au Japon ! La cinquième colonne au
faire de la Soka Gakkaï, qui donc tire les
ficelles ? Le grand maître Daisaku
Palais-Bourbon ? Michel Pelchat, le député en
question, préfère en rire : « Je ne suis pas au
Ikeda ou la police? Pour le moment, le
courant des projets d'achats de la Soka Gakkaï.
dossier baigne dans les brumes du
Mais, comme tout le monde, je sais que la France
Soleil-Levant; mais depuis quelque temps, cette
a vendu au Japon sa licence de l'usine de retraitesecte d'origine bouddhiste, qui a toujours fui les
ment de Cherbourg... Quant au rapport que j'ai
médias, fait beaucoup parler d'elle...
présenté avec Raymond Forni (PS), il faudrait
Elle est née en 1-930 au Japon, où elle compte
d'abord le lire : fious écrivons qu'il faut empêcher
7 millions d'adeptes, organisés quasi militaireles Japonais d'imposer de facto leurs normes de
ment. Son attachement affiché au bouddhisme
irrite les disciples traditionnels de Bouddha, qui,
;•`n production, et qu'il est nécessaire de constituer un
axe Europe-Etats-Unis face au Japon I»
selon Alain Woodrow, «1ui reprochent son intolé- Adepte de la secte au Japon
Alors, pourquoi cette intox ? Si la police est
rance et son agressivité, contraires aux véritables -subjuguer». Après quoi elle pomperait l'argent et
valeurs bouddhiques d'amour et de sagesse». La le savoir-faire de ses adeptes, et les obligerait à un vraiment inquiète, qu'est-ce qui l'empêche d'enprosélytisme de combat. Jusqu'à se faire très quêter? S'il est vrai qu'il y a de terribles pressions
Soka Gakkaï possède un journal, le « Seiko
Shimbun », qui tire à 3,5 millions d'exemplaires.
menaçante envers ceux qui voudraient la quitter. sur les anciens adeptes, il y a atteinte à la liberté.
Et un relais politique, le parti Kômei Tô, qui a fait Jusque-là, rien que de très classique. Mais les Si l'origine de l'argent de la Soka Gakkaï intrigue
élire 45 députés!
Renseignements généraux et la D GSE sont intri- les RG -apparemment non sans raison : elle a payé
En France, ses fidèles seraient 2 000, selon la
gués par deux caractéristiques de la secte : une 43 millions de francs un domaine estimé à 3 milpolice. Que lui reproche-t-on ? Comme toutes les quête forcenée de respectabilité, et, plus surpre- lions -pourquoi ne pas mettre là-dessus la brigade
sectes, après avoir attiré le client, elle pratiquerait nant, une tendance à s'installer près des sites financière ?
un vrai lavage de cerveau, le shakubukm briser et nucléaires.
CLAUDE FRANÇOIS JULLIEN
"Péril jaune"
Qui a peur de
la Soka Gakkaï
•
-
UN ANCIEN "CONSEILLER DE L'OMBRE" ACCUSE
"Une stratégie de conquête
Daniel-Léonard Blanc, 56 ans, ancien d'HEC,
a enseigné dix-huit ans la « futurologie » au
Centre de Recherche des Chefs d'entreprise, à
Jouy-en-Josas. Parallèlement, il a été pendant
neuf ans membre de la secte.
Le Nouvel Observateur. - Quand avez-vous
découvert la S'oka Gakkaï ?
Daniel-Léonard Blanc. - C'est le 20 janvier
1968 que j'ai reçu le gonnonzo, l'« objet de
culte ». Je suis donc devenu membre de l'école
bouddhiste Nishiren Shoshu française(NSF),
qui est devenue la Soka Gakkaï internationale
en 1989. En 1968 et 1969, je me suis rendu en
pèlerinage au Japon. Au cours de mon second
voyage, j'ai constaté qu'il y avait là-bas une
74 LE NOUVEL OBSERVATEUR /NOTRE ÉPOQUE
certaine confusion entre une école religieuse, la
Nishiren Shoshu, et l'organisation laïque, la
Soka Gakkaï.
N.O. - Comment avez-vous réagi ?
D.-L. Blanc. - Dès mon retour, comme j'étais
« conseiller de l'ombre » et que je participais à
la rédaction du journal « 3e civilisation », je suis
intervenu près du docteur Yamasaki, responsable de la NSF en France. En vain. En 1972,
j'ai compris que la Nishiren n'était qu'une
façade pour promouvoir une organisation laïque, mi-religieuse, mi-politique, la Soka Gakkaï. Celle-ci, par des manipulations mentales,
brise tout esprit critique, et développe une
adhésion inconditionnelle à la Soka, à son
•
maître Ikeda et au grand Japon...
N.O. - Croyez-vous au discours policier sur
l'espionnage ?
D.-L. Blanc. -Non. La SGI aune politique de
conquête. Ce ne sont pas tant nos connaissances
qui l'intéressent que notre manière de penser.
Comme Fabre étudiait les fourmis, ils étudient
notre mode de fonctionnement. La Soka
Gakkaï, aune stratégie
à trois niveaux.
A travers
. .
.
.
un pretexte religieux, le bouddhisme, elle attire
des disciples. Peu à peu, elle les transforme en
adeptes de la Soka Gakkaï, pour accroître ses
ressources financières, et pénétrer tous les
centres de pouvoir et de décision. Enfin, son
but est de constituer un parti politique européen pro-japonais, au service du grand Japon et
du maître Ikeda.
N.O. - On est en pleine nippophobie...
D.-L. Blanc. - Pas du tout ! En dénonçant ces
pratiques, je prétends au contraire défendre et
le Japon et les vraies valeurs du bouddhisme.
Propos recueillis par C.-F. J.
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