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Adepte de la secte au Japon
-subjuguer». Après quoi elle pomperait l'argent et
le savoir-faire de ses adeptes, et les obligerait à un
prosélytisme de combat. Jusqu'à se faire très
menaçante envers ceux qui voudraient la quitter.
Jusque-là, rien que de très classique. Mais les
Renseignements généraux et la D GSE sont intri-
gués par deux caractéristiques de la secte : une
quête forcenée de respectabilité, et, plus surpre-
nant, une tendance à s'installer près des sites
nucléaires.
Espionnage, lavage de cerveau, les accusations pleuvent
sur la secte japonaise. Et si le danger était ailleurs ?
"Péril jaune"
Qui a peur de
la Soka Gakkaï
umeurs ? Manipulations ? Dans l'af-
faire de la Soka Gakkaï, qui donc tire les
ficelles ? Le grand maître Daisaku
Ikeda ou la police? Pour le moment, le
dossier baigne dans les brumes du
Soleil-Levant; mais depuis quelque temps, cette
secte d'origine bouddhiste, qui a toujours fui les
médias, fait beaucoup parler d'elle...
Elle est née en 1-930 au Japon, où elle compte
7 millions d'adeptes, organisés quasi militaire-
ment. Son attachement affiché au bouddhisme
irrite les disciples traditionnels de Bouddha, qui,
selon Alain Woodrow,
«1ui reprochent son intolé-
rance et son agressivité, contraires aux véritables
valeurs bouddhiques d'amour et de sagesse».
La
Soka Gakkaï possède un journal, le « Seiko
Shimbun », qui tire à 3,5 millions d'exemplaires.
Et un relais politique, le parti Kômei Tô, qui a fait
élire 45 députés!
En France, ses fidèles seraient 2 000, selon la
police. Que lui reproche-t-on ? Comme toutes les
sectes, après avoir attiré le client, elle pratiquerait
un vrai lavage de cerveau, le
shakubukm briser et
La cruete de respectabilité ? La Soka Gakkaï a
profité duiBicentenaire de la Révolution pour
organiserim concert en présence de Danielle
Mitterrand el de quelques ministres. Les bénéfi-
ces ont été versés à la fondation France-Libertés,
et le grand maître Ikeda a pu se faire photogra-
phier au côté du président de la République. C'est
une manie Ikeda collectionne les photos de chefs
d'Etat. La secte a encore manifesté son intérêt
pour la France en achetant, à Bièvres, le château
des Roches, demeure de Juliette Drouet, pour en
faire une maison littéraire Victor-Hugo. Décidé-
ment, des gens trop polis pour être honnêtes,
pensent les policiers. Ils doivent bien avoir une
idée derrière la tête...
C'est ici que surgit l'accusation d'espionnage :
les propriétés de la Soka Gakkaï, expliquent les
RG, cernent le plateau de Bièvres, où se trouve le
CEA; et elle a voulu acheter le domaine d'Arny,
qui jouxte le Département des Applications
militaires du CEA... Si devant un policier vous
émettez quelques doutes, il vous glisse des tuyaux
de « première bourre » la Soka Gakkaï a cherché
à acquérir des terrains à Pierrelatte, Dunkerque,
Cherbourg... Plus fort, le rapporteur à l'Assem-
blée nationale sur la TV haute définition, député
de la vallée de la Bièvre ( !) aéré invité à faire le
voyage au Japon ! La cinquième colonne au
Palais-Bourbon ? Michel Pelchat, le député en
question, préfère en rire : «
Je ne suis pas au
courant des projets d'achats de la Soka Gakkaï.
Mais, comme tout le monde, je sais que la France
a vendu au Japon sa licence de l'usine de retraite-
ment de Cherbourg... Quant au rapport que j'ai
présenté avec Raymond Forni
(PS),
il faudrait
d'abord le lire : fious écrivons qu'il faut empêcher
les Japonais d'imposer de facto leurs normes de
production, et qu'il est nécessaire de constituer un
axe Europe-Etats-Unis face au Japon I»
Alors, pourquoi cette intox ? Si la police est
vraiment inquiète, qu'est-ce qui l'empêche d'en-
quêter? S'il est vrai qu'il y a de terribles pressions
sur les anciens adeptes, il y a atteinte à la liberté.
Si l'origine de l'argent de la Soka Gakkaï intrigue
les RG -apparemment non sans raison : elle a payé
43 millions de francs un domaine estimé à 3 mil-
lions -pourquoi ne pas mettre là-dessus la brigade
financière ?
CLAUDE
-
FRANÇOIS JULLIEN
Daniel-Léonard Blanc, 56 ans, ancien d'HEC,
a enseigné dix-huit ans la « futurologie » au
Centre de Recherche des Chefs d'entreprise, à
Jouy-en-Josas. Parallèlement, il a été pendant
neuf ans membre de la secte.
Le Nouvel Observateur. -
Quand avez-vous
découvert la S'oka Gakkaï ?
Daniel-Léonard Blanc. -
C'est le 20 janvier
1968 que j'ai reçu le
gonnonzo,
l'« objet de
culte ». Je suis donc devenu membre de l'école
bouddhiste Nishiren Shoshu française(NSF),
qui est devenue la Soka Gakkaï internationale
en 1989. En 1968 et 1969, je me suis rendu en
pèlerinage au Japon. Au cours de mon second
voyage, j'ai constaté qu'il y avait là-bas une
certaine confusion entre une école religieuse, la
Nishiren Shoshu, et l'organisation laïque, la
Soka Gakkaï.
N.O. -
Comment avez-vous réagi ?
D.-L. Blanc. -
Dès mon retour, comme j'étais
« conseiller de l'ombre » et que je participais à
la rédaction du journal « 3e civilisation », je suis
intervenu près du docteur Yamasaki, respon-
sable de la NSF en France. En vain. En 1972,
j'ai compris que la Nishiren n'était qu'une
façade pour promouvoir une organisation laï-
que, mi-religieuse, mi-politique, la Soka Gak-
kaï. Celle-ci, par des manipulations mentales,
brise tout esprit critique, et développe une
adhésion inconditionnelle à la Soka, à son
maître Ikeda et au grand Japon...
N.O. -
Croyez-vous au discours policier sur
l'espionnage ?
D.-L. Blanc.
-Non. La SGI aune politique de
conquête. Ce ne sont pas tant nos connaissances
qui l'intéressent que notre manière de penser.
Comme Fabre étudiait les fourmis, ils étudient
notre mode de fonctionnement. La Soka
Gakkaï aune stratégie à trois niveaux. A travers
,
.
.
.
.
un pretexte religieux, le bouddhisme, elle attire
des disciples. Peu à peu, elle les transforme en
adeptes de la Soka Gakkaï, pour accroître ses
ressources financières, et pénétrer tous les
centres de pouvoir et de décision. Enfin, son
but est de constituer un parti politique euro-
péen pro-japonais, au service du grand Japon et
du maître Ikeda.
N.O. -
On est en pleine nippophobie...
D.-L. Blanc. -
Pas du tout ! En dénonçant ces
pratiques, je prétends au contraire défendre et
le Japon et les vraies valeurs du bouddhisme.
Propos recueillis par C.-F. J.
UN ANCIEN "CONSEILLER DE L'OMBRE" ACCUSE
"Une stratégie de conquête
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LE NOUVEL OBSERVATEUR /NOTRE ÉPOQUE
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