24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PROGRAMME GÉNÉRAL Maladies émergentes chez les NAC Hyperthyroïdie du cochon d’Inde Adeline LINSART DV, Unité des Nouveaux Animaux de Compagnie - Unité de Médecine Interne et Urgences Centre Hospitalier Vétérinaire Saint-Martin - 275 Route Impériale - 74370 SAINT-MARTIN-BELLEVUE Les affections primaires de la thyroïde sont reconnues depuis plusieurs dizaines d’années chez les cochons d’Inde utilisés en expérimentation animale. La première description est mentionnée dans une revue française en 1961. Malgré cela, les descriptions de cas cliniques d’hyperthyroïdie sont rares. Depuis quelques années, il semble que la prévalence de la maladie augmente et de nombreux auteurs s’y intéressent (Mayer et al, Kunzel et al). En Allemagne, l’hyperthyroïdie du cochon d’Inde est d’ailleurs d’ores et déjà considérée comme une dysendocrinie fréquente. Dans une étude récente, un laboratoire d’anatomopathologie (Northwest ZooPath) considère que les tumeurs thyroïdiennes sont parmi les plus fréquemment soumises pour les cochons d’Inde, après les lipomes, tricho-épithéliomes, lymphomes et tumeurs mammaires. Ils concernent 3,6 % des prélèvements analysés dans cette espèce. L’hyperthyroïdie peut être liée à une hyperplasie, un adénome ou un adénocarcinome de la thyroïde ; des sécrétions excessives par du tissu thyroïdien ectopique sont aussi suspectées. La distribution des lésions bénignes et malignes n’est pas déterminée à l’heure actuelle. Dans l’étude de Northwest ZooPath, un tiers des tumeurs thyroïdiennes sont malignes. Seule une tumeur a métastasé au poumon. L’hyperthyroïdie touche préférentiellement des cochons d’Inde de plus de trois ans, bien que tous les âges puissent être affectés (de 2,5 à 6 ans, dans l’étude de Gibbons). Il n’existe pas de prédisposition sexuelle, bien qu’une étude fasse apparaître une légère surreprésentation des femelles. Les signes cliniques sont assez semblables à ceux décrits lors d’hyperthyroïdie féline : l’hyperthyroïdie 1 du cobaye se traduit principalement par un amaigrissement, une polyphagie et un regain d’activité (augmentation des vocalises, des déplacements et des jeux). Ces signes cliniques sont en fait plutôt rassurants pour les propriétaires et ne motivent pas immédiatement une consultation. L’hyperesthésie est très souvent rapportée. Une polyuro-polydipsie, une tachycardie1, un pouls plus marqué, un souffle cardiaque et des alopécies tronculaires chroniques sont également possibles. Des phases de sommeil prolongées, avec des difficultés à se réveiller sont rapportées. Non spécifiques, des signes digestifs (diarrhée, crottes molles) sont ponctuellement notés. Lors d’hyperthyroïdie ancienne, inappétence et léthargie peuvent être observées. La qualité du pelage peut être altérée (gras, emmêlé, mal entretenu). Une masse thyroïdienne peut souvent être palpée. Pour cela, le praticien doit s’attacher à palper délicatement le dessous du menton du cobaye, la glande thyroïde étant située entre les rameaux de la mandibule dans cette espèce, bien plus craniale que ce que nous connaissons chez la chat par exemple. Toutefois, un nodule facile à palper est fréquemment mis en évidence lorsque les signes cliniques sont visibles. Le diagnostic d’une hyperthyroïdie chez le cochon d’Inde peut être complexe. Il est indispensable d’associer différents examens complémentaires afin de parvenir à un diagnostic de certitude. Les dosages hormonaux sont possibles mais les signes cliniques sont assez faiblement corrélés à la thyroxinémie totale. En début d’évolution ou lors d’hyperthyroïdie modérée, la thyroxinémie totale peut être comprise dans les valeurs usuelles malgré la présence de signes cliniques. La thyroxinémie peut être affectée par de nombreux facteurs : une alimentation riche en iode, une maladie concomitante peuvent contribuer à abaisser la valeur mesurée. Il a également été démontré que le stress pouvait diminuer considérablement la concentration en thyroxine chez le cochon d’Inde. A l’inverse, en présence d’une hypovitaminose C, fréquente dans cette espèce qui ne possède pas de L-gulonolactone oxidase, une augmentation de l’activité thyroïdienne est possible. En cas de doute, il convient de renouveler les mesures et, si possible, de doser la T3 et la T4 libres. Le dosage de la TSH serait sans doute intéressant mais il n’existe pas de norme établie chez le cochon d’inde. Un test de stimulation à la TSH peut éventuellement confirmer une anomalie, mais seule une étude en fait état à l’heure actuelle. Brandao et al recommandent d’utiliser une technique de radio-immunologie pour le dosage de la T3 et T4 totales. Les formes libres sont mesurées par dialyse à l’équilibre. Des valeurs usuelles ont été publiées par Castro et al en 19863, puis Müller et al en 20092 et sont rapportées dans le tableau à la page suivante. Remarque : La thyroxinémie est significativement plus basse chez les femelles que chez les mâles castrés d’après Müller et al en 2009. D’autres valeurs usuelles ont été publiées mais sont plus rarement utilisées. Elles sont compilées dans Brandao J, Vergneau-Grosset C and Mayer J. Hyperthyroidism and hyperparathyroidism in guinea pigs (Cavia porcellus). Vet Clin Exot Anim. 2013; 16:407-420. En présence d’une tachycardie, une échocardiographie est recommandée, une cardiopathie concomitante pouvant être présente. 1 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS T4 (μg/dL) d'après 2 Technique Mâle Mâle castré Femelle Tous Chimiluminescence Animaux de compagnie 1,1 – 4,5 Médiane : 2,2 1,5 – 5,2 Médiane : 2,7 1,1 - 5 Médiane : 2 1,1–5,2 Médiane : 2,1 (14,2-66,9nmol/L) (Médiane : 27nmol/L) En présence d’une masse cervicale palpable Une échographie est recommandée en première intention. L’échographie (>10MHz) peut mettre en évidence des structures kystiques. Le liquide peut éventuellement être ponctionné : il présente régulièrement un aspect hémorragique. Le dosage du contenu liquidien des kystes permet de confirmer la nature thyroïdienne du tissu ponctionné. La valeur mesurée dans le kyste peut être comparée aux valeurs sériques et faciliter le diagnostic d’hyperthyroïdie. La cytologie permet également de confirmer la nature de la masse et éventuellement de mettre en évidence des cellules anormales. Cependant, un risque d’hémorragie existe suite à la cytoponction. Les biopsies sont déconseillées car elles peuvent être à l’origine d’une crise thyréotoxique4 et de mortalité. En l’absence de masse cervicale palpable, une imagerie doit être proposée L’examen de choix est théoriquement la scintigraphie (Oniris-Nantes). Cependant, il est difficile de proposer cet examen d’emblée, d’autant plus s’il n’existe qu’une suspicion clinique. Le recours à une tomodensitométrie, désormais largement disponible, est sans doute la meilleure alternative. Au cours d’une anesthésie gazeuse de courte durée, elle permet de confirmer une anomalie thyroïdienne, T4 (μg/dL)3 T4 libre T3 (ng/dL)3 (ng/dL) 3 Radio-immunologie Animaux d'expérimentation T3 libre (pg/dL)3 2,9 +/- 0,6 1,26 +/- 0,41 39 +/- 17 257 +/- 35 - - - - 3,2 +/- 0,7 1,33 +/- 0,25 44 +/- 10 260 +/- 59 - - - - de réaliser un bilan d’extension local et à distance (excellente sensibilité dans la recherche des métastases pulmonaires). L’imagerie par résonance magnétique est également très intéressante pour préciser le diagnostic ou préparer une prise en charge chirurgicale. Toutefois, si l’IRM offre une bonne sensibilité pour l’évaluation du tissu thyroïdien, c’est un examen dont la durée est importante (= anesthésie prolongée) et dont la résolution des coupes en diminue la sensibilité chez des animaux de petite taille comme le cochon d’Inde. Si la suspicion clinique est très forte et que des examens d’imagerie ne peuvent être réalisés Il reste possible, sous réserve de l’obtention du consentement éclairé du propriétaire, de réaliser un essai thérapeutique sur 48 heures avec du méthimazole. En effet, la réponse thérapeutique (prise de poids, modification comportementale) est très rapide après l’initiation du traitement. Diagnostic différentiel de l’hyperthyroïdie du cochon d’inde La présence d’une masse cervicale chez le cochon d’Inde est très évocatrice d’une hyperthyroïdie chez un animal de plus de trois ans, en présence de modifications comportementales et d’une perte de poids constatée malgré un appétit augmenté. Une adénomé- galie, un abcès, une tumeur ou une anomalie des glandes salivaires doivent également être évoquées. Il convient notamment d’explorer la possibilité d’une lymphadénite cervicale. Toutefois, si ces affections sont également accompagnées d’une perte de poids, celle-ci est toujours accompagnée d’une diminution de l’appétit. L’alopécie peut être liée à la présence de kystes ovariens, d’une maladie surrénalienne, d’une infestation parasitaire ou fongique. Le mâchonnement du pelage par un congénère doit également être exclu. L’hypothyroïdie peut avoir une présentation clinique sensiblement identique à l’hyperthyroïdie chez le cochon d’inde. Les signes cliniques typiques sont une diminution de l’appétit et une perte de poids chronique mais ils évoluent de manière très subtile et les propriétaires ne les voient pas. Dans les cas chroniques, une perte de poids et une alopécie dorsale sont observées. Une bradycardie est également possible. L’administration de L-thyroxine est efficace. En présence d’une hyperthyroïdie confirmée, il convient de réaliser un bilan rénal et cardiaque En effet, comme chez le chat, l’hyperthyroïdie peut être associée à une insuffisance rénale chronique, une hypertension artérielle et/ou une cardiopathie. 2 D’après Müller K, Müller E, Klein R et al. Serum thyroxine concentrations in clinically healthy pet guinea pigs (Cavia porcellus). Vet Clin Pathol. 2009. 38 : 507-10. 3 D’après Castro MI, Alex S, Young RA et al. Total and free serum thyroid hormone concentrations in fetal and adult pregnant and nonpregnant guinea pigs. Endocrinology. 1986. 118 (2) : 533-7. 4 Elle correspond à une exacerbation des signes cliniques de l’hyperthyroïdie allant jusqu’à engager le pronostic vital. Elle n’est pas décrite chez le cochon d’inde mais cette complication potentielle doit être gardée à l’esprit. 2 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS Traitement médical de l’hyperthyroïdie du cochon d’inde Le traitement médical constitue une excellente option : peu invasif, il permet une amélioration clinique rapide du patient. Cela permet également de stabiliser son état général dans l’attente d’une prise en charge plus complexe (chirurgie, radiothérapie). Il doit cependant être donné à vie et des effets secondaires peuvent survenir sur le long terme (cf ci-dessous). En présence d’une tumeur maligne, il ne permet pas de contrôler l’évolution de la maladie. Les molécules utilisées sont le méthimazole (Felimazole 1,25mg®) ou le carbimazole (Néo-mercazole®) qui stoppe la production d’hormones thyroïdiennes. Il n’existe pas de données pharmacologiques sur l’administration de ces molécules au cochon d’inde, mais les données seraient proches de l’homme. Les concentrations plasmatiques sont effectives deux heures après l’administration per os. La réponse thérapeutique est obtenue en 48h après l’initiation du traitement (prise de poids, changement de comportement) à la dose habituellement recommandée chez le chat : 0,5 à 1 mg/kg PO, une fois par jour le plus souvent, parfois deux fois par jour. La dose est progressivement augmentée en fonction de la réponse thérapeutique obtenue. Le carbimazole est utilisé à la dose de 1 à 2 mg/kg/j PO SID. Il est souvent nécessaire de faire reconditionner le traitement par une pharmacie, du fait des faibles dosages à administrer. La réalisation d’un sirop à une concentration de 10 mg/ ml permet d’obtenir de petits volumes faciles à administrer et pour lesquels la mise en suspension offre une bonne distribution. Les posologies et fréquences d’administration sont extrapolées à partir des traitements établis chez le chat et doivent être adaptées en fonction des effets thérapeutiques obtenus, des suivis hormonaux et de la tolérance de l’animal. Un premier contrôle est effectué à 48h puis un contrôle deux semaines après l’induction du traitement est recommandé où un bilan complet sera effectué : examen clinique, numération-formule sanguine, dosage hormonal. Le dosage hormonal est réalisé 4 à 6 heures après l’administration du traitement. Le cobaye doit être suivi régulièrement pour réévaluer le dosage des médicaments à administrer et dépister les effets secondaires éventuels (éosinophilie, leucopénie, lympho- 5 cytose, hépatopathie, thrombopénie décrits chez les Carnivores domestiques, mais pas chez le Cobaye à l’heure actuelle). Chez le chien et le chat, le traitement médical peut également être à l’origine de vomissements, anorexie et dépression. L’injection percutanée d’éthanol dans la glande thyroïde est déconseillée chez le cobaye, les premiers essais n’ayant pas donné de résultats (absence d’amélioration ou décès). Traitement chirurgical de l’hyperthyroïdie du cochon d’inde Le traitement chirurgical est très invasif. S’il peut théoriquement offrir une guérison définitive, des récidives sont en pratique fréquentes (42 %) et il apparaît comme le traitement le plus risqué. Il est toutefois indiqué en cas de tumeurs malignes, afin de prévenir des métastases. Les risques liés à l’intervention chirurgicale doivent être bien expliqués au propriétaire (décès, complications respiratoires post-opératoires, troubles du transit, anomalies de la calcémie, hypothyroïdie, repousse du tissu thyroïdien en cas d’exérèse incomplète...). La nécessité d’une complémentation thyroïdienne à long terme doit également être évoquée en cas de thyroïdectomie totale. La prise en charge chirurgicale doit nécessairement être précédée d’une phase de stabilisation médicale afin de limiter le risque de survenue d’une crise thyréotoxique. Un examen d’imagerie permettant de préciser la localisation de la masse, l’invasion des tissus adjacents et de s’assurer d’un bilan d’extension négatif est également indispensable. L’examen à privilégier est la scintigraphie. L’anesthésie et les mesures péri-opératoires conditionnent également la réussite de l’intervention (anesthésie gazeuse, opiacés, fluidothérapie intraveineuse). Le risque de ralentissement de transit et de dégradation de l’état général (hypothyroïdie, hypocalcémie) après la chirurgie est très élevé. Il est important de préciser que chez l’homme, l’administration de kétamine à des patients souffrant d’hyperthyroïdie augmente le risque d’hypertension sévère et de tachycardie. La thyroïdectomie est bien décrite chez le cochon d’inde, elle est pratiquée à des fins expérimentales depuis plusieurs dizaines d’années. Elle consiste en l’ablation d’une partie ou de la totalité de la thyroïde. Si la thyroïdectomie est totale, l’ablation des glandes parathy- roïdes est à craindre. Chez le cochon d’inde, elles peuvent être bien individualisées de la thyroïde, ce qui peut permettre de les conserver. La thyroïdectomie peut être pratiquée par un chirurgien expérimenté, équipé pour la chirurgie des petits patients. La localisation de la glande thyroïde rend l’intervention chirurgicale complexe : les trajets vasculaires et nerveux sont très proches de la glande et une lésion du nerf laryngé récurrent constitue la complication la plus fréquente. La stimulation d’un tissu thyroïdien aberrant est également possible. Durant l’intervention, des hémorragies peuvent provoquer le décès de l’animal. Une hospitalisation en soins intensifs s’impose en post-opératoire : la surveillance de la calcémie ionisée est essentielle. En l’absence d’anomalies de la calcémie, l’administration de lactate ou gluconate de calcium par voie orale une fois par jour est recommandée sur 7 à 10 jours avant qu’un sevrage ne soit progressivement effectué sous surveillance médicale. Un nouveau dosage de la calcémie ionisée est conseillé à l’arrêt du traitement. Une supplémentation en T4 est également instaurée si une thyroïdectomie totale a été effectuée. Une surveillance médicale étroite s’impose également à long terme, des récidives étant possibles. Traitement de l’hyperthyroïdie du cochon d’inde par injection d’iode radioactif Le traitement par injection d’iode radioactif est sans doute le traitement de choix. Il est actif sur tous les tissus thyroïdiens (même ectopiques5 ou non sécrétants), il permet un contrôle de la maladie à long terme, voire il peut être curatif et est en fait peu invasif. Il présente bien moins de risques que la chirurgie (pas de lésions des parathyroïdes notamment). La prise en charge doit nécessairement être précédée d’une phase de stabilisation médicale afin de s’assurer qu’il n’existe pas d’affections sous-jacentes (ex : insuffisance rénale). L’injection d’iode radioactif, à raison d’une dose de 1miC par voie sous-cutanée, semble efficace. Réalisable au centre de radiothérapie et scanner de Maisons-Alfort, cette injection limite la sécrétion excessive d’hormones thyroïdiennes. Après une courte hospitalisation de 48h (isolement), le cochon d’Inde est rendu à ses propriétaires et ne nécessite plus aucun traitement pour son hyperthyroïdie. Les signes cliniques disparaissent en une semaine. Les propriétaires doivent collecter tous les excréta produits pendant Du tissu thyroïdien ectopique peut être observé depuis le larynx au diaphragme. Il peut devenir sécrétant. 3 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS les trente jours suivant l’injection. L’animal est régulièrement suivi afin de dépister des récidives. Traitement de l’hyperthyroïdie du cochon d’inde par radiothérapie Ce traitement n’est pas décrit chez le cochon d’inde. Il constitue cependant l’une des meilleures options thérapeutiques chez l’homme et le chien. La radiothérapie est particulièrement indiquée en cas de thyroïdectomie incomplète. Bibliographie • Brandao J, Vergneau-Grosset C and Mayer J. Hyperthyroidism and hyperparathyroidism in guinea pigs (Cavia porcellus). Vet Clin Exot Anim. 2013; 16:407420. • Castro MI, Alex S, Young RA et al. Total and free serum thyroid hormone concentrations in fetal and adult pregnant and nonpregnant guinea pigs. Endocrinology. 1986. 118 (2) : 533-7. • Gibbons PM, Garner MM and Kiupel M. Morphological and immunohistochemical characterization of spontaneous thyroid gland neoplasms in guinea pigs (Cavia porcellus). Lab Anim. 2012; 50(2):334-342. • Müller K, Müller E, Klein R et al. 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Yaboumba Paris 2016 4 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PROGRAMME GÉNÉRAL Maladies émergentes chez les NAC Myosite idiopathique disséminée du Furet Recherche biblio Pubmed du 6 juin 2016 Adeline LINSART DV, Unité des Nouveaux Animaux de Compagnie - Unité de Médecine Interne et Urgences Centre Hospitalier Vétérinaire Saint-Martin - 275 Route Impériale - 74370 SAINT-MARTIN-BELLEVUE Berl Munch Tierarztl Wochenschr. 2015 JanFeb;128(1-2):70-5. [The first report of a disseminated idiopathic myofasciitis in a ferret (Mustela putorius furo) from Germany]. [Article in German] Müller K, Dietert K, Kershaw O. antipyretics, the overall condition of the ferret deteriorated and the animal was euthanized two days later. Necropsy revealed a pyogranulomatous myositis, fasciitis and steatitis of the long hyoid muscles, the esophagus and intestine. Lesions were consistent with the disseminated idiopathic myositis of ferrets. This is the first reported case of this disease in a ferret originated in Germany. Abstract A 1.5 year old neutered male pet ferret (Mustela putorius furo) was presented with a sudden onset of severe weakness. The ferret was kept with three healthy mates, was vaccinated against distemper regularly and was never ill before presentation. Clinically, the ferret was depressed, had a hyperthermia of 40.3 degrees C, tachypnea and ocular as well as nasal discharge. Blood work revealed a mild neutropenia, blood chemistry a hyperglycemia, hyperbilirubinemia, hypoproteinemia, hypoalbuminemia, hypocalcemia and hyponatremia. Despite intensive therapy including fluid replacement, antibiosis, analgesia and Vet Clin North Am Exot Anim Pract. 2010 Sep;13(3):561-75. doi: 10.1016/j. cvex.2010.05.011. Disseminated idiopathic myofasciitis in ferrets. is a severe inflammatory condition that affects primarily muscles and surrounding connective tissues. The disease is characterized by rapid onset of clinical signs, high fever, neutrophilic leukocytosis, and general lack of response to therapeutic intervention. Until recently DIM was considered fatal, but a few surviving ferrets indicate there may be an effective treatment protocol. DIM is suspected to be an immune-mediated disease, but the etiopathogenesis is not known. This article reviews clinical and pathologic findings in DIM patients, covers recommended diagnostic procedures and clinical management of ferrets with DIM, and discusses potential etiologies for this newly recognized disease in ferrets. Ramsell KD1, Garner MM. Author information Abstract First described in 2003, disseminated idiopathic myofasciitis (DIM) has emerged as a new disease in young, domestic ferrets. DIM 5 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PROGRAMME GÉNÉRAL Maladies émergentes chez les NAC Bornavirose des Oiseaux Minh HUYNH DV, MRCVS, DE Pathologie aviaire, DECZM (avian) Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis - 43 avenue Aristide-Briand - 94110 ARCUEIL Introduction La maladie de dilatation du proventricule ou PDD (Proventricular dilatation disease) est une maladie dont l’étiologie virale a été longtemps suspectée. Plusieurs noms (Proventricular dilatation syndrom, Macaw wasting disease) et plusieurs étiologies ont été avancées jusqu’à l’identification de la séquence génétique d’un bornavirus aviaire en 2006 par deux équipes de chercheurs. Depuis plusieurs génotypes ont été caractérisée dont 7 chez les espèces de psittacidés, un chez les ansériformes et deux chez les passereaux. Il est probable que d’autres séquences soient encore découvertes dans les années à venir. La difficulté d’identification vient d’un trait particulier de cette infection virale qui est non cytopathique. La réponse immunitaire de l’hôte déclenche une infiltration lymphoplasmocytaire dans les tissus infectés donnant les lésions histologiques typiques de cette maladie. Aspect clinique La maladie se caractérise par un amaigrissement progressif des oiseaux, avec parfois de la diarrhée et des graines non digérées dans les selles, des vomissements et/ou des signes neurologiques (convulsions, cécité, boiteries). Elle affecte en priorité les grands aras mais touche toutes les espèces de perroquet, et également les canaris et passeriformes. Des formes neurales pures sont connues avec convulsions, tremblements, cécité. A noter que certains oiseaux peuvent être infectés et rester asymptomatiques alors que d’autres oiseaux peuvent mourrir subitement. Il ne fait aucun doute que la maladie de dilatation du proventricule est une maladie contagieuse. Le mode de transmission spontané est mal connu, de ce fait il est très difficile de contrôler l’infection. Le mode de transmission vertical est bien démontré (de l’oiseau à l’oeuf). Le mode de transmission horizontal est supposé par voie oro-fécale (et plus précisemment urinaire) mais reste à définir. La pré-sensibilisation de l’oiseau par une souche virale différente de la souche infectante peut aussi prédisposer à des signes cliniques forts. Points clés • La maladie de dilatation du proventricule est provoquée par un bornavirus Diagnostic Le diagnostic d’orientation fait appel à divers moyens d’imagerie tel que la radiographie ou la radiographie de contraste associé à une prise de sang pour mettre en évidence le virus (sérologie ou PCR). Le diagnostic de certitude est réalisé par biopsie et la mise en évidence d’infiltrat lymphoplasmocytaire au niveau du cerveau, du coeur, des surrénales et dans une moindre mesure dans les organes digestifs. La mise en évidence de marqueur immunohistochimique est également possible. • La maladie de dilatation du proventricule se manifeste par un amaigrissement de l’oiseau ou des troubles neurologiques. • Le diagnostic est difficile et repose sur l’histologie et en pre-mortem des radiographies et des sérologies Le diagnostic sérologique dans le cadre d’un individu atteint semble plus pertinent que la PCR du fait de l’étio-pathogénie même de la maladie (réponse immune de l’hôte). La prévention et le dépistage sont difficiles. Il est possible de faire des analyses PCR dans des écouvillons choanaux et cloacaux pour vérifier la circulation virale au sein d’une collection ou d’une quarantaine. Mais cela ne présage en rien du potentiel pathogène du virus. L’excrétion étant elle même très intermittente, une analyse PCR négative ne garantit pas le statut indemne des oiseaux. Le couplage à une sérologie en dépistage peut être intéressant. Traitement A ce jour, peu de traitements sont recommandés. Des soins de supports sont préconisés (alimentation hyperdigestible, de préférence en granulés) avec des prokinétiques (metoclopramide). L’utilisation des anti-inflammatoires est controversées, le meloxicam semblant donner des résultats médiocres. Le celecoxib est la molécule de choix dans le traitement de la PDD à 20mg/kg SID bien qu’aucune étude clinique n’ai validé son efficacité. D’autres molécules ont été testés (amantadine, gabapentine) et peuvent être des thérapies complémentaires. Le pronostic reste toutefois réservé à sombre dans la majorité des cas. 6 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • non communiquée 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE PROGRAMME GÉNÉRAL Maladies émergentes chez les NAC Les coronaviroses du furet Xavier FERREIRA DV, Ancien interne en médecine et chirurgie des petits animaux à l’ENVL - Ancien assistant de chirurgie de l’ENVL CES d’orthopédie et traumatologie animales Clinique Vétérinaire des halles - 28 faubourg de Saverne - 67000 STRASBOURG Les affections virales sont nombreuses et fréquentes chez le furet : coronaviroses, hépatite B, rotaviroses, parvoviroses (ou maladie aléoutienne), maladie de Carré , la grippe, IBR, rage … La gravité des symptômes augmente fréquemment avec l’âge de l’animal : asymptomatiques avant 4 mois, signes discrets entre 5 et 18 mois et des signes parfois graves chez des furets de plus de 4 ans. La particularité des coronaviroses, à l’instar de ce qui est rencontré chez le chat, c’est qu’elles peuvent revêtir plusieurs formes selon leur caractère systémique ou non. Deux maladies sont décrites chez le furet et provoquées par des coronavirus : l’entérite catarrhale épizootique (ECE) et la FRSVC (pour Ferret Systemic Coronavirus) ou coronavirose systémique. Signes cliniques L’entérite catarrhale épizootique (ECE) Cette maladie a été décrite la première fois aux États Unis au début des années 80. Il s’agissait d’une nouvelle maladie digestive qui atteignait les furets et qui présentait des similitudes avec la gastro-entérite catarrhale épizootique du vison. Les Ferret Enteritic Coronavirus (FRECV) a alors été identifié dans les selles de furets malades. Étiologie Le virus FRECV présente sur le plan phylogénétique de grandes similitudes avec le coronavirus félin, canin et porcin. Les coronavirus sont des virus de grande taille (60-200 nm), enveloppés à ARN positif ; Il résiste quelques semaines dans le milieu extérieur. Épidémiologie Cette coronavirose est particulièrement contagieuse et la morbidité avoisine fréquemment les 100 % dans des élevages. Cependant la mortalité reste faible, moins de 5 % des individus malades. Le virus est excrété, parfois de façon intermittente, dans les matières fécales et la salive, en grande quantité et sur une longue durée. La contamination est oro-fécale. L’incubation est de courte durée, 2-4 jours. Les signes décrits sont de la léthargie, une baisse d’appétit voire une anorexie, une adénomégalie mésentérique et des vomissements au début de la maladie. Les symptômes évoluent vers une diarrhée souvent très profuse, malodorante, de couleur vert vif avec la présence de mucus liés à l’exsudation dans les intestins. L’animal finit par présenter des signes de déshydratation et maigrit peu à peu. Des signes de maldigestion sont parfois visibles sur les formes chroniques avec un aspect très granuleux des selles. Du méléna est également parfois rencontré et représente une complication de la maladie avec l’apparition d’ulcères gastriques ou duodénaux. Ces entérites chroniques semblent également favoriser le développement de cholangio-hépatites ascendantes (Fox et Marini, 2014) Diagnostic Il est basé sur les signes cliniques essentiellement. Le contexte épidémiologique décrit fréquemment la mise en contact récente avec un nouveau furet, asymptomatique. Le caractère très contagieux de cette maladie est également fortement évocateur. Les analyses sanguines sont intéressants afin de réaliser un bilan de l’animal mais présentent peu de spécificité quant à cette maladie. Les globulines peuvent être augmentées et témoignent du caractère inflammatoire de cette maladie et les albumines diminuées du fait du caractère exsudatif. L’augmentation des enzymes hépatiques peut évoquer des complications de type lipidose ou cholangiohépatite. Une lymphocytose et/ou une neutrophilie peuvent parfois être observées sur un hémogramme mais ne sont pas systématiques. 7 Il est à ce jour impossible par des tests de routine de distinguer le virus de l’ECE de son homologue systémique. Des tests PCR temps réel permettent de vérifier la présence de coronavirus dans les selles. L’excrétion étant intermittente, les résultats peuvent être faussement négatifs. Une sérologie est possible et permet de savoir si le furet a été en contact avec le virus ou non, mais ne permet pas d’assurer que lors du prélèvement le furet était effectivement malade du fait du coronavirus. L’échographie abdominale permet d’identifier les adénomégalies mésentériques. Des biopsies étagées des intestins peuvent être réalisées, suivies de marquages immuno-histochimiques mais là aussi ils ne sont pas spécifiques de l’une ou l’autre forme de coronavirus. Les lésions sont des lésions d’hyperémie de la muqueuse et d ‘épaississement de la paroi intestinale. Une infiltration lymphocytaire diffuse associée à une atrophie des villosités ainsi qu’un aspect vacuolaire et nécrotique sont également décrits. Traitement Il n’existe pas de traitement spécifique pour cette maladie. Il est important de prévenir la déshydratation et les troubles électrolytiques de la phase aiguë. Les animaux anorexiques doivent être gavés à l’aide d’aliments très protéiques. Les complications infectieuses doivent être prévenues par l’administration d’antibiotiques (ex métronidazole 20 mg/kg PO BID). En cas de suspicion de maladie ulcérative gastrique, un traitement spécifique doit également être mis en place (anti-acides, IPP, pansements gastriques et intestinaux). Une évolution vers une forme chronique est possible avec une maldigestion (selles granuleuses). Le recours à la prednisolone est alors recommandé (1 mg/kg PO BID). Un effort sur la diététique est essentiel. Des aliments riches en protéines animales de 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS bonne qualité sont indispensables (BARF, poussins …). Aucun test spécifique de cette maladie n’est à ce jour disponible. Prophylaxie L’hémogramme peut être évocateur en cas d’anémie arégénérative associée à une thrombocytopénie. Les mesures hygiéniques sont les seules à pouvoir prévenir ce type de maladie. Attention à l’introduction de nouveaux individus potentiellement asymptomatiques mais malgré tout excréteurs. Une quarantaine est la règle d’usage lors d’acquisition d’un nouveau furet. Aucun vaccin n’est à ce jour disponible. La coronavirose systémique du furet Cette maladie a été décrite plus récemment pour la première fois en Espagne en 2004 puis aux Etats-Unis. Une grande similitude avec la péritonite sèche du chat a été évoquée. Elle est provoquée par le virus FRECV pour Ferret Systemic Coronavirus. Elle est responsable d’une péritonite et d’une vascularite. Epidémiologie La coronavirose systémique du furet (FSDC) semble toucher préférentiellement les jeunes individus de moins de un an. Dans des groupes de plusieurs furets les cas restent sporadiques. Le mode de transmission est inconnu même si la voie oro-fécale reste la plus probable. Signes cliniques Ils ne sont pas spécifiques. Les symptômes qui dominent sont de la diarrhée, une diminution de l’état général, une baisse voire une disparition de l’appétit, des vomissements et une perte de poids progressive. Des troubles nerveux sont parfois rencontrés et peuvent se manifester par une parésie des membres postérieurs, une ataxie, des tremblements ou des convulsions. Les splénomégalies sont fréquentes et une néphromégalie parfois aussi. Une augmentation de la taille sur toute la chaine de ganglions mésentériques est fréquente. Les nœuds lymphatiques sont palpables.. Une fièvre et une adénomégalie périphérique sont aussi décrites. Cette maladie peut s’accompagner d’autre signes non spécifiques selon le tropisme du virus ou les complications secondaires : troubles respiratoires (éternuements, toux, dyspnée, jetage), souffle cardiaque, ictère, érythèmes cutanés, urines vertes … Diagnostic Il est basé sur les signes cliniques et le résultat de certains examens complémentaires. Une hyperglobulinémie et une hypoalbuminémie sont également fréquentes. Une hypergammaglobulinémie polyclonale et d’ailleurs fortement évocatrice de cette maladie. L’hyperprotéinémie peut être parfois très importante (>130 g/L). Les enzymes hépatiques sont parfois élevées en cas d’atteinte de cet organe, de même que les lipases sériques et l’urée. L’imagerie médicale et notamment l’échographie permet de d’identifier d’éventuelles adénomégalies, la présence de granulomes, de signes de péritonite, de splénomégalie ou de néphromégalie. Les sérologies et les test PCR temps réel ont été décrits précédemment. Les PCR peuvent notamment être réalisées à partir d’échantillons de tissus prélevés lors d’une laparotomie et présentant un aspect granulomateux. Le diagnostic définitif est fait à partir de l’observation de lésions histologiques pyogranulomateuses après des marquages immunohistochimiques. Ces lésions sont très similaires à celles observées sur des chats atteints de PIF. Prophylaxie Elle est identique à celle de l’ECE. Les mesures hygiéniques sont essentielles (désinfections des locaux et des instruments gamelles litières …). Les animaux malades doivent impérativement être isolés, voire euthanasiés, en cas de risque épidémiologique. Bibliographie GARNER MM, RAMSELL K, MORERA N, JUAN-SALLÉS C, JIMÉNEZ J, ARDIACA M, et al. Clinicopathologic features of a systemic coronavirus-associated disease resembling feline infectious peritonitis in the domestic ferret (Mustela putorius). Veterinary Pathology Online. 2008, 45, 236–246. MARTÍNEZ J, RAMIS AJ, REINACHER M, PERPIÑÁN D. Detection of feline infectious peritonitis virus-like antigen in ferrets. Veterinary record. 2006, 158, 523. PERPIÑÁN D, LÓPEZ C. Clinical aspects of systemic granulomatous inflammatory syndrome in ferrets (Mustela putorius furo). Vet. Rec. 2008, 162, 180-184. WISE AG, KIUPEL M, MAES RK. Molecular characterization of a novel coronavirus associated with epizootic catarrhal enteritis (ECE) in ferrets. Virology. 2006, 349, 164-174. Traitement Aucun traitement spécifique efficace n’est disponible à ce jour. S’agissant d’une maladie à médiation immune, les traitements recommandés à ce jour sont orientés vers le contrôle de cette réaction immunitaire (réduction de la réaction immunitaire humorale permettant de diminuer l’inflammation et stimulation de l’immunité à médiation cellulaire). La prednisolone est utilisée pour ses effets immunosuppresseurs et son action sur la vascularite. Une dose d’attaque de 2 à 4 mg/kg/j PO est recommandée. Cette dose est réduite progressivement tous les 15 jours. Elle peut être associée à l’azathioprine si la réponse est insuffisante. Comme lors de tout traitement immunosuppresseur, un traitement antibiotique est recommandé. Le meilleur choix porte sur les tétracyclines (ex Doxycicline 10 mg/kg BID). L’association avec la prednisolone potentialise l’effet bénéfique sur la vascularite. Enfin, selon les symptômes tout traitement de soutien doit être mis en place : traitement des complications ulcératives digestives, fluidothérapie, traitement de l’anémie… 8 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt