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24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
Traitement médical
de l’hyperthyroïdie
du cochon d’inde
Le traitement médical constitue une excel-
lente option : peu invasif, il permet une amé-
lioration clinique rapide du patient. Cela per-
met également de stabiliser son état général
dans l’attente d’une prise en charge plus com-
plexe (chirurgie, radiothérapie). Il doit cepen-
dant être donné à vie et des effets secondaires
peuvent survenir sur le long terme (cf ci-des-
sous). En présence d’une tumeur maligne, il
ne permet pas de contrôler l’évolution de la
maladie.
Les molécules utilisées sont le méthima-
zole (Felimazole 1,25mg®) ou le carbimazole
(Néo-mercazole®) qui stoppe la production
d’hormones thyroïdiennes. Il n’existe pas de
données pharmacologiques sur l’administra-
tion de ces molécules au cochon d’inde, mais
les données seraient proches de l’homme. Les
concentrations plasmatiques sont effectives
deux heures après l’administration per os. La
réponse thérapeutique est obtenue en 48h
après l’initiation du traitement (prise de poids,
changement de comportement) à la dose ha-
bituellement recommandée chez le chat: 0,5 à
1 mg/kg PO, une fois par jour le plus souvent,
parfois deux fois par jour. La dose est progres-
sivement augmentée en fonction de la ré-
ponse thérapeutique obtenue. Le carbimazole
est utilisé à la dose de 1 à 2 mg/kg/j PO SID.
Il est souvent nécessaire de faire recondition-
ner le traitement par une pharmacie, du fait
des faibles dosages à administrer. La réalisa-
tion d’un sirop à une concentration de 10mg/
ml permet d’obtenir de petits volumes faciles
à administrer et pour lesquels la mise en sus-
pension offre une bonne distribution.
Les posologies et fréquences d’administra-
tion sont extrapolées à partir des traitements
établis chez le chat et doivent être adaptées
en fonction des effets thérapeutiques obte-
nus, des suivis hormonaux et de la tolérance
de l’animal. Un premier contrôle est effectué
à 48h puis un contrôle deux semaines après
l’induction du traitement est recommandé où
un bilan complet sera effectué : examen cli-
nique, numération-formule sanguine, dosage
hormonal. Le dosage hormonal est réalisé
4 à 6 heures après l’administration du traite-
ment. Le cobaye doit être suivi régulièrement
pour réévaluer le dosage des médicaments à
administrer et dépister les effets secondaires
éventuels (éosinophilie, leucopénie, lympho-
cytose, hépatopathie, thrombopénie décrits
chez les Carnivores domestiques, mais pas
chez le Cobaye à l’heure actuelle). Chez le
chien et le chat, le traitement médical peut
également être à l’origine de vomissements,
anorexie et dépression.
L’injection percutanée d’éthanol dans la
glande thyroïde est déconseillée chez le co-
baye, les premiers essais n’ayant pas donné de
résultats (absence d’amélioration ou décès).
Traitement chirurgical
de l’hyperthyroïdie
du cochon d’inde
Le traitement chirurgical est très invasif. S’il
peut théoriquement offrir une guérison défini-
tive, des récidives sont en pratique fréquentes
(42 %) et il apparaît comme le traitement le
plus risqué. Il est toutefois indiqué en cas de
tumeurs malignes, afin de prévenir des métas-
tases. Les risques liés à l’intervention chirur-
gicale doivent être bien expliqués au pro-
priétaire (décès, complications respiratoires
post-opératoires, troubles du transit, anoma-
lies de la calcémie, hypothyroïdie, repousse
du tissu thyroïdien en cas d’exérèse incom-
plète...). La nécessité d’une complémentation
thyroïdienne à long terme doit également être
évoquée en cas de thyroïdectomie totale.
La prise en charge chirurgicale doit néces-
sairement être précédée d’une phase de sta-
bilisation médicale afin de limiter le risque
de survenue d’une crise thyréotoxique. Un
examen d’imagerie permettant de préciser la
localisation de la masse, l’invasion des tissus
adjacents et de s’assurer d’un bilan d’exten-
sion négatif est également indispensable.
L’examen à privilégier est la scintigraphie.
L’anesthésie et les mesures péri-opératoires
conditionnent également la réussite de l’inter-
vention (anesthésie gazeuse, opiacés, fluido-
thérapie intraveineuse). Le risque de ralentis-
sement de transit et de dégradation de l’état
général (hypothyroïdie, hypocalcémie) après
la chirurgie est très élevé. Il est important de
préciser que chez l’homme, l’administration
de kétamine à des patients souffrant d’hyper-
thyroïdie augmente le risque d’hypertension
sévère et de tachycardie.
La thyroïdectomie est bien décrite chez le co-
chon d’inde, elle est pratiquée à des fins expé-
rimentales depuis plusieurs dizaines d’années.
Elle consiste en l’ablation d’une partie ou de
la totalité de la thyroïde. Si la thyroïdectomie
est totale, l’ablation des glandes parathy-
roïdes est à craindre. Chez le cochon d’inde,
elles peuvent être bien individualisées de la
thyroïde, ce qui peut permettre de les conser-
ver. La thyroïdectomie peut être pratiquée par
un chirurgien expérimenté, équipé pour la
chirurgie des petits patients. La localisation de
la glande thyroïde rend l’intervention chirur-
gicale complexe : les trajets vasculaires et
nerveux sont très proches de la glande et une
lésion du nerf laryngé récurrent constitue la
complication la plus fréquente. La stimulation
d’un tissu thyroïdien aberrant est également
possible. Durant l’intervention, des hémorra-
gies peuvent provoquer le décès de l’animal.
Une hospitalisation en soins intensifs s’im-
pose en post-opératoire : la surveillance de la
calcémie ionisée est essentielle. En l’absence
d’anomalies de la calcémie, l’administration
de lactate ou gluconate de calcium par voie
orale une fois par jour est recommandée sur
7 à 10 jours avant qu’un sevrage ne soit pro-
gressivement effectué sous surveillance
médicale. Un nouveau dosage de la calcémie
ionisée est conseillé à l’arrêt du traitement.
Une supplémentation en T4 est également
instaurée si une thyroïdectomie totale a été
effectuée. Une surveillance médicale étroite
s’impose également à long terme, des réci-
dives étant possibles.
Traitement de l’hyperthyroïdie
du cochon d’inde par injection
d’iode radioactif
Le traitement par injection d’iode radioactif
est sans doute le traitement de choix. Il est
actif sur tous les tissus thyroïdiens (même
ectopiques5 ou non sécrétants), il permet un
contrôle de la maladie à long terme, voire il
peut être curatif et est en fait peu invasif. Il
présente bien moins de risques que la chirur-
gie (pas de lésions des parathyroïdes notam-
ment). La prise en charge doit nécessairement
être précédée d’une phase de stabilisation
médicale afin de s’assurer qu’il n’existe pas
d’affections sous-jacentes (ex : insuffisance
rénale). L’injection d’iode radioactif, à rai-
son d’une dose de 1miC par voie sous-cuta-
née, semble efficace. Réalisable au centre de
radiothérapie et scanner de Maisons-Alfort,
cette injection limite la sécrétion excessive
d’hormones thyroïdiennes. Après une courte
hospitalisation de 48h (isolement), le cochon
d’Inde est rendu à ses propriétaires et ne né-
cessite plus aucun traitement pour son hyper-
thyroïdie. Les signes cliniques disparaissent
en une semaine. Les propriétaires doivent
collecter tous les excréta produits pendant
5 Du tissu thyroïdien ectopique peut être observé depuis le larynx au diaphragme. Il peut devenir sécrétant.