LE SILLON BELGE 19/04/2013 www.sillonbelge.be - 19 Chevaux et plantes toxiques De quelles plantes faut-il se méfier? L ’expression «Mieux vaut prévenir que guérir» prend tout son sens face aux plantes toxiques. Il est indispensable pour les propriétaires de chevaux de connaître les plantes, arbustes et arbres toxiques. En voici une liste non exhaustive. Pourquoi les chevaux en mangent-ils? D’instinct, les chevaux dédaignent les plantes toxiques. Elles ont généralement un goût (très) amer. Pourtant, l’instinct n’est pas toujours infaillible. En prairie, les chevaux n’ont parfois pas d’autre choix, pour apaiser leur faim, que de se diriger vers des plantes qu’ils n’apprécient pas vraiment. Certains d’entre eux en consomment jusqu’à en devenir malades. Il peut aussi arriver que la plante perde de son amertume. C’est le cas après déchiquetage, séchage ou ensilage. Il n’est pas rare d’en retrouver dans des fourrages et des foins. Les chevaux sont alors incapables de trier leur nourriture, ils consomment alors parfois de grandes quantités de plantes toxiques. Des intoxications fréquentes sont dues à la distribution de déchets de jardin. Les déchets de taille, comme du rhododendron, sont couramment ingérés, alors que les animaux ne touchent jamais à ces arbustes. Soulignons que les jeunes animaux sont curieux et sont donc tentés de consommer des plantes toxiques. Les chevaux plus sensibles que les ruminants? L’intoxication dépend de plusieurs facteurs: le type de toxine, la quantité et l’individu. Les ruminants sont, en général, moins sensibles aux substances toxiques que les chevaux. Leur rumen peut décomposer des substances de nature très diverse. Ils peuvent, par exemple, consommer des quantités de digitale pourpre mortelles pour les chevaux. Ils sont également moins sensibles aux plantes contenant de l’acide oxalique, comme la rhubarbe, par exemple. En revanche, les chevaux sont moins sensibles à l’acide cyanhydrique (HCN) contenu dans les plantes comme le laurier-cerise, en raison d’une forte acidité stomacale. Les animaux en lactation éva- Il est délicat de traiter un animal intoxiqué par des plantes toxiques car l’intervention survient généralement trop tard. En outre, émettre un diagnostic n’est pas aisé: les symptômes sont peu spécifiques. Par conséquent, une connaissance approfondie des dangers potentiels des plantes sauvages et ornementales est indispensable pour le propriétaire d’un cheval. très difficile de s’en débarrasser en raison de sa progression souterraine par rhizomes. La morelle noire (Solanum nigrum) contient une toxine, la solanine, qui dégrade les globules rouges et qui irrite l’intestin. Le cœur et le système respiratoire peuvent éventuellement être affectés, ce qui peut déboucher sur une paralysie mortelle. La ciguë aquatique (Cicuta virosa) est considérée comme la plante sauvage la plus toxique d'Europe. Elle ne se reproduit que dans les fossés et les prés tourbeux, mais peut aussi se retrouver sur la prairie après curage des fossés. Un morceau de racine peut tuer un cheval. La consoude (Symphytum officinale) se rencontre fréquemment le long des routes. Une consommation prolongée provoque des lésions du foie. En lisière de forêts Le millepertuis perforé entraîne de la photosensibilisation (photos: Flora West Europa). cuent les toxines via leur lait et sont donc moins sensibles que les animaux taris. Le pâturage Le séneçon de Jacob (Senecio jacobaea) est une plante très toxique contenant des alcaloïdes qui provoquent des dommages irréversibles au foie. Les moutons y seraient peu sensibles, contrairement aux chèvres, aux bovins et aux chevaux. L’intoxication est généralement provoquée par une ingestion prolongée. En raison de lson amertume, la plante n’est consommée qu’en cas de pénurie alimentaire ou de circonstances exceptionnelles. Le danger réside principalement dans le foin. L’amertume disparaît mais les substances toxiques restent. L’ingestion accidentelle d’infimes quantités ne cause pas de problèmes. Par contre, si l’équidé en mange durant plusieurs jours, cela peut conduire à des dommages au foie. L’accumulation peut entraîner des lésions qui peuvent affecter la fonction hépatique: le corps n’éliminant plus les substances toxiques, celles-ci s’accumulent. L’intoxication peut atteindre le cerveau et pousser l’animal à des comportements étranges, qui vont de la somnolence au délire. Le millepertuis perforé (Hypericum perforatum) est parfois confondu avec le séneçon, bien que les fleurs jaunes et les feuilles les différencient sensiblement. L’animal intoxiqué peut souffrir de coups de soleil. La toxine (hypericine) s’accumule dans la peau et la rend sensible aux rayons du soleil (photosensibilisation). Il suffit qu’un équidé mange 2 kg de feuilles fraîches pour voir des symptômes apparaître. Le trèfle hybride (Trifolium hybridum) est commun sur les pâturages acides. Sa toxicité est la plus élevée au printemps et dans les prairies humides. L’ingestion prolongée provoque des lésions du foie et de la photosensibilisation. La fougère (Pteridium aquilinum) est toxique, en toutes ces parties, même lorsqu’elles sont séchées. Elle contient, tout comme la prêle, de la thiaminase, qui provoque une carence en vitamine B1. Les glands verts et les jeunes feuilles de chêne contiennent de l'acide tannique qui affecte l'estomac et les intestins. Les symptômes sont: constipation et colique, menant parfois à une diarrhée sanguinolente. Les reins peuvent être touchés. L'intoxication est surtout observée après une tempête pendant les mois d'été, lorsque des glands non encore mûrs et feuillages sont arrachés par le vent Le long des routes, champs et fossés La prêle (Equisetum arvense) contient de la thiaminase qui décompose la thiamine (ou vitamine B1). Les chevaux y sont très sensibles, contrairement aux ruminants, car il y a synthèse de vitamine B1 dans le rumen. Une carence en vitamine B1 entraîne des lésions cérébrales provoquant paralysie, tremblements et une démarche chancelante. La plante est présente dans les sols humides, lourds et les prairies calcaires. Il est La consommation prolongée de séneçon de Jacob provoque des lésions irréversibles du foie.