
Revue de l’OFCE, 146 (2016)
PETITE REPRISE APRÈS GRANDE CRISE
PERSPECTIVES 2016-2017 POUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
ET LA ZONE EURO
Département analyse et prévision
1
L’économie mondiale est engagée sur un sentier de croissance modérée qui résulte
à la fois du ralentissement en cours dans les pays émergents, d’une croissance qui se tasse
dans les pays anglo-saxons et d’une petite reprise dans la zone euro. En 2015, la Chine
est entrée dans une phase de transition de son économie vers un modèle de croissance
plus centré sur la demande intérieure. Il en résulte une baisse du taux de croissance du
PIB ; celui-ci étant passé sous la barre des 7 % en 2015. La baisse se poursuivrait en 2016
et 2017 avec une progression du PIB qui atteindrait 6,1 % en 2017. Le ralentissement
chinois entrave la croissance des pays émergents, dont certains d’entre eux sont par
ailleurs pénalisés par des facteurs internes (Brésil) et par la baisse du prix du pétrole
(Russie), mais également celle des pays industrialisés via le ralentissement du commerce
mondial. Néanmoins, cette situation ne remet pas en cause le schéma de reprise qui a
vu le jour dans la zone euro. D’autres facteurs viennent en effet soutenir la croissance.
La baisse du prix du pétrole améliore le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité
des entreprises. La politique monétaire de la BCE reste très expansionniste. En outre, la
divergence en cours avec la politique monétaire américaine favorise la faiblesse de
l’euro, ce qui améliore la compétitivité à l’exportation des entreprises de la zone euro.
Enfin, les politiques budgétaires ont cessé de peser globalement sur la demande, même
si la situation des pays est hétérogène en matière d’orientation de la politique budgé-
taire. Il en résulte un accroissement de la croissance en zone euro. Elle passerait de 0,8 %
en 2014 à 1,8 % en 2016 et 1,7 % en 2017. Il s’agit là d’une vraie reprise qui s’accom-
pagne d’une réduction du taux de chômage. Mais c’est une petite reprise puisque fin
2017, le taux de chômage s’établirait à 9,3 %, soit 2 points au-dessus de son niveau
d’avant-crise (en 2007). De plus, le rythme de croissance serait aussi insuffisant pour
écarter totalement le risque déflationniste. Quant aux États-Unis, la croissance ralenti-
rait après une fin d’année 2015 en demi-teinte. L’effet pétrole est moins favorable pour
l’économie américaine qui pâtirait en outre de l’appréciation du dollar.
Mots clés : prévision, économie mondiale, croissance, inflation.
1. Ce texte synthétise l'analyse de la conjoncture sous la direction d’Éric Heyer et
Xavier Timbeau menée par le Département analyse et prévision de l'OFCE au printemps 2016.
Ils s'appuient sur le travail de l’équipe internationale animée par Christophe Blot composée de
Céline Antonin, Amel Falah, Sabine Le Bayon, Catherine Mathieu, Christine Rifflart et
Sébastien Villemot et de l’équipe France animée par Mathieu Plane composée de
Bruno Ducoudré, Pierre Madec, Hervé Péléraux et Raul Sampognaro. Cette prévision intègre les
informations disponibles au 1er avril 2016.