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Introduction
Face aux exigences de confort thermique croissantes de la part des usagers des bâtiments mais
aussi aux contraintes de rationalisation des consommations énergétiques, les systèmes passifs
contribuant au conditionnement des ambiances apparaissent comme étant une solution
prometteuse par rapport aux enveloppes statiques, standard de la réglementation actuelle. Parmi
eux, les échangeurs air-sol (EAHE, plus connus sous le nom de puits canadiens ou puits
provençaux) consistent à faire circuler l’air extérieur dans un réseau de canaux enterrés afin de
profiter de l’inertie thermique du sol pour préchauffer ou rafraichir l’air entrant dans le
bâtiment. Ces systèmes ont été largement étudiés (Bansal et al., 2013, Gauthier et al., 1997,
Hollmuller, 2002, Mihalakakou et al., 1994b, Trząski & Zawada, 2011), et semblent être, sous
réserve d’un dimensionnement adéquat, une solution pertinente pour réaliser des économies
d’énergie sur les postes de chauffage et de refroidissement.
L’intégration de systèmes passifs en double-façade commence à émerger, en revanche celui
de type puits canadien est assez limité. Une des explications possibles est que d’une part, ces
composants souffrent souvent d’un manque de place sur le terrain d’implantation du bâtiment
et d’un surcoût important nécessaire à l’enfouissement des tuyaux. En effet, pour obtenir des
gains énergétiques significatifs dans le cas d’une maison individuelle, plusieurs dizaines de
mètres de conduites doivent être enterrées à des profondeurs comprises entre 1.25m et 2.25m
(Trząski & Zawada, 2011). Les opportunités d’intégration de puits canadiens en milieu urbain
par exemple sont ainsi limitées. D’autre part, le système n’est pas complètement passif puisque
généralement son fonctionnement implique le recours à un ventilateur. Par conséquent, il peut
exister des périodes plus ou moins longues où le gain énergétique conféré par le
rafraichissement ou le préchauffage de l’air dans le puits canadien est inférieur à la
consommation électrique du ventilateur.
Afin de trouver des solutions techniques à ces deux problèmes limitant une installation plus
systématique de ce type de système passif de conditionnement d’ambiance, cette étude envisage
un couplage entre une cheminée solaire et un échangeur air-sol innovant composant
d’enveloppe ventilée : une fondation. Dans le contexte de captation et de valorisation de
l’énergie environnante abondante via l’enveloppe des bâtiments, cela correspond à exploiter
l’une des faces horizontales du bâtiment à travers la ventilation des fondations. La cheminée
solaire permet d’optimiser ce système de pré-traitement de l’air, réduisant voire annulant la
consommation électrique du ventilateur. En effet, en s’échauffant au sein de la cheminée, l’air
va créer un tirage thermique naturel dans le bâtiment engendrant ainsi une circulation naturelle
dans l’échangeur. En outre, la fondation préfabriquée en béton, creuse, remplace la conduite
classique d’un puit canadien (généralement en PVC). Puisque les fondations sont indissociables
de tout bâtiment, la réalisation de tranchée ou de déblais/remblais supplémentaires devient
inutile et l’intégration architecturale de ce type de puits canadien devient aisée.
L’objet de cet article est donc la modélisation d’une fondation géothermique, présentée dans
la section 1 puis de la cheminée solaire dans la section 2. Le couplage entre ces deux éléments
sera présenté dans la section 3, afin d’analyser la pertinence d’une telle association. Ces travaux
s’inscrivent dans le cadre du projet FUI 16 FONDATHERM, visant à termes à dimensionner
et optimiser cette fondation, pour l’intégrer efficacement aux bâtiments grâce à des couplages
avec des systèmes énergétiques tels que des pompes à chaleur ou avec des composants
photovoltaïque/thermique hybrides.