Chapitre 4 : La balance des paiements et le marché
des changes
Introduction : les contours de l’économie monétaire internationale.
I – La balance des paiements
A) Les règles de construction de la balance des paiements
1) Définition de la balance des paiements
2) Histoire et intérêt de la balance des paiements
3) Une comptabilité en partie double
4) La signification des termes crédit et débit
B) L’architecture de la balance des paiements
1) Les différentes postes de la balance des paiements
2) Les balances intermédiaires
3) La nouvelle présentation depuis 1993
C) L’équilibre de la balance des paiements
1) Un équilibre comptable toujours vérifié
2) Les imprécisions statistiques
3) Le processus de retour à l’équilibre
D) Balance des paiements et analyse macro-économique
1) La théorie des stades de la balance des paiements
2) Balance des paiements et agrégats internes
II – Les taux de change
A) Le marché des changes
1) Définition et importance
2) Les différents compartiments
3) Les différents comportements
4) Le rôle de la spéculation
B) Les déterminants des taux de change à long terme
1) La parité des pouvoirs d’achat
2) Le solde courant
3) Le taux d’intérêt
4) La croissance économique
C) Les déterminants des taux de change à court terme
1) Le modèle de sur réaction
2) Les modèles de choix de portefeuille
3) Les bulles spéculatives
D) Les régimes de change
1) Typologie des différents régimes de change
2) Les caractéristiques des changes fixes
3) Les caractéristiques des changes flottants
4) Bilan
Chapitre 4 :
LA BALANCE DES PAIEMENTS ET LE MARCHE DES CHANGES
Dans les trois premiers chapitres, nous avons traité du commerce international. Pour cela, Il a
été nécessaire de définir la nation. David Ricardo a proposé au début du 19ème siècle de définir la
nation comme un bloc de facteurs de production, c’est à dire que les facteurs de production sont
supposés parfaitement mobiles à l’intérieur de l’espace national alors qu’ils sont totalement
immobiles entre nations. Si cette définition est très utile pour analyser les flux commerciaux
internationaux, en revanche, elle n’est pas suffisante pour analyser les flux monétaires et financiers
internationaux.
Dans les trois chapitres suivants, nous allons parler d’économie monétaire internationale, c’est
parler des relations monétaires entre plusieurs nations. Une nation se définit au sens monétaire
comme l’espace sur lequel une monnaie circule principalement. Les mouvements monétaires et
financiers entre les pays sont visualisés à travers la balance des paiements, document comptable qui
retrace les opérations entre les résidents et les non résidents pendant une période donnée. L’état de la
balance des paiements influence à son tour le taux de change, qui lui-même influence la balance des
paiements.
La mondialisation a accru l’ouverture des économies, les flux commerciaux et financiers
internationaux se sont fortement développés, et le taux de change est une variable de plus en plus
cruciale, d’autant plus que depuis les années 1970 de nombreuses monnaies sont devenues flottantes.
Dans ce chapitre, nous montrerons comment est construite la balance des paiements et à quoi
elle sert ; nous analyserons les déterminants des taux de change et comparerons les changes fixes et
flottants.
I) LA BALANCE DES PAIEMENTS
A) Les règles de construction de la balance des paiements :
1) Définition de la Balance des paiements :
La balance des paiements est un document comptable qui recense l’ensemble des opérations
économiques intervenues entre les résidents d’un pays et les non-résidents au cours d’une période
donnée.
Cette définition appelle 3 séries de précisions :
1- les agents concernés :
La résidence est déterminée par le centre d’intérêt économique et non par la nationalité.
Un résident est une personne physique qui a une activité dans un pays depuis plus d’un an, ou une
personne morale ayant un ou plusieurs établissements dans le pays (filiale, succursale, agence,
bureau, etc.).
Ainsi, du point de vue de la balance des paiements de la France, l’usine Toyota de Valenciennes est
un résident et l’usine Peugeot au Brésil un non-résident.
2- les opérations :
La balance des paiements permet de distinguer trois types d’opérations : commerciales, financières et
monétaires.
La balance des paiements retrace les flux d’échange de biens (exportations et importations) et de
services (tourisme, brevets, grands travaux, intérêts des dettes et créances, dividendes…), les flux
financiers relatifs aux transferts d’actifs (créances et dettes, investissements directs), les flux
monétaires (modification du stock de devises détenu par les banques commerciales et la banque
centrale).
3- la signification des chiffres enregistrés :
Elle n’est pas un inventaire de biens, services, capitaux ; elle décrit les mouvements de biens,
services et capitaux entre les résidents et les non-résidents.
Elle enregistre des flux et non des stocks. Ainsi, la balance des paiements permet de connaître
la valeur des investissements étrangers réalisés au cours d’une année mais non le montant de capital
détenu par les non-résidents ; la variation des réserves de change mais non son montant.
La balance des paiements est établie en monnaie nationale. Les transactions en devises sont dans un
premier temps comptabilisées dans la monnaie considérée et pas la suite converties en monnaie
nationale sur la base du cours du jour du règlement avec l’étranger.
2) Histoire et intérêt de la Balance des paiements
L’intérêt de la balance des paiements est d’avoir une vision précise des relations économiques
internationales de ce pays. Au Royaume-Uni, les premiers relevés de transactions commerciales
remontent au 13
ème
siècle et les séries régulières à 1696. Des balances des paiements sont établies
depuis 1816. En effet, les mercantilistes pensaient que l’information sur les flux avec l’extérieur
étaient primordiales. Dans la pensée mercantiliste, la richesse d’un pays est basée sur la quantité d’or
détenue. Or la balance des paiements va permettre de voir si le pays dégage ou non un excédent
commercial susceptible de générer une entrée d’or dans le pays.
De nos jours, cette conception mercantiliste de la richesse est devenue semble-t-il dépassée,
du moins en apparence. Pourtant les comptables nationaux souhaitent connaître les flux de devises
qui entrent et sortent, et le solde. La situation est préoccupante si les sorties sont supérieures aux
entrées car il faudra puiser dans les réserves de la Banque centrale. D’où la mise en valeur des
sources d’entrées et de sorties de devises. De plus, la balance des paiements présente un intérêt pour
la politique économique, c’est un indicateur dont disposent les responsables économiques et
monétaires d’un pays. La tenue de balance des paiements est donc liée à l’augmentation du rôle de
l’Etat. Concernant la France, avant 1945 les autorités ne publiaient pas de balance des paiements.
Seules des statistiques douanières permettaient de connaître les opérations entre le France et
l’extérieur. C’est en 1945 que les autorités françaises ont pour la première fois dressé une balance des
paiements complète, pour surveiller le niveau des serves en or et en devises, et pour faire face aux
besoins d’informations statistiques des planificateurs.
En France dès l’origine, la Balance des Paiements a été mise en place par le Fonds de
stabilisation des changes qui centralisait toutes les opérations réalisées avec l’extérieur et autorisait
ou non les transferts de devises. On était dans une période où existait un contrôle des changes sévère.
Depuis la suppression de ce Fonds en 1959, c’est la Banque de France qui élabore la Balance des
Paiements, en utilisant deux sources statistiques principales : les douanes et les banques qui doivent
transmettre à la Banque de France les récapitulatifs de leurs opérations avec l’étranger.
Le FMI a proposé en 1948 une méthode d’établissement de la Balance des Paiements qui a
inspiré l’ensemble des pays adhérents à cette organisation. Cette organisation internationale a édité
un Manuel de la Balance des Paiements.
3) Une comptabilité en partie double :
La Balance des Paiements se présente sous la forme habituelle d’un document comptable : pour
chaque opération, on trouve un flux créditeur, un flux créditeur et un solde.
La partie double est un principe fondamental de toute comptabilité. Toute transaction doit être
comptabilisée deux fois : une fois suivant sa nature économique (biens, services, capitaux), et une
fois suivant le mode de règlement (devises, crédit, etc.). La 1
ère
correspond à l’enregistrement de
l’opération elle-même, c’est l’opération autonome. La 2
ème
correspond à son financement, c’est
l’opération induite.
En effet, dans une économie monétaire, tout acte économique a une traduction monétaire. La
comptabilité enregistre l’un et l’autre. Chaque transaction est donc inscrite deux fois : une fois au
crédit, une fois au débit. Cette règle de la partie double ne connaît aucune exception, même en cas de
dons ou d’annulation de dettes.
NB : il existe cependant deux différences avec la comptabilité d’entreprise :
- la balance des paiements n’a pas pour mission de calculer un bénéfice ou une perte.
- l’ordre de présentation débit/crédit est inversé :
Balance des paiements Comptabilité d’entreprise
Crédit Débit Débit Crédit
4) La signification des termes crédit et débit :
De manière arbitraire, les montants enregistrés dans la colonne « crédit » sont affectés d‘un
signe + et les montants enregistrés dans la colonne « débit » sont affectés d’un signe –. Les termes de
crédit et débit n’ont pas de relations directes avec le sens qu’ils ont dans le langage de tous les jours.
Il faut bannir les connotations positives ou négatives associées à ces vocables. Le critère
d’enregistrement des opérations au crédit et au débit est une affaire de convention.
Alors justement, qu’inscrit-on au crédit et au débit ?
Une note d’information de la Banque de France apporte l’explication suivante : « Un chiffre +
(crédit) traduit une diminution des avoirs, qu’ils soient réels, financiers ou monétaires, tandis qu’un
chiffre (débit) traduit une augmentation. (…) En conséquence, les diminutions d’actifs sont
retracées au crédit et les augmentations d’actifs au débit. Ces principes sont applicables pour toutes
les catégories d’actifs. »
Principe : Toute opération qui diminue le patrimoine des résidents s’inscrit au crédit (+)
Cas principaux :
- une exportation = diminution des avoirs réels des résidents
- une vente de titres à un non-résident = diminution des avoirs financiers
- un virement bancaire d’un résident à un non-résident = diminution des avoirs monétaires
- un dépôt d’un non-résident dans une banque résidente = hausse des engagements d’une banque
résidente vis à vis d’un non-résident
A l’inverse, toute opération qui accroit le patrimoine des résidents s’inscrit au débit (-)
Cas principaux :
- une importation = augmentation des avoirs réels
- un investissement à l’étranger = augmentation des avoirs financiers
- un achat de titre à un non-résident = augmentation des avoirs financiers
- un remboursement d’emprunt à un non-résident = diminution des engagements
Prenons un premier exemple concernant les biens et services. Renault-Flins vend des Clio
pour un montant de 1 000 à des concessionnaires japonais et la FNAC achète des ordinateurs
fabriqués en Corée du Sud pour une valeur de 1 500. Les sommes sont réglées par voie bancaire.
Opérations Crédit Débit Solde
Exportation
Importation + 1 000
- 1 500 Balance commerciale :
- 500
Avoirs et engagements
du secteur bancaire
+ 1 500
- 1 000 Balance des capitaux :
+ 500
Total
+ 2 500
- 2 500 Balance des paiements
0
Les exportations sont ainsi enregistrées sous leur aspect négatif d’appauvrissement physique de la
nation. Selon J.M. Siroën, pour atténuer le caractère contre intuitif de cette écriture, il fut décidé que les
exportations se verraient attribuer un signe positif.
Voici un deuxième exemple ayant trait aux flux de capitaux. Toyota créée une usine à
Valenciennes pour 2 000 et Renault achète 35% du capital de Nissan pour une valeur de 3 000. Les
sommes sont également réglées par voie bancaire. Prenons d’abord l’opération de Toyota, ses avoirs
augmentent suite à cette implantation, inversement les avoirs des résidents français baissent car ces
derniers ont vendu à Toyota des terrains, des machines, des équipements, etc. Et qui dit baisse des
avoirs des résidents, dit inscription au crédit (+). L’opération de Renault au Japon correspond à une
hausse des avoirs des résidents car Renault possède un stock d’action plus élevé, ce qui est
comptabilisé au débit (-).
Opérations Crédit Débit Solde
Investissement étranger en France
Investissement français à l’étranger
+ 2 000
- 3 000 Balance des capitaux à long
terme = - 500
Avoirs et engagements du secteur
bancaire
+ 3 000
- 2 000 Balance des capitaux à court
terme = + 500
Total + 5 000 - 5 000 Balance des paiements = 0
Dans le cas ci-dessus, Renault achète des titres de propriété à des Japonais. Donc un résident
importe des titres, ce qui est comptabilisé par un signe négatif dans la balance des paiements. On peut
en tirer une règle générale qui nous sera utile par la suite :
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