Le Carillon, mercredi 26 novembre 2008 Au château des onomatopées par [email protected] «Bonjour, je suis de passage à Hawkesbury et je recherche une opportunité d’investissement. Suis-je au bon endroit? -Ben voyons! Bien sûr que non! -Je suis bien à l’hôtel de ville, ici? -Absolument. Mais, ici, les gens en place ne servent qu’à établir les lois et les faire respecter. Bien sûr, nous avons aussi le pouvoir de taxer les gens. Pour le reste, c’est ailleurs.» Voilà de quelle façon on doit répondre aux gens qui viennent à Hawkesbury pour y découvrir les bonnes affaires à réaliser. Les gens sont redirigés vers le centre-ville, dans le secteur magasinage. À bien y penser, les investisseurs qui se pointent dans la région font cela, à peu de choses près, du magasinage. «Bonjour, j’aimerais connaître quelle est l’organisation qui s’occupe du développement économique de votre belle région. -Bien sûr! Nous avons la Essdécétéhache, la COMZAC, la Cédecé, l’Adindéhache, l’Acédedéessidehache, de même que la toute nouvelle céduelle. Laquelle voulez-vous?» Ces innombrables onomatopées n’ont pour seul avantage que leur prononciation pourrait être susceptible de charmer un tympan asiatique. Hawkesbury compte pas moins de six regroupements de développement économique. Il y a la Société de développement commercial et touristique de Hawkesbury, la COMZAC, la Chambre de commerce, l’Association d’investissement industriel de Hawkesbury, l’Association communautaire de développement stratégique industriel de Hawkesbury et, tout récemment, s’est greffé la Corporation de la bordure riveraine de Hawkesbury. Est-il bien nécessaire de déployer autant de tentacules pour appuyer un développement économique harmonieux? Si la municipalité était le corps qui fait bouger ces tentacules, ce serait un moindre mal. Est-ce que ces organismes se parlent? On l’espère. Mais, si ces entités sont toutes dotées de leur vie propre, il y a un problème. Admettons que Pratt & Witney soit venue du côté de Hawkesbury pour construire sa nouvelle usine. En voyant le dédale d’organismes qu’elle aurait eu à côtoyer, que se serait-elle dit? «Je vais m’installer à Mirabel, c’est plus facile». Un autre exemple. Si quelqu’un est désireux de construire quelque chose le long de la rivière des Outaouais, avec qui parle-t-il? La Société de développement commercial et touristique de Hawkesbury, l’Association d’investissement industriel de Hawkesbury ou la Corporation de la bordure riveraine de Hawkesbury? Que cherche-t-on à faire, exactement, en multipliant ces regroupements qui, en bout de ligne, font la même chose? Diviser pour mieux régner? Le seul résultat prévisible est que les investisseurs vont se sauver en courant, car la multiplication de ces entités a quelque chose de rébarbatif. Il est grand temps d’asseoir tous ces gens à la même table, à déterminer une approche commune et, surtout, de nommer un porte-parole qui sera le pont entre la municipalité et les citoyens. Il serait peut-être temps, également, de revoir le financement de ces associations. N’oublions pas que Hawkesbury figure parmi les enfants pauvres des enfants pauvres, en Ontario. Personne ne croit, et à juste titre, que les contribuables aient les moyens de financer tous ces organismes. Lorsque l’économie est morose, on cherche par tous les moyens de renverser la vapeur. Il ne faut pas sombrer à la panique et multiplier les tirs aveugles. La première chose à faire, c’est de regrouper certaines de ces entités sous un seul chapeau et de recruter, s’il le faut, du sang neuf. Souvent, la fraîcheur d’une idée nouvelle est tout ce qu’il faut pour redonner du carburant à une machine essoufflée.