Complications
Le traitement est très bien supporté avec peu de compli-
cations. Comme pour la RF, le risque est principalement
cutané. Les conséquences esthétiques sont les mêmes
qu’après la RF ; toutefois, la zone d’ablation est moins
dure qu’après un chauffage. En moyenne, 99 % des
procédures chez 57 patientes ont été considérées comme
satisfaisantes [15].
Ultrasons focalisés
Technique
Cette technologie est en cours de développement. Elle
offre des avantages par son caractère non invasif, ne
nécessitant aucune introduction d’aiguille. Les faisceaux
ultrasonores peuvent détruire des cellules par nécrose
de coagulation à des températures de 558Cà608C. Ils
permettent de déposer de l’énergie thermique dans des
organes superficiels ou profonds, avec une précision
spatiale submillimétrique. C’est seulement depuis quel-
ques années que les applications cliniques sont devenues
possibles, grâce au développement de sondes ultrasono-
res de haute puissance en réseau et des méthodes non
invasives de monitoring (IRM) [17].
L’IRM fournit des images anatomiques de haute résolu-
tion avec un contraste excellent dans les tissus mous et
permet ainsi une identification exacte du volume cible.
L’autre intérêt fondamental du couplage IRM est la
possibilité de réaliser l’asservissement automatique
spatial et temporel de la dose thermique délivrée,
grâce à un calcul de thermométrie obtenu quasiment
en temps réel et indépendamment de la nature du
tissu, pour des valeurs échelonnées de 378C à 100 8C. Il est
possible d’obtenir une précision de 1 8C pour une
résolution spatiale de 1 mm et une résolution temporelle
d’une seconde. Grâce aux outils de contrôle, une dose
thermique uniforme et létale peut être distribuée dans
une large région cible, de l’ordre de plusieurs centimètres.
Deux systèmes d’ultrasons focalisés (High Intensity
Focused Ultrasounds [HIFU]) guidés par IRM sont actuel-
lement commercialisés : l’un associe un transducteur
ultrasonore, ExAblate
1
, de la société Insightec (Haïfa,
Israël) à une IRM General Electric (GE, Milwaukee,
États-Unis) ; l’autre, Sonalieve
1
, produit par Philips
(Eindhoven, Pays-Bas) est compatible avec les IRM du
même constructeur.
Indications et résultats
Ces développements technologiques associés à des métho-
des de traitement sophistiquées ont permis d’envisager de
traiter de façon non invasive des régions, telles que le
cerveau [18]. Des tumeurs hépatiques, rénales, utérines et
des métastases osseuses commencent à être traitées par
cette technique [19, 20]. La prostate est l’organe pour
lequel le recul clinique est le plus important (près de
15 ans). Pour traiter le carcinome prostatique, deux
machines sont disponibles : Ablatherm
1
(EDAP-TMS, Lyon,
France) et Sonablate
1
(Sonacare, Charlotte, États-Unis).
Elles fonctionnent sans contrôle IRM. Un échographe
intégré permet la localisation et l’imagerie de la prostate.
Le système endorectal combine une sonde d’imagerie et le
transducteurde traitement qui émet les ultrasons focalisés.
Les résultats montrent [21] que ce type de traitement est
efficace dans le traitement des carcinomes prostatiques
localisés, avec une faible morbidité.
En détaillant la littérature médicale, moins de dix équipes
dans le monde travaillent actuellement sur l’application de
cettetechnique autraitement des cancersdu sein. À lasuite
de la prise en charge de tumeurs bénignes, les premières
études ont confirmé tout son intérêt dans le traitement
des tumeurs malignes. La première publication date de
2001 [22]. En 2003, Wu et al. [23] ont traité 23 patientes
présentant des cancers classés T1-2, N0-2, M0. La procédure,
longue de 80 minutes en moyenne, effectuée sans guidage
IRM, mais sous contrôle échographique, était réalisée une à
deux semaines avant la mastectomie. L’analyse histolo-
gique a montré la destruction par nécrose de coagulation
de toutes les cellules tumorales. Une des patientes a
présenté une brûlure cutanée. Gianfelice et al. [24],en
utilisant le système ExAblate-GE, ont démontré eux aussi
l’efficacité de la technique chez 17 patientes pour des
tumeurs inférieures à 3,5 cm. Les mêmes auteurs ont aussi
traité, par cette méthode, 24 patientes en cas de contre-
indication ou de refus de la chirurgie [25]. En dehors d’une
brûlure cutanée résolutive sous traitement local, aucun
effet secondaire important n’a été rapporté. Pour 79 %
des patientes, la méthode a été considérée comme un
succès. Une revue des différentes publications fait le point
sur ce sujet [26] :l’HIFU permet de nécroser les tumeurs
mammaires, mais la destruction tumorale contrôlée en
histologie est souvent incomplète.
Conclusion
En dehors des risques faibles liés à l’induction anes-
thésique, les complications immédiates de la chirurgie
sont peu nombreuses : hématomes, abcès. À distance sur
le sein, c’est le préjudice esthétique qui peut dominer en
cas de cicatrices disgracieuses, ou de déformation du
sein. Un traitement non chirurgical pourrait donc être
d’intérêt. Les nouvelles techniques d’imagerie réalisées
dans le bilan des lésions mammaires localisées montrent
très fréquemment d’autres images qui complexifient
grandement la prise en charge et conduisent à envisager
de plus en plus souvent des mastectomies pour des bi- ou
plurifocalités, des tumorectomies multiples entraînant
trop de complications esthétiques. L’utilisation des
techniques de destruction tumorale par ablathermie
pourrait certainement permettre d’envisager différem-
ment la prise en charge de ces patientes. Pour l’instant,
elles ont montré leur efficacité chez les patientes
âgées non opérables. L’HIFU est une technique très
prometteuse mais qui demande encore à être évaluée et
améliorée.
J. Palussière, et al.
62 Innovations & Thérapeutiques en Oncologie lvol. 1 –n82, nov-déc 2015
Innovations en cours IEC
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