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[7] La mission a observé un foisonnement d’initiatives, difficile à quantifier car ne faisant pas
l’objet d’un recensement exhaustif. 160 maisons de santé et 25 pôles de santé ayant reçu un
financement du fond d’investissement à la qualité et à la coordination des soins (FIQCS) devraient
fonctionner fin 2009. D’autres exercices, non recensés par l’administration centrale, se sont
développés grâce à l’aide d’autres financeurs, les collectivités territoriales y prenant une part
importante. Le montant de leur contribution, principalement dévolue à l’investissement, apparaît en
effet, selon une première approche, bien supérieure à celle de l’Etat.
[8] La montée en charge de nouvelles structures est en voie d’accélération rapide.
Cependant, leur répartition territoriale reste très inégale, les pôles de santé se développant
principalement dans le nord ouest, alors que la dynamique de création de maisons de santé se situe
plutôt à l’est. Force est de constater l’échec relatif de l’implantation en zone péri urbaine, l’un des
facteurs explicatifs pouvant en être l’existence fréquente de centres de santé. Ceux-ci constituent en
effet une première offre, souvent bien adaptée à ce contexte particulier, qu’il s’agirait de conforter.
[9] Les attentes ne sont pas totalement similaires, de la part des professionnels d’une part,
des autorités publiques de l’autre. Les premiers mettent en avant la qualité de la prise en charge,
la nécessité de renforcer la continuité des soins, l’élargissement à des missions de santé publique.
Les seconds sont préoccupés par un accès aux soins pour l’ensemble de la population et un
maillage territorial rendant plus fluide le parcours de soins. Un socle commun est cependant
partagé par l’ensemble des parties. Il repose sur le respect d’une logique professionnelle sous
peine d’échec. L’élaboration d’un projet de santé est en effet jugé déterminant, bien plus que
ne peut l’être celui d’un projet immobilier qui ne devrait jamais être mis en premier plan. Ce projet
doit être porté par les professionnels en leur laissant un temps de maturation et
d’appropriation suffisant. Enfin, un principe d’engagement réciproque entre professionnels de
santé et pouvoirs publiques est accepté, dans un cadre souple, évolutif et tenant compte des
spécificités des territoires d’implantation.
[10] Les principaux obstacles portent sur une fragilité juridique et financière. Elle oblige les
promoteurs-professionnels de santé à des montages complexes, introduit des risques sociaux,
fiscaux et de responsabilité professionnelle. Par ailleurs, les modalités classiques de
rémunérations ne permettent ni de valoriser les nouvelles missions, ni d’adopter un cadre
souple de répartition entre professionnels des ressources financières. Les freins sont
particulièrement importants pour le corps infirmier dont ni le statut ni le mode de rémunération ne
sont attractifs pour rejoindre un exercice pluri professionnel.
[11] Franchir ces obstacles oblige à s’engager dans des démarches administratives chronophages
face auxquelles l’aide à l’ingénierie de projet reste trop peu disponible. L’impossibilité législative
de pouvoir disposer d’un dossier du patient, unique et partagé, l’archaïsme du système
d’information sont indubitablement en contradiction avec la notion même d’exercice coopératif et
sont révélateurs du décalage croissant entre le mode d’exercice classique des soins de premier
recours, toujours dominant, et les attentes sociétales et professionnelles.
[12] La mission s’est attachée à proposer des mesures, qui se veulent pragmatiques et
progressives et qui visent à faciliter l’émergence du dispositif de premier recours de demain.
[13] Sept séries de mesures sont proposées par la mission.
[14] 1. Identifier un cadre pour les exercices pluri professionnels
[15] Afin de valoriser les efforts des professionnels s’engageant dans des modèles intégrés
d’exercice en un lieu unique, la création d’une marque collective « maisons de santé » est
préconisée. Cette marque ouverte aux centres de santé qui le désirent, est octroyée sous deux
conditions : respect d’un cahier des charges national et projet de santé validé par l’ARS de la
région concernée. Le cahier des charges national introduit des critères obligatoires qui reposent
sur l’unité de lieu géographique et fonctionnelle et l’existence d’un projet de santé et d’un projet
professionnel. La mission a estimé que ce cahier des charges ne devait pas s’appliquer, dans un
premier temps, aux pôles de santé, afin de respecter la démarche par étapes qu’ils sous tendent.
[16] 2. Adopter un nouveau cadre juridique